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Epargne et dépenses de consommation des ménages en milieu rural. Cas du village d'Adjamé Bingerville en Côte d'Ivoire

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par Fabrice Oswald TANOH
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 1 de sociologie économique 2012
  

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I-2-2-2 Les théories psychosociologiques de l'épargne

Dans cette approche, Dorothy et Friedmann (1947) postulent
l'interdépendance des préférences individuelles. Selon leur théorie, il existerait un phénomène d'imitation sociale ou un effet de démonstration sociale qui expliquerait que la fonction d'épargne soit globalement stable sur longue période.

Plusieurs auteurs ont, au cours des années 1990, soulevé l'importance de l'épargne préventive. Ainsi, l'épargne préventive est accrue lorsque l'incertitude associée au revenu se combine à des contraintes de liquidité.

Deaton (1991) s'est penché sur cette question en rappelant que certains ménages font face à des contraintes de liquidité qui limite leur capacité à emprunter lorsqu'il en aurait le plus besoin. Ainsi, la seule véritable option s'offrant à eux si ces derniers veulent s'assurer de disposer des fonds nécessaires pour les jours plus difficile est d'épargner lorsque les temps sont meilleurs.

Quant à Carrol (1998), il a cherché a expliqué pourquoi les riches épargnent plus que ce que ne le suggère la nécessité de financer leur consommation future ou celle de leur proche descendants. Il conclut que ce phénomène est cohérent avec un modèle où l'individu perçoit que l'épargne lui fournit certains « services » comme le statut social et le pouvoir.

Aussi, Beverly et sherraden (1999) font mention dans leur étude de plusieurs déterminants sociaux qui influenceraient l'épargne des ménages. Notamment la perception qu'ont les individus de la situation économique dans laquelle leur ménage et leur pays se trouvent, des croyances religieuses par

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rapport à l'épargne, l'influence familiale, la situation matrimoniale, la taille du ménage...

Dans ce registre, Sindzingere (2005a, 2005b) montre que l'appartenance à un groupe de parenté peut entraîner des coûts et des bénéfices. L'appartenance à un groupe peut empêcher toute épargne et peut créer des coûts importants : par exemple un commerçant célibataire qui a réussi doit héberger de nombreux parents de telle sorte qu'il n'épargne et n'investit rien.

La théorie standard des choix consommation/épargne d'un individu n'explique pas cette absence d'épargne. Par ailleurs dans les ménages polygames, même s'ils n'accueillent pas de membres de la parenté, le nombre de personnes à nourrir augmente avec les ressources de l'homme, ce qui peut réduire l'épargne.

Par contre, la même appartenance peut aussi être déterminante pour accéder au crédit ou au capital. Ainsi l'appartenance à un groupe de parenté entraîne des facteurs favorables à l'épargne. Par exemple, un ménage nucléaire pauvre qui ne pourrait donner aucun bien en caution, peut emprunter à un membre du groupe immédiatement et à un taux faible ou nul. Si ce ménage vit dans un village, il peut confier son enfant à un parent qui vit en ville et financera l'éducation de cet enfant. Celui-ci acquiert un capital humain que ses parents n'auraient jamais pu lui faire obtenir.

En résumé, l'épargne est un moyen pour se constituer un patrimoine matériel (biens d'équipement, logement, flux financier...) et immatériel (investissement dans l'éducation afin d'accroitre le capital humain, solidarité familiale...). Ainsi, les déterminants de l'épargne des ménages sont multiples c'est-à-dire économiques, sociologiques et psychologiques. Toutefois, malgré le fait que certains déterminants sociaux ont été identifiés comme influençant l'épargne des ménages, cette notion n'a pas été approfondie par la sociologie du point de vue de sa définition. De sorte que la plupart des définitions

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développées autour de l'épargne sont toutes économiques, faisant ainsi fi des déterminants sociaux dans les constructions théoriques de l'épargne des ménages. Par conséquent, une relecture du cadre définitionnelle du concept de l'épargne des ménages s'impose afin d'intégrer à celle-ci toutes les implications sociologiques du comportement des ménages à l'égard de l'épargne.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand