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Gestion de la pollution azotée de la ressource en eau en milieu agricole: influence des dispositifs agri- environnementaux territorialisés dans le bassin versant de la Seille

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par Romain BOURGUE
Université du Maine - Le Mans - Master II politiques territoriales de développement durable 2013
  

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3. Dispositifs d'amélioration de la qualité de l'eau

1. Dispositifs juridiques et économiques

La France a connu une évolution complexe de sa réglementation nationale vis-à-vis de la pollution agricole des ressources en eau depuis 1975, essentiellement transcrite depuis la réglementation européenne. Une trentaine de directives ont fixé les normes de qualité et les seuils maximum pour chaque substance en fonction des secteurs d'usage, perfectionnant ainsi le traitement des eaux. Ces directives ont finalement abouti à une approche globale de la qualité de l'eau avec la Directive Cadre sur l'Eau d'octobre 2000, visant la bonne qualité de l'ensemble des eaux dès 2015.

La législation européenne

Les directives européennes en matière de pollution d'origine agricole sont principalement orientées vers la maitrise des teneurs en nitrates.

Dès 1975, la Directive 75/440/CEE impose aux Etats-membres de réduire la teneur en nitrates à 50 mg/L dans un délai de 10 ans pour la production d'eau alimentaire.

La Directive ERU (Eaux Résiduaires Urbaines) du 21 mai 1991 oblige toute agglomération de l'UE à s'équiper de systèmes de collecte et de traitement de l'azote et du phosphore des eaux résiduaires urbaines.

La Directive Nitrate du 12 décembre 1991 est la plus aboutie en termes de législation de la pollution azotée. Elle prévoit dans un délai de deux ans la désignation par les Etats-membres des zones vulnérables où les teneurs en nitrates sont susceptibles de dépasser 50 mg/L. Le réexamen des zones vulnérables a lieu tous le quatre ans après des campagnes de surveillance réglementées de la qualité de l'eau.

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Première partie :

Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

Chaque Etat-membre définit les bonnes pratiques agricoles qui seront mises en oeuvre par les agriculteurs dans les zones vulnérables. La Directive Nitrate prévoit l'élaboration de programmes d'action spécifiques dans un délai de deux ans à compter de la désignation de la zone et mis en oeuvre dans un délai de quatre ans après leur élaboration.

La Directive Cadre sur l'Eau du 23 octobre 2000 est la première législation proposant une approche plus globale de la qualité des masses d'eau. D'importants moyens techniques, administratifs, économiques et scientifiques sont mis en oeuvre pour que chaque Etat-membre soit en mesure de respecter « l'obligation de résultat » en termes de bonne qualité des eaux à l'échéance 2015.

La législation française

Essentiellement transposée depuis la réglementation européenne, la législation française en matière de qualité de l'eau propose toutefois une approche plus globale du milieu.

La loi sur les Installations Classées Pour l'Environnement (ICPE) de 1976 définit un régime de déclaration auprès des préfectures pour les infrastructures susceptibles de présenter un danger pour l'environnement. Les bâtiments d'élevage sont les principaux concernés dans le domaine agricole, en conséquence directe de la transposition de la Directive Nitrate. La règlementation concernant le stockage de lisier et les opérations d'épandage est renforcée. Une quantité maximale d'azote par hectare et par an est ainsi définie.

La Loi sur l'Eau de 1992 impose la création de Schémas Directeurs d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) pour chaque bassin hydrographique, et de SAGE à l'échelon des sous-bassins. Cette loi permet d'encadrer les installations agricoles non classées en ICPE et d'inscrire les zones vulnérables aux nitrates dans ces schémas d'aménagement.

La Loi sur l'Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006 propose d'encadrer la gouvernance de l'eau pour une gestion plus intégrée de la pollution de la ressource. Sa tentative de modernisation de la Directive sur la Prévention et la Réduction Intégrée de la Pollution aboutit à une réglementation trop peu contraignante. Le projet de redevance pour pollution diffuse qui s'avérait prometteur ne concerne au final que les biocides, et sa portée s'avère très limitée.

La loi Grenelle I adoptée en 2009 prévoit le développement de l'agriculture biologique, la certification environnementale des exploitations et la réduction de moitié de l'usage des pesticides en dix ans. Elle interdit l'utilisation des phosphates dès 2012 et préconise la recherche et la réorientation du secteur agricole vers des pratiques économes en intrants. La loi met l'accent sur quelques pratiques phares : généralisation de la couverture des sols en hiver, valorisation des effluents organiques d'élevage, implantation de bandes enherbées et de zones végétalisées en bordure des masses d'eau.

Rappelons qu'en termes juridiques, le cas des nitrates relève du principe de précaution, l'impact de la pollution azoté étant bien connu. A ce titre, suite à la constitutionnalisation de la charte de l'environnement, une mise en cause de l'Etat est possible pour mauvaise application des textes, comme ce fut le cas en mars 2001 et en juin 2002.

Première partie :

Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

Les réformes successives de la PAC

Les différentes réorientations de la PAC depuis les années 1960 conditionnent les choix agriculturaux et les politiques d'amélioration de la ressource en eau. La première PAC de 1958 soutenait les prix sans aucune limite quantitative dans le but d'augmenter le revenu du travail. L'agriculture s'est intensifiée jusqu'à la fin des années 1980 avec près de 1 mg/L d'accroissement de concentration en nitrates en moyenne chaque année dans les eaux. Dès 1992, une première réforme, certes timide, de la PAC vise à introduire les premières mesures agri-environnementales. Le règlement CEE2078/92 incite à la baisse des productions afin de mieux prendre en compte le marché agricole, de résorber les stocks et de maitriser les pollutions nitratées. Les exploitants prenant le parti d'adopter des méthodes de production moins polluantes et d'entretenir les zones rurales se voient attribuer une aide du Fonds Européen d'Orientation et de Garantie Agricole (FEOGA) qui compense la baisse de production. L'impact sur la qualité paysagère rurale et sur la pollution azotée s'est toutefois révélé insatisfaisant.

La réforme de 1999 et son règlement CEE 1257/1999 reprend les mêmes principes de durabilité des pratiques agricoles. Encore trop orientée vers les préoccupations économiques de la filière, cette nouvelle formule n'a pas eu les effets escomptés. Jusqu'en 2003, il est réaliste de considérer que les investissements de la PAC contribuent au productivisme agricole. En effet, 90 % des dépenses définies en 1999 constituent des aides fonction du nombre d'hectares, de bêtes ou en soutien des prix. La France a bénéficié de 10 milliards d'euros au titre de la PAC 2003 à répartir entre 600 000 exploitations, soit en moyenne 17 000 euros par exploitation par an. Sur les 12 milliards d'euros réinvestis par le gouvernement français, seulement 560 millions sont dédiés aux mesures agri-environnementales.

A partir de 2003, les principes de découplage et d'écoconditionnalité des aides sont mis en oeuvre. Les subventions sont de moins en moins liées à la production et à son niveau. Les agriculteurs touchent un paiement unique par hectare d'exploitation calculé sur la moyenne des primes perçues sur trois années de référence, à condition que ceux-ci respectent les Bonnes Conditions Agricoles et en Environnementales (BCAE).

La réforme de 2009 préconise un découplage total des aides, politique qui sera encore renforcée par la réforme fin 2013 pour la période 2014-2019.

Par abandon progressif des subventions favorisant le productivisme agricole, la PAC a probablement contribué à la stabilisation des pollutions nitratées observée ces dernières années.

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Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

Figure N°6 : Synoptique des principales lois françaises sur l'eau
(source : La France - La ressource en eau, 2009)

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus