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L'Eglise catholique et le processus démocratique au Cameroun: une analyse de la participation des archidiocèses de Douala et de Yaoundé

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par Magloire NDONGMO
Université de Douala Cameroun - Master II en sociologie politiique 2013
  

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CHAPITRE 2:

LA CONSTRUCTION DU CADRE THEORIQUE ET L'ELABORATION DE LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

L'objectif de ce chapitre est de construire un cadre théorique qui serve de grille d'analyse du phénomène politique catholique en contexte de démocratie, afin d'élaborer à partir de ce dernier, une méthodologie qui soit susceptible de rendre compte de la participation controversé et différencié de l'Eglise Catholique au processus démocratique au Cameroun. Pour cela, il s'articule autour de deux points essentiels : les champs sociologiques mobilisé, la construction du cadre théorique et l'élaboration de la méthodologie de la recherche.

2.1. LA MOBILISATION DES CHAMPS SOCIOLOGIQUES

Notre sujet tel qu'il est formulé pose le problème de la participation différenciée de l'Eglise Catholique au processus de construction de la démocratie camerounaise. Ainsi, pour mieux répondre à une telle problématique, nous allons inscrire notre recherche dans trois champs sociologiques principaux : La sociologie politique, la sociologie des religions et la sociologie critique. C'est pourquoi nous avons mobilisé ces champs dont il convient ici de présenter les différents apports dans notre recherche ; afin de s'en inspirer par la suite pour l'élaboration du cadre théorique de cette étude.

2.1.1. La sociologie politique

Notre recherche s'inscrit dans le champ de la sociologie politique, en tant qu'elle saisit l'institution religieuse ici en question dans son rapport avec l'univers politique. Cette sociologie nous permettra de comprendre le rôle que les acteurs politiques catholiques jouent en contexte laïc qui est celui de la démocratisation. En outre, elle permettra de comprendre le catholique en tant qu'il est un « homo politicus » et saisi comme tel à travers ses actions et ses attitudes politiques, quelle que soit l'orientation qu'il lui donne.

2.1.2. La sociologie des religions

Compte tenu de la domination dans la sociologie politique actuelle du phénomène religieux99(*), nous avons mobilisé la sociologie des religions, question surtout de couvrir l'aspect religieux qui concernent notre recherche dont les acteurs sont prioritairement religieux, et prétendent donner une motivation religieuse à leur participation dans le champ politique.

Ainsi, cette dernière nous permettra d'examiner la socialisation des catholiques par leur Eglise, à travers sa tentative de détermination d'une vision chrétienne du monde chez ses adeptes. Il est en effet important de comprendre l'agir du catholique à partir de son appartenance à l'Eglise, reconnue par son important rôle de socialisation100(*).

Mise en interrelation ici, la sociologie politique et la sociologie des religions nous permettront d'étudier l'influence du fait religieux sur la politique et inversement, et d'analyser les relations entre les acteurs religieuxet les autres acteurs politiques.

2.1.3. La sociologie critique

L'importance de la sociologie critique vient de ce que cette étude fera une analyse critique du régime en place, en tant qu'il entrave le processus de démocratisation camerounais. En effet, si « la sociologie politique cherche à élucider les rouages du système politique (...) ce dernier cherche à les masquer »101(*). L'invocation ici de la sociologie critique permet de mieux élucider ces mécanismes de domination de la scène de la démocratisation par le régime politique en place. Elle répond aussi au souci de démystifier les non-dits de la participation politique de l'Eglise. Les entraves que sa socialisation religieuse peut poser à l'action politique de ses fidèles seront donc analyser, selon la vision marxiste qui trouve dans la religion « l'opium du peuple »102(*) ; selon aussi celle de J.M. Ela103(*) et L.P. Ngongo104(*)qui trouvent en l'Eglise un instrument de domination de l'Occident et des plus forts en Afrique.

2.2. LA CONSTRUCTION DU CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

« Si en contemplant les phénomènes, nous ne les rattachions point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner ces observations isolées, et par conséquent, d'en tirer aucun fruit, mais nous serions même entièrement incapables de les retenir ; et le plus souvent, les faits resteraient inaperçus sous nos yeux »105(*).

C'est à travers ces propos qu'A. Comte, réaffirmait la nécessité de spécifier l'approche théorique de toute étude, puisque si nous ne définissons pas au préalable une grille théorique de lecture du terrain il ne nous sera point possible d'en tirer quelque leçon. Cette partie se consacre à cette élaboration du cadre théorique de notre analyse, lequel s'articule autour d'un ancrage paradigmatique et de deux théories mobilisées.

2.2.1. Les paradigmes interactionnistes et constructivistes

Avant d'inscrire cette recherche dans un cadre théorique donné, il convient de préciser au préalable que nous nous inscrivons dans les paradigmes interactionnistes et constructivistes. L'avantage avec ces nouvelles approches paradigmatiques étant,- nous le verrons dans la partie consacrée à la méthodologie - qu'elles nous permettent de sortir des oppositions traditionnelles objectif/subjectif, individu/société, sujet/objet, que la sociologie a hérité de la tradition philosophique106(*), pour tenter de saisir les actions et attitudes politiques des acteurs catholiques à l'intersection de leurs rationalités et des contextes sociaux à l'intérieur desquels ils se meuvent.

L'approche interactionniste permet de comprendre les comportements des acteurs catholiques à travers leurs interactions entre eux et avec le champ de démocratisation. L'approche constructiviste permet une saisie de la participation de l'Eglise comme un construit des acteurs qui y sont impliqués. C'est pourquoi, nous nous situons ici à la suite d'A. Garfinkel pour qui il faut considérer les faits sociaux comme des accomplissements pratiques. Le fait social n'est pas un objet stable, il est le produit de l'activité continuelle des hommes qui mettent en oeuvre des savoirs faire, des procédures, des règles de conduites107(*).

En vue de la construction de notre objet sociologique, nous établironsdes passages entre notre vue extérieure en tant qu'observateur du processus catholique de construction de la démocratie, et les façons dont les acteurs qui y sont impliqués perçoivent et vivent ce qu'ils font dans le cours de leurs actions108(*). C'est dans cette logique que s'inscrit notre grille d'analyse théorique.

Les théories del'interactionnisme symbolique et le constructivisme socialconstituent donc le cadre théorique retenu ici.

2.2.2. Les interactions de sens des acteurs catholiques avec le champ de démocratisation camerounaise.

La problématique des interactions des acteurs sociaux s'inscrit dans la théorie de l'interactionnisme symbolique, théorie dont l'origine est l'Ecole de Chicago et dont les principaux représentants sont aujourd'hui R. Park, E. Burgess et H.Blumer. Dans cette perspective, la conception que les acteurs se font du monde social constitue, en dernière analyse, l'objet même de la recherche sociologique109(*). L'accent est donc mis sur le point de vue des acteurs, quel que soit l'objet d'étude, puisque c'est à travers le sens qu'ils assignent aux objets, aux situations, aux symboles qui les entourent, que les acteurs fabriquent leur monde social. Ainsi, la thèse de l'interactionnisme symbolique est que, premièrement, l'accès cognitif au sens des phénomènes, tant subjectifs qu'objectifs, découle inévitablement d'une interprétation et, deuxièmement, que la formation du cadre interprétatif découle des processus dynamiques d'interaction interindividuelle110(*).

La participation des acteurs catholiquesau processus démocratique camerounais est ainsi perçue dans cette recherchecomme fruitdes interactions de ces derniers avec les acteurs et le champ démocratique. Il s'agit principalement des sens que construisent les clercs catholiques au moment de leurs interventions dans le débat public, et qui donne des orientations à leur discours. Orientation qui ne peut être comprise qu'en tenant compte des interlocuteurs de ce discours et des sens qu'il accordent réciproquement à cet objet qu'est le discours sociopolitique ou politico-religieux des clercs catholiques.

Il s'agit également des interprétations des membres des organisations catholiques dans leur rôle de restructuration du jeu politique à partir de l'action politique catholique. L'idée interactionniste ici est que ces acteurs catholiques interprètent l'univers politique de la démocratisation en fonction des interactions qu'ils ont entre eux et avec ce champ, et que leur rôle de restructuration du jeux politique est fortement tributaire de ces interprétations et de ces interactions.

Il convient aussi dans cette recherche de faire une mise en exergue des perceptions de la démocratie par ces derniers, des enjeux politico-religieux de leurs actions. Une telle approche est à même de nous permettre de comprendre les acteurs catholiques en contexte de démocratie ; la manière dont ils contribuent à construire la démocratie camerounaise.

Cette construction du sens par les acteurs impliqués dans le processus de démocratisation ne se fait pas seulement entre des individus qui seraient considérés comme des atomes sociaux isolés, mais dans un contexte social dont l'importance n'est pas négligeable. Le sens de toute chose est en fait donné par son contexte de production. C'est pourquoi,HowerBecker l'un des piliers de l'interactionnisme symbolique soutient qu'il est nécessaire d'examiner « minutieusement les activités effectives, en tentant de comprendre les circonstances dans lesquelles agissent tous ceux qui sont concernés»111(*). C'est de là que vient l'intérêt que nous accordons dans cette approche interactionniste aux situations et institutions religieuses et politiques à l'intérieur desquelles évoluent ces acteurs catholiques, et avec lesquelles ils interagissent tout en construisant le sens de leurs actions. Ce sont tous ces éléments qui contribuent à façonner et refaçonner l'identité politico-religieuse de ceux-ci, laquelle est importante dans la production sociale de leur rôle de démocratisation.

En somme, conformément aux principes de l'interactionnisme symbolique développés par H. Blumer, nous pouvons retenir ces lignes majeures de notre analyse interactionniste :

- Les acteurs politiques catholiques agissent à l'égard de la démocratisation du Cameroun en fonction du sens qu'ils attribuent à cette réalité ;

- Ce sens est dérivé ou provient de l'interaction sociale qu'ils ont entre eux et avec les autres acteurs du champ de démocratisation ;

- Ce sens est manipulé dans, et modifiés via, un processus interprétatif utilisé par ces acteurs catholiques pour interagir avec les autres acteurs de ce processus.

Cependant, il reste à couvrir un autre aspect de notre recherche : les attitudes des fidèles catholiques vis-à-vis de ces réalités sociopolitiques portées par l'Eglise dont ils sont membres. Ce que nous allons faire au moyen de la théorie du constructivisme, en particulier le constructivisme social.

2.2.3. La construction sociale de la participation de l'Eglise Catholique dans le processus démocratique camerounais.

La construction sociale de la réalité a été théorisée par les tenants du constructivisme social, dont P.L. Berger et T.Luckmann112(*).Ils mettent en valeur des orientations sociologiques à la fois qualitatives et interactionnistes et envisagent la réalité sociale et les phénomènes sociaux comme étant " construits " ;c'est-à-dire créés, objectivés ou institutionnalisés et par la suite transformés en traditions. Le constructivisme social se concentre sur la description des institutions, des actions en s'interrogeant sur la manière dont ils construisent la réalité. La problématique qu'ils y dégagent s'inscrit dans une approche qui rejette la dichotomie traditionnelle individu et société, et en pose des passerelles entre les niveaux micro et macro.

Il convient dans le cadre de cette analyse de ressortir les mécanismes de construction de la participation des acteurs catholiques dans le processus démocratique.

Le postulat de cette approche est qu'il n'existe pas à priori une participation de l'Eglise Catholique, ni des règles prédéfinies de cette participation, auxquelles ces acteurs se conformeraient. Cette participation comme les règles qui dictent son orientation et son intensité est construite socialement à travers les interactions des différents acteurs impliqués dans ce processus. Ceci concerne d'avantage la production des attitudes desfidèles de la base, vis-à-vis de l'action politique catholique en faveur de la démocratie. Dans cette perspective, il convient de faire une description de l'institution ecclésiale ici concernée et des actions de ses membres, pour comprendre comment ils concourent à la production et la reproduction des attitudes des fidèles catholiques, la manière dont ils perçoivent la participation politique de l'Eglise et par là, leurs réactions vis-à-vis de cette dernière réalité.

Dans ce sens, cette construction est influencée à la fois par les interprétations que les acteurs catholiques ici concernés se font de l'objet en construction.Elle l'est aussi par le stock de connaissances qu'ils disposent sur cet objet : la connaissance de la Doctrine Sociale de l'Eglise, la connaissance des réalités politiques de leur pays etc. Leur perception du discours politico-religieux du clergé répond donc à ce processus. Cependant, ce discours est lui aussi socialement construit, en ceci qu'il est conçu par et pour une communauté interprétative spécialisée, en des termes créés « par le mélange complexe de circonstances sociales, d'opinions politiques, d'incitations économiques et d'un climat idéologique qui constitue l'environnement humain de ses producteurs et de ses destinataires »113(*).

Cette analyse des mécanismes de construction de la participation politique de l'Eglise en démocratie se situe nécessairement à l'intercession des approches subjectivistes et objectivistes. Il faut donc saisir l'attitude des fidèles catholiques de la base, à l'intercession de l'institutionnel et des actions individuelles. Les fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé construisent leurs attitudes politiques à partir de leurs interactions, mais des interactions qui sont insérées dans des contextes sociopolitiques qui les orientent et donne à ces attitudes une certaine solidité et stabilité.

P. Berger et T.Luckmann ont aussi élargi la sociologie de la connaissance, auparavant à « la connaissance ordinaire, et par là à l'ensemble des processus de construction sociale de la réalité »114(*). Apport théorique qui nous permettra de mettre en exergue la production sociale des représentations du champ politique par les chrétiens catholiques, à l'aide de leurs croyances, leurs connaissances spontanées de la politique, leurs interprétations de la scène politique et des actions des hommes politiques comme des hommes d'Eglise, etc.

Au second moment de leur analyse théorique, P. Berger et T.Luckmann appréhendent la réalité en certain de ses aspects comme une réalité subjective, c'est-à-dire « intériorisée à travers la socialisation »115(*). Ainsi, dans leurs interactions, les chrétiens catholiques se démarquent au quotidien les uns des autres à travers leurs pratiques, leurs interactions.Ils intériorisent les normes sociales relatives àla participation politique, s'approprient des visions de ceux qui les ont précédés sur ce champ d'action. Cependant, il ne s'agit pas d'une reproduction à la lettre des principes de cetteparticipation politique, maiscomme pense P. Bourdieu, il s'agit d'une reproduction toujours renégociée116(*) dans les interactions. C'est en cela que ressort le processus historique de construction permanente des attitudes des fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé. Dans cette perspective, cette socialisation, définie comme « l'installation consistante et étendue d'un individu à l'intérieur du monde objectif d'une société ou d'un secteur de celle-ci »117(*), est caractérisée par l'institutionnalisation, par un double processus de conservation et de transformation.

Au terme de cette présentation du cadre théorique, nous exposons l'ensemble de nos empreints théoriques et conceptuelles dans le tableau suivant :

Tableau 1:Vue synoptique des différents champs sociologiques et théories de l'étude.

Source : Par nos soins.

Après avoir résumé dans ce tableau le cadre théorique, il convient de présenter le cadre méthodologique qui sied à notre analyse.

2.3. L'ELABORATION DE LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Cette sous-section consacrée à la justification du choix de la méthodologie est axée sur des points aussi variés que la construction des hypothèses et des objectifs, la définition de la méthode de recherche et des outils de collectes des données, la définition de la population d'étude et de l'échantillon, et l'élaboration du modèle d'analyse.

2.3.1. La construction des hypothèses

Leshypothèses constituent dans une recherche « des réponses provisoires et relativement sommaires qui guideront le travail de recueil des données et devront en revanche être testées, corrigées et approfondies »118(*) par le chercheur.C'est la raison pour laquelle nous procédons ici à l'élaboration des hypothèses de cette recherche.

Cette construction d'hypothèses répond ici à une logique empirico-inductive,car nous nous situons à l'intersection d'une problématique de moyenne et de basse portée ; étant donné que la participation des acteurs catholiques dans le processus démocratique camerounaisest appréhendée à la fois dans la perspective des structures sociopolitiques et religieuses dans lesquelles ces acteurs sociaux collectifs et individuels se meuvent, mais aussi, un accent est mis sur le vécu, les logiques d'action, les trames de vie, les trajectoires et les représentations de ces derniers.

A la question de savoir comment rendre compte de la participation différenciéeet controverséede l'Eglise Catholique dans le processus démocratique camerounaisen dépit de la volonté manifeste de l'institution à contribuer à la construction de la démocratiecamerounaise, nous avons fait quatre propositions de réponse, dont l'une est générale et les autres spécifiques.

2.3.1.1. L'hypothèse générale

La participation différentiée et controversée de l'Egliseau le processus démocratique répond aux contextes de participation et aux différentes formes de rationalité des acteurs catholiques qui les motivent lors de leurs interactions de sens avec le champ politique.

2.3.1.2. Les hypothèses spécifiques

1) Le caractère mitigé de la participation institutionnelle de l'EgliseCatholique au processus démocratique relève de son souci de contribuer à la restructuration du jeu politique camerounais tout en conservant son héritage culturel et les intérêts qu'elle tire de ses rapports harmonieux avec l'Etat.

2) Les interventionsdiscordantes des clercs catholiques dans le processus démocratique camerounais sont orientées par les logiques d'actions de ceux-ci, et leurs rapports au champ politique avec lequel ils interagissent.

3) Le manque d'adhésion des fidèles catholiques aux préoccupations sociopolitiques de l'Eglise s'explique par les représentations par ceux-ci des rapports d'incompatibilité entre le politique et le religieux, dans un contexte de déficit de socialisation politique.

2.3.2. Les objectifs de la recherche

La définition des objectifs de cette recherche a pris en compte à la fois nos questions de recherche, nos hypothèses, et notre cadre théorique. Au regard donc de tout ceci, nous avons pu définir quatre objectifs dont un général, duquel découlent trois autres qui sont spécifiques.

2.3.2.1. L'objectif général

A travers cette recherche, nous entendons analyser pour mieux comprendre, la participation différentiée et controversée de l'Eglise Gatholique dans le processus démocratique camerounais, à partir de la prise de parole des clercs catholiques dans le débat public, de l'action des organisations et associations catholique de la base, et des attitude des fidèles catholiques vis-à-vis de ces réalités sociopolitiques telles que portées par leur Eglise.

2.3.2.2. Les objectifs spécifiques

1. Rendre compte du caractère mitigé de la participation institutionnelle de l'Eglise Catholique dans le processus démocratique au Cameroun, à travers la description des interrelations entre le politique et le religieux, et des interactions des acteurs politiques catholiques avec le champ politique ;

2. Comprendre la participation différenciée et les interventions discordantesdes clercs catholiques dans le champ de démocratisation camerounais, à partir de l'analyse des formes de rationalité qui sous-tendent leur production discursive ;

3. Expliquer le manque d'adhésion des chrétiens catholiques de la base aux préoccupations sociopolitiques de l'Eglise orientées vers la construction de la démocratie camerounaise.

2.3.3. La méthode de recherche

« On considérera la méthode d'une recherche comme l'ensemble des opérations intellectuelles permettant d'analyser, de comprendre et d'expliquer la réalité étudiée»119(*).Ces mots de Loubet nous permettent de comprendre qu'il convient ici de définir la marche rationnelle de l'esprit qui nous conduira à la vérité concernant la participation des acteurs politiques catholiques dans le processus démocratique camerounais.

Nous pouvons constateravec K. Popperquela réflexion sur la façon dont la sociologie approche et définit son objet tend à dégager, par simplification, deux principaux modes qui se distinguent jusqu'à devenir opposés: le holisme méthodologique d'une part, que paraît suivre E. Durkheim, et d'autre part l'individualisme méthodologique que semble préférer M. Weber120(*).

Notre souci de nous positionner dans ce débat de méthode nous a quelque peu embarrassé. En effet, nous tenons à rendre compte des interactions des catholiques dans le champ démocratique mais, en les inscrivant dans des contextes sociaux à l'intérieur desquels se meuvent ces acteurs. R.Boudon soutient d'ailleurs cette vision :

« Il est vrai que l'action individuelle est soumise à des contraintes sociales; il est rare de pouvoir agir à sa fantaisie. Mais cela n'implique pas que les contraintes sociales déterminent l'action individuelle. Ces contraintes délimitent le champ du possible, non le champ du réel»121(*).

Il est donc évident que nous ne pouvons adopter de manière exclusive une méthode. C'est pourquoi, cette étude ne s'inscrit pas dans la querelle méthodologique qui a longtemps opposée individualistes et holistes, mais tente de saisir les logiques d'actions d'acteurs catholiques, sans négliger les contextes sociaux à l'intérieur desquels ils se meuvent. Ce dualisme méthodologique nous conduit à une saisie de l'Eglise ici en question, dans une double approche à la fois institutionnelle et interactionniste. En d'autres termes, nous nous inscrivons à l'intersection d'une sociologie de grande portée et de petite portée, donc de moyenne portée. G. Gurvitchest favorable à une telle approche lorsqu'il affirme :

« On ne saurait étudier avec quelques précisions un groupement concret quel qu'il soit, sans d'une part l'intégrer dans une société globale particulière ; sans d'autre part décrire la constellation singulière du microcosme de liaisons sociales qui le caractérise. On peut donc formuler l'observation méthodologique suivante : il est aussi impossible de faire de la microsociologie sans tenir compte de la typologie différentielle des groupements et de la typologie des sociétés globales que de faire de la macrosociologie en négligeant la microsociologie. Ces trois aspects horizontaux de la sociologie se fondent et se tiennent réciproquement, car ils sont indissolublement liés dans la réalité des choses»122(*).

Cette étude s'inscrit par conséquent dans une logique quali-quantitative, et répond à une méthode d'analyse à la fois compréhensive et explicative, à prédominance qualitative.

Compréhensible, elle nous permettra de couvrir l'objectif relatif aux logiques d'intervention des clercs dans le champ démocratique camerounais. La présence d'éléments non quantifiables relevant de l'intentionnalité, nous oriente à ce niveau plus vers l'adoption d'une recherche qualitative, et par conséquent, nous privilégions ici une logique inductive. Selon l'approche de M. Weber qui centre l'analyse sur « le rapport aux valeurs »123(*) des protestants et veut « comprendre » leurs comportements économiques en recherchant les « bonnes raisons » qui les poussent à s'appuyer sur une conduite éthique pour s'imposer dans le monde économique.L'intérêt de cette démarche se résume autour d'un précepte méthodologique précis : rendre compte du point de vue de l'acteur.

La méthode explicative nous permettra de couvrir un second objectif : celui relatif aux attitudes des fidèles catholiques vis-à-vis des préoccupations sociopolitiques de l'Eglise. Elle s'appuie par conséquent sur une analyse des contextes et des déterminants sociaux de leurs comportements.

2.3.4. La délimitation du terrain de recherche

Pour éviter de naviguer à vue ou de se lancer dans un terrain confus et pas à la portée de nos moyens, nous tenons à délimiter notre terrain d'étude.

D'abord, comme l'indique notre titre, notre étude porte sur le Cameroun et se justifie non seulement par la transition démocratique que traverse celui-ci depuis le vent des démocraties des années 90, mais aussi par la spécificité de l'Eglise particulière qui est au Cameroun.

Le second choix porte sur deux villes : Douala et Yaoundé. Il se justifie par le fait que ce sont les principales villes camerounaises dans lesquelles se joue l'avenir du pays et se mène principalement le combat démocratique. Ceci ne signifie pasque le combat de l'arrière-pays soit de moindre envergure, mais il signifie juste que ce sont les principaux champs de combat où tentent de se concentrer les acteurs démocratiques. Ce choix se justifie en outre, par le fait que les archidiocèses de Yaoundé et de Douala, sont ceux dont l'action dans le processus démocratique est la plus visible dans le pays,notamment à travers la voix de leurs archevêques ; en raison aussi de ce que ces deux villes sont respectivement capitale politique et capitale économique, et cette dernière,« considérée comme le fief de l'opposition au régime depuis les années 50»124(*).

En outre, compte tenu de ce que ces villes sont très vastes pour que notre recherche s'y étende entièrement, nous avons éprouvé la nécessité de circonscrire d'avantage notre terrain d'étude. C'est ce qui fonde le troisième choix, fait à partir des unités d'observation sur lesquels nous avons décidé de porter notre recherche ; à savoir :

- Les lettres pastorales des évêques (celles qui ont un volet socio pastoral) ;

- Les débats médiatisés des évêques ;

- Les organes de presse catholique ;

- Les organisations catholiques à volet sociopolitiques (Justice et Paix) ;

- Les associations catholiques de la base. (CEV)

Pour éviter d'avoir à nous retrouver avec tous les éléments qui concernent ces unités d'observation, nous avons procédé à une nouvelle délimitation que traduit le tableau suivant :

Tableau2 : Récapitulatif des unités d'observations :

Source : Par nos soins.

Ainsi, comme le traduit le tableau, notre étude portera sur deux radios, deux journaux de presse écrite, deux organisations catholiques. Soit une unité d'observation dans chaque ville.

Outre ce terrain d'étude, nous avons décidé de porter notre recherche sur une période de 21ans, qui va de 1990 à 2011. Le choix de cette période répond essentiellement au contexte de démocratisation et à la diversité des formes de participation de l'Eglise Catholique pendant cette période. En effet, cette période est caractérisée par les traits suivants :

- La première lettre pastorale des évêques sur le processus démocratique date de 1990.

- En 2002 le SNJP a commencé l'observation électorale (suivie de la production des rapports d'observation) ;

- Il y a eu une proposition d'amendement de la législation électorale (2006) ;

- Cette période a connu un grand nombre de lettres pastorales des évêques ;

- Des organisations catholiques se sont ouvertement engagées aussi dans ce processus ;

- Cette période est couronnée par la célébration de la victoire du Président Paul Biya par les évêques le 08 Novembre 2011 suivi de la fameuse lettre ouverte du P. Ludovic Lado aux évêques catholiques, en réaction à celle-ci.

2.3.5. La population et échantillon de l'étude.

Selon R. Quivy et al.,125(*) la population de recherche dans une étude en sciences sociales peut prendre un sens très général. Dans cette étude, elle désignera toutes les populations physiques ou morales qui participeront à la collecte nécessaire à l'analyse de la participationde l'Eglise au processus démocratique camerounais. Définir la population d'étude revient à sélectionner les catégories de personnes en position d'apporter des réponses aux questions que l'on se pose. Dès lors, la population de recherche dans cette étude est constituée de plusieurs catégories d'acteurs impliqués dans ce champ d'action catholique, ou pouvant nous aider à le comprendre, à savoir: les clercs catholiques, les membres des organisations catholiques, les fidèles catholiques de la base, les leaders politiques et les représentants des OSC.

Ainsi, nous avons retenu ici un échantillon de 270 personnes,réparties en fonction des outils de collecte des données ici mobilisés, que sont l'entretien et le questionnaire.

Pour l'entretien, il porte sur l'élite catholique et les autres acteurs majeurs du processus démocratique (les leaders politiques et les représentants des OSC.). Dans ce sens, nous avons un échantillon de 20 personnes,réparticomme le montre le tableau suivant:

Tableau 3 :Récapitulatif de personnes interviewées selon les catégories retenues

Source : Par nos soins.

L'échantillon icia été constitué moins par leur représentativité au plan numérique que par la pertinence de leurs caractéristiques par rapport aux objectifs et aux hypothèses de l'étude. Pour constituer cet échantillon, nous avons adopté la méthode du choix raisonné, qui consiste à : « Bâtir un échantillon diversifié qui repose sur la sélection des composantes non strictement représentatives mais caractéristiques de la population »126(*).

Il s'agit d'une technique d'échantillonnage indiquée pour les personnes ressources d'une enquête. Elle nous a permis d'aller d'une personne ressource à une autre à partir des indications de la première ou selon que nous découvrions à travers les médias et les livres, que telle personne ou telle autre est bien indiquée pour notre enquête. C'est en ce sens que nous disons que notre échantillonnage était raisonné.

Pour ce qui est de l'enquête par questionnaire, la population d'étude retenue à cet effet est constituée de l'ensemble des fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé. La définition du fidèle catholique retenue est celle que nous avons donnée plus haut dans le cadre de l'analyse conceptuelle (Chapitre1).De cette population mère, nous avons constitué un échantillon de 250 personnes à partir de l'échantillonnage par quotas.L'avantage d'un échantillonnagepar quotas est qu'il permet d'« obtenir une représentativité suffisante en cherchant à reproduire, dans l'échantillon, les distributions de certaines variables importantes, telles que ces variables existent dans la population à étudier»127(*). Dans cette perspective, nous avons tenu au préalable à définir les variables constitutives de notre population mère. Celles retenues sont les suivantes : La ville, le sexe, l'âge, la région d'origine, le degré d'intégration religieuse que traduit la fréquence à la messe, etc.

Cette technique libérale nous a permis, au-delàdes contraintes relatives aux caractéristiques suscitées, d'être libres dans le choix des personnes à interroger. Une telle flexibilité est nécessaire pour enquêter sur les populations catholiques qui sont d'une grande complexité et variété.

Pour finir, la répartition de l'échantillon dans la population et selon les caractéristiques suscitées est la suivante :

Tableau 4 : Répartition de l'échantillon d'étude suivant le sexe et la ville

Source : Par nos soins.

Tableau 5 : Répartition de l'échantillon d'étude suivant l'âge et la ville.

Source : Par nos soins.

Tableau 6 : Répartition de l'échantillon d'étude suivant la profession et la ville.

Source : Par nos soins.

Tableau 7 : Répartition de l'échantillon d'étude suivant la fréquence à la messe et la ville

Source : Par nos soins.

Tableau 8 : Répartition de l'échantillon d'étude suivant le regroupement tribal et la ville

Source : Par nos soins.

2.3.6. LES OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES

Nous avons mobilisé dans le cadre de cette recherche trois outils de collecte des données qu'il convient de présenter et de justifier ici.

2.3.6.1. La recherche documentaire

Etant donné que dans toute recherche, les sources documentaires peuvent comme l'a souligné Combessie« fournir à la fois des informations complémentaires et une diversification des éclairages »128(*), nous avons jugé nécessaire le recours à des documents écrits et oraux qui peuvent faire la lumière sur notre thème de recherche.

Pour cela, les principales sources ont été les suivantes:

-La bibliothèque des Commissions diocésaines Justice et Paix de Yaoundé et de Douala ;

-La bibliothèque du Service national Justice et Paix du Cameroun ;

- Les archives de l'Effort Camerounais129(*), de Cameroun tribune130(*), du Lien NkengShalom131(*), de Le Jour132(*), etc.

-L'internet, dont les sites ont été prioritairement ceux de l'Eglise catholique, précisément le Vatican et des Conférences Episcopales Nationales, etc.

Ainsi, une sélection des écrits,des discours ou tout autre documents des clercs catholiques sur le processus démocratique au Cameroun nous a permis de faire cette analyse en vue de comprendre la différenciation ici en question.

2.3.6.2. Les entretiens individuels

Pour analyser les logiques d'actions des acteurs catholiques et l'orientation qu'ils donnent à leurs interventions dans le débat public, nous avons mobilisé l'entretien. C'est une méthode qui, à travers un guide d'entretien laisse la liberté à l'enquêté d'exprimer ses opinions, ses représentations, ses motivations etc.Selon les propos de J.L.Loubetdel Bayle, elle est utile au chercheur qui s'intéresse «à ce que sont leurs (celles des enquêtés) opinions ou leurs comportementsdevant une situation donnée, devant un problème déterminé. »133(*)

Cependant, notons que cet entretien ne couvre pas la totalité de notre travail, mais il a été convoqué pour répondre à nos deux premiers objectifs : Celui relatifà la participation institutionnelle de l'Eglise et celui relatifà la participation des clercs catholiques.

Le type d'entretien que nous avons privilégié ici est l'entretien directif ou standardisé .C'est pourquoi, nous avons choisi d'élaborer des guides d'entretien standardisés que nous livrerons en fin de document. L'un porte sur les leaders catholiques et les aspects tels que : le rôle de l'Eglise Catholique dans le processus démocratique, la production discursive et le rôle des organisations catholiques. Ce guide comporte 11 questions, reparties sur les trois axes suscités. Un second guide d'entretien concerne les autres acteurs politiques et civils du processus démocratique et compte 6 questions.

2.3.6.3. L'enquête par questionnaire

Cet outil de collecte des données nous a été utiles pour recueillir les informations en vue d'expliquer les attitudes des fidèles catholiques eu égard des préoccupations de l'Eglise,l'entretien n'étant pas très indiqué. Les questions posées ici sont des questions de faits et des questions d'opinion. Toutes fermées, elles portent sur des axessuivants :

Ø La fiche signalétique (leurs informations personnelles)

Ø Les représentations du champ politique par les fidèles Catholiques;

Ø La réception et la perception de l'enseignement social de l'Eglisepar les fidèles Catholiques ;

Ø La participation politique des fidèles Catholiques.

Ceci dit, un total de 44 questions a été retenu et reparti sur les quatre parties que constituent les axessuscités.Les questions ont été choisies en fonction de leur importance pour expliquer le manque d'adhésion des fidèles au projet de construction catholique de la démocratiecamerounaise. L'enquête a été menée au mois de Février 2013.

2.3.7. LA METHODE D'ANALYSE DESDONNEES

Nousavons au préalable défini l'objectif de cette analyse. Selon que J.L.Loubetdel Bayle indique au sujet de l'analyse documentaire : « l'analyse est faite en fonction d'un but déterminé : étudier l'orientation politique d'un journal, analyser les opinions d'un homme politique à travers ses discours, etc.»134(*). Ainsi, l'analysede contenuest en droite ligne avec nosdeuxpremiers objectifs spécifiques, qui visentrespectivement à rendre compte de la participation mitigée de l'institution Catholique, et des formes de rationalités des actions cléricales.Il s'agit précisément de ressortir dans les données d'entretien, les lettres pastorales et autres publications ouproductions discursives des clercs, non seulement l'orientation politique qu'ils donnent à leurs discours, mais aussi les rationalités qui les sous-tendent.

Un échantillonnage de cet ensemble de production a été effectué, question de choisir celles le plus significatif pour mesurer l'intérêt clérical pour la démocratie au Cameroun, et ressortir les logiques qui y seront mises en exergue.

Nous optons ici pour une analyse à la fois qualitative et quantitative, répondant à notre souci de sortir des oppositions classiques quantitatif/qualitatif, afin de continuer à nous inscrire dans une logique intermédiaire.

L'Approche qualitative a permis de mettre en exergue le ton, les procédures de dénonciation de l'autoritarisme politique au Cameroun par exemple. Tandis que celle quantitative s'est appesantie davantage à ressortir les occurrences des thèmes ou des mots en rapport avec un discours de soutien ou d'opposition au pouvoir politique, ou encore constituant un soutien à la démocratie : élections transparentes, démocratie, alternance, participation, etc.135(*). Cette étape a suivi la constitution des catégories d'analyse et puis de l'interprétation des données qui y auront été recueillies.

Selon l'approche quantitative, nous avons procédé à une opération de codage des données recueillies par le questionnaire. Ceci s'est fait à l'aide d'un masque de saisi conçus avec le logiciel Microsoft Excel, en tenant compte de différentes modalités de réponses proposées aux enquêtés. Une analyse statistique de ces données a suivi ce codage. Elle a été effectuée à l'aide du logiciel d'analyse statistique SPSS136(*).

2.3.8. LES DIFFICULTES RENCONTREES

Les difficultés rencontrées dans le cadre de cette étude sont de plusieurs ordres. La première est l'accès à l'information. En effet, nous nous sommes heurtées au refus de collaboration de nombreux chrétiens, notamment dans la ville de Douala. Refus qui nous a semblé dû au manque d'intérêt politique ou à l'apolitisme de ceux-ci. Pour contourner cette difficulté, nous nous sommes attelés lors de chaque entretien à créer au préalable un climat de confiance et d'intérêt pour la collaboration sur ces questions.

La seconde difficulté a été de trouver des leaders sociaux catholiques ou non qui acceptentde faire l'entretien, compte tenue de la taille de notre guide qui exigeait au moins une heure par entretien. Pour contourner une telle difficulté nous avons négocié des rendez-vous à domicile, au bureau etc.,lesquels ont été rendus possibles par le téléphone.

Une troisième difficulté a été de nous démarquer du catholicisme, afin de pouvoir le saisir de l'extérieur à travers son action politique. Nous avons en effet été socialisés aux valeurs de cette religion et notre étude exigeant de nous une distanciation, nous avons pris du temps de nous laisser travailler par notre objet d'étude de manière à parvenir à tenir un discours relativement moins partisan sur cette question. Ce qui n'a pas été évident, compte tenu du contexte social et ecclésial à l'intérieur duquel nous nous mouvions. Il n'est généralement pas évident pour un catholique de critiquer voir de rejeter le discours du pape par exemple. Pour contourner une telle difficulté, nous nous sommes livrés à une littérature critique de cette institution afin d'équilibrer notre vison du catholicisme. Une telle littérature était constituée des ouvrages de K.Marx137(*), d'E. Durkheim138(*), de J.M.Ela139(*), d'A.Mbembe140(*) etc. Quoique nous ne puissions prétendre avoir atteint la parfaite objectivité sur cette question, ce qui est pratiquement impossible en raison de notre positionnement social de chercheur141(*), il faut tout de même avouer que notre approche du Catholicisme a été relativement plus objective.

2.3.9. LIMITES DE LA RECHERCHE

Le présent travail, comme tout travail scientifique, a des limites.

La première réside dans son incapacité à saisir le sens des formes de participation différenciées desacteurs catholiques à partir des dessous du rapport Eglise-Etat, notamment des relationsdiplomatiques entre l'Etat Camerounais et le Vatican. Piste de travail qui devait êtretrèsdéterminante pour cette recherche mais que nous n'avons pas pu explorer.

Une seconde limite se situe au niveau des représentations catholiques du discours sociopolitique de l'Eglise. Nous n'avons pas pu montrer laquelle des socialisations multiples des fidèles catholiques était plus à l'origine de leurs attitudes d'indifférence politique et donc de leur désintérêt de l'action de socialisation politique par l'Eglise.

Enfin, cette étude n'a pas abordé l'action latente de la promotion catholique de la démocratie à partir de son engagement dans l'éducation, dans la santé, dans la lutte contre la pauvreté ;bref, ce thème était si large que nous ne l'avons finalement abordé que de manière partielle.

* 99 Voir à ce sujet la sociologie politique du phénomène religieux en Afrique subsaharienne de Janvier Onana.

* 100 L. P. Ngongo, Op.cit.

* 101 J.-P. Cot et J.-P. Mounier, op.cit.,P8.

* 102 ALPE Y. et al.,Op.cit., P219.

* 103 J.M. Ela, le cri de l'homme africain, Op.cit.

* 104 L. P. Ngongo, « Pouvoir politique occidental dans les structures de l'Eglise en Afrique », in Civilisation Noire et Eglise Catholique, Paris, Présence Africaine, 1977, PP. 37-66.

* 105A. Comte, Op.cit., Pp.14-15.

* 106 P. Corcuff, Les Nouvelles sociologies, Paris, Nathan, 1995, PP.8-15.

* 107 Garfinkel, cité par A.Coulon, P.20.

* 108 P. Corcuff, Op.cit, PP.12-13.

* 109A.Coulon, L'Ethnométhodologie, Paris, Puf, PP.10-11.

* 110 http://rsa.revues.org/180?lang=en, le 23/01/13.

* 111 Howard Saul Becker, cité par Y. Alpes, Op.cit. PP. 134-135.

* 112 P.L. Berger et T. Luckmann, la construction sociale de la réalité, Paris, Méridiens Klincksie, 1992, P. 288.

* 113 P.L. Berger et T. Luckmann, op.cit., P.64.

* 114P.L. Berger et T. Luckmann, Ibid. P.56.

* 115 P. Corcuff, Op.Cit.

* 116 P. Bourdieu, la reproduction, Paris, Minuit, 1970.

* 117 P.Corcuff, ibid.

* 118 R. Quivy et Campernhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, 1995, P.149.

* 119 J. L. LoubetdelBayle, Op.Cit. P.20.

* 120B. Dantier, dans sa présentation de l'extrait du texte de «Boudon Raymond, dans Holisme et individualisme méthodologiques.»

* 121B. Dantier, Boudon Raymond, dans Holisme et individualisme méthodologiques.» Paris, PUF, 1982, PP.12-23

* 122 Cité par J.L.Loubetdel Bayle, Op.cit. P.15.

* 123 M. Weber, L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris, 2002.

* 124M.- L. Eteki-Otabela,le totalitarisme des Etats africains : le cas du Cameroun, paris, l'Harmattan, 2001, P.20.

* 125R. Quivy et al.,Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,Dunod, 1995, P. 145.

* 126 Blanchet et Gotman, Op.cit.

* 127 R. Ghiglonr etB. Matalon, Les enquêtes sociologiques, Paris, Armand Colin, 1978, P.38.

* 128Combessie, la méthode en sociologie, Paris, La Découverte, 1999, P.194.

* 129 Presse de la Conférence épiscopal du Cameroun et principale presse catholique du Cameroun.

* 130 Quotidien gouvernemental du Cameroun.

* 131Magazine trimestriel du Service National Justice et Paix.

* 132 Quotidien d'informations du Cameroun.

* 133J.L.LoubetDel Bayle, Introduction aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Priva, 1978, P.37.

* 134 J.L. Loubet Del Bayle, Op.cit.P.112.

* 135 Pour plus de détails sur ces différentes approches, voir J.L. Loubet del Bayle, Op.cit. PP.113-114.

* 136Statistical Package for the Social Sciences.

* 137 Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel, Op.cit.

* 138 Les formes élémentaires de la vie religieuse, op.cit.

* 139 Repenser la théologie africaine, Op.cit. ; Le cri de l'homme africain, Op.cit.

* 140 Afriques indociles. Christianisme, pouvoir et Etat en société postcoloniale, Op.cit.

* 141 Comme le reconnaissent la totalité d'auteur sur la recherche en science social et de l'épistémologie ou sociologie de la connaissance, toute objectivité parfaite du Chercheur est impossible. Le Chercheur étant en réalité un acteur social interagissant dans un univers de ses avec les auteurs et ne pouvant saisir le monde qu'à partir du système de valeur à l'intérieur duquel il a été socialisé.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984