CONCLUSION
La ville de Ouagadougou est l'une des villes africaines qui a
une croissance démographique exponentielle et une extension spatiale
démesurée. Compte tenu de l'état des voies dans les
artères de la ville, la population a recours à des moyens de
transport adaptés à ses besoins. C'est sans doute ce qui a
motivé le choix de la moto. Alors, pour l'entretien et la
réparation de ce moyen de transport, il faut des mécaniciens.
D'où la motivation de ces derniers à se former et à
s'installer pour répondre aux besoins de maintenance des engins à
deux et à trois roues.
Le métier de l'entretien et de la réparation des
engins à deux et à trois roues constitue l'une des
activités les plus dynamiques du secteur informel et exige une attention
particulière en raison de l'abondance des deux et trois roues. C'est un
moyen de transport qui est entré petit à petit dans le quotidien
des burkinabè et est devenu le moyen de transport indispensable à
l'intérieur de la ville ou d'une ville à l'autre. Le
métier de réparation et d'entretien trouve ici une place
importante.
En plus de fournir un moyen de transport adapté,
plusieurs emplois sont créés autour des engins à deux et
à trois roues. La formation à l'entretien et à la
réparation des engins à deux et à trois roues procure des
emplois aux jeunes. Elle contribue à résorber le chômage
des jeunes non scolarisés, déscolarisés et
diplômés sans emploi. Ce qui confirme notre première
hypothèse intitulée « la population constitue un
marché potentiel de consommation des engins à deux et à
trois roues (62,8 % de la population de la région du centre
possédaient une moto en 2005, contre 30 % au plan
national)26. Par conséquent, la formation à
26 INSD 2009 : annuaire statistique édition
2008, page 52.
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l'entretien et à la réparation de ces engins
pourrait contribuer à résoudre le problème d'emplois des
jeunes. »
Malgré les différentes potentialités dont
regorge la mécanique moto, les réparateurs de cycles rencontrent
de nombreux problèmes, eu égard à la mauvaise
structuration du secteur, à l'insuffisance de formation adéquate
et à l'insuffisance de moyens financiers. En effet, notre étude a
montré qu'il y a une mauvaise structuration du secteur informel et par
conséquent la mécanique moto. Le mécanicien des engins
à deux et à trois roues doit obligatoirement suivre une formation
avant de prétendre exercer ce métier. Vu sous cet angle, on ne
parlera pas de manque de formation de certaines personnes qui évoluent
dans ce milieu, mais plutôt d'insuffisance de formation. Il ressort
également que les acteurs de ce milieu perçoivent un revenu, mais
ils n'arrivent pas à épargner. Alors on parlera d'insuffisance de
moyens financiers. Cette analyse a permis de confirmer en partie
l'hypothèse n°2 selon laquelle « les problèmes
rencontrés par les mécaniciens des engins à deux et
à trois roues sont de divers ordres : la mauvaise structuration, le
manque de formation adéquate, le manque de moyens financiers ».
Le constat nous permet également de dire que dans cette
filière de formation, le patron ne transmet à son apprenti que ce
qu'il a reçu de son patron une génération plus tôt.
Chacun répare en fonction de ses connaissances. Ce qui veut dire qu'il
n'y a pas de programme de formation consensuel qui est appliqué dans le
cadre de la formation des apprentis. Le milieu de formation et d'exercice
privilégié étant le tas, les acteurs sont aussi
accablés par les critiques que les gens font du secteur informel,
à savoir la non-structuration de ce dernier. Cependant, les garages qui
sont bien organisés et qui ont des partenariats de formation avec les
centres de formation professionnelle sont obligés d'avoir un programme
adapté aux exigences du centre. Sur le terrain, les garages
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qui accueillent les élèves de la formation du
type dual ont des affluences et cela oblige les patrons à innover dans
leurs réparations. À travers cela, on peut dire que
l'hypothèse n°3 intitulé «une bonne structuration de
cette filière de formation pourrait lui permettre d'accroître sa
visibilité » est aussi confirmée.
Malgré son importance numérique et sa place dans
la création d'emplois et de revenus, force est de constater que les
acteurs de la mécanique moto évoluent dans des conditions de
travail très difficiles et précaires, sans garantie et
crédits, ni protection sociale. Alors, l'accompagnement de ces derniers
dans l'amélioration de leurs conditions de travail, à savoir
l'octroi de crédits, la formation continue et les recyclages seraient le
bienvenu. Initier des formations à la gestion des ressources humaines et
de la clientèle, en comptabilité et à la gestion de
l'environnement au profit des mécaniciens pourraient leur permettre
d'améliorer leurs connaissances et leurs revenus et partant de cela
susciterait de l'engouement auprès des jeunes, non scolarisés,
déscolarisés et même des diplômés sans emploi.
Ceci vient confirmer l'hypothèse n°4 qui stipule que «
l'amélioration des conditions de travail dans ce milieu, pourrait
susciter de l'engouement auprès des jeunes non scolarisés,
déscolarisés et diplômés sans emplois ».
À travers cette étude l'objectif principal qui
est de savoir si la mécanique moto contribue à la
résorption des problèmes d'emplois des jeunes est atteint, y
compris les objectifs spécifiques. Nous avons fait remarquer que la
mécanique moto contribue à résorber le problème
d'emploi de plusieurs jeunes. Mais ceux-ci ont besoins d'être bien former
afin d'assumer pleinement la réparation. Il est intéressant
d'étendre une telle étude aux autres activités de service
du secteur informel pour apprécier l'absorption des jeunes dans ce
sous-secteur du développement national. Car, il regorge beaucoup de
potentialités d'emplois pour les jeunes.
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