WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

"L'appropriation" des enjeux d'un projet par les habitants: cas de l'Agrocité à  Colombes

( Télécharger le fichier original )
par Hadrien Basch
Université Lille 1 - Master de sciences et technologies spécialité ECODEV montage de projets en éco- territoires 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. La participation des habitants

1. Qu'est ce que la participation ?

1.1 Différents degrés de participation et la notion

d'Empowerment (ou « capacitation »)

L'utilisation du terme de participation dans les projets urbains est de plus en plus courante. Il recouvre, dans le domaine de l'urbanisme, des acceptations très diverses selon l'utilisation qui en est faite par les acteurs et les responsables de projets.

De fait depuis une dizaine d'années un processus de concertation plus ou moins poussé se développe pour tenter de se substituer aux traditionnels conflits de légitimité

54 « Cuba championne mondiale du développement humain et durable », OverBlog, consulté le 23 septembre 2013, http://cubasilorraine.over-- blog.org/article--cuba--championne--mondiale--du--developpement--humain-- et--durable--42581728.html.

28

entre les différents acteurs autour des opérations d'urbanisme (Etat, collectivités locales, entreprises privées, techniciens et usagers)55.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale les projets menés par l'Etat se sont démultipliés et concernent désormais la quasi-totalité des domaines de la vie des citoyens. Par exemple les politiques menées en direction du logement social attestent de cette emprise grandissante de l'Etat sur les projets urbains et leurs contenus : « Ces banlieues jardins qui s'intègrent dans un programme d'aménagement de la banlieue, de construction de logements pour les classes populaires et d'éducation populaire.»56. A l'époque pourtant les termes de concertation et de participation ne sont jamais employés et l'action des citoyens n'est pas encouragée pour la définition des projets d'urbanisme. Dans les schémas traditionnels les citoyens semblent être des « acteurs de second ordre: ils exercent une influence indirecte sur les politiques publiques à travers leurs actions pour sélectionner, supporter et sanctionner les élus »57. Ainsi les citoyens sont rarement à même de définir concrètement le contenu des politiques publiques, aussi bien locales qu'un internationales.

En outre les décisions législatives et les orientations globales sont le plus souvent orchestrées par une élite disposant des codes et des connaissances inhérents à ce milieu58.

Ils se retrouvent donc démunis face à une organisation hiérarchique de prise de décision. Pour ce qui est des projets d'urbanisme, qui requièrent une expertise et une prise en compte des enjeux de long terme, le citoyen lambda peut difficilement prétendre avoir un point de vu exhaustif sur un projet et est de fait exclu de la prise de décision.

De plus son point de vue, censé n'être que local est négligé par les instances officielles: « s'agissant d'aménagement urbain ou de politiques de la ville, des instances de décisions - administratives, politiques et privées - semble nécessiter d'exclure toute revendication

55 Patrick Moquay, Cécile Blatrix, et Muriel Tapie-Grime, Développement durable et démocratie participative: la dynamique performative locale, 1 vol., Recherches (Paris), ISSN 0249-8804 ; 181 (La Défense: Plan urbanisme construction architecture, 2007),.

56 Jean-Marc Stébé, « L'habitat social, une volonté de planification et de modernisation », Que sais--je ? 5 éd. (1 avril 2011): 55?76. p. 65

57 Laurence Bherer, « Les relations ambiguës entre participation et politiques publiques », Participations N° 1, no 1 (2011): 105?133.

58 Michael Hartmann, « 11. Les élites et le champ du pouvoir », Recherches (1 janvier 2007): 190?204. P.195

29

générale de citoyenneté urbaine, cantonnée à des luttes locales (assez vite assimilée d'ailleurs à des réflexes «NIMBY59»»60.

En effet, l'urbanisme, de part sa complexité se trouve à l'intersection de nombreuses disciplines et demeure un milieu d'experts : «l'urbanisme comme modalité d'action sur les territoires urbains interroge d'emblée les relations entre pouvoirs politiques, techniques et expertises, savoirs urbains et usages» 61

C'est ainsi dans un effort de légitimation de l'action publique face à un manque d'efficacité et de prise en compte des besoins locaux de la population que ces deux termes ont récemment été intégrés au vocabulaire de la décision publique. Mais l'espace capitaliste est en crise et recherche des moyens de garder le contrôle sur des opérations d'urbanisme de plus en plus controversées. Marie Helene Bacqué, sociologue et urbaniste, prévient que les dispositifs de participation peuvent s'inscrire dans « une tension entre idéologie néolibérale et revendication démocratique, toutes deux pouvant se rejoindre dans la critique d'une action publique considérée comme bureaucratique, cloisonnée et trop centralisée, critique débouchant sur l'appel à la participation ou sur l'ouverture de nouveaux partenariats public/privé.»62

Les dynamiques à l'oeuvre font néanmoins partie d'une refonte des mécanismes de prise de décision démocratiques. L'Etat, au travers de lois, s'efforce de rapprocher le citoyen des décisions prises par ses représentant et intégrer plus en amont les citoyens dans la prise de décision63. Cependant, cette intégration plus poussée prend le plus souvent la forme d'une simple « consultation ». Cette « consultation » est devenue obligatoire avec la circulaire Blanco de 199264. La loi de 1999 prolonge la concertation entre acteurs puisqu'elle affirme la nécessité de définir un « cadre procédural relativement souple, dont

59 Not in My Back Yard, c'est-à-dire : « Pas dans mon jardin »

60 Vincent Bourdeau et al., « Éditorial », Mouvements 74, no 2 (2013): 7, doi:10.3917/mouv.074.0007.

61 Marie-Hélène Bacqué et Mario Gauthier, « Participation, urbanisme et études urbaines: Quatre décennies de débats et d'expériences depuis « A ladder of citizen participation » de S. R. Arnstein », Participations 1, no 1 (2011): 36, doi:10.3917/parti.001.0036.

62 Ibid.

63 Amanda Gregory, « Problematizing Participation A Critical Review of Approaches to Participation in Evaluation Theory », Evaluation 6, no 2 (4 janvier 2000): 179?199, doi:10.1177/13563890022209208.

64 Mairie d'Angers, « Le cadre juridique de la participation », consulté le 13 février 2012, http://www.angers.fr/projets-et-politiques/democratie-participative/la-participation-citoyenne-a-angers-c-est-quoi/le-cadre-juridique-de-la-participation/index.html.

30

le contenu opérationnel doit résulter d'une négociation locale plus ou moins ouverte »65. Les aménageurs souhaite ainsi construire un « consensus autour des projets en jeu » en amenant « le passage de la norme au contrat, du conflit à la régulation »66.

Or pour permettre aux habitants de « délibérer » sur le futur de leur milieu urbain il semble qu'une véritable participation passe par un échange plus que par une simple consultation. En outre les habitants peuvent être associés à la décision à de nombreux stades de la décision. Cette forme de « participation » apparaît donc assez limitée au regard des enjeux et de l'échelle des opérations d'urbanisme. Des associations et des collectifs d'habitants ont ainsi pris le parti de construire une forme de participation plus inclusive et ambitieuse. Par exemple le terme de « maitrise d'usage » consacre l'expertise des usagers et la met en regard de celles des experts officiels67.

Mais la maitrise d'usage postule néanmoins qu' «Il n'appartient pas aux habitants de dessiner le projet, prendre les décisions ou se substituer aux autres acteurs mais de formuler , formaliser, concrétiser, sur un temps long, leurs attentes, leurs rêves ou leurs refus»68. Il me paraît alors important de rapprocher la notion de participation de celle d'Empowerment, «pouvoir d'agir» ou « capacitation »69 qui permet de créer une véritable prise de conscience de la part des habitants de leur capacité à influer sur la décision publique et l'avenir de leur ville70. L'Empowerment est défini par J. Moyersoen e Jim Segers comme « initiation permanente à l'action collective dans la sphère publique afin de surmonter les obstacles d'inégalités structurelles dans la ville »71

Il me semble ainsi que c'est beaucoup sur la notion d'Empowerment, sans pour autant la citer explicitement que se développe le projet R-urban.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon