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Contribution à  la mise en place d'un dispositif de gestion concertée de l'aire marine protégée de Saint- Louis du Sénégal

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par Serigne Abdou Aziz Sy NDIAYE
Institut des régions chaudes / Montpellier sup'agro - Diplôme d'ingénieur d'agronomie tropicale 2007
  

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7.4 LES CONFLITS ENTRE LES USAGERS.

L'opposition entre les pêcheurs poseurs filets et ceux qui font la ligne est manifeste à Guet-Ndar. En plus d'une différence dans la techniques de pêche, elle devient un clivage social, entre les premiers, assimilés à de mauvais fainéants et les seconds qui se glorifient d'être des travailleurs de la mer, de vrais marins adroits qui ne reculent pas devant l'effort physique pour dénicher le poisson. En fait les ligneurs reprochent aux poseurs de filets d'utiliser des engins (mono filaments) qui selon eux sont responsables de la faible productivité des zones rocheuses. Nous avons vu dans les chapitres précédents qu'il arrive que les filets dormants se maillent sur les roches, obligeant les poseurs à les couper et à les abandonner sur place où ils continuent non seulement à pêcher, mais bloquent aussi l'accès à ces lieux de refuge, de repos, de nursery et de reproduction.

Par ailleurs, des conflits entre les pêcheurs à la senne tournante et les autres catégories de pêcheurs (surtout les lignes) sont signalés à Guet Ndar. Selon les ligneurs, les sennes tournantes produisent un effet mécanique dans la déstabilisation des bancs qui deviennent plus petits et dispersés, nécessitant un effort plus important de recherche pour les lignes. Cela pose un problème de compatibilité entre les techniques de pêche passive et les techniques actives surtout quand elles ciblent des espèces quasi identiques. C'est le cas notamment des filets dérivants de fond qui pouvant pêcher une plus grande variété d'espèces en fonction de leur gréement et de leur mobilité apparaissent comme des concurrents réels pour les filets dormants. Les filets dérivants travaillent la nuit au gré des courants. Ils peuvent donc accrocher les filets dormants dont les bouées de repérage sont invisibles, les amenant alors à intervenir au couteau pour éviter de perdre du temps à démêler les engins et provoquant du coup la colère des filets dormants. En somme, la recherche active d'espèces identiques ou ayant la même niche écologique (le cas des filets dérivants de surface et des sennes tournantes) dans la même aire de pêche (tous les types de pêche sont pratiqués sur xerwureywi, et ses environs excepté les sennes tournantes) est une source permanente de conflits entre pêcheurs artisans de Guet-Ndar d'autant plus qu'ici, les pêcheurs n'ont qu'une seule activité : la pêche. Situation exacerbée par le fait que selon SARR.O (1985) « les ressources halieutiques appartiennent à la catégorie des ressources communes, aussi les prélèvements opérés par un pêcheur réduit de façon immédiate la disponibilité de la ressource et donc les captures des autres pêcheurs, pour un effort donné de ces derniers.»

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Toutefois les pêcheurs relativisent leurs différends qui selon eux, dégénèrent rarement en conflits armés, pas plus qu'ils ne se règlent en justice. La solution se fait toujours à l'amiable généralement au niveau des « mbaars » grâce à des comités de conflits. Chaque « mbaar » dispose d'un comité de conflits constitué de sages (pêcheurs à la retraite, les plus influents) qui interviennent en cas de conflits. Cela est facilité par le fait que Guet-Ndar est un quartier mono ethnique (wolof) avec de forts liens de parenté entre les différentes familles.

Par contre, l'antagonisme entre chalutiers pêcheurs piroguiers constitue la première et la principale source de conflits entre utilisateurs de la mer. L'extension du champ d'action de la pirogue motorisée a entraîné une période nouvelle de concurrence et de conflits malgré la délimitation juridique des zones respectives de compétence entre la pirogue et le chalutier. Selon les pêcheurs de Guet-Ndar, la plupart des fonds rocheux, jadis zone de prolifération, frayères et demeures de poissons sont dévastées par le matériel industriel. Ils affirment que le poisson a fui, à la recherche d'endroits protégés contre les chaluts.

Aujourd'hui, malgré le système des filets dormants (moins touchés), la pêche piroguière subit la violence de l'expropriation par la destruction de ses engins de capture par la piraterie industrielle. Les dégâts causés par les bateaux pirates ne constituent pas seulement un manque à gagner pour les pêcheurs, c'est une atteinte à l'outil de travail du pêcheur.

En réalité, l'activité de cette multitude d'engins utilisés dans un espace de pêche aussi restreint par des unités ayant des stratégies et tactiques de pêche très diverses pour exploiter une ressource limitée engendre, une concurrence le plus souvent déloyale, BAKHAYOKHO et KEBE (1989) et des répercussions négatives sur le stock halieutique. La lutte acharnée pour capturer le poisson avec des moyens inégaux et si fortement disproportionnés n'est que le signe symptomatique de la raréfaction de la ressource et cette lutte est caractérisée par une situation de pénurie qui pénalise en premier le petit producteur, la pirogue.

7.5 LES ACTIVITÉS CONNEXES À LA PÊCHE 7.5.1 Le mareyage

Destiné initialement à la satisfaction de la demande locale de la ville de Saint-Louis, le mareyage a été, pendant longtemps, l'apanage exclusif des femmes de Guet- Ndar. Par la suite, de nouvelles destinations ont été ouvertes : les autres régions du pays et l'axe du Fouta, avec le déclin de la pêche continentale, ce qui a entraîné la présence de nouveaux acteurs non originaires de la ville.

Pour l'année 2006, 72,46% des apports ont fait l'objet d'une distribution en frais appelée communément mareyage (SRPM, 2006). En plus 50 tonnes de poissons ont été acheminés vers la sous région (Mali et Gambie). La difficulté à affronter la barre et l'ouverture de la brèche font que les pêcheurs ne débarquent plus côté océan où un site est aménagé à cette fin. La conséquence est que les camions viennent se garer côté fleuve ce qui est inapproprié pour la manutention, obstrue la rue et pose un problème de salubrité dans cette partie sud de Guet-Ndar.

La région de Saint-Louis compte environ 200 mareyeurs locaux de différentes catégories comprenant : des mareyeurs à long rayon d'action (> 100 Km), des mareyeurs des villes proches de Saint-Louis (axe Saint-Louis / Rosso et axe Saint-Louis / Louga) et des micro-mareyeurs pour l'approvisionnement en détails du marché local (les femmes exclusivement)

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En dehors du mareyage national, la ville de Saint-Louis comptait également trois entreprises agrées pour l'exportation (Cofrinord, Delta fish et les établissements Sidy Dieye). De 1995 à 2000, elles ont exporté environ 300 tonnes de produits frais à destination de l'Europe à partir de l'aéroport de Saint-Louis. Présentement, Cofrinord est fermé pour installations obsolètes, Delta fish qui fonctionne par intermittence depuis trois ans est à l'arrêt actuellement. Les Établissements Sidy Dieye plutôt spécialisés dans la distribution de produits vivants (crustacés) ravitaillent le marché local et certaines installations qui font de l'expédition vers Dakar. IL faut quand même préciser que les usines actuellement fermées ont subi les contrecoups d'une matière première (espèces demersales) fortement diminuée.

7.5.2 La Transformation

Comme pour la pêche artisanale, deux grandes périodes contrastées se succèdent dans l'activité de transformation : une période d'abondance d'octobre à juin, suivie d'une période creuse de juillet à août.

Figure 40. Centre de transformation de Guet-Ndar

Saint-Louis abrite deux centres de transformation : le premier, Goxumbathe, se trouve à l'extrémité nord du quartier, du même nom, sur un terrain marécageux à la frontière sénégalo-mauritanienne. Ce quartier, qui est l'un des derniers apparus dans la ville, probablement dans les années 20, était habité à l'origine par une population maure. Il a par la suite accueilli les habitants de Guet-Ndar fuyant les conditions difficiles de leur quartier d'origine arrivé en saturation. Le centre de transformation est de petites

tailles, comptant une
quarantaine d'artisans, tous féminins, travaillant sans manoeuvres masculins mais avec l'aide de leurs enfants.

Le centre compte une centaine de claies, de séchage de taille réduite et de fabrication locale uniquement. Faute de points de débarquements à proximité immédiate, Le poisson est acheminé depuis Guet-Ndar, d'où il est transporté jusqu'au centre en charrette par la route.

Le centre de transformation de Guet-Ndar est situé au sud du quartier du même nom, coincé sur une étroite bande de terre entre les habitations au nord, le fleuve à l'est, le cimetière au sud et la mer à l'ouest. C'est l'un des plus importants centre du Sénégal, et pendant longtemps, ce fut aussi le plus important. Plus de 250 femmes transformatrices, toutes des habitants de Guet-Ndar s'entassent sur ce site. Les principaux produits sont le poisson séché ou guejj et le poisson fumé appelé kethiakh.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon