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"L'appropriation" des enjeux d'un projet par les habitants: cas de l'Agrocité à  Colombes

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par Hadrien Basch
Université Lille 1 - Master de sciences et technologies spécialité ECODEV montage de projets en éco- territoires 2012
  

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C. Petcou et D. Petrescu font le constat d'un espace public et privé de plus en plus dominé par la logique et les valeurs du système capitaliste. Selon eux, «la disparition progressive

65 Moquay, Blatrix, et Tapie-Grime, Développement durable et démocratie participative.

66 Philippe Hamman, Christine Blanc, et Flore Henninger, Penser le développement durable urbain : regards croisés, 1 vol., Logiques sociales, ISSN 0295-7736 (Paris: l'Harmattan, 2008), http://www.sudoc.fr/12887869X.

67 « La maîtrise d'usage - Accueil », consulté le 15 août 2013, http://www.maitrisedusage.eu/.

68 Ibid.

69 Bernard Vallerie et Yann Le Bossé, « Le développement du pouvoir d'agir ( empowerment) des personnes et des collectivités: de son expérimentation à son enseignement », Les Sciences de l'éducation -- Pour l'Ère nouvelle 39, no 3 (2006): 87, doi:10.3917/lsdle.393.0087.

70 Ibid.

71 « generalizedempowerment.org ».

des espaces à usage collectif et des espaces susceptibles d'être appropriés, pour des usages informels basés sur la responsabilité et la confiance réciproque''72 est un danger pour la vie sociale. Par le biais de l'AAA, ils formulent ainsi des stratégies à l'échelle locale comme globale pour faire prendre conscience aux habitants du danger de ces dynamiques, la possibilité d'agir pour les contrer et créer de nouvelles synergies.

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1.2 Enjeux de la participation pour le projet R-urban

Les habitants occupent une place centrale dans tous les projets de AAA. Ils sont véritablement ceux qui détiennent le pouvoir sur le présent comme sur l'avenir du projet. Bien qu'ils n'aient souvent pas accès aux données brutes du projet (financements, réunions, documents de travail par exemple), leur investissement est une condition sine qua none de la pérennité et de la légitimité du projet. Leur engagement est la clé de voute du projet. Puisqu'un des objectifs d'AAA est d'arriver à lancer une dynamique qui pourrait inverser certains processus urbains en cours.

En effet, selon C. Petcou et D. Petrescu « L'économie capitaliste continue à produire un espace urbain dé--subjectivé, consumériste et abstrait.»73. Il s'agit donc de créer un espace à partir d'un lieu abandonné, a priori vide de sens.

Ce lieu, le plus souvent une friche urbaine envahie par les herbes et les détritus, devient lentement un espace concret porteur d'images, de symboles et peu à peu probablement d'un sens pour ceux qui le côtoient. Le lieu se transforme doucement sous les pas et les regards

72 Vallerie et Le Bossé, « Le développement du pouvoir d'agir ( empowerment) des personnes et des collectivités ».

73 Petcou et Petrescu, « Agir l'espace », 7 janvier 2008. p.103

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des habitants, il acquière une matérialité. C'est un nouveau souffle pour une partie des habitants du quartier qui pour certains l'ont toujours connu comme un espace creux: « Au plus loin que je me souviens ca a toujours été une friche »74. Pour certains, les potentialités de ce lieu inoccupé sont flagrantes et ils avaient déjà envisagé la possibilité d'y implanter quelque chose: « J'ai eu cette idée de planter ici avant que ca existe du coup c'est comme un rêve qui se réalise »75.

Avec la concrétisation du projet mené par AAA, les possibilités de créer des espaces similaires à partir de lieux « insignifiants » se révèlent. Pourtant les habitants et les personnes susceptibles de disséminer cette expérience sont effrayés par l'immense difficulté qui semble accompagner la conduite d'un tel projet. Du moins ils voient l'implication quotidienne des salariés au jardin et s'imagine le processus de discussion--négociation qu'il doit être nécessaire de mener tout au long du projet avec la mairie et les différents financeurs. Pour autant mener un tel projet, même si moins ambitieux, ne semble pas insurmontable à partir du moment où l'individu s'insère dans un groupe cohérent et soudé. De même, la nature du projet, transformer un lieu sur le plan symbolique comme matériel, amène la nécessité d'une réflexion sur le temps long. Celui ci doit s'imbriquer dans tous les quotidiens du groupe en puissance comme dans les trajectoires individuelles. Ce double mouvement permet au groupe de se constituer une identité en rapport avec l'espace créé tout en respectant les individualités.

Le concept d' « altérotopie » développé par C. Petcou et D. Petrescu évoque une construction partagée de l'espace « autre » avec « les autres », « ceux qui différent de nous et qui nous importent »76. Cette mise en commun des ressources mentales et physiques des individus est nécessairement processuelle. F. Guattari souligne l'importance de considérer la démocratie et sa construction comme un processus perpétuel: «la démocratie n'est jamais pour Guattari un acquis définitif, « une vertu transcendantale, une idée platonicienne, flottant en dehors des réalités ». Elle doit rester une passion processuelle, qui ne peut se réduire à un enjeu exclusivement électoral, mais qui exige de prendre en compte sans cesse l'altérité, la divergence des désirs et des intérêts, des procédures toujours renouvelées d'affrontement, de

74 Entretien anonyme avec C., s. d.

75 Entretien anonyme avec A., s. d.

76 Petcou et Petrescu, « Agir l'espace », 7 janvier 2008. p. 106

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négociation et d'expérimentation»77. La création et la construction de l'espace sont à la fois un moyen et une fin. Le projet est un moyen car c'est par la prise de décision quotidienne et l'organisation informelle que se créent les liens et s'articulent les projets. C'est également une fin car même il s'agit en soi d'un processus interminable, il postule, dans sa construction une conscientisation et une transformation de l'espace physique comme mental.

Pour le projet R-urban il est nécessaire de distinguer trois d'acteurs-habitants jouant des rôles clés. D'abord les habitants qui viennent régulièrement ou plus rarement pour s'occuper de leur parcelle ou participer aux évènements. Ensuite les habitants porteurs de projet qui se constituent au fil du projet et des opportunités de développement. Pour l'instant, Yvon, maître composteur, est le plus avancé voir le seul porteur d'un projet concret, sur l'organisation d'une filière compost. La filière compost de l'Agrocité vient d'être reconnue comme un « pôle régional » au niveau de l'Ile de France. Les financements assortis de cette reconnaissance permettront un développement de la filière et une plus grande notoriété de l'Agrocité. Enfin, les habitants du quartier qui n'ont pas de parcelles, qui viennent pour la plupart moins régulièrement. Ils achètent des légumes et participent quelques fois aux activités du samedi. Leur rôle est également important car leur implication peut être croissante et ils communiquent sur le projet.

Le processus de participation des habitants au projet dépasse le simple pouvoir de l'usager individuel en l'inscrivant dans la sphère plus large du quartier et de la communauté. Dès les débuts du projet l'équipe de AAA a réalisé une cartographie des acteurs pouvant être impliqués à plus ou moins long terme dans l'élaboration et la construction concrète du projet. Cette carte des « acteurs-usagers » permet de comprendre les dynamiques déjà existantes et d'accompagner les habitants dans le montage du projet. Ces acteurs-usagers, qui peuvent être des personnes comme des institutions, disposent d'un important capital social et d'une connaissance plus ou moins élargie des ressources de leur quartier. Cette notion d'acteurs-usagers rejoint celle d'action-recherche qui postule un développement conjoint de la réflexion et d'une mise en pratique des concepts étudiés. Cette démarche peut être considérée comme le pendant, pour les sciences humaines, de la démarche scientifique.

Dans un second temps la participation des habitants à la vie et à l'élaboration quotidienne du projet de l'Agrocité s'articule nécessairement avec la théorie et l'approche

77 « Actualité de Guattari - La Vie des idées », consulté le 10 août 2013, http://www.laviedesidees.fr/Actualite-de-Guattari.html.

pragmatique de l'écologie développée par AAA. En effet la recherche et l'expérimentation sont des composantes primordiales du fonctionnement de l'association. Des étudiants en stage de fin d'études ainsi que des chercheurs universitaires nationaux comme internationaux étudient et « enregistrent » l'activité de l'association depuis son commencement78. Les théories d'écologie radicale développées par les penseurs évoqués ci-dessus présentent également la solidarité, la coopération et la participation comme des facteurs indispensables à une appréhension globale des problématiques contemporaines. Dès lors la question «Comment se réapproprier et re-subjectiver la ville ?» 79 devient primordiale qui détermine l'action de AAA et dont nous nous efforcerons de détailler les étapes.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore