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Epargne et dépenses de consommation des ménages en milieu rural. Cas du village d'Adjamé Bingerville en Côte d'Ivoire

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par Fabrice Oswald TANOH
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 1 de sociologie économique 2012
  

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I-2-2 Les approches théoriques relatives à l'épargne

Nous pouvons regrouper les théories relatives à l'épargne en deux catégories : les théories économiques de l'épargne et les théories psychosociologiques du comportement d'épargne.

I-2-2-1 Les théories économiques de l'épargne

L'épargne a toujours alimenté les recherches des économistes de sorte que la construction d'un modèle théorique de base repose essentiellement sur un examen approfondi de la littérature économique. Cette littérature repose sur deux postulats: l'approche classique de l'épargne et la théorie Keynésienne de l'épargne.

Pour les économistes néoclassiques, l'épargne (censée être investie) est une consommation différée dans le temps. L'épargne désigne donc tout comportement de renoncement à une consommation immédiate et ce, dans l'espoir d'obtenir un meilleur rendement futur et par suite une meilleure consommation future. l'arbitrage entre consommation immédiate et consommation future est donc déterminé par l'évolution prévisible du revenu durant la vie de l'individu, par son degré de préférence pour le présent et par le niveau du taux d'intérêt. Selon le raisonnement néoclassique, l'épargne précède la consommation: L'agent économique qui cherche à maximiser son utilité vérifie ce que peut lui rapporter l'épargne en fonction du niveau du taux d'intérêt. Si celui-ci est élevé, l'agent sera incité à épargner pour s'assurer des revenus plus importants dans le futur. Lorsque le taux d'intérêt est faible, l'agent a tendance à peu épargner: l'épargne ne lui rapportera que peu de revenus dans le futur.

L'approche keynésienne du comportement d'épargne est tout autre. Dans cette approche, c'est la consommation qui précède l'épargne. Le niveau d'épargne est un résidu qui est déterminé non pas par le taux d'intérêt mais par le niveau de revenu de l'agent. Celui-ci consomme d'abord et attribue le reste

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de son revenu (celui qui n'a pas été consommé) à l'épargne ou à la thésaurisation en fonction du taux d'intérêt i. Si le taux d'intérêt i est élevé, alors l'individu est amené à réduire sa préférence pour la liquidité et augmenter sa préférence pour l'épargne. Par contre si le taux d'intérêt est faible, il penchera en faveur de la liquidité qui peut être utilisée à des fins de consommation, de précaution, voire de la thésaurisation.

En effet, pour Keynes (1969), l'épargne est plutôt une fonction croissante du niveau de revenu. Ce qui est épargné est simplement ce qui n'est pas dépensé en bien de consommation. Dans les expressions mathématiques de la théorie Keynésienne, l'épargne en fraction ou en pourcentage, est le complément de la consommation. C'est-à-dire que si la consommation représente les (4/5) ou les 80%, l'épargne représentera les (1/5) ou les 20% du revenu. Ainsi, pour un revenu nul, l'épargne est négative c'est-à-dire l'agent désépargne pour financer la consommation incompressible.

Cependant, hormis ces deux grands postulats de l'analyse économique de l'épargne, il existe d'autres déterminants économiques explicatifs du comportement d'épargne des ménages.

La théorie du revenu permanent, développée par Friedmann (1957), stipule que l'épargne ne dépend pas (à long terme) du revenu courant mais du revenu permanent, entendu comme le revenu dont l'agent peut disposer à chaque période de sa vie sans entamer son patrimoine. Cette théorie prévoit donc que l'épargne sert d'outil de lissage de la consommation, et que l'épargne varie davantage lorsque le ménage vit momentanément une variation transitoire de son revenu.

Quant à l' économiste Modigliani (1954), qui est l'un des tenants de la théorie de l'épargne qui relativise les déterminants mis en avant par les néoclassiques ( le taux d'intérêt) ou les keynésiens ( le revenu) au profit d'une

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explication par l'âge des individus, considération qui aboutit à distinguer deux grandes périodes dans le cycle de vie de l'individu: celle de la vie active où l'on a plutôt tendance à épargner, et celle depuis la retraite jusqu'au décès où la personne désépargne. Sa théorie part du principe selon lequel pour chaque ménage, il existe un cycle de vie caractérisé à chaque âge par une étape dans la carrière et la vie familiale. Ainsi, à chaque étape de la vie active et de la retraite correspond un niveau de revenu et certains besoins spécifiques.

Ce modèle prévoit ainsi que les ménages plus jeunes auront une épargne négative car ils sont à un stade de leur vie où leur revenu est relativement faible et où ils font généralement plusieurs dépenses importantes (par exemple dépenses en éducation, acquisition d'une maison, etc.) dont plusieurs sont des investissements. Aussi, passé l'âge de la retraite, le modèle prévoit une épargne négative des ménages compte tenu de la diminution du revenu associé à la perte de travail13. Ainsi, en cas de contraction cyclique, le niveau de consommation reste stable de période en période aux dépens de l'épargner et en l'absence d'héritage et d'incertitude sur le revenu ou la durée de vie, la richesse finale est nulle. Par conséquent, toute l'épargne accumulée par un individu est dépensée au cours de sa vie. En somme, selon la théorie du cycle de vie, l'âge des ménages a un impact sur leur niveau d'épargne. Dans cette perspective, le taux moyen d'épargne d'une économie serait davantage conditionné par sa structure démographique.

13 Ce qui suppose cependant que l'individu ne désire pas laisser de legs après sa mort, et qu'il profite de sa retraite pour consommer la richesse qu'il a accumulé sans chercher à en laisser. Ceci est remis en question par d'autres théories comme la théorie du legs (« bequest motive ») qui soutien que l'individu veut laisser une certaine richesse après sa mort. Bernheim (B.D), (1991), « How strong are bequest motive? Evidence Base on Estimates of the Demand for Life Insurance and Annuities », The Journal of Political Economy, 99(5), 899-927.

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Cette dernière théorie économique met en perspective certains déterminants psychosociologiques du comportement de l'épargne des ménages.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand