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Le migrant africain du grand- Lyon. L'" agir " social et économique à  construire. Enjeux, discours d'acteurs, pratiques, stratégies et cadres d'intégration, de mobilisation et valorisation des compétences des migrants sub- sahariens de l'agglomération lyonnaise

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par Issopha NSANGOU
Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne  - Master 2 Pro en ingénierie du développement social  2012
  

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1.3. Insertion sociale des femmes dans le Grand Lyon : Une approche par l'économique

o ALPADEF --Sénégal et International: L'Alliance Panafricaine pour le Développement de l'Entrepreneuriat Féminin , association réunissant des femmes majoritairement d'origine immigrée, y compris sa Présidente122, a développé une expertise en matière de formations-action et d'accompagnement des femmes sénégalaises souvent sans emploi et sans qualifications particulières puis plus globalement d'Afrique de l'Ouest dans le montage et la prise en main de leurs projets de création d'activités génératrices de revenus. L'association, investie depuis 3 ans dans le double espace culturel Afrique-France, a mobilisé pour cela un parterre de compétences de haute facture où se recrutent chefs d'entreprises, professeurs, journalistes, informaticiens, experts en ingénierie du développement local, étudiants d'écoles de commerce et de communication.

o ALPADEF-France, son versant français, porte les mêmes objectifs que ceux précédemment cités mais en direction cette fois des femmes immigrées avec ou sans emplois.

Née au Sénégal en 2008, l'association est partie du constat, en discutant avec les femmes, que:

- les femmes avaient besoin de formation au montage et la gestion d'activités génératrice de revenus afin

de sortir de la logique de micro-crédit qui, de l'avis de la présidente de l'association:

«& Ne va pas trop loin et de plus, crée une sorte de marginalisation des femmes et renforce un préjugé selon lequel, en Afrique, la Finance c'est pour les hommes et la microfinance pour les femmes...) au Sénégal par exemple, les chambres de commerce sont plus souvent fréquentées par les hommes que par les femmes. Parce que derrière, il y a un relai qui est celui des banques et dont l'accès est particulièrement difficile pour les femmes. Ce d'autant qu'en certains endroits du continent africain, les femmes ne peuvent ouvrir par exemple un compte bancaire sans l'accord du mari, de l'oncle, etc. Une situation socio-économique qui est en train de changer heureusement ».

- ce constat s'est accompagné d'une lecture socio-anthropologique sur la condition et l'attitude de certaines

femmes migrantes en France, moins entreprenantes au demeurant. La présidente d'ALPADEF s'en explique en ces termes:

« La femme en Afrique est active, actrice. Et malgré la vision occidentale de la femme battue, soumise et autre, moi je vois que là-bas ce sont elles qui gèrent tout. Avec des formes culturelles différentes. Ici en France, en revanche, les femmes deviennent invisibles. Elles perdent totalement cette force. Quand elles viennent ici, très souvent c'est pour accompagner ou rejoindre leurs maris. Et quand elles sont ici, elles n'ont plus la force ou l'autonomie et je pense aussi à leur identité féminine africaine. Il y a une sorte de déperdition ici. Elles restent à l'ombre des hommes, en exerçant de petits activités de commerce ...il y a à mon avis une sorte d'appauvrissement du potentiel de la femme africaine dès qu'elle arrive ici; je pense qu'elle souffre

122 Universitaire en école de commerce et gestion, universités lyonnaises et corrélativement consultante internationale pour les entreprises sur la diversité et le développement durable.

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encore plus du déracinement que l'homme. Ici, si la femme n'est pas 'éduquée'', n'est pas cultivée, ne parle pas bien le français, alors qu'est ce qui lui reste à faire ? Vendre des boubous à la maison ! »

Il s'est donc agi pour l'association de créer des formations-actions dans les secteurs d'activités identifiés par les femmes: restauration, textile, services, agriculture (transformation des produits agricoles), d'organiser des conférences sur le thème des femmes migrantes et la création d'entreprise, où d'assister aux rencontres des réseaux professionnels des femmes, toutes origines confondues.

Néanmoins, au-delà du traditionnel problème de l'accès aux subventions, l'association se heurte aussi aux réticences des personnes cibles, ce qui pose un problème de mise en place et d'animation des dispositifs prévus pour l'accompagnement de celles-ci. La direction d'ALPADEF apporte à ce sujet quelques éclairages:

« Le problème du coup c'est qu'il faut faire du porte-à-porte. Pour arriver à dénicher les femmes et les faire venir à nos formations, il fallait faire du porte-à-porte, parce que les femmes spontanément elles ne viennent pas. Mais vu qu'il faut des financements pour faire ça, nous nous sommes limitées à l'objectif d'accompagner 6 à 7 femmes porteuses de projet de création d'entreprise par an. Mais il y en a une qui a déjà laissé tomber, c'est donc vous dire& »123

Cela étant, ALPADEF, particulièrement sensible à la construction des consortiums s'appuie stratégiquement sur un large réseau d'associations professionnelles et de promotion économique des femmes dans le Grand Lyon et au niveau national, parmi lesquelles : Résolink, Action'elles, Supplément dames, les Marianne de la République, etc. L'association est membre du conseil d'administration de l'ONG de développement Passerelle NGAM incluse dans notre échantillon, et membre cotisant des collectifs AFRICA 50 et SOPE (Solidarité pour exister, collectif des associations sénégalaises de Rhône-Alpes). Une pratique des alliances stratégiques qui permet ainsi à l'association d'être identifiée et d'avoir ses entrées dans des cercles professionnels et décisionnels fermés. Une pratique à promouvoir à l'échelle des associations de migrants dont la majorité souffre d'un déficit de ressources relationnelles ou capital social ? Nous y reviendrons dans le chapitre consacré aux réseaux des acteurs associatifs subsahariens du Grand Lyon.

Ce tableau des pratiques d'insertion effectué, notons que figurent dans le répertoire des associations du Rhône d'autres associations composées entièrement ou majoritairement de migrants et pratiquant l'insertion de manière formelle ou alors sous des formes alternatives tournées vers les pratiques d'entraide intracommunautaire.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld