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Gestion de la pollution azotée de la ressource en eau en milieu agricole: influence des dispositifs agri- environnementaux territorialisés dans le bassin versant de la Seille

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par Romain BOURGUE
Université du Maine - Le Mans - Master II politiques territoriales de développement durable 2013
  

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3. Programmes d'action territoriaux

Au-delà du cadre réglementaire européen et national, la lutte contre la pollution agricole nécessite des programmes d'action prenant en compte les spécificités territoriales : conditions naturelles, activités anthropiques, jeux d'acteurs... Différentes stratégies sont ainsi élaborées à des échelles hydrologiques comme les bassins versants et s'inscrivent le plus souvent dans le cadre d'un SAGE ou d'un Contrat de rivière. Ce processus de « localisation » et de contractualisation de la gestion de l'eau renforce la participation des différents acteurs, y compris des exploitants agricoles, à l'élaboration des plans d'action. Ces programmes reposent sur l'incitation financière et le volontariat des agriculteurs : des aspects plus prometteurs, durables et souvent mieux perçus que la contrainte réglementaire et unilatérale.

L'évolution des contrats agri-environnementaux

Les premiers contrats de mesures agri-environnementales (MAE) ont été mis en place de 1992 à 1999 suite à la réforme de la PAC. Financés par le Fonds Européen d'Orientation et de Garantie Agricole (FEOGA), ils sont mis en oeuvre par chaque région à travers un cahier des charges qui prend en compte les spécificités territoriales. Une des mesures phares des MAE est l'ancienne Prime à l'herbe qui garantissait 45€/ha pour les exploitants maintenant un pâturage extensif et des pratiques favorisant les prairies temporaires ou permanentes. Les Plans de Développement Durable (PDD), appartenant également au premier dispositif MAE, sont restés de l'ordre de l'expérimental et leur influence est peu généralisable. Finalement, le dispositif MAE a été d'une efficacité très discutable pour plusieurs raisons. Fondé sur le volontariat des agriculteurs, seuls les exploitants déjà sensibilisés aux pratiques extensives ont été concernés par ces mesures. La première Prime à l'herbe a seulement permis d'encourager les exploitations déjà respectueuses de l'environnement, sans être d'un montant suffisamment décisif pour réorienter les exploitations où le risque lié à l'intensification des activités était réel. A titre d'exemple, la prime relative au maïs ensilage pouvait atteindre plus de 300€/ha à la même période. Les Opérations Locales Agro-Environnementales (OLAE) de ce dispositif, essentiellement orientées vers l'entretien du paysage rural, ont également connu un échec relatif. Touchant majoritairement les secteurs affectés par l'exode rural, l'objectif de l'UE s'est avéré plus proche du maintien des revenus des exploitants que de la réduction des pollutions agricoles. A titre d'exemple, à la fin du dispositif en 1999, seul 0,7 % de la SAU française était couverte par les opérations locales.

Dès 1999, la loi d'orientation agricole met en place les Contrats Territoriaux d'exploitation (CTE). Signés pour cinq ans et reprenant l'ensemble des mesures agri-environnementales des pratiques précédentes, leur fonctionnement plus global et forfaitaire en facilite la gestion. Plus efficaces que les MAE et les PDD, les CTE conservent toutefois le même défaut : celui d'encourager les exploitants aux pratiques déjà favorables à l'environnement. Des actions auparavant volontaires se stabilisent par la rémunération, ce qui procure une véritable « aubaine » pour les exploitants. Le bilan 2001 révèle qu'une majorité de CTE s'inscrivent dans une démarche individuelle et dans des régions peu concernées par l'intensification de l'agriculture, alors que des actions collectives à plus grande échelle auraient été plus profitables. A titre d'exemple, en Lorraine comme dans d'autres régions souffrant de

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Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole

disparités départementales, les CTE ont montré leur inefficacité. Dans ces régions, les départements et territoires les plus dynamiques (comme la Moselle) sont à même de prendre en considération les deux volets du contrat (amélioration environnementale et socio-économique) et de maitriser financièrement les rouages du dispositif. A l'inverse, les départements en déclin comme les Vosges tentent de réorienter le dispositif vers l'amélioration socio-économique de la situation.

En 2003, les Contrats d'Agriculture Durable (CAD) remplacent finalement les MAE et les CTE. Les évolutions principales du dispositif reposent sur une meilleure prise en compte des spécificités territoriales, un recentrage sur les enjeux environnementaux, une refonte budgétaire et une simplification administrative. Ces contrats sont également signés pour cinq ans à partir d'un arrêté préfectoral qui définit les enjeux prioritaires de chaque territoire et un nombre d'actions limité à entreprendre pour chaque enjeu. Les mesures agri-environnementales initiales peuvent toutefois cohabiter avec les CAD. C'est le cas des OLAE et des Primes Herbagères Agro-Environnementales (PHAE 1 de 2003 et PHAE 2 de 2007) qui remplacent la Prime à l'herbe. L'arrêt des CTE a cependant entrainé l'hésitation des agriculteurs vis-à-vis de la contractualisation et de son caractère aléatoire, d'autant que les CAD s'avèrent moins avantageux sur le plan financier.

En 2007, le Programme de Développement Rural Hexagonal (PDRH) propose de nouveaux contrats agri-environnementaux qui induisent l'impossibilité de signer de nouveaux CAD. Ces nouveaux contrats de cinq ans engagent l'exploitant à respecter une ou plusieurs Mesures Agri-Environnementales Territorialisées (MAET), l'objectif étant de renforcer le pouvoir de l'échelon régional puis local dans la lutte contre la pollution agricole. Un cahier des charges agro-environnemental est appliqué à la parcelle et aux éléments paysagers voisins (haies, ripisylves, zones humides). Ces mesures doivent permettre de répondre au mieux à des menaces localisées au sein de territoires prioritaires en lien avec la Directive Cadre sur l'Eau. Un maximum de deux mesures par enjeu environnemental est proposé afin de gagner en simplicité et de limiter les dépenses publiques liées à ces mesures.

De manière générale, les différents types de contrat s'avèrent critiquables quant à leur efficacité sur l'amélioration de la qualité de l'eau. Outre le fait que leur succession n'ait pas permis de gagner la confiance des exploitants qui continuent de percevoir ces dispositifs comme aléatoires, ponctuels et favorables qu'à court terme, chacun des contrats est limité dans ses effets par ses propres caractéristiques. Leur gestion est coûteuse sur le plan administratif, tandis que leur suivi et leur évaluation est complexe. Par principe, ces contrats ne font qu'inciter et conforter les choix d'agriculteurs déjà volontaires et aux pratiques favorables à l'environnement. On parle « d'effet d'aubaine » de ces contrats pour les exploitants dont les bonnes pratiques sont financées alors que les mauvaises pratiques d'autres exploitants ne sont pas sanctionnées. Enfin, ces contrats sont localisés dans des zones éligibles dont la délimitation a tendance à varier dans le temps et l'espace, rendant leur efficacité à long terme discutable.

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Les contrats de maitrise des pollutions agricoles

En 1993, le premier Programme de Maitrise des Pollutions d'Origine Agricole (PMPOA) est mis en place dans le but de financer la mise aux normes des bâtiments d'élevage pour le stockage des effluents et d'inciter à un épandage réfléchi, en accord avec la réglementation récente sur les installations classées pour l'environnement. Comme pour les contrats environnementaux, l'adhésion est contractuelle et fondée sur le volontariat. Ce dispositif trouve son succès dans le fait que les modifications que les agriculteurs sont incités financièrement à réaliser leur seront normalement à terme imposées par la loi. Dans les faits, plusieurs rapports critiquent la mise en oeuvre de ce programme pour différentes raisons : le fait qu'il ne concerne essentiellement que des exploitations d'une certaine taille, supérieures à 70 UGB en moyenne ; la longueur des procédures et un coût réel de deux milliards d'euros au lieu d'un milliard planifié.

En 2002, le second Programme de Maitrise des Pollutions d'Origine Agricole (PMPOA 2), ou Programme de Maitrise des Pollutions Liées aux Effluents d'Elevage (PMPLEE) corrige quelques limites du programme précédent. La norme communautaire de 170 kg d'azote/ha/an devient une obligation. La taille minimale d'élevage pour accéder aux aides est abrogée. Les zones vulnérables selon la Directive Nitrates font obligatoirement partie des zones prioritaires. A ce titre, tout éleveur en zone vulnérable qui ne se serait pas engagé dans le processus de mise aux normes à partir de 2006 est exclu du tout programme d'investissement communautaire.

Les opérations non-contractuelles

Ces programmes n'engageant pas juridiquement les exploitants concernent essentiellement les conseils en fertilisation dans le cadre de la pollution azotée. Nées en 1980 des constatations du rapport Hénin qui démontre le lien entre surfertilisation et pollution de l'eau, les premières mesures visant à diffuser les bonnes pratiques de fertilisation sont initiées par la Mission Eau-Nitrates et le Comité d'Orientation pour la Réduction de la Pollution par les Nitrates (CORPEN). Dès 1990, l'Association Nationale pour le Développement Agricole (ANDA) lance le programme Ferti-Mieux qui prend de l'ampleur grâce au volontariat des agriculteurs. Chaque action Ferti-Mieux est lancée sur un territoire donné et suivie par un comité de pilotage. Financées par les chambres d'agriculture, les agences de l'eau et les collectivités territoriales, le coût de chaque opération est estimé à 100 000 €/an. En 2010, deux millions d'hectares étaient couverts par un programme, soit 30 000 exploitants répartis en 65 actions Ferti-Mieux. Ces opérations ont montré de bons résultats en termes d'évolution des pratiques de fertilisation et de la pollution azotée, bien qu'elles reposent sur le volontariat des exploitants, au même titre que l'ensemble des contrats agri-environnementaux. (Cf Annexe)

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L'étude de la relation entre activités agricoles et dégradation de la ressource en eau révèle la complexité de la mise en oeuvre de politiques agri-environnementales intégrées et adaptées aux spécificités territoriales ; en témoignent les plans successifs et leur évolution permanente laissant parfois les acteurs dubitatifs quant à la cohérence des dispositifs publics. La réduction de l'utilisation des intrants et la remise en cause progressive des techniques qui ont été à la base de l'intensification agricole de ces soixante dernières années semble être en cours. Les pratiques visant à prévenir la vulnérabilité des milieux se généralisent et permettent de préserver à la fois la ressource en eau et le paysage agricole.

Comment accélérer la généralisation de ces bonnes pratiques sans remettre en cause la rentabilité des exploitations ni créer des effets d'aubaines par l'opportunité des contrats agri-environnementaux ?

Comment adapter les politiques agri-environnementales aux spécificités d'un territoire et de son jeu d'acteurs ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo