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Le migrant africain du grand- Lyon. L'" agir " social et économique à  construire. Enjeux, discours d'acteurs, pratiques, stratégies et cadres d'intégration, de mobilisation et valorisation des compétences des migrants sub- sahariens de l'agglomération lyonnaise

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par Issopha NSANGOU
Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne  - Master 2 Pro en ingénierie du développement social  2012
  

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Chapitre 4. Les associations subsahariennes et l'insertion. Analyse des discours et des pratiques des associations de migrants subsahariens dans le Grand Lyon

Au terme de notre enquête de terrain et l'analyse approfondie du répertoire des associations du Rhône, il nous est apparu que très peu d'associations subsahariennes investissaient formellement le double champ de l'insertion et de l'intégration. Sur la vingtaine d'organisations interviewées en l'espace de 2 semaines, seules 4 se revendiquaient statutairement d'une démarche d'insertion en France et/ou dans les dans les pays tiers.

C'est le cas majoritairement des associations féminines : ALPADEF, FEDAM et MIFERVAL, puis d'une association qui se situe dans le double espace culturel France et Afrique : A2P Nord-Sud-Sud basée à Jonage.

Section 1 : Les migrants subsahariens du Grand Lyon et la question de l'inclusion sociale.

1. Insertion sociale « formelle» dans le Grand Lyon: Modalités, champs, discours, raisonnements, pratiques

Les associations de notre échantillon et celles figurant sur le répertoire des associations du Rhône pratiquant l'insertion privilégient 3 approches fondamentales :

ü l'insertion par les valeurs: prévention et lutte contre les discriminations dans l'espace public (école, administration, services publics) et privé (entreprises), promotion de l'interculturalité/transculturalité et soutien à la parentalité. Les descendants d'immigrés sont ici particulièrement concernés.

ü L'insertion par l'économique: soutien à la création d'activités génératrices de revenus au vu de l'autonomisation économique des migrants et migrantes, formation à la gestion et au suivi. Les femmes en sont le public prioritaire.

ü L'insertion par la pratique de l'art et l'artisanat : arts plastiques, artisanat, sculpture, poterie, broderie&très orientée vers les femmes également

Autrement dit, les associations de migrants sont peu présentes dans les champs de l'accompagnement à la recherche de logement et amélioration du cadre de vie des personnes précaires, l'accompagnement à l'insertion professionnelle et les questions de santé et la formation linguistique par exemple à visée professionnelle pour ceux des migrants ayant des difficultés particulières de langue. Avant d'en arriver aux causes, analysons dans e détails les activités des organisations sus-citées.

1.1. Organisations pratiquant l'insertion sociale et l'intégration nationale par les valeurs culturelles

Elles sont au nombre de deux dans notre échantillon de départ:

o A2P Nord -- Sud-Sud : Actions Perspectives-Prospectives Nord-Sud-Sud est l'association par excellence qui porte la question de l'intégration par la culture et notamment l'interculturalité et la transculturalité au

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coeur des réflexions progressivement agissantes au sein de la communauté africaine du Grand Lyon. Avec à sa tête un président arrivé et installé depuis 1972, cette association est membre de collectifs associatifs tels Africa 50 au sein desquels elle anime des ateliers et porte des débats sur cette problématique. Elle se positionne comme un passeur ou médiateur de cultures et mène en ce sens des activités de promotion de l'interculturel, du l'Universel mais aussi des vertus des particularités ethniques. De l'aveu de son président, cette démarche est:

(< La voie d'une meilleure connaissance de sa propre culture, de son histoire, de ses cultures, l'histoire des relations Afrique-Europe aussi. Pour dire que si nous sommes ici, c'est aussi à cause de l 'histoire, de cette histoire-là. Si nous sommes là c'est nous sommes acteurs aussi de ce territoire français et que nous faisons partie de la communauté nationale et que l'identité française est riche des identités multiples et l'identité africaine entre autres. L'objectif c'est que nous soyons pleinement fiers de ce que nous sommes. Et pas seulement fiers d'une partie de nous-mêmes. Être fiers, nous reconnaître tels que nous sommes, la complexité de ce que nous sommes aujourd'hui. Nous sommes africains, mais nous sommes africains européens. Et c'est là que j'apprécie de nouveaux concepts tels que l'a forgé Léonora Miano, nous sommes des « Afropéens », pour dire qu'il est important que nous sachions nous poser pleinement dans toute notre complexité; Et c'est important aussi que nous sachions résister à des assignations à résidence, à des simplifications, à des réductions de la part d'autres, selon les moments, selon ce qui les arrange, nous disant que nous sommes « irréductiblement africains », ou à d'autres moments :''nous avons cessé d'être Africains, nous nous sommes complètement assimilés ~'. Non ! Nous sommes tous là et nous n'avons pas à nier une part de nous. Il y a là aussi toute une dimension du savoir-être, du savoir-vivre(&) les cultures africaines, l'histoire africaine ont des choses à nous dire ».

Cette dialectique interculturelle implique la connaissance de soi, de ses propres culture, personnalité et société, y compris dans la relation des Européens au monde africain dans le cadre des actions de solidarité internationale ou de développement; et surtout dans la relation entre Africains eux-mêmes. Et de ce point de vue, nombre de griefs ont été exprimés vis-à-vis de la communauté africaine du Grand Lyon dont la quasi-totalité des associations de notre échantillon qui sont en lien direct avec les migrants subsahariens.

A2P fait donc aussi de la lutte contre les préjugés et stéréotypes qui font le lit des discriminations, du racisme, de la xénophobie, du repli identitaire, de la fermeture de soi à l'autre un de ses chevaux de bataille:

(< Les préjugés, les stéréotypes, ce n'est pas seulement celui qui vient de loin, entre hommes et femmes, entre voisins, entre nous. Nous parlions d'histoire. Il y a un véritable impact de l'histoire de la colonisation sur nous qui fait qu'il y a des personnes qui ont tendance à ne pas reconnaitre à leur juste valeur les africains qui ont fait les mêmes études. Cela tient des a priori que nous entretenons tous. L'un des domaines d'intervention d'A2P c'est de travailler précisément sur les représentations, les stéréotypes, en commençant par faire émerger à la conscience ces stéréotypes et puis après de travailler à les déconstruire et à s'engager dans un processus de connaissances; Car ce qui explique ces préjugés c'est l'ignorance en fait. Et lorsqu'on consent à s'engager dans une relation à l'autre tel qu'il est et non pas tel qu'on voudrait qu'il soit, à ce moment-là, on peut gagner le combat de l'enrichissement des imaginaires et donc de la transculturalité, parce qu'on est capable d'aller au-delà des préjugés que l'on a vis-à-vis des autres.»

Et C'est fort de cette conviction et s'appuyant sur ce paradigme de la rencontre nécessaire de '' l'un et de l'autre'' en terre de France et en terre africaine qu'A2P anime des ateliers, des conférences, des formations sur cette problématique au sein des structures de volontariat international dans le Rhône (notamment au Service de Coopération et de Développement où a longtemps officié son président), par exemple, afin de préparer les volontaires à la rencontre avec cette altérité africaine.

L'organisation s'est associée à deux ONG allemande et italienne afin de conduire, dans son versant français et lyonnais, un projet intitulé « Cross Community » (auquel participe également l'a structure qui nous accueille en stage, le Centre A.C.F.), consistant à recueillir les opinions des élèves, étudiants et enseignants afin d'évaluer l'ampleur du phénomène des discriminations en milieu scolaire, les modalités des actions de prévention, puis à faire en ce sens des recommandations spécifiques.

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A2P porte ce projet au sein d'AFRICA 50 sous la houlette de laquelle elle mène ces activités, lequel projet bénéficie du label du collectif121. Ce qui nous permet de dire qu'au travers d'A2P, c'est AFRICA 50 qui porte ce projet, en tant que faire-valoir du projet, au niveau local du moins.

o MIFERVAL : le Mouvement International des Femmes pour la Réhabilitation des Valeurs est un groupe de femmes issues de cultures différentes, mues par des objectifs communs qui se déclinent comme suit:

- la réhabilitation des valeurs humaines et le développement des échanges interculturels.

- La lutte pour le maintien de la place des parents dans la cellule familiale, leur responsabilité dans l'éducation des enfants ; le soutien à la parentalité dans une société égalitariste où le droit d'aînesse peut être mis à mal du fait de l'affirmation des droits de l'enfant, l'ouverture de l'école aux parents (un des axes du PRIPI d'ailleurs) afin de les aider à gérer au mieux la scolarité de leurs enfants, rempart contre l'échec scolaire qui frappe majoritairement les enfants d'immigrés au niveau de l'enseignement primaire et secondaire.

- La sensibilisation des jeunes face aux violences et facteurs de déviance.

- L'encouragement des jeunes à la (re) découverte de la richesse des cultures d'origine et la culture d'accueil, tout en développant la solidarité entre les peuples sans distinction de race, ni de religion.

En gros, MIFERVAL, née en 2008 et présidée par une femme ancien fonctionnaire international d'origine mauritanienne, porte un discours quelque peu semblable à celui d'A2P et milite pour la rencontre des cultures, l'éducation à la diversité, la réhabilitation des valeurs culturelles des groupes d'origine et leurs transmissions aux jeunes descendants d'immigrés souvent en déshérence culturelle.

Ces démarches participent d'une stratégie identitaire d'insertion, mais qui se pose en s'opposant à la tentation du communautarisme, puisqu'elle promeut l'ouverture à l'autre et la connaissance approfondie par les migrants, jeunes et adultes, femmes, enfants, primo-arrivants, de la société d'accueil tout en développant la solidarité entre les peuples sans distinction de race, ni de religion.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams