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Le migrant africain du grand- Lyon. L'" agir " social et économique à  construire. Enjeux, discours d'acteurs, pratiques, stratégies et cadres d'intégration, de mobilisation et valorisation des compétences des migrants sub- sahariens de l'agglomération lyonnaise

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par Issopha NSANGOU
Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne  - Master 2 Pro en ingénierie du développement social  2012
  

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2. Causes du chômage des immigrés étrangers et immigrés naturalisés

2.1. Le niveau de diplôme

2.1.1. Les difficultés d'accès au marché d travail tiennent pour beau coup au manque de qualifications.

Alors qu'en France le diplôme est un atout particulièrement déterminant dans l'accès à l'emploi, les immigrés sont en moyenne moins qualifiés que les personnes nées en France. Selon les statistiques du ministère du travail français, 48 % des immigrés de 15 ans et plus disposent au maximum du certificat d'études primaire ou aucun diplôme, contre 30 % pour l'ensemble de la population vivant en France. Chez les 20 à 24 ans, 31,5 % sont dans ce cas, contre 15,6 % pour la moyenne du pays. Et même à niveau de diplôme équivalent, le taux de chômage des immigrés demeure supérieur. Ainsi, pour les titulaires d'un bac par exemple, le taux de chômage est de 9 % pour les Français nés de parents français, contre 22,3 % pour les immigrés non-européens. Pour les titulaires d'une licence et plus, les chiffres sont respectivement de 4,6 % et 16,3 % pour les immigrés étrangers ( 13% pour les immigrés naturalisés). Le taux de chômage va décroissant avec le niveau de diplôme64, certes, mais celui des immigrés des pays tiers est toujours supérieur d'au moins 10 points à celui des Français de parents nés Français,

64 Un immigré actif sur quatre est diplômé du supérieur en France. Proportion identique à celle des non-immigrés. Quant aux immigrés étrangers sans diplôme, leur taux de chômage s'élève à 27,1 % (Dont 31,9% pour les femmes) contre 23,5% pour les immigrés naturalisés. Signe que la nationalité française des immigrés a un impact réel sur le taux de chômage.

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quel que soit le niveau de diplôme. Ce qui fait dire aux chercheurs que les diplômes protègent peu les immigrés du chômage, de même que leurs descendants65.

Tableau 9 : Taux de chômage de la population active selon le niveau de diplôme

Source: Insee, Infos Migrations, L'insertion professionnelle des immigrés et de leurs descendants en 2010.

2.1.2. Les diplômes obtenus sont peut-être de niveau identique, mais pas similaires ou ne se valent pas

Pour un même niveau de diplôme, l'on observe un écart significatif entre immigrés et natifs, notamment pour les diplômés de l'enseignement supérieur, les 1ers étant plus exposés au chômage. Une des explications réside dans le fait que les immigrés et leurs enfants dans leur grande majorité, particulièrement les filles, sont souvent orientées vers des filières qui ne conduisent pas aisément à trouver un emploi en France. En termes d'intégration professionnelle, un diplôme d'ingénieur dans le contexte tendu du marché du travail aura sans doute plus de poids qu'une licence en lettres modernes, précise l'étude.

Ajouté à cela le problème de la non-reconnaissance des diplômes66 et des qualifications67 acquises dans les pays d'origine ou le manque d'initiatives en la matière par les immigrés eux-mêmes. Des démarches, auprès d'un rectorat d'académie par exemple, peuvent permettre d'obtenir une reconnaissance formelle des études menées à l'étranger ou du diplôme acquis. Or en 2008, selon l'Insee, «seul un immigré sur dix a fait ce type de demande. La principale raison invoquée de l'absence de cette démarche est le manque d'utilité. Les immigrés diplômés du supérieur sont beaucoup plus nombreux à bénéficier d'une reconnaissance formelle de leurs qualifications. Ceci traduit le fait qu'ils ont plus souvent terminé leurs études en France et que l'utilité de faire reconnaitre leurs diplômes apparait plus grande »68. Ainsi, autant les diplômes et les expériences professionnelles acquises en dehors de la France constituent les principaux « passeports » pour les nouveaux migrants mieux formés, autant ces mêmes passeports sont vite périmés faute d'être reconnus facilement , rapidement et équitablement une fois la

65 Pour ce qui est des enfants d'immigrés en France, si à l'école ils améliorent leurs résultats, selon les chercheurs de l'Insee, ils sont trois fois plus au chômage que les descendants de Français de naissance.

66 En effet, seuls 13% des immigrés arrivés après 18 ans en France pour y effectuer des études ont obtenu leur plus haut diplôme

67 La reconnaissance des titres de compétences est un processus qui consiste à vérifier si les connaissances, les compétences, la formation, le niveau d'études et l'expérience de travail acquis dans une autre pays respectent les normes établies pour les travailleurs en France et pour y exercer une profession ou un métier.

68 Voir Olivier Monso et François Gleizes, « Langue, Diplômes: des enjeux pour l'accès des immigrés au marché du travail», division emploi, Insee, 2010.

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personne installée en France. Il en découle de cette non-reconnaissance des acquis et des compétences de fâcheuses conséquences pour des personnes qui croyaient pouvoir intégrer le marché du travail : une augmentation du taux de chômage, une surreprésentation des migrants parmi les prestations des aides sociales, plus de migrants occupant des postes pour lesquels ils sont surqualifiés et les salaires perçus étant de beaucoup inférieurs à ce qu'ils pourraient recevoir: le phénomène du déclassement ou la déqualification69 qui concerne de nombreux migrants diplômés qui ne trouvent pas d'opportunités correspondant à leur niveau de qualification et doivent par conséquent se « reconvertir » dans une autre activité, moins bien rémunérée. C'est le phénomène du sous-emploi. Plus de personnes se voient, comme au Canada par exemple, obligés de recommencer des programmes d'études qu'ils ont déjà effectués dans leur pays d'origine. Ces formations coûtent cher autant à l'État qu'au migrant lui-même qui se sent dévalorisé et frustré par ces contraintes et abandonnent son programme d'étude. Les migrants concernés, semi-qualifiés ou très qualifiés en viennent à perdre ces qualifications par défaut d'exercice ou de pratique, ce qui va jusqu'à hypothéquer les capacités au développement des sub-sahariens de la diaspora par exemple, « qui se trouvent en difficulté par rapport aux opportunités d'investissement dans les pays d'origine, lesquelles exigent un niveau de compétences que ces migrants ont perdues faite d'expériences(...)la déqualification est une perte pour le pays d'accueil(...) et pour les pays d'origine. Il y a donc une communauté d'intérêt à favoriser le renforcement des qualifications et à considérer les diasporas qui en sont porteuses comme une ressource » (Babacar Sall, 2003). En gros, des bénéfices de l'immigration qui sont de beaucoup inférieurs à ce qu'ils pourraient être ici et là-bas au final.

S'il est avéré que les sub-sahariens récemment arrivés en France ont plus souvent suivi des formations, les immigrés originaires d'Afrique et de plus ancienne installation recourent très peu aux dispositifs de la formation professionnelle continue ou de remise à niveau, nous entendons par là des formations post-scolaires, sous statut de chômeur ou formations suivies à titre individuel: « Les immigrés accèdent deux fois moins à la formation professionnelle continue que les Français d'origine. En revanche, les bénéficiaires qui sont dans ce cas suivent des actions plutôt plus longues et plus qualifiantes que la moyenne des stagiaires. Les personnes nées de parents immigrés, quant à elles, accèdent dans des proportions proches de celles des non-immigrés aux dispositifs de formation. Seules celles dont les deux parents sont originaires du Maghreb apparaissent défavorisées »70.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille