WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur: enjeux des oeuvres numériques de bande dessinée sur la création artistique

( Télécharger le fichier original )
par Laurène STREIFF
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maà®trise des sciences et des techniques information- communication concepteur multimédia 2001
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.3. IMAGE FIXE / IMAGE ANIMEE

Outre donner une dimension sonore à leur création BD, les auteurs ont aussi, pour certains, souhaiter donner vie à leurs dessins. Sans tomber dans le dessin animé, quelques e-BD tirent profit des logiciels de création d'animation (Flash ou Director) pour animer quelques éléments des scènes. La technique peut servir à dynamiser les décors ou les personnages et augmenter le côté ludique ou humoristique de la e -BD. Les yeux et la bouche des personnages dans Les Technoff bougent, certains éléments géométriques du décor des scènes de When I am a king changent de couleur ou de forme. Dans d'autres cas, l'animation peut montrer le mouvement, là où l'image fixe ne peut que le suggérer. Ainsi, quelques actions des personnages, véhicules ou objets dans Opération Teddy Bear, L'Oreille coupée et MissDynamite sont exprimées sous forme d'une courte animation d'un sujet ou objet particulier dans un environnement iconique figé. Le procédé permet de

Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001

46 / 105

Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001

Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001

focaliser l'attention du lecteur sur les éléments importants des scènes qui sont pertinents au sein du récit, en soulevant une intrigue, signifiant l'arrivée d'un nouveau personnage ou mimant les déplacements du héros.

Enfin, l'animation peut s'appliquer à l'ensemble d'une SUE et permettre de proposer des changements de cadrage. Dans ce cas, la méthode s'apparente aux mouvements de caméra utilisés au cinéma. Dans Opération Teddy Bear et Le Déclic, certaines SUE sont des mini-écrans où se réalisent des zooms et des travelling à partir d'une scène dessinée. Le zoom avant focalise l'attention sur un élément particulier en intensifiant son importance au sein du récit, au contraire du zoom arrière et du travelling qui ancrent un détail ou une scène dans un environnement complexe.

Dans l'ensemble, l'animation n'est pas employée à outrance ni exagérément, elle vient s'insérer de façon mesurée et ponctuelle au milieu des images fixes pour les agrémenter ou pour soutenir certaines articulations du récit.

4.4. UNE INNOVATION DANS LES UNITES MORPHOLOGIQUES ? La description des éléments morphologiques nous porte à deux réflexions.

D'une part, les auteurs initient une réflexion sur l'image numérique et se divisent, comme nous l'avons vu, en deux «écoles ». Le support informatique induit-il forcément que les images soient réalisées par ordinateur ? Ces images doivent-elles porter les marques du processus dont elles sont issues ? Comparées aux images sur support papier, les images numériques opèrent forcément un changement dans leur morphogénèse, notion empruntée à Edmond Couchot [COUCHOT, 1988, p.8], c'est-à-dire dans la façon dont elles sont créées. Cependant, leur esthétique peut garder des similitudes avec les images de l'ordre de l'optique. A l'heure actuelle, les logiciels de créations, comme Flash, permettent de réaliser des images 2D qui, si elles sont soignées, ont des caractéristiques formelles proches de celles dessinées de manière traditionnelle. L'ordinateur n'est qu'un simple prolongement de la main de l'artiste, un outil presque classique de dessin, proposant des instruments informatiques que l'on tient en main (stylo de tablette graphique ou souris). L'utilisation des logiciels est d'ordre pratique : puisque les images sont vouées à avoir une forme numérique, il est préférable de les créer directement dans ce format pour qu'elles soient automatiquement exploitables. Ce mode de création évite une numérisation par scanner qui altère l'image. Le scanner effectue en effet une opération de tramage de

47 / 105

l'image, plus ou moins fin en fonction de la résolution choisie, et ne restitue pas la totalité de ces informations. Toute image ainsi numérisée doit faire l'objet de retouches dans un logiciel pour lui donner un format adéquat ou accentuer les couleurs ou les traits.

Si les images numériques 2D sont réalisées par ordinateur par souci pratique, il n'en va pas de même pour les images 3D, dont la création relève obligatoirement de la fonction de calcul de l'ordinateur. Mais réciproquement, la 3D n'est pas seulement utilisée pour le support informatique. Elle peut tout à fait intervenir sur support papier, comme nous le prouve les albums réalisés par Beltran9. Ainsi, le support ne détermine pas le mode de création de l'image, le mode de création de l'image détermine pas le support. Ni le style esthétique, pourrions-nous ajouter. Car les images que nous proposent les e-BD relèvent de styles esthétiques différents. Les références cependant se diversifient. Les auteurs font preuve soit d'un certain respect des genres BD traditionnels, alors que d'autres, peut-être plus audacieux piochent dans des styles moins BD que graphiques, ou infographiques. Ils font preuve là de leur appartenance à une technoculture*, ou simplement à une « weboculture ».

L'image BD, transportée sur support numérique, n'est pas forcément différente de l'image traditionnelle, hormis sa morphogénèse. Si le dessinateur se sert des outils informatiques, il n'en est pas l'esclave. Il peut promouvoir un style propre, qui connote de sa culture iconique.

D'autre part, nous voyons apparaître une multiplication des unités signifiantes : à l'image fixe et au texte viennent s'ajouter l'image animée et le son. Ces deux techniques sont déjà éprouvées dans d'autres arts : le cinéma et la télévision, qui opèrent inévitablement une influence. Son et image animée donnent à la bande dessinée la possibilité de combiner ses propres matières à l'expression, iconique et textuel, avec les techniques employées dans les films et dessins animés. Le son renforce le caractère hypermédia de la bande dessinée. Il s'implique dans la dynamisation mutuelle de l'iconique et du textuel. Par cette mise en simultanéité, il ajoute du sens à l'ensemble. Mais le plus intéressant peut provenir de l'image animée qui offre au concepteur un changement dans le « style » de représentation.. En effet, selon Pierre Fresnault-Deruelle [FRESNAULT-DERUELLE, 1974, p.21 -27], le code BD peut être considéré comme une forme particulière de stylisation qui apparaît à trois niveaux : l'apprentissage (du dessin et

9 cf. 1.1.2. Histoire des bandes dessinées en francophonie, p.16

48 / 105

des différentes combinatoires), la reproduction des scènes et des objets (règles visuelles et cadrage) et la notion de simplification (chasser l'ambiguïté dans le dessin pour se concentrer sur la communication du message). Or l'image animée propose au créateur de pouvoir montrer les mouvements de ses personnages et de faire bouger sa caméra. La création n'est plus cantonnée à un style de reproduction basé sur la suggestion, mais s'ouvre vers un style de la projection.

Le support numérique enrichit le code BD par apport de deux types d'unités signifiantes supplémentaires : le son et l'animation. Ce n'est pas pour autant que les auteurs s'y engagent à corps perdu. L'importance reste donnée à l'image fixe et au texte, fondements du langage dont la substitution aurait pour conséquence de ne plus créer une bande dessinée mais un film d'animation. L'innovation dans les unités morphologiques est tout de même présente, car les auteurs sont amenés à réfléchir, même s'il ne les utilisent que modérément, sur la fonction des nouveaux «matériaux» au sein du récit, dans la composition et dans la mise en exposition de la bande dessinée.

Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001

49 / 105

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams