WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Gestion de la pollution azotée de la ressource en eau en milieu agricole: influence des dispositifs agri- environnementaux territorialisés dans le bassin versant de la Seille

( Télécharger le fichier original )
par Romain BOURGUE
Université du Maine - Le Mans - Master II politiques territoriales de développement durable 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Ampleur de la pollution agricole

La pollution peut-être définie comme « une altération du milieu naturel liée à l'activité humaine au travers d'effets directs ou indirects » (Ramade, 1993) ou plus précisément comme « l'introduction directe ou indirecte, par l'activité humaine de substances [...] dans l'air, l'eau ou le sol, susceptibles de porter atteinte à la santé humaine ou à la qualité de l'environnement, d'entrainer des détériorations des biens matériels, une détérioration ou une entrave de l'agrément de l'environnement ou à d'autres utilisations légitimes de ce dernier » (Directive 96/61 de l'UE, 1996)

Suite à l'amélioration des niveaux de pollution issus des rejets industriels et urbains, la filière agricole est devenue la première cause de dégradation des eaux en France. Bien que les pollutions ponctuelles aient pu être solutionnées par les investissements européens en termes de mise aux normes des bâtiments d'exploitation, les efforts entrepris pour la maitrise des pollutions diffuses d'origine agricole sont restés insuffisants. 50 à 75% des eaux de surface et souterraines seraient fortement dégradées par la pollution du secteur agricole (MNHN, 2005), faisant courir au territoire français le risque de ne pas atteindre le bon état écologique des masses d'eau requis par la Directive Cadre sur l'Eau 2015. Les pollutions diffuses constituent, par définition, un problème transversal et épineux pour différentes raisons. Concernant des espaces importants et imprécis, elles sont difficiles à identifier et donc à gérer. Les pratiques agricoles de nombreux acteurs à l'échelle d'un bassin versant peuvent être impliquées dans ce type de pollution, rendant laborieuse l'identification des causes.

1. L'azote d'origine agricole

L'azote peut provenir de rejets urbains et industriels, mais sa présence dans les masses d'eau résulte majoritairement de la généralisation de son usage pour le maintien des rendements agricoles, sa présence naturelle étant indispensable à la croissance des végétaux. Toxique pour les organismes aquatiques et puissant eutrophisant, sa toxicité pour l'homme reste discutée à ce jour.

L'azote se trouve sous différentes formes dans le sol :

- D'origine minérale lorsqu'il est en phase aqueuse ou adsorbée. C'est une forme soluble donc hautement lessivable qui représente 2 à 4% de l'azote total du sol. On y trouve les Nitrates (NO3 -), les nitrites (NO2 -) et l'ion ammonium (NTT4 +)

Master 2 Politiques Territoriales de Développement Durable 6

Première partie :

Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

- D'origine organique lorsqu'il est intégré aux organismes vivants et dans la matière organique du sol. Cette forme qui migre peu dans le milieu constitue l'essentiel de l'azote contenu dans le sol.

A noter que des échanges s'opèrent entre ces deux formes de l'azote :

- L'azote minéral peut être adsorbé puis intégré aux tissus vivants pour se convertir en azote organique.

- L'azote organique peut être minéralisé en azote lessivable lors de la décomposition des tissus végétaux, ou rejoindre la matière organique à minéralisation lente, dite « stable ». La forme la plus stable de l'azote minéral étant le nitrate NO3 -.

- Le nitrate peut toutefois être converti en azote gazeux dans un milieu réducteur dépourvu d'oxygène (zones humides, fossés...) selon un processus de dénitrification.

Figure N°2 : Cycle de l'Azote en milieu agricole

Les techniques agriculturales employées

conditionnent ces échanges.
L'exploitant réalise des apports d'azote sous forme minérale (engrais minéraux) ou sous forme organique (lisiers et fumiers) afin de compenser les pertes d'azote minéral liées au lessivage des sols et d'azote organique exporté par les récoltes. Les pratiques entrainant la présence d'un reliquat d'azote facilement lessivable augmentent les risques de pollution. C'est le cas de la surfertilisation ou d'apports azotés trop importants pour des rendements qui seront finalement inférieurs aux prédictions. Un drainage excessif des sols favorise les flux de nitrates vers les masses d'eau et peut constituer un court-circuit des zones potentielles de dénitrification (zones humides, eaux stagnantes sur sol peu perméables, forêts rivulaires, bandes enherbées...). Les conditions climatiques impactent également le transfert des polluants. La survenue d'une pluie efficace entre l'épandage et l'adsorption par les cultures entraine un risque de lessivage important. Les années humides sont donc des années de forte pollution azotée. De même, les automnes doux à pluviométrie moyenne favorisent la minéralisation d'azote organique en azote minéral lessivable, à une période où la demande en azote des cultures chute. La pollution nitratée des masses d'eau y est maximale.

La pollution azotée présente également une variation spatiale de son ampleur. On observe généralement des teneurs en nitrates plus fortes en aval qu'en amont du fait de la réduction de

la capacité auto-épuratoire du cours d'eau vers l'aval provoquée par la baisse d'oxygénation inhérente au ralentissement de l'écoulement.

Géographiquement, les secteurs le plus touchés sont les zones d'élevage intensif surchargées en azote organique issu des effluents, et les espaces de grandes cultures fortement fertilisés où les ressources en eau sont majoritairement superficielles : Bretagne, Poitou-Charentes, Pays de la Loire et Bassin Parisien.

Première partie :

Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

La carte des zones vulnérables établie dans le cadre de la Directive Européenne 91/676/CEE, dite « Directive Nitrates » permet d'évaluer la spatialisation de la pollution azotée sur le territoire français. Le zonage concerne les eaux superficielles dont la concentration en nitrates dépasse la norme « eau potable », soit 50 mg/L, et pour lesquelles un programme d'action est mis en oeuvre. La France vient à ce titre d'être condamnée par la Cour de Justice de l'Union Européenne pour manquement à la mise en oeuvre de cette directive.

Rappelons que le milieu aquatique est considéré comme dégradé dès que la concentration en nitrates excède 10 mg/L.

Master 2 Politiques Territoriales de Développement Durable 7

Figure N°3 : Carte 2007 des zones Figure N°4 : Carte de l'évolution des

vulnérables « Directive Nitrates » (source nitrates dans les cours d'eau 1998-2011
MEEDDAT)

Après une augmentation continue des teneurs en nitrates depuis les années 1970, il semblerait que les politiques environnementales mises en oeuvre aient permis de stabiliser la situation. Selon les données de l'IFEN 2004, la concentration moyenne en nitrates serait passée de 10 mg/L en 1970, à 19 mg/L en 2000 pour atteindre 17 mg/L en 2004. La situation reste cependant hétérogène selon les bassins versants comme le confirment les données du Service de l'Observation et des Statistiques (SOeS). Ce dernier note une amélioration ou une stagnation des teneurs en nitrates dans les régions les plus touchées (bassins de l'ouest) et une dégradation lente dans les bassins jusque-là peu affectés (sud de la France). Par ailleurs, les coûts de l'eutrophisation due aux nitrates restent élevés. Selon le rapport 2011 du CGDD, la dépollution des nappes phréatiques françaises couterait plus de 522 milliards d'euros, tandis que la gestion des excédents azotés pour l'eau potable représenterait 54 milliards d'euros, investissement en grande partie assuré par les ménages.

Master 2 Politiques Territoriales de Développement Durable 8

Première partie :

Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand