WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'évaluation à  mi- parcours des projets de développement communautaire: le cas des puits à  pompe du Projet d'Appui au Développement Communautaire ( PADC ) de Mebomo et de Bikogo (Centre- Cameroun )

( Télécharger le fichier original )
par Yanik YANKEU YANKEU
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en développement et management des projets en Afrique 2008
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE

Faculté de sciences sociales et de gestion

L'EVALUATION A MI-PARCOURS DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE : LE CAS DES PUITS A POMPE DU PROJET D'APPUI AU DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE (PADC) DE MEBOMO ET DE BIKOGO

(Centre-Cameroun)

Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master en Développement et management des projets en Afrique

Par :

Yanik YANKEU YANKEU

Maîtrise es gestion des organisations

Sous la direction de :

Dr Samuel-Béni ELLA ELLA

PhD en sociologie du développement

Année académique 2008/2009

SOMMAIRE

Sommaire....................................................................................................i

Epigraphe ...................................................................................................i

Dédicace...................................................................................................iii

Remerciements.............................................................................................iv

Liste des abréviations, acronymes et sigles.............................................................v

Liste des tableaux et photos............................................................................viii

Résumé......................................................................................................ix

Abstract......................................................................................................x

Introduction générale..............................................................................................1

Chapitre I : La présentation du milieu étudie .........................................................18

Chapitre II : L'évaluation à mi-parcours des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo................................................36

Chapitre III : Les facteurs profonds de l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.............................................53

Chapitre IV : Les voies d'impulsion du développement communautaire.........................69

Conclusion générale.......................................................................................83

Bibliographie...............................................................................................86

Table des matières .........................................................................................................96

Annexes ..................................................................................................100

EPIGRAGHE

« A vouloir dicter les lois du développement à des hommes et des femmes auxquels on veut inculquer la conscience d'être des aveugles en face de ceux qui savent et apportent la lumière, ces stratégies contribuent à bloquer les ressources qui devraient être mises en valeur dès qu'on accepte de se mettre à l'écoute des `paysans ignorants' », dixit Jean-Marc ELA (1994 : 240-241).

DEDICACE

À mon grand-frère,

Edouard Aimé Tchuenkou

REMERCIEMENTS

Nombreuses sont les personnes envers qui nous ne manifesterons jamais assez notre reconnaissance pour avoir contribué à ce travail. Nos remerciements vont avant tout :

- au Docteur Samuel-Béni Ella Ella, sa disponibilité, ses conseils et son esprit critique ont été d'une utilité inestimable durant les deux années de rédaction ;

- au Professeur Marie-Thérèse Mengue, ses conseils ont été utiles pour cette recherche ;

- à Monsieur Apollinaire Etono Ngah, ses orientations ont su nous booster jusqu'ici ;

- à l'ensemble des enseignants du département de socio-anthropologie de l'UCAC, leur sollicitude et la formation de qualité dont nous avons bénéficié ;

- à Jean Louis Biyada, sa disponibilité et son rôle de guide d'enquête sociologique ;

- à tous les enquêtés pour l'accueil chaleureux et leurs précieuses informations ;

- à Camille Abena (ENAM/assistant en droit à l'université de Yaoundé II), Stéphan Eteme (AES Sonel/ DEPA à l'ESSEC), Daniel Danamou (Minfopra), Nadège Mouet (ENAM), leurs lectures ont amélioré le fonds et surtout la forme de ce mémoire ;

- à Issa Mamoudou (ISSEA d'Abidjan), pour le traitement des données d'enquête ;

- à mes parents Christine et Philippe Djawouo, et Anne et Jean Noukemen, pour les énormes sacrifices et les peines prises pour faire de moi un homme dans la société ;

- à Josiane Wendeu Gadjui, pour le soutien sans faille et l'abnégation au travail ;

- aux familles Catherine Mboyo épse Ngueyep, feu Jean Ndjionkou, Felix Nzeina, Makoley, Ebonguè, Hamadjam et à mes soeurs, frères et cousin (e) s : Rosine Njionkou, Véronique Yankeu Mbiékop, Pierrette Nanyang Yankeu, Elisé Diegueu Yankeu, Thérèse T. Yankeu, Boris T. Yankeu, Sorelle Ndonjang, Nathalie Ndjoukwep Ndjionkou, Fernand Yaké, Stéphane Yaké, Franck Nguetchue, Stan Mokoyam pour leur soutien matériel et moral ;

- aux amis : S. Fokoua, J.C Bella, Tchatchouang, Dassidi pour leurs encouragements ;

- à la promotion 2008-2009 de Master en DMPA de l'UCAC, pour le chemin parcouru ensemble et le fort sérieux qui nous habite.

C'est aussi l'occasion, à travers ce travail, de rendre un vibrant hommage aux imminents penseurs, Séverin Cécile Abéga et Jean Marc Ela, ils ont su faire naître en nous un profond intérêt pour le développement et le monde rural surtout. D'ailleurs, ce travail s'est fortement abreuvé à la source de leurs legs scientifiques. Que leurs âmes reposent en paix.

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES

A.F.P : Agence France Presse

AGR : Activité génératrice de revenu

APNV : Approche participative niveau village

Art. : Article

B.M : Banque mondiale

CAD : Comité d'aide au développement

CE : Commission européenne

Cf. : Confère (se référer à)

CLV : Comité local villageois

CREPLA : Centre régional pour la promotion du livre en Afrique

CUSO : Canadian university services overseas

DC : Développement communautaire

DEPA : Diplôme d'études professionnelles approfondies

Dir. : Direction

DGRDC : Direction du génie rural et du développement communautaire

Dr : Docteur

ENAM : Ecole nationale d'administration et de magistrature

Epse : Epouse

ESSEC : Ecole supérieure de sciences économiques et commerciales

Et al. : Et alii (Et les autres)

F.A.O : Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture)

Fcfa : Franc de la coopération financière en Afrique (pour l'Afrique centrale)

FEICOM : Fonds spécial d'équipement et d'intervention intercommunale

F.M.I : Fonds monétaire international

FPAE : Fondation Paul Ango Ela

GIC : Groupement d'intérêt commun

GRET : Groupe de recherche et d'échange technologiques

G.T.Z : Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (Coopération technique allemande)

IFI : Institution financière internationale

Infra : Plus bas (ou devant)

INJS : Institut national de la jeunesse et des sports

ISSEA : Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée

MDMPA : Master en développement et management des projets en Afrique

MARPP : Méthode accélérée de recherche et de planification participative

MANADER : Ministère de l'agriculture et du développement rural

MINATD : Ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation

MINEE : Ministère de l'eau et de l'énergie

MINSANTE : Ministère de la santé publique

Mr. : Monsieur

N° : Numéro

OMD : Objectif du millénaire pour le développement

ONG : Organisation non gouvernementale

ONGN : Organisation non gouvernementale du nord

ONU : Organisation des Nations unies

ONUDI : Organisation des nations unies pour le développement industriel

OSI : Organisation de solidarité internationale

P. : Page

PADC : Projet d'appui au développement communautaire

PDC : Plan de développement communautaire

PDV : Plan de développement villageois

PHV : Projet d'hydraulique villageoise

PIB : Produit interne brut

P.N.B : Produit national brut

PNDL : Programme national de développement local

P.N.U.D : Programme des Nations unies pour le développement

PNVRA : Programme national de la vulgarisation et de la recherche agricole

PPTE : Pays pauvres très endettés

PUCAC : Presse de l'université catholique d'Afrique centrale

PUF : Presse universitaire de France

PUL : Presse universitaire de Laval

PUY : Presse universitaire de Yaoundé

RRA : Rapid rural appraisal (méthode d'enquête rapide)

SIDA  : Syndrome de l'immunodéficience acquise

Supra : Plus haut (ou derrière)

SODECOTON : Société de développement du coton

UCAC : Université catholique d'Afrique centrale

U.E : Union européenne

UNESCO : United Nations Educationnal, Scientific and Cultural Organization (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture)

WWW : World Wide Web

LISTE DES TABLEAUX ET PHOTOS

Tableau 1 : Les puits à pompe et points d'eau de Mebomo........................21

Tableau 2 : Les puits à pompe et points d'eau de Bikogo...........................22

Tableau 3 : La comparaison entre 2004/2008 de la mortalité et de la morbidité au centre de santé intégré de Nkengue...........................46-47

Tableau 4 : Les dix principales causes de consultation au centre de santé intégré de Nkengué.................................................................48

Tableau 5 : La liste des Gics légalisés et actifs dans les villages Mebomo et Bikogo ...............................................................72-73

Photo 1 : Puits à pompe du PADC de Bikogo (en panne) et celui de Mebomo (fonctionnel)...............................................................51

RESUME

Le mémoire intitulé : « L'évaluation à mi-parcours des projets de développement communautaire : le cas des puits à pompe du projet d'appui au développement communautaire de Mebomo et de Bikogo (Centre-Cameroun) » ambitionne de mettre en exergue les raisons de l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.

Cette recherche socio-anthropologique se propose d'évaluer ce qui fait qu'en dépit de l'importance d'une eau de qualité pour la santé, les populations n'adhèrent pas entièrement aux puits à pompe du PADC. Pour tester notre hypothèse centrale et nos sous-hypothèses, nous avons lu cent treize (113) documents, réalisé une pré-enquête à Mebomo et Bikogo, six (06) entretiens semi-directifs avec les pouvoirs publics (Mairie, MINADER, MINATD, MINEE, PADC), cinquante trois (53) entretiens semi-directifs avec les villageois (chefs de village, présidents de comité de développement villageois, gestionnaires des puits à pompe et surtout des représentants des ménages).

L'analyse de contenu de nos données d'enquête nous a permis de confirmer nos hypothèses. Des facteurs exogènes (la faible implication des populations lors de la phase de préparation du projet des puits à pompe de Mebomo et de Bikogo, l'influence des élites contribue à l'exclusion des populations, la maintenance des puits à pompe n'est pas assurée par les populations utilisatrices) et ceux endogènes (l'emplacement des puits dans les villages ne respecte pas les traditions locales, les puits du PADC sont source de nombreux conflits), contribuent à l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.

Ainsi, suggérons-nous, pour une réelle réussite des projets de développement, aux pouvoirs publics (Mairie, MINADER, MINATD, MINEE) de réellement impliquer les populations dans les projets et aux projets de développement (PADC), de prendre du temps dans la phase de préparation, et aux populations bénéficiaires de mieux s'organiser.

ABSTRACT

The thesis entitled «Mid-way evaluation of community development projects: case study of pump-wells of Mebomo and Bikogo (centre-Cameroon) of sustainable community development project» aims at putting in study reasons for the partial involvement of population to the PADC pump-wells.

This socio-anthropological study, envisages the evaluation of the reasons why the population does not fully engage in PADC pump-wells, despite the importance of quality water for good health.

In order to verify our main and sub-hypothesis, we have read one hundred and thirteen tree (113) documents, undertook a pre-inquiry at Mebomo and Bikogo villages, six (06) semi-directive discussions with the public authorities (council, MINADER, MINADT, MINEE, PADC), fifty-tree (53) semi-directive discussions with villagers (village heads, presidents of village development committees, managers of pump-wells and mostly household representatives).

Content analysis of the enquiry data enabled us to confirm our hypothesis. Exogenous factors (the less involvement of the population during the preparatory phase of the Mebomo and Bikogo pump-wells project, the influence of external elites and the management of pump-wells is not ensured by the benefiting population) and endogenous factors (the implanting of pump-wells in villages does not respect local traditions, PADC pump-wells are sources of many conflicts) contribute to the partial involvement of the population to PADC pump-wells.

We thus suggest that, for the success of development projects, it is necessary for the public authorities (council, MINADER, MINADT, MINEE) to effectively put the population in the first position in projects, and to the development projects (PADC), emphasis is to be highly put on the preparatory phase and to the beneficiary population to better organize themselves.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

La forte littérature accordée aux aspects sociaux du développement découle, d'après Massimo Tommasoli (2004 : 37-56), de l'analyse des causes d'une longue série d'échecs qu'ont subis les projets qui, en négligeant l'importance des côtés non techniques de toute technologie, ont été réalisés en pensant que le transfert de biens, la fourniture de services d'assistance technique, et la construction d'infrastructures engendreraient presque automatiquement le développement. Cette certitude des formulations de politique de coopération se révéla une illusion quand, parallèlement à une hausse des valeurs des indicateurs de croissance économique, dans de nombreux pays du tiers monde, on n'enregistre aucune amélioration proportionnelle importante des conditions de vie de la majorité des populations et qu'au contraire dans certains cas, c'est une aggravation de leurs conditions de vie qui se fait. « Tout se passe comme si à un moment donné, de son histoire, les ressorts ont été subitement cassés, l'élan brisé et la chute amorcée vers un déclin quasi irréversible. », s'indigne à ce propos Tidiane Diakité (1986).

Des années 70 à la première moitié des années 80, des propositions de définitions du développement qui, par le biais des différents qualificatifs (autocentré, endogène, organique, auto-développement) ont tenté de repérer des perspectives et des caractéristiques de modèle pouvant remplacer ceux qui se fondaient uniquement sur la croissance économique.

Dans cette mouvance, l'anthropologie a joué un rôle important. Sa force a été de proposer des modèles alternatifs, fondés sur l'idée maîtresse d'un développement endogène et autocentré. Elle a permis non seulement de connaître les coûts sociaux des interventions de coopération à haute intensité de technologie, propre aux années 60, et surtout d'avoir sous la main, des données de premières enquêtes menées par des experts sociaux sur des projets de développement.

Des changements ne se feront pas attendre dans la structure de coopération, qui a mis en évidence, l'importance des variables non économiques dans le processus de développement. Dans cet appareil, cela a entrainé, note Massimo Tommasoli (2001), dans l'identification et la formulation des projets, une attention toujours plus grande à l'égard des facteurs comme l'impact des activités de développement sur les conditions de vie des groupes bénéficiaires, l'utilisation du patrimoine de connaissances techniques des populations locales, la valorisation des institutions et des ressources locales. L'attribution de nouvelles significations à des termes tels que le développement communautaire s'est fait à ce moment, pour indiquer l'idée d'un changement fondé sur la participation de tous les sujets concernés grâce à l'initiative des groupes et d'institutions locales qui utilisent des réseaux de relations sociales présent dans une région.

A- Contexte de l'étude

L'Etat camerounais, ayant fait sienne pendant plusieurs décennies l'approche par projets, a créé des structures couvrant une bonne partie du triangle national qu'il a appelé « sociétés de développement », argue Georges Courade (1994 : 294-295). Ces sociétés ont permis d'entretenir un tant soit peu des attendus développementalistes à la mode pour justifier leur action. Ces initiatives s'identifiaient parfois à des « projets intégrés » visant à motiver les développés (hommes et femmes) à s'ouvrir au marché national ou international ; ou encore, à des « projets sectoriels » visant à prendre en charge les développés pour leur faire apprendre des techniques et des pratiques nouvelles pour produire des denrées ; ou enfin, à des « projets agro-industriels » visant à créer, organiser, aménager et à suivre de petites ou grandes unités paysannes. L'amélioration des conditions de vie en milieu rural est, de ce fait, la priorité des priorités de sa politique économique, constate Kengne Fodouop (2003 : 171). Ainsi, poursuit Georges Courade, les discours officiels1(*) de l'ère Ahidjo2(*) se fondent sur une planification régionalisée, qui s'accompagne d'une croissance. L'ère Biya va mettre fin à ce dispositif, certes pesant mais efficace, en termes de contrôle territorial, sans toutefois y apporter d'autres formes de régulation. Le déploiement d'une politique plus active bute sur une dette interne immense vers les années 1980.

A la suite de cette crise des années 1980, les principales mesures de soutien des institutions financières internationales (IFI) aux pays pauvres ayant des difficultés à honorer leur service de la dette extérieure, se sont avérées peu concluantes pour Isaac Tamba (2001 : 39). De la mise en oeuvre des PAS au rééchelonnement des flux convertis par le club de Paris, les opérations sur le stock de la dette n'ont pas produit les résultats attendus. Pour y remédier, le gouvernement camerounais a mis en oeuvre un programme économique et financier à moyen terme (1997-2000). Par la suite, il va adopter un nouveau programme de réformes économiques pour la période 2001-2002. C'est dans cette lancée que le fonds international pour le développement agricole (FIDA) a décidé de contribuer à l'allègement de sa dette, en préparant un programme national de développement local (PNDL), dans lequel le Projet d'Appui au Développement Communautaire (PADC) a un rôle de choix. Le PADC vient mettre l'accent, dans cette lancée, sur le développement au niveau des villages et sur les relations souvent complexes entre les villages et les autorités locales.

Au moment où le Cameroun prend de nouveau l'engagement de « se tourner » vers le monde rural, cette étude vient marquer un temps d'arrêt pour s'interroger sur les conditions de réussite d'une telle ambition. Les populations des villages sont-elles assez outillées ou aguerries pour une réelle relance du développement ? Comment les populations s'organisent au niveau des villages pour la promotion d'un « développement endogène » ou au mieux est-il possible, à travers le développement communautaire, d'amener les populations à mieux s'auto gérer ?

Lancé en juin 2003, le PADC a fait ses premiers pas dans six unités de planification villageoise, dont respectivement trois au Centre et trois à l'Extrême-nord. L'une de ses composantes, Micro infrastructure sociale et économique (MISE), permettrait de doter les communautés en infrastructures de base3(*) dans les secteurs de l'éducation, la santé, l'eau potable, les pistes rurales. Pour ce faire, notre étude porte sur les puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo mise en place grâce à ce programme de développement.

 L'eau c'est la vie. Sans eau, pas de vie possible. C'est à dessein que Mohamed Larbi Bougerra (2003 : 155) souligne qu'un homme ne peut se passer de boire de l'eau plus de deux jours, alors qu'il peut jeûner des semaines. Un individu sain doit boire deux litres d'eau par jour pour rester en vie, il lui en faudrait plus s'il souffre de malnutrition ou s'il vit en climat tropical. Or, l'eau insalubre fauche, à elle seule, par la diarrhée4(*) 1,9 millions d'enfants de moins de 5 ans chaque année5(*). De plus, d'autres maladies hydriques, comme l'ascaride et le trichocéphale (affections dues à un ver dans l'intestin grêle), l'ankylostome (ver du duodénum), la bilharziose (affection de tout l'arbre urinaire prévalant dans la vallée du Nil), le trachome et la dengue (qui a fait en mai 1998 des ravages en Indonésie et est transmise par le moustique Aedes aegypti, se développe dans les eaux sales) affectent plusieurs milliards d'humains. En Mars 2003, le représentant de l'OMS en Gambie, le Dr James MWANZI, affirmait que les parasitoses hydriques font chuter le PNB de l'Afrique de 1,3% par an.

B- Délimitation du sujet

Pour mener cette étude, nous avons choisi les villages Mebomo et Bikogo qui nous donnent la possibilité de mieux cerner et appréhender l'évaluation à mi-parcours des projets de développement communautaire. En plus l'occasion nous est offerte de nous rendre compte de la mobilisation des populations dans ces villages pour la réussite du développement communautaire.

1. Délimitation spatiale

Le choix des villages Mebomo et Bikogo dans l'arrondissement d'Elig-Mfomo, département de la Lekié, a été fait en fonction d'une double motivation.

La première tient à l'effectivité des puits à pompe du PADC dans ces villages. Du 27 novembre au 1er décembre 2006, sur invitation du gouvernement camerounais, le président du FIDA, Mr. Lennart BAGE, est venu se rendre compte de visu des réalisations des projets FIDA au Cameroun. La visite visait à  s'imprégner de la réalité des activités du FIDA au Cameroun. Pour permettre au président de toucher cette réalité, une descente sur le terrain était prévue dans des villages, dont faisaient partie Mebomo et Bikogo. Au cours de la dite visite, il a découvert les réalisations du projet, dont une école maternelle moderne, des puits à pompe à motricité humaine, des étangs piscicoles, des porcheries et un poulailler. Il était aussi prévu une rencontre avec les différents comités de développement et les autorités traditionnelles.

La seconde motivation épouse la recommandation de Jean Marc ELA (2001 : 64) selon laquelle il faut éviter d'être pris en otage par son groupe d'appartenance. Une distanciation critique est alors une condition de liberté et d'objectivité de recherche dans les milieux où l'ethnocentrisme guette les africanistes du dedans. C'est, de ce fait, une aubaine pour nous de pouvoir surmonter le dépaysement et de créer des liens de « compagnonnage ».

2. Délimitation temporelle

Le projet est avant tout limité dans une période de temps, et par ricochet, toute étude sur un projet ne peut qu'être diachronique. Cela dit, le PADC a été lancé officiellement en 2003. Notre étude va de cette période à 2009 ; ce temps nous donne la possibilité de voir comment les populations se mettent ensemble pour résoudre leurs priorités de développement. En 2006, les puits à pompe ont été inaugurés et de nouvelles orientations ont été données au PADC. Depuis 2009, une nouvelle mouture du Plan national de développement communautaire est en-cours de validation. L'évaluation à mi-parcours de ce projet, qui arrive à terme en 2011, nous permettra d'envisager les perspectives de son déploiement dans d'autres régions du pays.

C- Intérêts de la recherche

En Afrique où la majeure partie de la population vit dans les campagnes, l'eau est une denrée indispensable. Elle permet d'irriguer, de produire, d'épargner et d'investir dans les services de base. La construction de points d'eau a généré de nouvelles ressources financières pour équiper et faire fonctionner des écoles et des dispensaires. Philippe Langevin (2008) reconnaît à juste titre que « l'accès à l'eau est le premier pas vers le développement ». De même, la communauté internationale a pris conscience du fait que l'eau est un formidable vecteur de développement communautaire. En plus, selon une étude de l'UNICEF réalisé en 2006, l'objectif du millénaire pour le développement6(*) numéro 7 ne pourra être atteint que si les mesures appliquées sont considérablement renforcées. Sinon, un demi-milliard de personnes n'auront toujours pas accès en 2015 aux installations sanitaires de base.

Cette recherche qui s'appuie sur le projet d'hydraulique villageoise du PADC, envisage de mettre en exergue la possibilité d'un développement endogène des villages Mebomo et Bikogo. L'un des intérêts scientifiques de cette étude est justement de montrer que les villages Mebomo et Bikogo ont une capacité d'organisation qui, si elle est prise en compte, pourrait un tant soit peu, être un élément catalyseur du développement rural. Pour ce faire, notre étude est aussi intéressante dans la mesure où elle permet de mettre en lumière la conjugaison de plusieurs facteurs à l'échec des projets de développement rural. Parmi ces facteurs, il importe de relever le poids des innovations technologiques des projets et surtout l'influence des élites dans la mise en mouvement des populations des villages. La responsabilité des populations n'est pas en marge de ces facteurs. Toutes ces analyses supposent de « faire le point sur les améliorations possibles des interventions en milieu rural compte tenu des résultats mitigés obtenus » comme le suggère Jean Claude Devèze (1996 : 10).

Au plan social, l'intérêt de cette étude sur les puits à pompe est de contribuer à résoudre les problèmes qui naissent de sa gestion au quotidien dans les villages Mebomo et Bikogo, et de favoriser la communion des paysans autour des puits à pompe afin de mieux s'autogérer.

D- Définition des concepts

Dans le cadre de notre étude, des termes techniques propres à notre thème et des termes opératoires, méritent d'être éclaircis. Ces termes sont : développement communautaire, évaluation, PADC, élites, traditions, conflits. Pour les termes évaluation et élite, nous les définirons plus loin dans les sous-sections y afférentes.

Selon J. M. Dupont et K. Hoffman (1992 : 30), le Développement communautaire est le fait pour les populations de constater leurs problèmes et leurs besoins propres, et d'entreprendre des démarches, afin de les résoudre. Le but étant une auto-prise en charge. Dans la même veine, Yvan Comeau et Linda Lacombe (1998 : 22) reconnaissent que le développement communautaire est « une action conduite par les populations pour améliorer ses conditions de vie à partir de ses propres ressources et l'usage de techniques qui encouragent l'autonomie, l'initiative et l'entraide. » Pour les interventions de développement du PADC, le choix et les initiatives ont été pris par les pouvoirs publics et les populations ont pour rôle de l'entériner.

Le PADC est l'acronyme de projet d'appui au développement communautaire. C'est un projet, qui a vu le jour en juin 2003 dans six unités de planifications villageoises au Cameroun. Il est subdivisé en quatre composantes7(*).

La tradition, selon Madeleine Grawitz (2000), est l'ensemble (culture, valeur, coutume) conservé et transmis de façon orale ou écrite d'une génération à une autre d'hommes.

Madeleine Grawitz (2000) définit le conflit comme des oppositions ou affrontements plus ou moins aigus ou violents entre deux ou plusieurs parties.

E- Revue de la littérature

Les investigations relatives à notre recherche font état de quelques études sur la question.

Jean Joseph Awono (1990) ramène le développement communautaire à des groupes auxquels viennent se greffer les anciennes structures de solidarité villageoise et intervillageoise (les tontines, les mutuelles, les associations religieuses et autres). Leur activité rurale revêt de plus en plus un certain nombre d'intérêts avec ses différentes réalisations dans les domaines aussi stratégiques que la production agricole, l'économie domestique, l'aménagement des infrastructures sociales et communautaires, les oeuvres sociales. Ainsi, les apparences révèlent l'incroyable efficacité de la stratégie de développement communautaire à stimuler le changement dans les collectivités qui y sont encore fermées, les libérant ainsi de leur inertie mentale et des différentes formes de contraintes sociales instituées par la hiérarchie traditionnelle des rôles et des statuts sociaux. Yvan Comeau et Linda Lacombe (1998 : 21-22) quant à eux, revisitent la genèse du développement communautaire. Pour ces auteurs, le développement communautaire se pratiquait déjà à la fin du 19e siècle dans les milieux urbains d'Angleterre et de France. L'objectif était de combattre la désorganisation sociale et favoriser l'intégration sociale par des réseaux d'entraide. Avant la première guerre mondiale, le gouvernement américain s'appuie sur le développement communautaire, qui est en évolution, pour développer les techniques agricoles, le niveau d'éducation et les conditions de vie en milieu rural. Dans cette même époque, les rapports nord-sud s'accentuent et à partir de 1920, ils relèvent que le gouvernement britannique va utiliser le développement communautaire pour orienter au profit de la métropole l'économie de certains pays du tiers monde (Ghana et Inde). Et, dans les années 1950, l'ONG formalise la notion de développement communautaire et le promeut pour les pays du tiers monde.

Cette divergence d'approche du développement communautaire a permis de distinguer trois modèles de développement communautaire : le développement local, les problèmes sont définis par les populations du milieu local et le but est d'aider les populations à s'organiser et à obtenir plus de pouvoir. Toutes les démarches et les décisions pour y parvenir sont prises par les populations locales et les divers intervenants communaux apportent un appui technique ; le planning social, présuppose que le changement requiert des planificateurs experts qui possèdent des habilités techniques pour identifier des problèmes et recommander les actions rationnelles ; l'action sociale, consiste en une mobilisation des gens qui sont directement touchées par un problème commun.

Au moment où les discours sur la décentralisation deviennent de plus en plus récurrents, la responsabilité des communes8(*) vis-à-vis du développement local se précise davantage. En effet, l'avancée de la démocratie dans la majorité de pays d'Afrique, combinée aux politiques de stabilisation et d'ajustement ont favorisé le retrait progressif de l'Etat. Ce retrait se justifie, comme le reconnait Massimo Tommasoli (2004 : 114), par la décentralisation au niveau local de l'autorité administrative qui est cohérente avec l'encouragement du développement. Ce qui est souhaité à travers la décentralisation, ce sont des prises de décisions qui reflètent mieux les priorités locales. Pour une réussite de la décentralisation, Claude Ouattara (2003 : 5-7) recommande non seulement de s'inspirer des mémoires collectives mais aussi d'avoir l'esprit de prospective. L'approche du développement communautaire se présente comme une des voies les plus autorisées pour la régénération de l'Etat, à travers la production et la reproduction de la vie matérielle et spirituelle. Cela permet aux populations locales de s'exercer aux jeux démocratiques, à leur responsabilité, aux initiatives locales et surtout à l'autogestion, indique Claude Ouattara. La méthode de mise en oeuvre de la décentralisation exige de la part de la commune, l'élaboration de son plan de développement communal (PDC)9(*), outil qui recommande de plus en plus l'implication des populations dans leur propre développement. Pour être effectif, clarifie Deepa Narayan (2004 : 37), les actions de développement communautaire doivent utiliser les outils de l'autonomisation et de la participation. Car, pour qu'il y ait participation, il faut l'empowerment qui se traduit par l'expression « être en mesure de » ou « rendre capable de ». On note ici un changement de développement par des initiatives et des techniques locales visant à résoudre des problèmes. D'ailleurs, Kengne Fodouop (2003 : 171-185) note à dessein que la faillite des stratégies de développement fondées sur des méga projets a fait place aux petits projets, voir à des initiatives locales de développement.

Dans une parution récente sur le développement communautaire en Afrique, Yao Assogba (2008) décrit la tradition des travaux en commun, une réalité à la fois économique, sociologique et cérémonielle. Il met en exergue les systèmes anglais et français, centrés sur l'animation rurale pour le premier et la coopération pour le second. La période postcoloniale perpétue ces modes d'organisation et les nouveaux Etats se substitueront à la puissance coloniale. A propos de cette substitution, Jean Marc Ela (1990 : 259) ironisait déjà en les qualifiant, de « nouveaux papas commandants ». Cependant, les groupements de développement communautaire connaissent dans les années 80 un relatif échec dans l'amélioration des conditions de vie en relation avec une appropriation incomplète des projets par les populations concernées. En s'appuyant sur des exemples pris au Burkina Faso et au Mali, Yao Assogba démontre qu'à partir des échecs, qu'ont connus les groupements de développement communautaire dans les années 80, va naître un renouveau des groupements d'organisations paysannes, qui prend appui sur les traditions communautaires.

De l'ensemble des composantes du PADC, celle qui retient notre attention est celle des micros infrastructures sociales et économiques. A travers le projet des puits à pompe de cette composante, nous avons la possibilité de mesurer le degré de mise en commun des populations pour le développement de leur communauté.

Déjà en 1989, dans un rapport sur l'impact socio-économique de la pompe à pédale chez les paysans maraîchers de l'Extrême-nord, Saïbou Nassourou (1989), cherche à démontrer l'importance de l'introduction de la pompe à pédale chez les paysans maraîchers de l'Extrême-nord dans l'amélioration de la production agricole. De façon plus détaillée, dans une vaste étude sur les organisations sociales au Mali, Tobéré Tessougué (1996 : 20-25) met en exergue la mobilisation d'associations multi-villageoises du plateau Dogon pour la lutte contre la sécheresse. Ceci s'est fait à travers la construction de barrages, creusement de puits, installation de bornes fontaines et de pompes. Ce projet ayant permis la relance du maraîchage et de la culture du mil par l'installation de jardins et de champs collectifs. Par effets d'entrainement, l'agriculture, l'élevage et le commerce se sont développés et ont considérablement augmenté les revenus des villageois. Pascaline Laure Abossolo Mbang (2005), dans une étude du projet « eau c'est la vie », d'Otélé  dans l'archidiocèse de Yaoundé, soutient à juste titre que ce projet participe au développement social et contribue à l'essor des initiatives locales. Il résulte de l'expression « l'eau, c'est la vie » le caractère vital de l'eau dans la vie des individus. Car, elle sert, à la fois, à la bonne santé du corps humain, à l'économie et même au développement des activités non productrices, qui rentrent dans le cadre des commodités de la vie. Bref, pour les travaux de cet auteur, l'implantation des puits dans les villages garantit non seulement une bonne santé aux paysans, mais leur laisse également une ouverture au développement d'autres activités liées à l'eau. Ce qui confirme l'assertion selon laquelle, « la construction d'un puits dans un village est une opportunité offerte à la communauté de ce village de sortir de la pauvreté ».

F- Problématique

Sous le climat tropical, l'eau est rare, voire introuvable, du fait de la sécheresse dans les zones sahéliennes. Dans les zones de forêt, par contre, c'est plus la qualité de l'eau qui fait problème. Dans ces deux zones climatiques, les conséquences sont identiques, de nombreuses maladies hydriques, corroborant ainsi l'adage médical selon lequel : « l'homme boit 80% de ses maladies ». Pour atténuer ses effets, des puits à pompe ont été mis à la disposition des populations de Mebomo et de Bikogo par le PADC. Cependant, ces populations, dans la grande majorité, continuent à faire recours aux sources d'eau naturelles. D'où la question de savoir, pourquoi les populations n'adhèrent-elles pas entièrement à l'eau des puits à pompe du PADC ?

G- Hypothèses de recherche

1. Hypothèse centrale de recherche :

Les populations bénéficiaires ou utilisatrices n'adhèrent pas entièrement à l'eau des puits à pompe, à cause de leur faible implication lors de la préparation du projet de réalisation de ces puits.

2. Sous-hypothèses

L'hypothèse générale a été subdivisée en quatre sous-hypothèses, à savoir :

a- L'influence des élites contribue à l'exclusion des populations bénéficiaires du projet ;

b- L'emplacement des puits dans les villages ne respecte pas les traditions locales ;

c- Les puits du PADC sont source de nombreux conflits ;

d- La maintenance des puits à pompe n'est pas assurée par les populations utilisatrices.

H- Modèles théoriques

Pour notre étude, nous avons choisi deux modèles propres à la socio-anthropologie à savoir : l'interactionnisme symbolique et le dynamisme. La raison de ce double choix tient à notre thème d'étude qui fait autant appel à un modèle théorique individualiste qu'à un modèle théorique holiste.

1. L'interactionnisme

L'interactionnisme voit le jour pour la première fois à l'université de Chicago en 1930, suite à une rupture paradigmatique opérée par Georges Herbert Mead.

Vers 1937, Blumer crée le terme interactionnisme symbolique et retourne la perspective « holiste », qui voit la culture et la structure d'encadrement des actions individuelles, et va jusqu'à dire qu'il n'y a rien d'autre à étudier pour comprendre la société que la vie quotidienne des individus, comme le relève Henri Mendras (2002 : 61).

Le point de départ de E. Goffman est le plus original, et va de la présentation de la vie sociale comme une scène de théâtre, où les acteurs jouent un rôle et accomplissent de nombreux rites d'interaction. Chacun s'inscrit dans l'écart entre ce qu'il veut être et ce qu'il est aux yeux des autres. Selon Anselm Strauss (1992), le terme « interaction » est si ambigu qu'il ne peut ne signifier que rencontre et effet réciproque entre des personnes. Il existe plusieurs manières de considérer et d'analyser le processus d'interaction. Les interactions se produisent entre des individus en tant que membre de groupes, quelle que soit la subtilité du caractère de leur appartenance. Il s'appuie sur l'interactionnisme pour se poser un ensemble de questions sur les interventions de développement : que signifient ces actes ? Pourquoi ces gens les accomplissent-ils ? Compte tenu de ces réflexions, il s'intéresse à ce qui se produit lorsque deux personnes d'origine sociale différentes se rencontrent. Si l'une agit et que l'autre attribue à ses actions une motivation. La plupart du temps, cette imputation sera en désaccord avec la façon dont l'auteur lui-même comprend son acte. Cependant, ces deux personnes en interaction ne sont jamais simplement des personnes mais représentent un groupe. Une telle approche, corrobore Olivier de Sardan (2001), est « pertinente en matière de socio-anthropologie du développement, dans la mesure où les faits sociaux de développement ont la particularité de produire de très nombreuses interactions, et, des interactions entre des acteurs appartenant à des univers sociaux très variés, relevant de statuts différents, dotés de ressources hétérogènes et poursuivant des stratégies distinctes ». D'où l'usage de la métaphore de l'arène.

La pertinence de cette grille réside dans le fait qu'elle nous offre la possibilité de saisir la perception qu'ont les bénéficiaires des puits à pompe du PADC, des interventions de développement. Cela nous permet en plus de « s'intéresser non seulement aux communautés locales, aux populations cibles, mais tout aussi aux dispositifs d'intervention, aux médiateurs et courtiers, aux agents extérieurs », comme le relève J.P. Olivier de Sardan, (1995 : 47). Enfin, elle permet d'évaluer le rapport entre l'implication de la population utilisatrice et la pérennisation des projets de développement.

2. Le dynamisme

Pour Georges BALANDIER (1971), « les sociétés ne sont jamais ce qu'elles paraissent être ou ce qu'elles prétendent être. Elles s'expriment à deux niveaux au moins ; l'un, superficiel, présente les structures ` officielles', si l'on peut dire ; l'autre, profond, assume l'accès aux rapports réels les plus fondamentaux et aux pratiques révélatrices de la dynamique du système social. Dès l'instant où les sciences sociales appréhendent ces deux niveaux d'organisation et d'expression, et où elles déterminent leurs rapports, elles deviennent nécessairement critiques. C'est en corrigeant les illusions de l'optique sociale commune qu'elles progressent sur le terrain de la rigueur scientifique. Les dynamiques sociales restent vues généralement sous l'esprit du changement, de la transformation des structures. »

Etymologiquement, le mot « dynamique » inclut les idées de force et de mouvement. Si la dynamique sociale prend en compte la forme et la dimension de l'objet social (institution-objet, institution-groupe), elle le considère sous l'angle du mouvement par lequel il se modifie dans une certaine période de temps et selon des rythmes propres, sujets à accélération et à décélération.

La théorie de la dynamique sociale a pour ambition de décrire et d'expliquer les processus par lesquels s'effectuent les changements dans l'existence des groupes sociaux. En bref, elle a pour objet le changement social.

Dans les sociétés en voie de développement, il parait évident que les changements importants, qui s'opèrent actuellement, ont pris naissance hors de ces sociétés et résultent de l'importation initiale de la technologie occidentale par voie de conquête. Mais, il se peut que les changements économique, politique et religieux induits se produisent de l'intérieur moins en imitation qu'en réaction contre des modèles importés. Existe-t-il alors des différences tout à fait spécifiques entre le processus de changement selon leur origine interne ou externe ?

La différenciation peut se faire, selon que les agents initiateurs du changement se situent à l'intérieur d'un groupe social ou agissent du dehors, varient les modes de participation et de résistance au changement. La différence est marquée sur le plan des rapports qui s'établissent entre les agents du changement et le reste de la population.

De quelle manière s'opère le changement ? Avec des rythmes discontinus ? En rencontrant quelles résistances ?

Les théories qui nous permettront de mieux rendre compte des faits dans notre milieu d'étude sont donc la théorie interactionniste symbolique, soutenue par l'école de Chicago, et celle dynamique de Georges Balandier.

I- Grille d'analyse

1. Les techniques de collecte de données

a- La recherche documentaire

Pour mener à terme notre étude, nous avons eu recours à une recherche documentaire. Cette dernière nous a donné la possibilité de parcourir des bibliothèques, centres de documentation, des librairies  et des banques de données informatiques, pour avoir des documents, se rapportant à notre thème, de même que les travaux réalisés dans cette région ou sous des thèmes connexes dans d'autres régions. Ainsi, les bibliothèques de l'UCAC, du CPPSA, de l'université de Yaoundé 1, de l'INJS, les fonds documentaires de la FPAE, du CREPLA, ainsi que les librairies de l'Harmattan Cameroun et Peuples Noires, ont été particulièrement sollicitées.

b- L'observation directe 

L'observation directe est celle où le chercheur procède lui-même au recueil de l'information sans s'adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de l'observation et d'interprétation. Pour ce qui est de notre thème de recherche, nous avons effectué de nombreuses descentes exploratoires dans les localités de Mebomo et de Bikogo pour obtenir des informations qui sont venues se greffer à celles recueillies par les sources écrites. Une représentation fidèle de cette réalité nous a permis d'asseoir nos modèles théoriques (l'interactionnisme et la dynamique). De même, l'observation directe nous a permis de voir comment les personnes interrogées se comportent vis-à-vis du sujet d'étude. Car, entre les paroles et les actes concrets il y a parfois un gap. Et seule l'observation directe nous permet de faire la part des choses. Cette utilité comme le souligne si bien Jacques Lombard (1998 : 88), est triple : 

- elle nous permet d'abord, d'enregistrer des phénomènes qu'un informateur pourrait, intentionnellement ou non, omettre de vous dire ;

- elle donne ensuite, la possibilité de contrôler les déclarations d'un enquêté ;

- enfin, elle permet de mesurer la distance entre l'idéal, le droit (ce que dit généralement l'informateur) et la réalité, les faits.

Cette observation directe reste, tout de même, un préalable à l'enquête par entretien. Car, elle est source d'inspiration pour de nouvelles questions ou des prochains thèmes de discussions.

c- L'entretien semi-directif

Cette démarche consiste à faire produire une conservation réglée entre un enquêté et un enquêteur, muni de consignes et le plus souvent d'un guide d'entretien, soulignent Jean-Pierre Durand et Robert Weil (1994 : 308). L'entretien semi-directif se ramène à faire produire par l'enquêté un discours plus ou moins linéaire avec le minimum d'intervention de la part de l'enquêteur.

Il est question de susciter un certain nombre de réactions en rapport avec notre thème. Ces entretiens se sont faits à des endroits selon les disponibilités et les volontés de l'enquêté. Ils sont personnalisés (individuels) et parfois groupés (focus group). Ce dernier ayant pour avantage de permettre aux enquêtés d'interagir à des propositions de réponses d'un collègue enquêté sans l'intermédiation de l'enquêteur.

Les entretiens sont répétés permettant un double retour de l'anthropologue sur le précédent entretien, afin d'éclairer des points d'ombre, les imprécisions ou les contradictions. Aussi, l'enquêté peut retourner sur ce qu'il a dit, effectuant de lui-même des corrections et des ajouts lors du second entretien et ainsi de suite pour les autres entretiens.

Dans le cadre de nos entretiens, nous nous sommes servis de blocs-notes, de crayons ordinaires et de crayons à bille pour recueillir les informations auprès :

- des pouvoirs publics : le directeur du développement local et communautaire (MINADER), le directeur de l'hydraulique rurale et de l'hydrologie (MINEE) ; le sous-préfet et le maire d'Elig-Mfomo, les chefs des villages  (MINATD) ; les responsables du PADC ;

- des présidents des comités de développement villageois ;

- des présidents de comité de gestion des puits à pompe des villages ;

- des ménages utilisateurs des puits à pompe.

2. Les modes de traitement des données collectées

Selon J-P. Durand et R. Weil (1994 : 131), les entretiens en nombre réduit ne se traitent pas comme des questionnaires nombreux administrés à un gros échantillon représentatif avec un dépouillement utilisant des analyses quantitatives élaborées. Pour la transformation de nos données recueillies à travers la recherche documentaire et sur le terrain, nous avons eu recours à la technique de l'analyse de contenu. Il s'agit d'une technique d'exploitation du support et du contenu d'un document ou d'un discours écrit. C'est donc le nom donné à l'ensemble des analyses de textes pour traiter des réponses non immédiatement quantifiables. Il s'agit de lire le social à travers la littérature, relève S-B. Ella Ella (2008 : 59).

J- Les difficultés rencontrées

Un travail de recherche ne se fait pas sans difficultés. De bout en bout, nous avons fait face à des difficultés de plusieurs ordres :

La première difficulté s'est manifestée dès le choix du sujet. Il n'a pas été facile pour nous de choisir un thème, à cause de l'actualité et des différents domaines de la socio-anthropologie du développement. Après des fouilles documentaires, des discussions avec des enseignants, des camarades et surtout grâce à la pré-soutenance, nous avons pu nous orienter davantage et mesurer l'enjeu de notre thème. En plus, il a fallu arguer pour amener notre directeur à valider notre thème.

Le choix de notre directeur n'a pas été aussi aisé, il fallait trouver un directeur rompu à la tâche et disponible à suivre nos premiers pas dans la recherche. A partir des informations reçues des camarades, et surtout de la coordonatrice du master en développement et management des projets en Afrique, nous avons pu pallier cette difficulté.

L'accès à la documentation n'a pas été aisé. Car, beaucoup de chercheurs ne se sont pas penchés sur la question du développement communautaire, surtout des données sur le lieu de notre étude. Cette difficulté a été levée par des différentes rencontres et l'élargissement des fouilles à des bibliothèques multiples, la commande et l'achat de certains ouvrages spécialisés.

L'obtention des autorisations ou des permissions d'entretien avec les différents directeurs et responsables de programmes a été émaillée par des hésitations à nous accueillir, et après cela par de nombreux rendez-vous non honorés, occasionnant par là de nombreux déplacements infructueux. Mais, par la patience et la persévérance, dont nous avons fait montre, nous avons pu réaliser tous les entretiens souhaités.

Au niveau des villages, des méfiances et des résistances à s'ouvrir à l'étranger ont été aussi perceptibles et récurrentes de la part de certains enquêtés. Après plusieurs descentes sur le terrain d'étude, nous avons brisé les barrières avec les populations. Les entretiens ont été faits dans les maisons, autour des puits à pompe, dans des espaces publics, tôt le matin ou le soir, soit avant ou après le départ pour les plantations, soit à l'ouverture ou à la fermeture des puits à pompe. Nous avons pour cette occasion été obligés de nous installer dans les villages. Pour mieux surmonter les difficultés, qui ne manquaient pas de perdurer à ce niveau, nous avons été appuyés par un compagnon de route (guide d'enquête sociologique), qui a été formé précédemment à mener des enquêtes sociologiques. En plus, lors des entretiens pour éviter les réticences, nous avons d'abord procéder à l'entretien avec notre vis-à-vis, pour le mettre en confiance et faire partager nos objectifs avant de procéder à son identification.

K- Plan de l'étude

Notre travail comprend en plus d'une introduction générale et d'une conclusion, quatre chapitres.

Dans le premier chapitre nous présentons les villages étudiés, cela nous permet d'avoir la situation de référence avant la mise en oeuvre du PADC.

Le second chapitre, nous permet de traiter de l'évaluation à mi-parcours des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo. Cette évaluation permet de déceler certains facteurs qui affectent la pérennité des puits à pompe du PADC.

Le troisième chapitre, nous donne l'occasion de mettre en exergue des facteurs profonds de l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.

Et le quatrième, nous permet de sortir par des voies d'impulsion du développement communautaire.

CHAPITRE I :

LA PRESENTATION DU MILIEU ETUDIE

Ce chapitre envisage de présenter les villages Mebomo et Bikogo afin d'avoir la situation de référence avant l'arrivée du PADC.

I- Les villages étudiés (Mebomo et Bikogo)

Les villages Mebomo et Bikogo sont situés entre le 4° de latitude Nord et 11° de longitude Est dans l'arrondissement d'Elig-Mfomo, département de la Lekié, région du centre.

A- Histoire et géographie physique des villages étudiés

1- Le profil historique des villages étudiés

Mebomo vient de la couleur de son sol très rouge, et signifie terre rouge, selon Alain Jules Avodo Ayissi 10(*). Les premiers habitants étaient les Mvog-Lema. Ils viennent d'Abono par Edinding (Arrondissement d'Obala). Le nommé Koumena Fouda avait deux fils, Ayissi Lema et Bessala Lema. Ce dernier était le frère cadet et avait l'habitude d'aller chasser à Mebomo. Il s'installa par la suite pour y cultiver des ignames. La forte productivité de ces derniers l'a poussé à rentrer chercher son frère aîné. Les deux frères y fondèrent leur famille et procréèrent jusqu'à trente personnes. Bessala Lema s'installa par la suite à Nkolmba et Ayissi Lema resta sur place en compagnie d'autres voisins. Conséquence, Mebomo est un brassage de plusieurs familles, les Mvog-Lema étant majoritaires.

Joseph Ayissi Abongo fût le tout premier chef de Mebomo en 1939. Le second chef fut Damien Pièrre Avodo Ayissi, Mbolo Ayissi fut le troisième, Ayissi Mbolo le quatrième, le cinquième Joseph Ayissi Avodo était le père de l'actuel chef Alain jules Avodo Ayissi. Les Mvog-Lema qui détiennent la Chefferie jusqu'à nos jours, appartiennent à la tribu des Esselé, et pas à celle des Engab qui sont minoritaires.

Le nom Bikogo vient de la découverte d'une rivière bondée de cailloux (granites), qui étaient appelés bikok en langue locale, ce qui donna au village le nom Bikogo. Pour signifier plusieurs cailloux.

En 1910, le village Bikogo était commandé par le chef de canton des Esselé, Jean Nanga. En 1929, le premier chef de Bikogo, au nom de N'nang Awouda, est intronisé par le chef de subdivision de Sa'a, le français nommé Eau Claire. Après suivra Robert Okala intronisé en 1951. A sa mort en 1973, Valentin Ngono prit le pouvoir et règne jusqu'à nos jours. Les Esselé majoritaires, détiennent la chefferie de 3e degré et les Engab sont minoritaires.

2- La géographie physique des villages Mebomo et Bikogo

a- Le relief

Mebomo est approximativement haut de 543 m d'altitude, relief moins accentué avec des pentes relativement faibles à 80% recouvertes de plantations de cacao. Son sol est de trois types : le sol latéritique rougeâtre à Mebomo chefferie et marché, sol latéritique de couleur brune à Mebomo marché, les sols sablo-argileux avec affleurement de morceaux de quartz en surface pour le reste. Mebomo a une superficie de 24,5 km², limité au Nord par Mbanedouma II et Elig Onana, à l'Ouest par Nkolmba, au Sud-ouest par Bikogo, au Sud-est par Lekoukoua.

Ce village se trouve à 7 km d'Elig-Mfomo11(*), à 32 km d'Obala et à 75 km de Yaoundé, capitale politique du Cameroun.

Bikogo se trouve en moyenne à 605 m d'altitude. Son relief est moins accentué et les pentes sont relativement faibles à 80% et couvertes de plantation de cacao. Au sommet des pentes, les sols sont argileux, riches en humus de couleur noir. La roche la plus répandue est le quartz. D'autre part, ce sont des sols latéritiques de couleur brune avec les prédominances des croûtes latéritiques qui rendent le labour des sols effectué par les houes difficile ; c'est la conséquence de la baisse de rendements perceptibles dans la production de tubercules et de plantes à racines. Au niveau des bas fonds, les sols sont sablo-argileux et limoneux. Ces derniers sont favorables aux cultures maraîchères en saison sèche (culture de contre saison).

b- Le climat et la végétation des villages

Le climat est le même pour les deux villages. Les villages sont en plein coeur du climat équatorial de type « guinéen ». Cependant, du fait des variations climatiques, cette région reste dans l'ensemble caractérisée par un léger chevauchement entre le climat équatorial humide du sud et le climat sahélien du nord.

L'année comprend quatre saisons :

- une grande saison des pluies, qui va de mi-août à mi-novembre ;

- une grande saison sèche, qui va de mi-novembre à mi-mars ;

- une petite saison des pluies, qui va de mi-mars à mi-juin ;

- une petite saison sèche, qui va de mi-juin à mi-août.

La pluviométrie moyenne des villages oscille entre 1 500 mm et 2 000 mm par an. Le nombre moyen de jours de pluies est de 150 par an. La température moyenne est de 25°C. Les températures moyennes diurnes sont de 27°C, avec des écarts de l'ordre de 7°C à 11°C. La pluviométrie influence les cultures, les deux saisons des pluies (grande et petite) sont à l'image des deux campagnes agricoles lancées par les communautés.

La végétation des villages est faite de forêt secondaire arbustive à plusieurs strates. Les fougères, graminées, sterculiacées au premier niveau ; au second niveau, cacaoyers, avocatiers, manguiers, safoutiers, permettent de rassurer les infiltrations d'eau au profit de la nappe phréatique.

c- L'hydrographie des villages

A Mebomo, le principal cours d'eau est la rivière Odinda qui prend sa source à Bikogo et traverse tout le village en remontant vers l'Est. Les ruisseaux sont au nombre de deux : Mambogo et Ebessa, qui se jettent tous dans la rivière Odinda. Les différents puits à pompe et points d'eau existant à Mebomo peuvent être regroupés comme suit :

Tableau 1 : Les puits à pompe et points d'eau de Mebomo

Noms et localisations

Année de création

Disponibilité

Entretien

Observation

Puits à volant du Volanta, localisé à la traversée12(*) entre Mebomo marché et Mebomo chefferie

1995

Toutes

les

saisons

Hors d'usage

Mis en place par l'ONG Volanta, son eau est de mauvaise qualité. Selon les habitants, elle rouille les seaux en métal de fer

Puits à pompe du Bossapal à Mebomo marché

1998

Toutes

les

saisons

Régulier

Mis en place grâce à Pro-village contre contribution d'une élite du village, elle fonctionne

Source : Données d'enquête de terrain, 2009

Bikogo est arrosé par trois rivières :

Bodo qui prend sa source au Sud et se dirige vers le Sud-est. Trois ruisseaux s'y jettent à savoir, Mikamga, Ebebrique et Menene qui prennent leur source au nord-est du village ; Odinda, prend sa source du sud-ouest, traverse le hameau de la chefferie et se dirige vers Mebomo. Parmi les ruisseaux qui s'y jettent, on note les ruisseaux Mbog bilongui qui prend sa source au Sud-ouest, Zébédé qui prend sa source à l'Ouest et Ngo dzogo qui prend sa source au point d'eau traditionnel du hameau de la chefferie ;

Bikogo prend sa source dans le hameau Nkol otomo et prend deux directions, Lekoukoua et Mebomo. Les puits à pompe et les points d'eau de Bikogo sont regroupés ainsi qu'il suit :

Tableau 2 : Les puits à pompe et points d'eau de Bikogo

Noms et localisations

Année de création

Disponibilité

Entretien

Observation

Puits à pompe de Mikamga

1990

Toutes

les

saisons

Régulier

Propriété privée du collège privé laïc Popolorum Progressium

Puits à pompe de Nkolnanga

1998

Toutes

les

saisons

Hors d'usage

Mis en place grâce à Pro-village contre contribution d'une élite du village

Puits à pompe de Nkol otomo

1998

Toutes

les

saisons

Régulier

Mis en place grâce à Pro-village contre contribution d'une élite du village

Point d'eau aménagée de Ngo dzogo

1958

Faible pendant la saison sèche

Irrégulier

Ecoulement difficile des eaux qui stagnent. Point d'eau aménagé par le géni rural et financé par le fonds international du développement économique et social (FIDES)

Source : Données d'enquête de terrain, 2009

B- Géographie humaine : Eléments socioculturels et activités économiques

1- Les éléments socioculturels

a- La démographie et les équipements de socialisation

La population de Mebomo est estimée à environ 750 habitants sur un espace de 24,5 km², soit une densité de 29 habitants au km². Mebomo comprend cinq hameaux : Mebomo marché, Chefferie, Ossan, Nkolbikon et Nkolofumbi. Les habitats ont une disposition linéaire, de part et d'autre du long des routes, qui traversent les différents hameaux. Les maisons sont en forme rectangulaire, faites soit de poto-poto ou en semi-dur. Chaque famille en compte deux : une maison plus grande servant de salle de séjour et de chambres à coucher, l'autre, la plus petite servant de cuisine ; les latrines sont situées légèrement en retrait de la maison. Le devant des maisons sert généralement de lieu de repos, de discussion et de jeux. En saison de cacao, il est le lieu où se sèche le cacao sur des nattes légèrement surmontées de cailloux ou de morceaux de bois. Derrière les maisons se trouvent les bananerais et arbres à fruits divers. Après les vergers de case, la cacao-culture prend le relais et s'étend sur au moins 80% de la superficie du village.

A Mebomo, on compte une école primaire publique, une école maternelle publique et une école primaire publique bilingue en cours de réalisation.

Le centre de santé le plus proche est le centre de santé intégré de Nkengué, et dans une moindre mesure l'hôpital de district de santé d'Elig Mfomo.

Les institutions religieuses présentes dans le village sont : le catholicisme romain et l'église du Plein Evangile.

La population du village Bikogo, selon l'ECAM II, est estimée à environ 850 habitants sur une superficie de 35 km² soit une densité de 25 habitants au km². Le village est constitué de six hameaux : Bikogo chefferie, Mikamga, Nkol nanga, Nkol otomo, Zébédé nord et sud. Les habitats ont la même spécificité que Mebomo.

On y trouve une école primaire publique, une école maternelle publique et un collège, notamment le collège privé laïc popolorum progressium.

Le centre de santé le plus proche est l'hôpital de district de santé d'Elig Mfomo et le centre de santé intégré de Nkengué.

Les institutions religieuses présentes à Bikogo sont : le catholicisme romain, l'église du Plein Evangile et l'église presbytérienne.

b-   L'organisation sociale

La population des deux villages est composée des Eton, qui constitue un sous-groupe du groupe septentrional ou Beti, qui au début du 17e siècle, se divise en quatre rameaux avant la traversé de la Sanaga à Nachtigal afin d'échapper au mouvement d'islamisation du nord et des razzia qui s'en suivaient.

La société éton se caractérise de prime abord par sa structuration sociale segmentaire lignagère. Cette structuration a permis de distinguer : les clans13(*), les sous-clans ou lignages et de nombreux groupements de familles appelés « Nda-bot » selon Jean Joseph Awono (1990 : 23-26). Cette société est donc constituée d'une pluralité d'unités claniques dispersées. Mais en suivant les types de rapports entretenus par les groupes majeurs, que sont les clans, des regroupements en trois grandes unités de classification permettent de mieux cerner les imbrications entre les différents segments sociaux : le groupe « éton beti », le groupe « beloua beton » et le groupe « éton beloua ».

Le préfixe « beti » qui équivaut sémantiquement au terme français « seigneurs », « nobles » ou « les messieurs » et utilisé pour montrer la filiation de ces différentes unités sociales au groupe originellement « pur ». Les groupes « beloua beton » et « éton beloua » sont caractérisés par l'épithète « beloua » qui signifie « les esclaves » marquent le degré de corruption du groupe original au contact des peuples « impurs » intégrés généalogiquement avec le temps à la suite des brassages avec les « seigneurs ». De façon précise, Le nom « Beloua » signifie « esclave » ou « assujetti » et désigne un ensemble hétéroclite de clans minoritaires, qui ont trainé les pas lors des migrations des peuples vers le Sud du pays. Conséquence, ils se sont placés sous la protection des « Beti » lors des guerres pour les conquêtes de l'espace vital. Sévérin Cécile Abega (1987 : 21-23), l'a si bien mentionné, en relevant que, le travail de ses mains (l'esclave) profite à son maître, à qui il verse une quote-part. Il ne peut prétendre à une quelconque paternité d'un enfant. Ainsi, ils entretiennent des rapports de maître à esclave. Cependant note-t-il, un esclave particulièrement méritant pouvait être affranchi par son maître, être assimilé au rang de fils, et obtenir la permission de s'établir à son propre compte. Aujourd'hui, les « Beloua », qui ont généré une forte élite, sont frustrés par le maintien de cette dialectique, qui les place en position de « cadets sociaux », malgré les efforts d'auto-affirmation et de dynamisation dont ils font montre.

Le lignage est désigné par le terme « Mvog » et se traduit par l'expression « le lignage de ». Ainsi, chaque géniteur devient fondateur d'un nouveau maillon de la chaîne parentale. Par ailleurs, le lignagère se fragmente en d'autres petits regroupements, entre lesquels, les liens de solidarité sont assez forts, les « Nda-bot ».

De façon spécifique, les Esselés qui sont les Eton beti, représentent plus de 80% de la population des villages alors que les Engaps, qui représentent les 20%, font partie des « Beloua ». Toutefois, les Esselé ont trois grandes familles : la famille Menye Tsanga Bissane ; la famille Menye Yii ; la famille Menye Nguene. Ainsi que les Engap : les Mvog Zogo Mmasna (majoritaires), les Mvog Ekono Mekoua et les Mvog Ayissi.

L'occupation des sols par les tribus est différenciée. A Mebomo, on retrouve les Engaps au sommet du hameau de la chefferie, les Essélés sont présents dans presque tous les hameaux. Le puits à pompe du PADC de Mebomo est situé dans le hameau de la chefferie en aval de la côte, au milieu des habitations des tribus Essele. A Bikogo, on retrouve les Engaps dans le hameau Zébédé nord et d'autres du côté de Zébédé sud, on retrouve deux à trois familles Esselés dans ce dernier hameau. Le reste des hameaux est essentiellement habités par les Esselés. Le puits à pompe de Bikogo, qui se situe presque au carrefour entre Zébédé nord, zébédé sud et Bikogo chefferie, est tout de même, sur le terrain des Engaps à Zébédé nord.

Le système de parenté est basé sur les liens de consanguinité. Une fille appartient au lignage de son père. Mais, une fois mariée, ses enfants appartiennent à celui de leur père et jamais au lignage de sa mère même après le divorce. En fait, la femme éton n'a pas le même statut que l'homme, elle est destinée à un autre lignage, qu'elle contribuera à agrandir par sa progéniture. Les soeurs de la femme appellent affectueusement « mon mari », l'époux de leur soeur, en cas de décès de cette dernière, une de ses soeurs non mariées, peut-être choisie pour s'occuper du foyer de la défunte soeur. Le changement continu des rôles masculins et féminins dans la production a entraîné des conséquences importantes sur la structure sociale et dans la vie de la famille. Les femmes apparaissent comme agents économiques les plus importants. Elles assurent la subsistance du groupe en participant à tous les travaux agricoles dans le champ collectif ou de la famille restreinte. Elles travaillent aussi pour améliorer le quotidien de la famille en se livrant à d'autres travaux champêtres dans des parcelles octroyées par leur mari.

Le mariage constitue un acte important et décisif dans la vie du groupe ou de l'individu. Il est, à la fois, un moyen par lequel la société assure sa survie et sa continuité. Il se présente aussi comme un rite de socialisation obligatoire aussi bien pour l'homme que pour la femme. La société ne considère comme un « vrai homme » ou une « vraie femme » que les individus mariés et capables de former une nouvelle famille, l' « élig ». 

2- Les activités économiques 

a- Les activités agricoles

En tant que zone rurale, l'activité agricole est la principale activité dans les villages étudiés. Ainsi, les activités économiques sont, pour la plupart, basées sur le commerce des produits agricoles. Néanmoins, l'on y retrouve aussi d'autres domaines, tels que la chasse, l'élevage, et la pêche. Ces activités sont menées, soit individuellement ; soit par des groupes de personnes réunis en GIC ou associations.

L'agriculture d'exportation fournit l'essentiel des ressources financières des paysans. La principale activité reste ici la cacao-culture qui occupe les hommes. Elle s'est relativement développée par rapport au secteur vivrier, grâce à l'appui constant de l'Etat. Ainsi, observe-t-on une certaine croissance régulière dans la production. Ceci a des effets directs sur la production nationale de cacao sur le plan mondial. Cette amélioration ne va pas de pair avec l'état des exploitations, qui sont frappées par le vieillissement des plantations, l'appauvrissement des sols doublé de l'usage de méthodes extensives et de la désertification progressive.

Les secteurs vivrier et maraîcher sont les moins développés. Malgré, leur fonction capitale dans l'économie de la région et leur forte concentration de ressources humaines, ils sont entièrement contrôlés par les femmes, utilisant des techniques et des moyens rudimentaires. L'agriculture demeure traditionnelle et de subsistance. La productivité reste faible même si par ailleurs, cette région demeure l'une des principales pourvoyeuses de la ville de Yaoundé en vivres. Ceci se justifie par le fait que les productions doivent satisfaire simultanément les besoins de consommation et de marché. Toutefois, les principales cultures restent :

- les plantes à tubercules : manioc, macabo, banane-plantain, banane douce, igname ;

- les plantes céréalières : maïs, haricot, arachide ;

- les cultures maraîchères : légume, tomate, oignon, piment.

Ces activités de subsistance procurent des faibles revenus, car seuls les surplus sont vendus sur le marché. Les techniques culturales restent archaïques et l'outillage est rudimentaire. Les femmes sont bien intégrées dans le secteur agricole, dans la mesure où elles ont la responsabilité de la production vivrière et maraîchère, en plus de toutes les tâches ménagères.

Les saisons agricoles varient tout au long de l'année, nous avons :

- les cultures vivrières annuelles à cycle court (arachides, maïs, légumes) : ici, les semis et les récoltes se font deux fois l'an, du 15 mars au 15 juillet d'une part ; et du 15 juillet à la fin décembre voire début janvier d'autre part. Les cycles de ces cultures ne dépassant pas 4 à 5 mois ;

- les cultures vivrières annuelles à cycle long (manioc, igname, macabo) : les semis et les récoltes se font une fois l'an, par exemple semis le 15 Mai et les récoltes après 7 mois voire plusieurs années mais au bout d'un an la récolte est prête ;

- les cultures vivrières pluriannuelles (banane-plantain), ce sont les cultures qui vont sur plusieurs années ; on ne peut pas les planter cette année et les récolter cette même année. Au moins deux ans après (bisannuelles).

Selon les saisons, les cultures vivrières à cycle court sont les plus pratiquées du fait de leur courte durée et s'en suivent les cultures vivrières annuelles.

Ce système de culture étant très peu diversifié, les populations sont obligées de compléter leurs besoins alimentaires par des achats dans les marchés.

Les activités d'élevage sont faiblement développées. Dans l'ensemble, on note des fermes avicoles, un petit élevage domestique de chèvres, de porcs et de moutons presque tourné vers l'autoconsommation.

Les activités de pêche sont négligeables et restent pratiquées par quelques femmes pendant la saison sèche pour des besoins domestiques. Pareils pour les produits de la chasse qui se trouvent en très faible quantité.

Ces secteurs souffrent de la mauvaise organisation, du manque d'encadrement technique. En plus, il n'existe pas d'infrastructures de coordination et de gestion.

La production des fruits n'est pas issue des champs potagers. Par contre, les arbres fruitiers sont parsemés dans les champs polyculturaux. D'où une commercialisation ponctuelle et irrégulière. On retrouve parmi ces fruits : l'ananas, la papaye, la canne à sucre, les goyaves, le citron, les oranges.

b- Les échanges et les activités commerciales

Les produits des activités vivrières et maraîchères approvisionnent les marchés périodiques de Mebomo, d'Elig Mfomo, d'Elig Ambassa et d'Ebougsi et ceux réguliers de Monatelé, d'Okola, d'Obala et même des Arrondissements de Yaoundé 7ème (Nkolbisson) et de Yaoundé 2ème (Mokolo).

L'approvisionnement en produits n'est pas du tout facile. Le manque d'entretien des routes cause un préjudice énorme aux populations.

Le commerce des produits manufacturés est exercé en permanence par des commerçants locaux et périodiquement par des marchands ambulants.

Il n'existe pas des industries de transformation, malgré les révélations établies par des études, selon lesquelles le village Mebomo serait riche en minerais de fer. Cette zone est d'ailleurs l'objet d'une étude de l'ONUDI, dans l'optique d'y réaliser une briqueterie.

II- Le Projet d'Appui au Développement Communautaire (PADC)

A- La conception et la stratégie d'intervention

1- Les stratégies et la justification du projet

Le gouvernement camerounais a décidé de travailler sur la conceptualisation d'un cadre national de politiques et d'instruments en faveur du développement au niveau local.

a- Les objectifs du projet

L'approche de développement proposé dans le cadre du PADC vise les objectifs et résultats suivants :

i- L'objectif général

Il s'agit d'améliorer durablement les conditions et les niveaux de vie des populations dans les zones rurales les plus défavorisées.

ii- Les objectifs immédiats ou spécifiques

Le PADC a pour objectifs immédiats : la prise en charge de leur développement par les communautés villageoises et les autres acteurs locaux, dans le respect des principes de participation, de concertation et de solidarité. Il vise aussi à l'amélioration de l'accès aux infrastructures sociales de base au niveau des villages, de même qu'à l'augmentation des revenus des populations ciblées.

iii- Les résultats attendus:

A terme, le projet donnera les résultats qui suivent :

- les capacités de planification, d'interaction, de négociation et de gestion participatives au niveau des communautés villageoises sont renforcées et favorisent en particulier la participation des communautés rurales les plus démunies ;

- des initiatives productives viables et durables sont mises en oeuvre par des producteurs (associés ou non), en particulier des producteurs provenant des groupes les plus démunis ;

- des micro-infrastructures de base sont identifiées, maintenues ou construites et gérées par les communautés ;

- les capacités organisationnelles publiques et privées, et la coordination des efforts des différents partenaires pour répondre à la demande des communautés sont améliorées, en particulier, grâce à la mise en place du PNDL.

b- La justification du PADC

Le projet devrait jouer un rôle catalytique par la création d'un environnement propice et par le renforcement des capacités de tous les acteurs.

Le premier élément de la stratégie concerne le développement de la démocratie locale, en améliorant les espaces de concertation et la capacité des groupes cibles à faire entendre leur voix au moment des décisions publiques les concernant. Il s'agira de renforcer les capacités, en premier chef, celles des communautés villageoises de manière à ce qu'elles puissent mobiliser leurs ressources internes, gérer leurs initiatives de développement, et interagir et négocier avec les acteurs dans leur environnement lointain (la région, la nation) et proche (les communes).

Le deuxième élément de la stratégie est d'attaquer le coeur de la problématique de pauvreté en travaillant sur les conditions de génération de revenus (relevant du secteur privé). Il s'agira de financer des appuis techniques aux micro-entrepreneurs, tout en favorisant les liens entre les micro-entreprises viables et les services de micro-finance (déjà appuyés dans le cadre d'un autre projet FIDA).

Le troisième élément de la stratégie sera de faire une séparation claire entre micro infrastructures sociales et économiques (les biens publics au niveau des villages) et les biens et services privés. Le financement de ces biens publics se fera à travers le fonds de développement communautaire. Ce fonds sera mis en place à travers les structures du projet et géré par les communautés villageoises en attendant qu'un mécanisme national durable de transfert de ressources aux communautés soit conçu dans le cadre du PNDL.

Finalement, le projet travaillera au développement des capacités des communes. Car, le renforcement des capacités des communautés à prendre en charge leur propre développement devrait amener les élus, notamment les conseillers municipaux issus de ces villages, à contribuer davantage au processus de démocratie locale en ouvrant des espaces de concertation et de participation. De même, le projet soutiendra les cadres des ministères, afin d'accompagner les réflexions en cours sur le nouveau rôle de l'État et la notion de modernisation du service public.

2- Les composantes du PADC

Le PADC est subdivisé en quatre composantes essentielles à savoir :

- La composante 1 : Développement de capacités

Le projet appuiera la consolidation des capacités de planification participative, d'organisation, de gestion et de négociation au niveau des villages. Il appuiera, en outre, le développement des capacités de lutte communautaire contre le VIH-SIDA, à travers la vulgarisation de la méthode de prévention basée sur la méthode de la « carte à risque ». Les capacités d'interaction entre les communautés villageoises et les acteurs dans leur environnement seront également renforcées. Le projet appuiera également la promotion et le renforcement des capacités de micro-entrepreneurs au niveau des villages. Finalement, le projet appuiera la création d'espaces et les pratiques de concertation entre la commune et les villages, afin de stimuler la capacité des communes à rendre service aux communautés villageoises, ainsi qu'un renforcement des capacités de tous les prestataires publics et privés en matière de démarche participative.

- La composante 2 : Appui aux Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Le projet financera l'assistance technique aux producteurs organisés (quels que soient leurs statuts juridiques GIC, GIE, coopérative), en matière d'études de marché, études de faisabilité, appui à l'élaboration de dossier de crédit, appui à la gestion, appui technique spécialisé. Le projet introduira, sous forme pilote, la mise en place au sein des villages des cautions de réalisation (dépôts tournants gérés par les communautés), afin d'appuyer les initiatives productives de groupes les plus pauvres, en favorisant leurs insertions dans les systèmes microfinanciers de proximité.

- La composante 3 : Micro-infrastructures sociales et économiques.

L'accès à l'eau potable constitue une des premières priorités exprimées par les communautés villageoises, notamment dans les arrondissements de la Province14(*) de l'Extrême Nord. Le taux de couverture des besoins en eau potable est faible dans les zones proposées pour le PADC : moins de 40% de la population rurale dispose d'un point d'eau pérenne (ce qui n'équivaut pas toujours à l'eau potable). En plus des difficultés d'accès à l'eau potable, l'ignorance des règles élémentaires d'hygiène de l'eau par la plupart des ménages explique la haute fréquence des maladies liées à la qualité de l'eau (diarrhées, choléra, fièvre typhoïde).

Le projet financera la réalisation des micro-infrastructures dans les domaines de l'éducation, la santé, l'eau potable, les pistes rurales identifiées dans les plans de développement villageois. Par leur faible niveau de complexité technique ou de par leur faible niveau de coûts, ces sous-projets peuvent être réalisés au niveau des villages sans ou avec un faible niveau d'arbitrage externe. Les projets, qui relèvent du niveau de décision de la commune, ne seront pas financés dans le cadre du PADC, mais seront présentés aux financements du fonds d'équipement intercommunal (FEICOM) ou d'autres bailleurs de fonds.

- La composante 4 : Coordination du projet.

Le FIDA appuiera la mise en place d'une unité de coordination et de gestion Nationale (UCGN) et de deux unités de coordination et de gestion provinciales (UCGP) dans les zones retenues (Extrême Nord et Centre). L'UCGN sera composée d'un coordonnateur national assisté d'un responsable financier. Chacune des UCGP sera composée de trois ingénieurs, dont l'un assurera les fonctions de supervision régionale, et d'un gestionnaire comptable et financier. Le FIDA apportera également un appui à la coordination nationale de la composante développement communautaire du PNDL, située au niveau du ministère de l'agriculture et du développement rural (MINADER)15(*), en l'occurrence la direction générale du développement rural (DGDR) chargée de la coordination et du suivi de l'intervention des différents bailleurs de fonds ayant décidé de financer le programme.

B- Les zones cibles et principes d'intervention du projet

1- Les zones d'intervention

Le projet couvrira les régions de l'Extrême Nord et du Centre. Ce choix se justifie par le taux de pauvreté élevé en milieu rural dans ces deux provinces (plus de 50% de la population rurale vit en dessous du seuil de pauvreté). En outre, il répond au souhait du gouvernement de voir le FIDA intervenir dans deux régions de caractéristiques socio-économiques et agro écologiques différents ; ce qui permettra de tester l'approche de développement communautaire dans deux contextes différents comme expérience dont les leçons vont servir au PNDL dans le cadre de la couverture nationale. Dans ces deux régions, le FIDA pourra également s'appuyer sur les expériences des projets identiques appuyés par la GTZ et le PNVRA.

a- La région de l'Extrême-nord

Avec une population de plus de 2 530 000 d'habitants, l'Extrême-Nord reste la province la plus peuplée du pays. Elle occupe une superficie de 34 262 km². Cette disproportion entre la superficie et la population explique la densité de 74 habitants/km², supérieure à la moyenne nationale qui est de 30 habitants/Km². Ce surpeuplement a poussé les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds et les ONGs à organiser depuis 1970 plusieurs vagues de déplacements des populations de cette région vers celle du Nord.

La précarité des revenus et l'importance des charges sociales des populations en activité limitent leur capacité à accéder aux services de base. L'agriculture et l'élevage, avec à un degré moindre l'artisanat, sont les principales activités de la population de la région. Les systèmes de cultures dominant sont de types céréales-tubercules et de type agropastoral-mil-sorgho. Ces systèmes tributaires d'une pluviométrie faible et aléatoire sont extensifs et peu productifs. L'agriculture et l'élevage, notamment l'élevage transhumant se disputent l'espace rural entraînant de multiples conflits entre agriculteurs et éleveurs. La culture de coton, encadrée par la SODECOTON, demeure la principale culture de rente. Cette culture touche peu de paysans et est pratiquée par les hommes. Les populations à risque, notamment les femmes et les montagnards, ont un accès limité et précaire à la terre. L'accès aux services financiers est, pour une grande part, limité aux cotonculteurs, qui reçoivent des crédits en intrants et en matériel agricole, à travers la SODECOTON.

Les pistes rurales sont difficilement praticables du fait d'un manque d'entretien, notamment en saison de pluies. Plusieurs villages sont coupés du reste de la région pendant de longues périodes. Le taux d'accessibilité à l'eau courante est de 17,5% pour les populations des centres urbains connectés au réseau SNEC (actuelle, camerounaise des eaux). Ainsi, la majorité de la population s'approvisionne en eau auprès des points d'eau (puits aménagés, forages). D'une manière générale, les équipements socio-collectifs sont parmi les plus bas du pays. La région compte 38 centres de santé non équipés. Les maladies les plus diffusées dans la région sont : le paludisme et les infections intestinales. Il n'existe pas de données sur la prévalence du SIDA dans la région, mais cette infection reste une préoccupation majeure sur le plan national. La crise économique, que connaît le pays depuis plus d'une décennie, a réduit les moyens d'intervention de l'Etat. Cette situation générale explique les difficultés de développement auxquelles sont confrontées les populations rurales de cette région en plus des contraintes naturelles et des aléas climatiques de la zone sahélienne.

b- La région du Centre

En ce qui concerne le Centre, sa population de 2 300 000 habitants est composée en majorité de femmes et de jeunes. En se référant aux données disponibles, d'après ECAM II, la population âgée de plus de 65 ans représente environ 3,8%.

Les activités agricoles sont dominantes avec l'exploitation forestière et la chasse. Le système de culture de type forestier comprend en général au sein d'une exploitation type moins d'un hectare de cultures de rentes (café robusta en général) et environ 1 ha de culture vivrières associées. L'agriculture est extensive et à faible rendement. Les cultures de rente café et cacao, qui sont exclusivement des cultures d'hommes, deviennent peu rentables depuis la déréglementation du système de commercialisation mais davantage à cause du cours bas des prix sur le marché international. L'exploitation forestière bénéficie davantage aux exploitants forestiers qu'aux populations, auxquelles sont versées parfois quelques ressources marginales mal gérées au niveau des villages. L'enclavement des villages, le faible degré d'organisation des paysans et les difficultés d'accès aux services financiers sont des facteurs limitant le développement de l'agriculture, notamment pour les populations les plus démunies.

Sur les plans sanitaire et éducatif, la région montre une forte variabilité entre les départements de la Lekié et du Mfoundi, qui sont les plus équipés et les autres départements. En particulier ceux du Mbam et Kim, et de la Haute Sanaga. Mais, c'est aussi dans les deux départements équipés que la pression des populations sur les infrastructures et les services est la plus élevée. Bien que l'on ne dispose pas des données chiffrées sur les principales maladies qui touchent la population rurale de la région. Parmi elles, il faudra considérer le SIDA, compte tenu de la proximité de la capitale et de la présence des grands axes routiers.

2- Les groupes cibles

a- Groupes cibles

Toute la population des villages (hommes, femmes, jeunes) sera mobilisée et impliquée dans le processus de développement social et économique de leur communauté. Elle bénéficiera d'actions et de réalisations qu'elle-même identifiera et proposera aux instances impliquées dans la mise en oeuvre du projet. Elle sera amenée à réfléchir sur ses difficultés, à trouver des solutions à ses problèmes et à se mobiliser pour mener les actions permettant de les résoudre ou, au moins, les atténuer. Cette démarche devrait aboutir à une prise de conscience et une responsabilisation collective qui devra conduire la population à identifier, parmi elle, les groupes ou catégories sociales particulièrement en difficulté et nécessitant un appui.

Parmi les catégories les plus vulnérables apparaissent entre autres : les femmes seules et ayant des enfants à leur charge, les jeunes chômeurs, les handicapés, les malades, les personnes âgées, les paysans sans terre. Ces catégories ne devront pas toutefois être isolées ou marginalisées, mais intégrées dans le processus de développement de la communauté locale concernée.

b- Prise en compte des groupes cibles

La prise en compte des groupes cibles se reflétera dans la méthodologie d'approche du monde rural et des actions d'appui du projet. Les mécanismes seront clairement indiqués dans le manuel de procédures et dans les termes de référence des différents partenaires. Les indicateurs de suivi-évaluation permettront de le vérifier. Le projet devra assurer l'intégration des groupes les plus démunis dans les instances de concertation et de décision, et réserver au moins 50% du financement aux femmes pour des activités génératrices de revenu (production, commerce, transformation).

Les groupes les plus pauvres et marginaux bénéficieront d'un appui qui devra être ciblé selon leurs besoins spécifiques pour leur permettre de renforcer leurs capacités. Selon les cas, il s'agira d'un appui en formation (par exemple pour mener une activité génératrice de revenus), une facilitation à l'accès aux services primaires (santé, eau, éducation) et un appui financier pour leurs activités économiques à des conditions très favorables (fonds de garantie). La nature et le montant de l'appui seront décidés au niveau du comité de développement villageois, sur la base de l'appréciation du dossier présenté par les groupes concernés.

Dans cette mobilisation et responsabilisation de la collectivité, les femmes seront amenées à participer activement et à intervenir non seulement dans la planification des actions, mais aussi dans la prise des décisions, dans la réalisation et la gestion des activités. Des mesures spécifiques seront prises pour s'assurer de leur participation équitable. De plus, elles devront être parmi les représentants des différents groupes et comités qui signeront les bons d'engagements des dépenses et les bons de payements, ainsi que la réception des ouvrages.

CHAPITRE II :

L'EVALUATION DES PUITS A POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE BIKOGO

Ce chapitre n'a pas la prétention d'étudier dans leur exhaustivité tous les critères d'évaluation en vigueur dans les organismes de développement en Afrique, mais ambitionne plutôt de voir quelques éléments institutionnels de l'exercice de l'évaluation, afin de pouvoir appréhender les outils méthodologiques à utiliser dans cette recherche.

I- La théorie institutionnalisée de l'évaluation des projets de développement 

L'évaluation est devenue un instrument officiellement reconnu, dans la mesure où, il est impossible d'y renoncer en raison du contexte international. Elle est officialisée, au moins dans les organigrammes.

A- La conception de l'évaluation des projets de développement

1- La construction d'une démarche évaluative

a- Définitions et buts de l'évaluation

Selon F. Laot et M. Rouah (1994), « évaluer, c'est apprécier et juger de façon rigoureuse, logique et cohérente l'état, l'évolution et les efforts de problèmes, d'actions, de dispositifs d'organisations. »

Pour A. Wood, J. Apthorpe et J. Borton (2002), l'évaluation est généralement conçue comme le processus qui détermine le mérite, l'être et la valeur de quelque chose, ou le produit de ce processus.

S. Arnaud et N. Boudeville (2004), stipulent qu' « une évaluation permet de vérifier la teneur des moyens qui sont affectés, d'affecter, d'apprécier leur pertinence et de réorienter les axes de développement en fonction des besoins nouveaux identifiés. »

Cette dernière définition cadre avec notre vision de l'évaluation. Cependant, celle proposée par F. Laot et M. Rouah est plus précise.

Ainsi définie, l'évaluation permet :

- d'améliorer le rendement en aidant les gestionnaires, les personnes chargées de la mise en oeuvre d'un projet et le public cible de comprendre le rendement du projet ;

- de documenter les leçons apprises et les intégrer aux processus de planification et aux activités futures ;

- de renforcer la reddition des comptes en démontrant comment les ressources étaient utilisées et les résultats produits ;

- d'être utilisé comme un « outil de commercialisation » pour les concours de subventions futurs et comme des exemples des types d'activités que le programme appuie et le type de résultats escomptés.

b. Les fonctions de l'évaluation

L'évaluation est d'abord un outil de gestion, « gérer c'est prévoir », analyser le passé pour programmer l'avenir, c'est une des fonctions premières de l'évaluation. Au travers de cette fonction pionnière, elle est un outil d'orientation de tous les éléments constitutifs de l'action. Par exemple, la comparaison des résultats de l'action aux objectifs initiaux (efficacité), les effets directs et indirects (impacts), la stratégie d'intervention.

L'étude in fine de tous les aspects permet de déterminer les points forts d'un projet et ses insuffisances. Elle sert à dresser un bilan critique, qui conduit à conforter les acquis ou à les réorienter.

Sur un tout autre plan, l'évaluation, en organisant une analyse systématique sur l'action, permet de capitaliser pour mieux faire face à l'avenir dans des situations semblables. L'évaluation constitue de ce fait un outil d'aide à la prise de « bonnes décisions ».

L'évaluation a en plus pour fonction d'informer les acteurs du projet. C'est une fonction dynamique pour l'ensemble des acteurs impliqués plus ou moins directement dans une opération : les bénéficiaires d'abord et ceux qui réalisent le projet ensuite, mais aussi l'administration locale, les services techniques, les autres projets d'aide publique ou privée, et les bailleurs de fonds. Surtout que ces différents acteurs ne connaissent très souvent que superficiellement le projet.

Les restitutions d'une évaluation remplissent une fonction ô combien importante d'information et d'échange mutuel pour l'équipe de projet. C'est une occasion de diffuser une information sur les résultats du projet, sur les objectifs en matière de développement et sur la méthode de travail, c'est un outil d'information interne. Pour les autres acteurs, l'évaluation offre la chance d'avoir accès aux informations complètes. L'évaluation sert, à ce niveau, de « medium de communication externe ». Pour les organisations rurales, c'est l'occasion de rencontrer l'ensemble des intervenants dans un cadre de concertation et de dialogue.

Enfin, l'évaluation a pour fonction de contrôler les réalisations des actions pour les bailleurs de fonds. Cette fonction prête parfois à équivoque. Loin de ne pas faire l'apologie de la parfaite confiance aux partenaires, la vérification renforce la fiabilité d'une relation de coopération et permet d'évoluer sur des fondements sérieux. Cependant, cette vérification devra s'appuyer sur des règles d'appréciation clairement convenues à l'avance entre les partenaires. En outre, la fonction de contrôle peut être assortie d'une fonction de formation des personnels responsables, afin de les renforcer sur le plan institutionnel.

2- Les différentes catégories d'évaluation

Les exercices d'évaluation peuvent être regroupés en plusieurs catégories. Dans le cadre de cette étude, nous allons retenir deux catégories : suivant les acteurs de l'évaluation et le moment dans la vie du programme ou projet.

a- Selon les acteurs de l'évaluation

En tenant compte des acteurs de l'évaluation ou suivant les rôles des différents acteurs, il est possible de distinguer : l'évaluation externe, l'évaluation interne et l'auto-évaluation.

- L'évaluation externe

Selon la terminologie généralement utilisée, l'évaluation est externe, si l'acteur qui mène l'évaluation est indépendant du commanditaire et sans aucun lien avec l'objet à évaluer.

Bref dans une évaluation externe, l'évaluation est réalisée par une personne qui n'a aucune responsabilité directe dans la mise en oeuvre de l'action.

- L'évaluation interne

Une évaluation est dite interne lorsqu'elle est réalisée par un évaluateur lié au commanditaire (membre du personnel, administrateur), sans faire appel à un évaluateur indépendant.

Cependant, dans ce cas, le partenaire du Sud ne perçoit pas forcément cette évaluation comme interne. En effet, celui-ci est une entité à part entière, distincte de l'Ong du Nord qui parfois n'est qu'une source de financement parmi d'autres. C'est donc généralement par rapport au commanditaire que l'évaluation est interne.

- L'auto-évaluation

On parle d'auto-évaluation, lorsque l'acteur évalue son propre travail (sans faire appel à qui que ce soit).

L'acteur évalue sa propre action et ne porte un jugement que sur ses propres activités. Un intervenant extérieur qui se conduit comme un animateur peut être utilisé : on parle alors d'auto-évaluation assistée.

Pour E. Beaudoux et F. Douxchamps (1992), on distingue souvent deux types d'évaluation : l'évaluation externe et interne. Car, l'auto-évaluation ou l'évaluation participative n'est qu'une variante de l'évaluation interne.

b- Selon le moment de réalisation de l'évaluation du projet

On distingue :

- L'évaluation ex-ante

L'évaluation ex ante est réalisée avant l'adoption ou avant la mise en oeuvre de l'intervention et constitue une aide à sa conception. Elle vise à améliorer la conception de l'intervention, dans la mesure où elle transpose les leçons des expériences passées dans le cadre de la nouvelle intervention.

- L'évaluation en cours ou à mi-parcours

L'évaluation en cours ou à mi-parcours, vise à dégager les leçons des premières années de mise en oeuvre de l'intervention et à ajuster le contenu de l'intervention en cours aux réalités du terrain et/ou à l'évolution du contexte. Elle inclut souvent un bilan des réalisations achevées et une analyse des premiers résultats directs et impacts obtenus. Elle vise à améliorer l'intervention en cours et ses conclusions peuvent s'appuyer sur des observations de terrain.

C'est ce que nous ambitionnons à travers cette recherche sur les puits à pompe du PADC.

- L'évaluation finale

Elle prend place quelques mois avant la fin du projet. Elle donne des éléments pour initier ou non la poursuite du projet ou des projets similaires avec ou sans modification majeure dans la conception du projet.

- L'évaluation ex post

L'évaluation ex post est réalisée directement ou longtemps après l'achèvement de la mise en oeuvre. Elle se préoccupe principalement de vérifier les impacts obtenus, d'identifier et de juger les impacts inattendus et d'apprécier la durabilité des bénéfices de l'intervention. Elle permet d'observer les changements réels sur le terrain et, si le délai n'est pas trop long, de les analyser pour estimer ceux qui sont attribuables à l'intervention. L'évaluation ex post vise souvent à rendre compte aux institutions, qui ont alloué les ressources. Elle aide également à transférer l'expérience acquise dans d'autres pays ou secteurs.

B- Les critères d'évaluation, cadre logique et indicateurs

1- Cadre logique et critères de l'évaluation

Les critères d'évaluation sont des outils d'appréciation, qui produisent des analyses comparatives entre des niveaux de réalisation d'un projet, d'un programme ou d'une politique. L'attitude d'évaluation commence dès l'identification. C'est dire que toutes les questions que l'on se pose dès l'idée de projet rentrent dans l'évaluation. En général, ces questions peuvent être synthétisées en six critères : l'efficacité, l'efficience, l'impact, la viabilité/reproductibilité, la stratégie d'intervention, la participation/satisfaction des bénéficiaires. A ces six critères, on peut y ajouter deux autres : la cohérence et la pertinence.

L'efficacité est directement liée à la mise en oeuvre du projet. Elle permet de comparer les objectifs prévus au départ aux résultats atteints. Ainsi, on peut mesurer les écarts entre le projet planifié et le projet réalisé.

L'efficience fait intervenir les résultats obtenus et les coûts supportés pour les atteindre. Il s'agit de l'appréciation des résultats et de la démarche choisie par rapport aux ressources mobilisées (matérielles, humaines et financières).

L'impact permet de comparer les conjonctures et tente de voir le changement qui a pu se produire sur la situation de vie des populations concernées. Il se ramène aux effets positifs et négatifs, prévus ou inattendus d'une action sur l'environnement, en général technique, social, économique, politique, écologique.

La viabilité/reproductibilité permet non seulement d'analyser les changements dus au projet mais aussi d'apprécier la capacité des actions à se poursuivre de façon autonome ; on analyse ici leur chance de survie lorsque les appuis extérieurs auront cessé.

Les stratégies d'intervention, la pertinence et la conception de l'action sont ici remises en question pour savoir si la technique utilisée pour aborder les bénéficiaires était adéquate.

La participation/satisfaction des bénéficiaires est nécessaire pour recueillir l'avis des acteurs directs d'une action.

La cohérence permet de faire la remise en question du projet planifié et plus largement de la phase préparatoire ayant mené à sa conception et à sa programmation, correspondant à l'analyse de sa cohérence. La cohérence pose la question de la logique interne du projet planifié et du bien-fondé des relations de causalité prévues tout au long de la chaîne des activités prévues-résultats attendus-objectifs spécifiques-objectifs globaux.

La pertinence renvoie à la question de l'adéquation du projet avec le milieu : le projet représentait-il la meilleure solution au problème identifié ?

La question de la pertinence peut, en effet, être posée aussi par rapport à un stade ultérieur du projet en cours : le projet représente-t-il la meilleure solution au problème auquel l'action entend répondre ? Cette question permet de reconnaître que le contexte du projet est en évolution et que ce dernier n'est pas le seul facteur de changement dans l'environnement et dans la vie des populations concernées.

Le cadre logique est un outil, qui vise à améliorer la conception des actions, le plus souvent au niveau des projets. Cela suppose d'identifier les éléments stratégiques tels que les objectifs généraux et spécifiques, les résultats, les activités, les ressources, les extrants, et de déterminer les liens de causalité entre les divers éléments de la chaîne des évènements devant conduire à l'obtention des résultats. Cette identification est le creuset de la spécification des critères de l'évaluation pour chaque niveau du cadre logique, mais aussi et surtout l'élément essentiel de la création d'indicateurs à même de mesurer l'atteinte des objectifs fixés par le projet.

L'approche du cadre logique est avant tout un instrument de programmation participative, mais juste utile dans l'évaluation des projets, en ce sens qu'elle permet d'examiner régulièrement : les objectifs généraux, les objectifs spécifiques, les résultats attendus et chacune des actions. A ces différentes étapes du cadre logique, correspondent des critères-clés de l'évaluation. Mieux, chaque critère de l'évaluation correspond à un élément clé précis du cadre logique.

2- Les indicateurs : éléments clés de l'évaluation

Les indicateurs sont essentiels dans le système d'évaluation, parce qu'ils sont ce qu'on mesure et/ou évalue. Ils permettent de renseigner pratiquement un critère et, de ce fait, entretiennent une liaison étroite avec ces derniers. Les indicateurs représentent le troisième élément du triptyque du cadre logique : étapes-critères-indicateurs.

De manière générale, les projets induisent trois catégories d'indicateurs : les indicateurs ex-anté (indicateurs de contexte), in itenere et finaux (indicateurs de moyens et d'activités) et ex-post (indicateurs de performance).

Les indicateurs ex-anté sont les indicateurs de contexte ou de situation. Ils reflètent les contraintes générales de la coopération et fournissent des éléments sur l'état des lieux avant le projet (données épidémiologiques, taux de scolarisation, sources d'eau par exemple) ;

Les indicateurs in itenere et finaux sont les indicateurs de moyens (intrants ou ressources). Ces indicateurs informent sur la disponibilité, l'affectation ou la consommation des ressources humaines, organisationnelles et financières, et, mesurent la production des services (exemple : le taux de dépenses, le nombre de séminaires) ; ils reflètent les résultats intermédiaires attribuables à l'action concernée au regard des objectifs affichés (nombre de personnes formées) ;

Les indicateurs ex-post sont les indicateurs de résultats finaux ou de performances. Ils sont étroitement liés aux critères de l'évaluation :

Les indicateurs d'efficacité mettent en rapport ce qui est obtenu et ce qui était attendu, ils doivent recevoir une valeur cible qui décline l'objectif recherché ; ils peuvent être accompagnés d'indicateurs de qualité, de processus ou de satisfaction.

Les indicateurs d'efficience permettent de comparer les résultats aux coûts de référence (exemple : coût par personne formée).

Les indicateurs d'impact estiment les effets du projet, qu'ils soient globaux ou qu'ils concernent seulement ses bénéficiaires.

La mesure d'un indicateur peut être directement quantitative ou résulter d'un classement qualitatif ; elle peut être une valeur absolue ou un ratio.

III- Le cas des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo

A- Les outils méthodologiques utilisés

L'efficacité d'un travail d'évaluation relève des outils du cycle de projet utilisés pour concevoir et mettre en oeuvre une évaluation. Dès la préparation du projet, il faut éclairer les questions de pertinence et de cohérence qui dépendent aussi de la clarté des objectifs et de la stratégie du projet ou de l'institution, ou encore de l'organisation évaluée. Le diagnostic d'une organisation nécessite un minimum de traçabilité de son fonctionnement, d'apprécier les effets du projet. Même comme s'indigne J. Olivier de Sardan (1995 : 21), le document de projet est, bien souvent, conçu sans objectif précis, « sans point de départ ni point d'arrivée ». Nous avons privilégié la viabilité/reproductibilité comme critère d'évaluation.

1- Le critère de viabilité/reproductibilité et les puits à pompe du PADC

La viabilité/reproductibilité nous permet de mesurer les changements survenus dans la vie des populations de Mebomo et de Bikogo. Ces changements devraient être corrélés à l'introduction des puits à pompe du PADC dans leur village. Car, comme le rappelle à dessein Pascaline Laure Abossolo Mbang (2005) « l'implantation des puits dans les villages garantit non seulement une bonne santé aux paysans, mais leur laisse également une ouverture au développement d'autres activités liées à l'eau ». A l'aune de ces changements, nous allons aussi mesurer le degré d'adhésion de ces populations aux puits à pompe du PADC.

En outre, le critère de viabilité/reproductibilité permet de se poser les questions suivantes : les modalités prévues par les maîtres d'oeuvre permettront-elles aux bénéficiaires de continuer à maintenir les puits à pompe en cas de panne ? A quelles conditions ? Le cadre institutionnel promu permettra-t-il de poursuivre efficacement la gestion au quotidien des puits à pompe ? C'est fort de ces préoccupations que Jean Marc Ela (1990 : 256-257) affirmait qu' « on commence à comprendre qu'une réappropriation des technologies est une condition de réussite d'un projet de développement. Pour être performants, les outils de pointe doivent avoir l'adhésion des populations qui, sans cela, n'ont pas d'autres langages pour s'exprimer que la résistance passive ou le sabotage ».

Ce choix d'outils méthodologiques se justifie aussi par d'autres raisons.

2- La justification pratique du choix du critère de viabilité/reproductibilité

Chaque évaluation a sa particularité. Car, sur le terrain, l'évaluateur commence par se faire une image globale du projet qu'il évaluera. Il recentre cette image en fonction des questions posées au départ de l'évaluation et des difficultés sur le terrain. Cette étape permet d'ajuster notre méthode en fonction de la réalité du terrain. Il peut ensuite commencer à la collecte des données. Les données que nous avons eu à collecter proviennent à la fois des sources primaires et secondaires. Avec les critères d'efficacité et d'efficience, l'obligation est faite d'avoir accès aux prévisions de début de projet afin de les mesurer aux réalisations. Les écarts seront les résultats de l'évaluation. Or, avec la viabilité/reproductibilité, le chercheur a l'obligation de s'appuyer sur d'autres indicateurs. Ces indicateurs pouvant en même temps être collectés au niveau des populations (présidents de comité de développement villageois, présidents de comité de gestion des puits à pompe, ménages), des services sociaux (district de santé des villages), services déconcentrés de l'Etat (délégation d'arrondissement du MINADT, du MINADER) et de la Mairie.

Dans le processus de collecte de données et d'information nous avons pu avoir la confirmation de ce choix. Car, si nous avons pu avoir des entretiens avec les différents responsables du projet, l'accès au document de projet n'a pas été possible à leur niveau. Et ce n'est que par l'entremise d'un camarade que cela s'est rendue possible. Dans le dit document, il n'est pas fait état du nombre de puits à pompe à réaliser ou des frais y relatifs. Le projet est juste développé dans sa globalité et ses différentes composantes. Cette situation est venue réconforter notre choix méthodologique. En privilégiant, la viabilité/reproductibilité, nous avons la possibilité de mesurer directement les effets ou l'impact du projet dans son milieu de mise en oeuvre.

B- La contribution des puits à pompe du PADC dans les conditions de vie des populations des villages Mebomo et Bikogo

Les puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo ont des effets plus ou moins positifs sur le vécu des populations.

1- Les effets positifs des puits à pompe du PADC sur les conditions de vie des populations des villages

Les puits à pompe ont des effets positifs dans les villages aussi bien sur la santé des populations que sur leurs activités.

a- Amélioration de l'état de santé des populations des villages : réduction des maladies hydriques ou de la morbidité et de la mortalité ?

L'eau dans les ménages des villages est destinée à la boisson et aux travaux ménagers (vaisselles). Le bain se fait généralement au marigot. De par ses différents usages, l'eau est généralement source de nombreuses maladies. Les maladies hydriques les plus récurrentes dans les villages Mebomo et Bikogo sont les suivantes : la typhoïde, la Diarrhée, l'helminthiase. Ces maladies sont dites hydriques, parce qu'elles sont dues à l'usage ou à la consommation d'une eau de mauvaise qualitée. Faute de centre de santé dans les villages de notre étude, nous nous sommes référés aux données disponibles au Centre de santé intégré de Nkengué et à l'hôpital du district de santé d'Elig-Mfomo16(*). Des entretiens avec les chefs des deux villages, et ceux surtout avec Abena Faustin, il ressort que certaines maladies hydriques qui terrassaient les populations des villages, avant l'arrivée des puits à pompe, se sont réduites. Et des entretiens avec les représentants des ménages, la réduction des maladies hydriques fait l'unanimité dans les quarante huit ménages enquêtés, parmi les avantages qu'offrent les puits à pompe aux habitants du village.

Cependant, en rapprochant les données chiffrées sur la mortalité et la morbidité au centre de santé intégré de Nkengue entre les années 2004 et 2008, soit deux ans avant la réalisation et l'inauguration des puits à pompe du PADC (2006), et deux ans après, on s'aperçoit qu'il n'y a pas une nette amélioration sur l'état de santé des populations de cette aire de santé17(*). Si les taux de mortalité et de morbidité des plus de cinq ans ont considérablement baissé, et fluctuent d'un mois à l'autre, ceux des moins de cinq ans n'a pas connu une amélioration considérable. Tout au contraire, on note une hausse pour certains mois (Mai, Juin, Août 2008) par rapport aux données de 2004 durant ces mêmes mois. Comme l'atteste le rapprochement de chiffres. Ceci peut s'expliquer par l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC. Car, comme l'approuve une étude de l'UNICEF en 2006, les enfants payent un lourd tribut du fait de la mauvaise qualité de l'eau. L'ingestion d'eau polluée provoque la diarrhée, conduit à la déshydratation, à des troubles de l'assimilation des aliments et souvent à la mort. Les enfants séropositifs sont particulièrement touchés. Leur système immunitaire affaibli ne résiste pas aux attaques de diarrhée. Les maladies parasitaires, les inflammations de la peau et des yeux sont autant d'obstacles dans la vie de ces enfants.

Tableau 3 : La comparaison entre 2004/2008 de la mortalité et de la morbidité au centre de santé intégré de Nkengue

Source : Statistiques de l'hôpital de district d'Elig-Mfomo, 2009.

En plus, en 2009, les maladies hydriques constituent, dans ce centre, la majorité des dix premières causes de consultations18(*).

Cependant, le mode de prévention et de traitement reste traditionnel. Le chef du village Bikogo, Valentin Ngono19(*), nous a confié que les populations faisaient d'abord recours aux traitements traditionnels pour combattre les maladies hydriques, qui existaient encore dans le village et lorsque le mal perdure, elles s'adressent ensuite au centre de santé intégré de Nkengué et enfin, à l'hôpital du district de santé d'Elig Mfomo. Les préventions pratiques (javellisation, ébullition) ne sont pas utilisées par les populations. Les populations des villages Mebomo et Bikogo, du fait de la grande paupérisation, préfèrent donc l'automédication. Le traitement se fait dans les différents ménages grâce à une plante. Nous remarquons d'ailleurs que cette dernière est présente devant toutes les maisons des deux villages de l'étude. Où elle sert d'abord d'ornement et en cas de malaise gastrique, elle devient une excellente tisane. Cette plante, dont le nom scientifique est le Croton, s'utilise soit par infusion ; soit par consommation directe après être lavée. Son utilisation remonte à plusieurs décennies comme le confirme le chef de Mebomo Alain Jules Avodo Ayissi. Dans les villages, il n'existe pas de pharmacies modernes et les populations en cas de besoin font recours aux pharmacies disponibles dans les centres de santé, qui sont approvisionnés en médicaments de façon périodique.

Tableau 4 : Les dix principales causes de consultation au centre de santé intégré de Nkengué

Pathologies

Nombre de cas

0-5 ans

Nombre de cas

5-15 ans

Nombre de cas

15-45 ans

Nombre de cas

> 45 ans

Femmes enceintes

Nombre total

1

Paludisme

60

27

82

25

8

194

2

Maladies de la peau

8

15

64

10

0

97

3

Broncho-pneumonie

36

8

16

6

0

66

4

IST

3

1

35

5

5

49

5

Diarrhée

26

1

10

5

1

43

6

Helminthiase

12

3

11

4

1

31

7

Traumatisme

2

3

15

10

0

30

8

Affection de la cavité buccale

1

1

20

3

1

26

9

Anémie

16

0

0

0

1

17

10

Gastrite

0

0

2

2

6

10

Source : Statistiques hôpital de district d'Elig-Mfomo, septembre 2009.

b- Puits à pompe du PADC, facteurs d'allègement des charges féminines

Avant les puits à pompe, les femmes parcourraient de longues distances en quête d'une eau potable. Ceci constituait une dépense d'énergie physique et une perte de temps pour les femmes occupées à d'autres travaux ménagers ou champêtres. Aider en cela par les enfants qu'elles accompagnent dans leur processus de socialisation20(*). Ces enfants, en plus, des occupations scolaires et péri-scolaires, constituent de véritables « lieutenants » pour leur maman. « Les sources d'eau potable situées loin des habitations constituent un terrible fardeau pour les femmes et les autres usagers » reconnait John Pickford  (1986 : 14).

Jean Marc Ela (1994 : 246-247), quant à lui, considère que

« dans les sociétés où la surcharge de travail des femmes conduit à un vieillissement précoce, on entrevoit les transformations que des technologies intermédiaires introduisent dans une multiplicité d'activités qui constituent une sorte de travail invisible où, depuis le ramassage du bois, les corvées d'eau, les travaux de cuisine ... la roue pourrait libérer des millions de paysannes ».

Les puits à pompe du PADC allègent considérablement les corvées des femmes et des enfants, et constituent un véritable gain en temps, compte tenu de la distance et de la multiplication d'autres points d'eau. Car, note l'UNICEF dans une étude en 2006, au lieu d'être en classe et d'étudier, les filles et les garçons passent, avec leurs mères, quatre à huit heures par jour sous une chaleur écrasante, pour rapporter de l'eau à la maison depuis un point d`eau éloigné.

Un autre avantage, et non des moindres, est que le puits à pompe du PADC, en se mettant en place dans des hameaux qui n'avaient pas de puits à pompe, a permis de stabiliser les populations autour de leur propre point d'eau et leur situation en bordure de route donne l'occasion même aux passants de s'abreuver en toute quiétude.

c-  Des activités et des responsabilités nouvelles dans les villages : le gestionnaire des puits à pompe

Après la mise sur pied du puits à pompe du PADC, le comité de développement du village s'est réuni autour du chef du village pour élire les membres du comité de gestion du puits à pompe21(*) nouvellement crée dans le village. Les différents postes à pouvoir étaient ceux de président, de secrétaire général et de trésorier. Toutefois, comme le relève Jean Luc Camilleri, (1993 : 20), « ce sont les paysans les plus jeunes et les plus actifs qui entrent dans le bureau (ou comité de gestion) où ils prennent le leadership à la place des vieux ». Le comité de gestion ainsi formé n'a pas reçu de formation en management et devait se contenter du terrain pour aiguiser ses armes. En plus, le nouveau travail ne prévoit pas de compensations financières et, de ce fait, relève du bénévolat. Cette situation a par ailleurs concouru à la démotivation de certains membres du comité de gestion. De trois membres, on a fini par se trouver ou à centrer les postes en un seul, celui de président. A Bikogo, c'est le secrétaire qui est trésorier et président en même temps.

Mensuellement, il doit faire du porte à porte pour collecter les sommes auprès des ménages et doit convaincre les responsables qui refusent de payer. Au quotidien, il doit être débout très tôt pour ouvrir les pompes et parfois être présent pour règlementer l'usage des puits à pompe. En cas d'absence, les tâches sont déléguées à un proche ou à un enfant mature de la maison.

Le gestionnaire du puits à pompe procède aussi à la sensibilisation des ménages ou des associations pour participer aux entretiens (nettoyage, désherbage des alentours du puits à pompe). La périodicité de cet entretien varie en fonction du moment de l'année (saison de pluie ou sèche). Et lorsque des pannes surviennent, c'est le gestionnaire qui, après constat, va, avec le président du comité de développement villageois, à la recherche de la main d'oeuvre experte pour y remédier. En premier recours, ils se tournent d'abord vers les responsables du PADC, cellule de coordination du centre. Après, ils vont rencontrer le maître d'oeuvre des travaux d'exécution des puits à pompe. La tâche n'est pas facile, mais comme l'argue Agrius Midzomo22(*)

« la gestion du puits à pompe du PADC m'aide à mieux gérer les humeurs et mieux organiser mes frères du village, une responsabilité nouvelle au sein du village. Et en cas de non disponibilité, mon fils ou ma femme s'en occupe. Ce n'est pas facile à faire sans formation initiale mais c'est maintenant que le puits à pompe est en panne que les populations reconnaissent ma valeur.»

Les avantages technologiques qu'offrent le puits à pompe aux populations locales sont ainsi perceptibles mais quelles en sont ses limites ?

2- Le problème de la viabilité des puits à pompe du PADC aux villages

Notons d'entré de jeux que les puits à pompe du PADC ne sont pas d'une technologie sophistiquée, mais, le constat qui se dégage de nos enquêtes de terrain est que la maintenance des puits à pompe du PADC n'est pas assurée par les populations des villages. Une des conséquences directes est que des puits sont en panne et les populations, qui en dépendent, sont obligées de se tourner vers les responsables du PADC, qui sont basés à Yaoundé pour la coordination de la région du centre. C'est le cas du puits à pompe du PADC de Bikogo, qui est en panne depuis le mois d'Avril 2009, obligeant les populations à recourir aux moyens traditionnels d'approvisionnement en eau (sources naturelles, marigots, puits traditionnels, gouttières des toitures)23(*). Des entretiens avec Benoît Ayissi Tsala24(*), il ressort aussi que la maîtrise technologique par les populations utilisatrices n'est pas effective, le puits actuel est en panne25(*) ; et pour y remédier, le recours a d'abord été fait à la coordination du PADC pour avoir l'expertise avérée. Un devis a été fait, à hauteur de 210 000 F cfa, soit 180 000 F cfa pour les pièces26(*) et 30 000 F cfa pour la main d'oeuvre. Or, maintenant les caisses sont vides27(*) et les populations sont sans eau potable.

Photo 1 : Puits à pompe du PADC de Bikogo et celui de Mebomo (en panne) (fonctionnel)

251658752

Source : Données d'enquête de terrain, 2009

Il faut remonter à l'implantation des technologies dans les deux villages, pour avoir des tentatives d'explication de cette situation, où la maintenance n'est pas assurée par les populations utilisatrices. Des entretiens avec Benoît Ayissi Tsala et d'autres personnalités des villages (chefs de villages, présidents de comité de développement), les populations ont contribué en matériaux (bois, sable, gravier), qui étaient évalués en espèces à hauteur de 10%, comme voulu par le PADC. Les contributions ont été aussi faite en main d'oeuvre. Sur ce dernier point, elles étaient impliquées dans les tâches secondaires (creuser, casser les roches, ramasser du bois, du sable), la maîtrise technologique n'était pas l'apanage des populations locales. Ce mode de participation, dite déterministe, conçoit le développement comme un processus linéaire pouvant s'enclencher par l'introduction mécanique de certains facteurs dans l'espace du développé. Il n'implique pas réellement les populations bénéficiaires aux principales phases des projets. Si oui, les intervenants associent les populations à la phase de mise en oeuvre comme tâcherons. Evacuées totalement ou partiellement de la phase d'élaboration, soit parce que le projet a été imposé ou parce qu'il a été suggéré de façon technocratique, les populations ne sont pas formées à la gestion et à la maintenance. D'où leur passivité et leur comportement de refus de prendre leur responsabilité vis-à-vis du projet, s'indigne Yao Assogba (1989 : 152). F. Conac (1985 : 102) constate que l'absence de la maîtrise de la décision engendre chez les paysans l'idée que le projet n'est pas le leur, mais celui de l'Etat. Ce qui justifie que les populations gaspillent l'eau, refusent de contribuer mensuellement, sabotent l'ouvrage, négligent l'entretien des équipements. Car, elles attendent que ce soit l'Etat qui l'assure. Ces problèmes qui affectent la viabilité/reproductibilité expliquent en partie la problématique de l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC de Mebomo et Bikogo. Toutefois, des facteurs profonds peuvent aussi justifier cette adhésion partielle.

CHAPITRE III :

LES FACTEURS PROFONDS DE L'ADHESION PARTIELLE DES POPULATIONS AUX PUITS A POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE BIKOGO

A travers ce chapitre, nous voulons nous appesantir sur l'existence des facteurs exogènes aux bénéficiaires et des facteurs propres aux populations, qui pourraient être à la base de l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.

I- Les facteurs exogènes d'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC

A- L'action des élites

1- Clarification notionnelle et typologie des élites

Le concept d'élite, selon William Genieys (2006 : 121), est d'emploi courant dans la littérature sociologique, mais il n'est pas assuré que les auteurs qui l'utilisent s'accordent sur une définition unique. Il importe de ce fait, de préciser au préalable sous quel angle il sera abordé dans cette étude.

La notion d'élite a été initialement conceptualisée par Vilfredo Pareto (1919 : 1293-1305). Pour cet auteur,  l'aspect principal du terme élite est celui de supériorité. En un sens large, il entend par élite d'une société, les gens qui ont un degré remarquable des qualités d'intelligence, de caractère, d'adresse, de capacité de tout genre. Pour Raymond Aron (1971 : 124-151), l'élite renvoie à l'« ensemble de ceux qui, dans les diverses activités, se sont élevés en haut de la hiérarchie et occupent des positions privilégiées que consacre l'importance soit des revenus soit du prestige ». Dans la même veine, William Genieys (2006 : 121-147) considère que l'élite désigne « une minorité qui dispose à un moment donné dans une société déterminée d'un prestige découlant de qualités naturelles valorisées socialement ou de qualités acquises ». Pour ces différents auteurs, la notion d'élite renvoie à une position de pouvoir, d'une force de pression, d'une autorité définie sur une catégorie de personnes. On note que pour ces auteurs, la richesse, à cause du pouvoir qu'elle confère, joue un rôle important dans le prestige et dans l'autorité dont jouit l'élite. C'est ce qui explique le fait de considérer les élites comme formant une classe. Une telle vision concoure à cacher la diversification d'élites, leurs fonctions différentes et pareilles pour leurs actions, soutient Guy Rocher (1968 : 79-94). Paul Nuembissi Kom (2007), fait une différenciation entre élite urbaine et rurale. Pour lui, la notion d'élites urbaines permet de discriminer entre les élites du terroir (celles qui vivent en zone rurale) et les élites extérieures (celles qui vivent de manière permanente en ville).

Dans cette étude, la définition de Guy Rocher (1992 : 495) sied mieux. Selon lui, l'élite renvoie aux personnes ou groupes de personnes qui par suite du pouvoir qu'ils détiennent ou de l'influence qu'ils exercent contribuent à l'action historique d'une collectivité, soit par des décisions qu'ils prennent, par les idées, les sentiments ou les émotions qu'ils symbolisent. En d'autres termes, pour nous, seront considérées comme élites, les personnes détenant soit du pouvoir ; soit de l'influence, et qui contribuent effectivement aux activités sociales, économiques et politiques des différents villages.

Nous devons admettre, de prime abord, que l'on a très souvent affaire à de « petites élites » où tout le monde ou presque, citadins originaires des villages peuvent s'y trouver28(*). Cela n'empêche pas que les mécanismes qui ont prévalu ou qui prévalent dans les hautes sphères soient perceptibles, c'est l'échange : un univers où dons et contre dons, accumulation et redistribution constituent la colonne vertébrale de légitimation du pouvoir précise Jean-Pascal Daloz (1999 : 18).

Toutefois, il importe de noter les différents types d'élites. On distingue de façon générale : Les élites d'experts, les élites idéologiques et les élites symboliques selon Guy Rocher (1968 : 79-94).

Les élites d'experts sont constituées de différents spécialistes de domaines divers, dont les compétences et les aptitudes sont mises au service de la population toute entière ou d'un groupe d'individus. Cette catégorie d'élites est généralement issue des corps universitaires. Parallèlement, comme le corrobore Jean François Bayart (1989 : 193-196), les associations d'étudiants et religieuses concourent plus ou moins à travers les opinions, les attitudes, les mentalités et les valeurs différentes, à la formation d'une classe dominante.

A ce stade, pour ce qui est des villages Mebomo et Bikogo, ce sont des fonctionnaires de la république qui, à travers leur comportement bienveillant envers leur village, expriment leur attachement au village natal. Qu'ils soient de nouveaux citadins ou d'anciens, ils font partie du groupe d'originaires de tel ou tel village, et en tant que tels, note Séverin Cécile Abega (1999 : 174-175), ils tiennent tous à leur exprimer leur attachement, surtout, avec l'incapacité de l'Etat à remplacer les familles dans les rôles d'assistance sociale et d'encadrement social. Ils agissent de façon individuelle de par leur position, c'est ainsi que Lucien Motsala Lebele29(*), président du comité de développement de Bikogo, nous a laissé entendre au cours d'un entretien que : « nous avons bénéficié dans le choix de Bikogo, qui avait un comité de développement villageois de Bikogo (CODEVIBI), du coup de pousse d'un fils du village qui travaillait au PADC ». Dans la même veine, Guillaume Atangana Messomo30(*) affirme que « mon cousin qui est cadre au PADC nous a demandé de former des GIC pour bénéficier du projet ». C'est surement, ce que soulignait Séverin Cécile Abega, pour qui, les élites jouent de leur influence auprès des autorités administratives ou des organismes d'aide (Ong, donateurs), pour la réalisation des infrastructures sociales dans leur village d'origine et parfois amener les villageois à se mettre en groupe. Sur ce dernier point, très souvent, ils agissent collectivement par le biais des associations d'élites ou de comité de développement. Le comité de développement de Bikogo (CODEBI) a été crée par des élites du village, ce en opposition au CODEVIBI qui, pour eux, avait montré ses limites. Le président d'honneur de ce comité est Awono Ateba31(*).

Une autre catégorie d'élites, est l'élite idéologique. Dans cette catégorie est regroupée les politiciens, les hommes d'affaires.

Les pratiques politiques semblent plus fournies à l'unification des élites et à la fabrication d'une classe dominante. Les partis politiques sont devenus de vrais microcosmes d'intégration horizontale des élites selon François Bayart (1989 : 208). Le fonctionnement des partis politiques permet d'aboutir moins à la circulation qu'à une fusion des élites. Ceci favorise, comme l'atteste à juste titre Ebénézer Njoh-Mouelle (2001 : 50-71), la perception du corps des élus, assemblées parlementaires ou organes des partis politiques, comme représentation de l'ordre de la domination.

Le monde des affaires, constitue aussi un lieu de fusion de l'élite. Dans le monde des affaires et des flux privés, la reproduction des « alliances multifonctionnelles » regroupent en son sein des opérateurs économiques, des hommes d'affaires de tout ordre et des réunions de « tontines » des ressortissants de telle ou telle autre partie du pays.

Le troisième type d'élites est l'élite symbolique ; ce type appartient à la civilisation de masse. Il s'agit des personnes ou groupe de personnes, qui en viennent à représenter symboliquement une manière d'être ou de vivre, dont les membres représentent certaines valeurs pour un segment de la population. Ce sont des artistes, des chanteurs populaires qui véhiculent des messages plus personnels, plus directs et parfois teintés d'idéologie.

A Bikogo, selon Grégoire Mama Okala32(*), secrétaire du chef de ce village lors des évènements heureux ou malheureux (maladies, décès, funérailles), les élites du village sont sollicitées et elles apportent leurs contributions aux familles nécessiteuses. D'autre part, lorsqu'une nouvelle autorité est nommée dans l'arrondissement, les élites du village viennent, à travers des présents, marquer de leur empreinte l'appartenance au village. De même, l'octroi de matériels didactiques lors des rentrées scolaires et d'autres investissements ; les cérémonies organisées par les élites (deuils, funérailles, nominations ou promotion) sont des moments de grandes fêtes où tout le monde est convié, nous affirme-t-il. Les fêtes diverses et les funérailles, surtout la mise en scène de la mort, relève si bien François Bayart (1989 : 201), est devenue le moment privilégié où peut se voir le processus de fusion des groupes dominants.

2- L'influence des élites sur la gestion des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo

Pour des motivations personnelles33(*) ou civiques34(*) ou encore économiques35(*) explique Kengne Fodouop (2003 : 133-166.), les élites se tournent de plus en plus vers les villages. Séverin Cécile Abega (1999) regroupe ces motivations en deux : le lien affectif et la nécessité de garder sa place dans sa communauté de départ. Cette place, si elle n'est pas négociée, voire acheter en permanence, se perd ou devient floue. Ainsi, les villages Mebomo et Bikogo ont, dans le passé, bénéficié des largesses de leurs élites. Nombre de projets ou d'ouvrages ont été réalisés dans ces villages dans le passé sans que le paysan, qui y vit, ne sache ou n'ait été consulté. En effet, toutes les dépenses et les charges y afférentes ont été supportées par l'élite promotrice dudit projet et aucun paysan n'a eu à débourser le moindre frais. Modeste Mbonde Nock36(*), nous confiait lors d'un entretien que, du fait des élites, beaucoup de projets sont réalisés dans ces villages sans que les populations n'aient été consultées ou ne sachent qui l'a fait. D'ailleurs, certains projets d'hydraulique villageoise y ont été réalisés sans que les populations aient eu vent du maître d'ouvrage du projet. Selon Ndoki Ousseini37(*), la politique nationale d'approvisionnement en eau potable en milieu rural est définie par le MINEE et est mise en oeuvre par diverses administrations sectorielles (MINADER, MINSANTE, FEICOM, PNDP, PADC). Or, les populations se contentent parfois du discours d'une élite du village qui a supporté leur contribution sans leur consentement. Et à qui on attribue la paternité de l'ouvrage. Cette situation qui prévaut et qui a prévalue dans ces villages va affecter les puits à pompe du PADC. Des entretiens avec Faustin Abena38(*), président du comité de santé intégré de Nkengué et résidant au village Mebomo, il ressort qu' « avant le puits à pompe du PADC, le puits qui se trouve dans notre hameau (Mebomo marché), datant de 1998, a été réalisé par l'ONG BOSSAPAL sous la sollicitude d'une élite du village qui était cadre au ministère de la santé ». C'est ce dernier qui était l'intermédiaire de cette élite au village. C'est pourquoi il ajoute que « ma famille a entretenu39(*) pendant plus de trois mois l'équipe technique de l'Ong BOSSAPAL ».

Dans le village Bikogo également, on a pu observer trois autres puits40(*) qui existaient avant celui du PADC. Soit deux qui ont été réalisés par l'élite Atangana Kouna41(*) et le troisième, par l'Abbé Emile Nkoa42(*) dans l'hameau Minkamga.

Ces puits à pompe, réalisés, dans ces villages, par des élites (quatre sur cinq) ont contribué à semer la confusion dans l'esprit des populations du village, qui continuent à croire que le puits à pompe du PADC n'est qu'une fois de plus l'émanation d'une autre élite du village. Cette attitude est de plus en plus réconfortée par le fait que ces puits à pompe du PADC sont, dans un cas comme dans l'autre, sujet à « accaparement » de la part des élites qui trouveraient en cette intervention, une réduction de la distance avec leurs frères restés au village.

En effet, bien de projets de développement sont très souvent sujet à « une appropriation », autre que le souhaiteraient leurs maîtres d'ouvrage. En ce sens que des groupes bien avisés dans les populations cibles l'utilisent pour accroître leur domination ou leur privilège. Les puits à pompe des villages Mebomo et Bikogo n'échappent pas à ce schéma. Il nous a été révélé lors des entretiens avec Lucien Motsala Lebelé, qu'après les réalisations des puits à pompe et d'autres composantes du PADC (une école primaire avec latrines améliorées, des étangs piscicoles, des porcheries, des poulaillers) dans le village Bikogo, les élites du village, qui au départ, avaient coopté le village, se sont soulevés et ont crée leur propre association, notamment le comité de développement de Bikogo (CODEBI). Cette association a été créée en opposition au comité de développement villageois de Bikogo (CODEVIBI), qui existe depuis les ateliers de planification villageoise43(*), qui ont duré presque une semaine avant le démarrage du PADC au village. Des ménages ont versé des contributions mensuelles, non plus au comité de gestion du puits à pompe du PADC, mais plutôt au CODEBI. Or, cette association va vite faire de tomber dans les erreurs de gestion dont a fait montre le CODEVIBI. La plus significative est le manque de transparence dans la gestion des sommes collectées. Pour preuve, les populations depuis sa création, n'ont pas reçu un état des sommes collectées par le CODEBI. Cette « règle de l'accaparement », selon l'expression chère à Olivier de Sardan (1995 : 137), fait que les mieux lotis ou les plus influents des paysans destinataires utilisent la mise en place d'un projet pour agrandir leur notoriété ou augmenter leur audience politique ou leur réseau de clientèle, accumuler des capitaux, des revenus, des ressources ou des prestiges.

Cette lutte d'intérêts entre les élites et les responsables du comité de développement des villages se fait au détriment des populations utilisatrices. Ceci est de nature à pousser les populations utilisatrices à se détourner des puits à pompe. Cette influence directe des élites sur l'adhésion des populations aux puits à pompe se vérifie beaucoup plus à Bikogo qu'à Mebomo. D'autres facteurs externes liés la maintenance des puits à pompe pourraient aussi être à la base de l'adhésion partielle des populations à ces derniers.

B- Les facteurs inhérents à l'innovation technologique des projets

Cette sous-section s'engage à mettre en exergue le poids de l'innovation technologique dans l'adhésion des populations au puits à pompe.

1- L'innovation technologique des projets : définition et typologie d'approche

a- La définition du concept d'innovation

Le terme innovation est utilisé dans des contextes différents. Toutefois, l'adoption du caractère d'innovation à ce qui est nouveau pour un individu ou un groupe selon Roland Treillon (1992 : 69-70), sera réitérée dans la présente sous-section. De ce fait, l'innovation est une idée, une pratique ou un objet considéré comme nouveau par un individu ou un groupe. Il importe peu que cette appréciation de nouveauté soit objective ou non, mesurée en termes de délai par rapport à une découverte ou un premier usage. C'est la nouveauté telle qu'elle est perçue par un individu ou un groupe qui détermine son comportement.

Ainsi, si l'idée semble nouvelle pour l'individu ou le groupe c'est l'innovation, confirme Rogers Shoemaker (1971 : 19).

b- Les différentes approches de l'innovation44(*)

Il importe de relever quelques approches de l'innovation qui prévalent et qui nous accompagneront dans la perception de celui des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo.

i- L'innovation comme processus de diffusion

L'innovation comme processus de diffusion a connu deux courants de pensée : d'abord considérée comme classique, la diffusion sera par la suite vue sous l'angle de l'acculturation.

Le point de vue classique s'est en grande partie appesanti sur le recueil de données empiriques et s'est focalisé sur la diffusion d'innovation ou de paquet d'innovation chez les peuples d'Amériques du nord. Cependant, il se limite à une échelle régionale et non continentale ou planétaire.

A partir du point de vue des anthropologues de l'acculturation, l'accent est mis sur le phénomène de compatibilité inhérente au processus de diffusion entre deux cultures qui entrent en contact. Ainsi, on peut distinguer deux grands registres de compatibilité expliquant l'adoption ou le rejet d'un « trait culturel » ou d'une « innovation » :

On peut distinguer la compatibilité de signification (meningfull fit), d'une part c'est-à-dire la compatibilité de signification symbolique d'une innovation par les acteurs locaux et leur système de valeur.

Et d'autre part la compatibilité fonctionnelle (fonctional fit), c'est-à-dire la compatibilité entre les effets de l'innovation et le système social et technique qui l'adopte précisent E. Kart, M. Levin et H. Hamilton (1971 : 250).

Il est à noter également le point de vue du paradigme sociologique  les « diffusions studies », Mendras et Forsé (1983 : 75-80) parlent d'un « paradigme épidémiologique » pour signifier que l'innovation se diffuse comme une maladie et peut être étudiée comme les épidémiologues étudient la diffusion d'une maladie.

ii- L'innovation comme indexées socialement

Le postulat, qui sous-tend cette approche, est que toute innovation arrive dans un système social structuré et non dans une collection d'individus atomisés mus par le besoin ou agis par l'intérêt. Ainsi pour mieux cerner les phénomènes d'acceptation/refus d'une innovation, il faudrait la situer dans son contexte social. Ceci explique une nécessaire analyse de la société locale avec ses conflits politiques, économiques et symboliques qui influent sur l'innovation. De ce point de vue, deux conséquences majeures en découlent :

- toute proposition ou diffusion d'innovation transite par les porteurs sociaux, qui occupent une place de choix dans la structure sociale locale ;

- toute innovation adoptée produit des effets, au moins, indirects et en général, différés sur la structure sociale locale. Il importe de ce fait de tenir compte des conséquences de ses innovations sur les populations locales.

L'innovation comme indexée socialement permet de se rendre à l'évidence que les sociétés ne sont pas un ensemble homogène comme l'on pourrait l'imaginer.

iii- L'innovation comme expérimentation populaire

L'innovation comme expérimentation populaire s'attache aux multiples micro-innovations mises en oeuvre par les paysans, des innovations peu visibles car diluées dans les actes quotidiens des individus et très tôt qualifiées de primitif ou d'irrationnel.

L'initiative de l'innovation émane des paysans qui, de façon informelle, se passent des idées développées par le monde scientifique. Le populisme peut, de ce fait, être subdivisé en deux formes :

- d'une part, le populisme méthodologique qui soutient que les paysans sont dotés de ressources cognitives et pragmatiques capables d'être utilisées comme « savoir populaire » pour un changement social.

- d'autre part, le populisme idéologique propose une vision enchantée des ressources des paysans, c'est-à-dire en surestimant les capacités d'innovation des acteurs « d'en bas ». « Il arrive que les paysans illettrés parviennent à une profondeur d'analyse de leur situation dont ne sont toujours capables les intellectuels de bureau » comme le fait remarquer J. M. Ela (1982 : 154).

Ces théories abordent dans l'ensemble l'origine et la mise en oeuvre d'une innovation. Il importe pour nous de s'attarder sur les effets de l'innovation technologique des puits à pompe de Mebomo et de Bikogo.

2- L'innovation technologique du projet des puits à pompe, entre amélioration des conditions de vie et/ou source de problèmes ?

Les puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo ont permis d'avoir des améliorations sur le vécu des populations. Toutefois, des points d'ombre demeurent.

Selon J. M. Ela (1992 : 96), le développement inégal des technologies, qui caractérise notre époque, fait que sur le plan des relations économiques internationales, il existe un quasi monopole des 98% de toutes les dépenses de recherche-développement sont faites, dans les pays du Nord, notamment aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Allemagne, en France et seulement 2% sont faites dans les pays en voie de développement. La conséquence de ce monopole est que l'acquisition de technologies et la maîtrise de ses processus reste pour les pays sous-développés fortement tributaires de quelques pays développés. Il n'est pas question ici de discréditer la technologie des projets de développement, mais en prenant appui sur le puits à pompe du PADC, il faut relever des aspects non moins négligeables qui pourraient motiver l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.

Des entretiens avec Jean Blaise Bama Yangona45(*), il ressort que le sous-comité de gestion est formé en gestion des infrastructures et des conflits. Et après la réception du projet, six mois sont donnés au prestataire (maître d'oeuvre) pour pouvoir suivre le sous-comité chargé de gérer les infrastructures. Ce n'est qu'après ce délai que les populations sont lâchées définitivement. Car, « on estime qu'elles ont reçu tous les outils nécessaires à la pérennisation » soutient-il.

On constate, non seulement que ce délai est très court, car, des pannes surviennent bien des années après ; mais, en plus les populations n'ont pas reçu de formations ni en maintenance ni en gestion des nouvelles innovations (puits à pompe) dans leurs villages. Ou du moins, les populations ne savent pas maintenir ces ouvrages et sont obligées de faire recours au maître d'oeuvre en cas de panne46(*) et par ricochet, de recourir à des moyens traditionnels d'approvisionnement en eau en cas de besoin en eau.

Il importe de s'interroger à la suite de Jean Marc Ela (1994 : 247), sur quels jeux et enjeux politiques dissimulent le discours sur le transfert technologique ? Puisque selon lui, les technologies ne sont pas neutres et leur mécanisme de mise en oeuvre n'est pas ce que souhaite les populations cibles. De ce fait, les technologies, qui s'implantent avec les projets de développement imposés d'autorité, sont porteuses d'un projet hégémonique qui entre en conflit avec les intérêts des groupes locaux. Loin de la période du scientisme, avec le temps et les échecs qu'ont connu des projets importés « clé en main ». Des moments de réflexion ont été faits sur des immenses projets qui demandent de moyens et, finalement deviennent de « monstres blancs », « des cathédrales en plein désert ».

II- Les facteurs endogènes aux populations utilisatrices des puits à pompe du PADC

A- Le dilemme culture/mentalité des bénéficiaires des projets et la nécessité d'accès au développement

En s'appuyant sur des attitudes jugées régressives, paradoxales, considérées comme inacceptable sous d'autres cieux, qui se répètent à tous les niveaux de l'échelle sociale en Afrique, Axelle Kabou (1991 : 12-13) s'interroge sur le refus du développement par l'Afrique.

1- L'idée de culture/mentalité africaine dans le changement social

Le psychologue Malanda Dem (1977 : 5-43) s'appuie sur le comportement de l'homme africain au quotidien, ses rapports avec ses semblables et surtout ses rapports avec son environnement immatériel, pour décrire les traits caractéristiques de la mentalité africaine.

Pour lui, l'un des aspects de cette mentalité, est la répugnance de l'effort intellectuel et l'abstraction. Cette attitude se traduit par la démotivation à des constructions de grands ensembles. A travers des exemples précis, il relève que l'espace n'est pas structuré en un grand tout, pareil pour le temps.

Concernant ce dernier point, Daniel Etounga Manguelé (1993 : 43), en s'interrogeant sur la culture africaine, arrive à la conclusion selon laquelle, l'africain refuse de se laisser tyranniser par le temps. La perte du temps est pour lui un objet peu intéressant tant qu'il peut passer le présent avec quiétude. Car, tout est un éternel recommencement. Cette vision du temps pour l'africain est appuyée par Célestin Monga (2009 : 25).

Un autre aspect de cette mentalité africaine se ramène à la sacralisation d'un passé invisible selon A. Henry (1987 : 10-14). Cette sacralisation se traduit par la soumission à l'autorité des aînés et des ancêtres. L'acceptation passive se fait naturellement, et le béni-oui-oui des sujets aux chefs empêche de penser argue Daniel Etounga Manguelé (1993 : 23).

Le dernier aspect de cette mentalité, que relève Malanda Dem, est relatif à la perception non-objective du monde immatériel. La magie et la sorcellerie sont à la base de toute action. La pensée mystique explique tous les phénomènes qui se produisent dans la société ou dans la vie des individus qui la composent. L'esprit magique fait des ravages en Afrique et empêche toute tentative d'effort d'invention corrobore d'ailleurs Chindji Kouleu (1982 : 52). Pour Daniel Etounga Manguélé (1993 : 66), l'initiative et le dynamisme des jeunes sont freinés par les menaces des sorciers, certains sont obligés de fuir le village natal pour la ville.

Au regard de ces faits, A. Kabou (1991 : 26-28) soutient que l'Afrique ne se meurt pas mais se suicide dans une ivresse culturelle, elle stagne parce qu'elle rejette, de toutes ses forces, le développement. On est tenté au vue de cette prise de position de se demander ce qu'est la culture ?

La culture, selon B. Malinowski (1994), est une base biologique. Elle est la forme d'organisation que chaque société invente pour satisfaire ses besoins élémentaires. La culture est de ce fait un processus dynamique qui transforme la nature et le niveau des besoins à satisfaire. Il estime aussi que les besoins culturels sont évolutifs et qu'ils correspondent à trois domaines différents de la réalité sociale :

- les impératifs instrumentaux, issues d'activité des nature économique, normative, pédagogique et politique ;

- les impératifs intégrants comme le savoir, la religion et la magie ;

- les activités artistiques et récréatives.

Au sens anglo-saxon, la culture est un tout, qui comprend les formes d'organisations sociales, le sens de l'histoire et de la vie ou de la mort, l'utilisation des techniques et la perception ou la conception de l'environnement.

Pour François d'Adesky (1998)47(*), la culture est l'ensemble des structures sociales et des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles, qui définissent un groupe, une société par rapport à une autre.

Pour lui, la culture, pour évoluer, a besoin du développement, et le développement ne peut se faire en l'absence de progrès culturel. Il ne faut donc pas opposer culture et développement ; car, ces deux notions sont interdépendantes.

2- Les croyances des paysans et implantation des puits à pompe dans les villages

Le problème foncier occupe une place importante dans les villages. Les différents propriétaires d'endroits choisis pour abriter les puits à pompe, ont signé un contrat de cession de leurs droits coutumiers sur leurs terrains. Mais, le choix des sites devant abriter les puits à pompe de Mebomo comme de Bikogo a fait l'objet de nombreuses controverses. L'outil technique utilisé pour avoir accès à une nappe d'eau importante, n'a pas permis d'avoir cette quantité à des endroits prévus au départ.

A Bikogo, le premier lieu était le hameau de la chefferie, et à Mebomo, c'était l'amont du hameau de la chefferie. Après de nombreuses fouilles sans succès, à Bikogo, c'est dans l'hameau Zébédé nord que cela a été possible. Cet endroit a l'avantage d'être presque au carrefour des trois hameaux (Bikogo-Chefferie, Zébédé Nord et Zébédé Sud).

A Mebomo, le premier puits creusé ira à plus de quarante mètres de profondeur sans possibilité d'avoir une grande quantité d'eau. Après ces recherches en amont de l'hameau de la chefferie, c'est finalement en aval de ce même hameau que l'eau se trouvera être importante.

Cette exigence technique n'est pas perçue rationnellement par les populations de cette partie du hameau chefferie. Pour certains d'entre eux, la raison est toute simple : c'est à cause des sorciers48(*) du village que le premier point n'a pas pu fournir d'eau. C'est le cas de Françoise Aliguena49(*) pour qui, les sorciers du village ne veulent pas qu'ils bénéficient d'une eau proche des maisons d'habitation et surtout de l'école primaire du village. Cette croyance en la sorcellerie est une construction de l'imaginaire social, stimulée par la pauvreté, la misère affective, le manque de confiance et la peur selon Célestin Monga (2009 : 160). Cette construction sur l'action des sorciers les oblige à continuer à faire recours aux sources d'eau traditionnelle, en cas de besoin en eau. D'ailleurs à entendre parler du puits à pompe du PADC, ces populations répondent que cela ne leur est pas destinée, et par conséquent elles ne contribuent pas mensuellement pour l'entretien de ces puits en cas de panne.

B- D'autres attitudes ou responsabilités propres aux populations bénéficiaires des puits à pompes du PADC

1- L'action des schèmes traditionnels sur les puits à pompe des villages

Depuis la création des villages, il y a eu une séparation entre les deux tribus qui peuplent les villages : les Eton Beti et les Eton Beloua50(*). Eu égard à cette division, l'occupation de l'espace des villages s'est faite en fonction de ces préjugés tribaux. Les premiers, considérés comme les « maîtres » octroyaient des terres aux seconds, qui leur étaient assujettis. La place des puits dans les parties du village, occupées par telle ou telle autre tribu, devient, de ce fait, sujet de discorde. Pour les Engap, qui font partie des Eton Beloua, ils ont été marginalisés. Cette marginalisation a été accentuée par le puits à pompe, qui se trouve dans un terrain appartenant aux Esselé. A Mebomo, c'est le constat qui ressort des enquêtes de terrain, Baltazar Mengue Ndongo51(*), nous affirmait lors d'un entretien, que 

« Les Esselé ont toujours eu à décider à notre place. Même ma position de trésorier du comité de gestion du puits à pompe n'a pas changé grande chose. Les informations et les décisions sont toujours faites sans nous. En cas de problème, le chef du village consulte le président du comité de développement villageois. Exemple palpable, le projet d'électrification du PADC, en-cours de réalisation, se limite aux autochtones».

Par voie de fait, en cas de besoin en eau, ils préfèrent recourir à leur propre source d'eau naturelle. En plus de ces raisons avancées, Gallus Otabela Avodo52(*) corrobore aussi, qu'il devrait avoir un puits à pompe à proximité. Car, ils sont proches de l'école publique de Mebomo et le fait que le puits soit loin de l'école, les élèves en sont sevrés. « On peut accepter de vivre sans électricité, mais, sans eau de qualité ce n'est pas concevable. » argue-t-il.

A Bikogo, dans des ménages Esselé, certains représentants de ménage donnaient comme explication à leur non adhésion au puits à pompe du PADC, le fait qu'il était sur le terrain d'une autre famille53(*). D'un côté comme de l'autre, le problème de groupe ethnique demeure latent et affecte d'une manière comme une autre l'adhésion des populations aux puits à pompe du PADC. A Mebomo, à peine six familles sur la vingtaine que compte l'hameau de la chefferie se ravitaillent, régulièrement, en eau du puits à pompe du PADC. Mais, d'autres raisons sont évoquées pour justifier ce refus.

2-   L'attitude attentiste des populations

Les contributions mensuelles ont été instituées et arrêtées à 150 F Cfa par ménage. Le ménage est considéré comme l'ensemble de personnes vivant sous un même toit et formant une famille. Dès qu'un enfant est marié, il doit s'établir à son propre compte, et forme dès lors un ménage qui doit contribuer. Cependant, un fils ou petit-fils peut vivre sous le même toit que ses parents ou grands parents et former un seul ménage. La contribution revient à 1800F Cfa l'année par ménage. L'argent collecté est mis sous réserve pour servir de frais de dépannage en cas de disfonctionnement du puits à pompe du village. Cependant, les contributions ne font pas l'unanimité dans les villages. En effet, une bonne partie des ménages trouvent en la collecte des sommes un abus. Car, ils savent que le puits leur a été octroyé et ne voient pas les raisons d'une contribution mensuelle comme condition préalable à l'utilisation des puits. Certains n'arrivent pas à donner avec exactitude le montant des contributions, preuve qu'ils ne contribuent pas. Sur l'ensemble des quarante huit ménages enquêtés, la non contribution est reconnue comme l'une des principales causes, des conflits liés aux puits à pompe du PADC dans les deux villages. Les raisons de cette non-contribution sont liées soit à la mauvaise volonté des usagers, soit à la situation de manque. Cette prise de position des populations est, selon Célestin Monga (2009 : 12), « le fruit de l'accoutumance à l'inaction,  la soumission au terrorisme du découragement » face à leur responsabilité. La question récurrente que se posent les populations utilisatrices des puits à pompe sur le refus de contribuer, « on va faire comment, alors ? » constitue un aveu manifeste de cet attentisme et de l'inertie ajoute-t-il.

Des mesures dissuasives sont d'ailleurs prises par le président du comité de développement de commun accord avec le chef de village. Le président du comité de gestion du puits à pompe du PADC a la charge de faire respecter ces décisions. Les mesures sont parfois strictes, le refus à tout ménage qui ne contribue pas de puiser de l'eau du puits à pompe.

Notons tout de même, que les contributions dissipent l'équivoque. Dans la mesure où les collectes sont faites durant des années sans que, des pannes ne surviennent. Les sommes sont collectées et utilisées à d'autres fins sans faire de bilan ou de compte-rendu sur l'état des cotisations aux populations. Jusqu'au jour où le puits tombe en panne et les populations commencent à revendiquer les sommes qu'elles ont versées au comité de gestion. Cette opacité de gestion a été l'objet de nombreuses critiques et source de tensions54(*) de la part des populations. Si des cas de détournements n'ont pas encore été signalés pour les collectes faites dans le cadre des puits à pompe du PADC, la gestion de ces sommes collectées laisse à désirer. D'où la nécessité de dialoguer avec les contribuables.

3- Les conflits propres à l'utilisation des puits à pompe

Pour assurer une gestion rationnelle des ressources en eau, éviter des gaspillages, des heures d'ouverture et de fermeture ont été instituées par le comité de gestion. Ces moments de mise en usage des puits à pompe varient d'un village à l'autre. A Mebomo, le puits est ouvert deux jours sur sept dans la semaine, le Mercredi et le Samedi. A Bikogo, le puits est ouvert chaque jour, de 5h30 à 8h30 du matin et de 14h30 à 18h30 le soir. Ces jours ou ces horaires de mise en service des puits à pompe ne suscitent pas l'assentiment général. Des ménages sont obligés de se tourner vers les sources naturelles lorsque les puits à pompe sont fermés. Et lorsqu'ils sont ouverts, les bousculades se transforment parfois en bagarre entre usagers des puits à pompe. Des enquêtes de terrain, les causes de ces conflits sont la précipitation et l'impatience des usagers. « Certains arrivent avec plusieurs récipients et veulent tout remplir sans se soucier des autres », décrie Vital Modo Olinga55(*). Pour résoudre cette situation, selon Lucien Motsala Lebelé, chaque usager doit puiser un ou deux récipients à la fois au trop et céder la place au suivant avant de revenir sur ses autres récipients. Seulement cette mesure disciplinaire, comme le reconnaît ce dernier, n'est pas facilement applicable et des disputes ne sont pas toujours évitables. Certains préfèrent ne plus aller au puits à pompe du PADC pour éviter des disputes et surtout les longues files d'attente. En plus de nos observations de terrain, les responsables du comité de gestion ne sont pas exemptes de tout reproche, les mesures d'ouverture et de fermeture ne sont pas respectées par ces derniers qui, en cas de besoin pour usage personnel, ouvrent les puits à pompe à des heures non prévues. Ce non respect des règles établies fâche parfois les populations qui se sentent, de ce fait mépriser.

CHAPITRE IV :

LES VOIES D'IMPULSION DU DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE

Ce dernier chapitre se donne pour objectif d'émettre des réserves sur le débat culture/mentalité africaine et la nécessité de développement tel que présenté précédemment. Ceci nous permettra de voir ce qui est fait à Mebomo et à Bikogo pour mieux s'organiser, et nous sortirons par des perspectives envisageables.

I- Au-delà des débats culturel/mental sur les populations

A- Les limites des discours sur la culture/mentalité africaine 

1- Une vision désocialisée de la vie sociale ?

Axelle Kabou, en affirmant que les africains refusent le développement de toutes leurs forces, et dans la même veine, lorsque Daniel Etounga Manguéllé, en s'interrogeant sur le besoin d'un ajustement culturel pour l'Afrique, s'indigne Jean Marc Ela (2007 : 39-40), c'est beaucoup plus de la modernité que ces auteurs font référence. D'ailleurs, un peu plus tard, le second (Daniel Etounga Manguéllé) à travers un article, « culture et développement : ou les conséquences d'une modernisation tardive de nos schémas sociaux », justifie cette confusion entre modernité et développement.

« L'on n'échappe pas ici à une véritable fascination de la civilisation occidentale dont on ne voit pas qu'elle est une civilisation parmi tant d'autres, avec ses tares et ses limites en dépit des lumières qui cachent des ombres troublantes et mortelles » s'insurge Jean Marc Ela (1994 : 131).

En positionnant la civilisation occidentale comme modèle de référence, ces auteurs exigent de l'africain de se mettre à l'école du blanc pour accéder aux conditions du bien-être. Ce qui est grave ici, c'est la réappropriation inavouée des vieilles oppositions entre « primitif » et « civilisé », alors que les sciences ont remis en cause les a priori du discours colonial sur les sociétés africaines poursuit Jean Marc Ela. Tout porte à croire que la rationalité était le propre de l'occident. Pas surprenant que des propos des chantres de la négritude, comme Senghor pour qui « l'émotion est nègre et la raison hellène », sont largement repris par ces auteurs.

2- Le non-dédouanement de la responsabilité africaine

Au-delà de cette opposition mentale du sud et du nord, le mérite a été d'exiger à l'africain de se regarder en face, en s'appuyant sur les tares de sa propre société et de sa culture. Et non plus de dédouaner l'emprise de ces facteurs dans le développement de l'Afrique. D'ailleurs, de l'oeuvre d'Axelle Kabou, Jean Marc Ela se demande quel « développement refuse l'Afrique » ? Les formes de « refus » n'étant pas rares dans l'histoire des sociétés africaines face à l'irruption des modèles qui sont imposés d'autorité. C'est pour survivre face à cette adversité que les sociétés dominées ont une attitude d'insoumission, de révolte et de résistance. Il serait donc précipiter de parler de « refus de développement », sans s'interroger sur la créativité des africains face à l'irruption des modèles qui reproduisent les aspects du capitalisme occidental. Le reproche des analyses proches de l'argument soutenu par A. Kabou et D. Etounga Manguéllé, c'est la prise de position sans recul et surtout « l'administration des concepts, la réflexion, activité douloureuse d'ouverture de la pensée à elle-même et à ce qui n'est pas elle, ne s'astreint plus à l'hésitation, au doute, au sondage de ses présupposés » selon J.G. Bidima (2000 : 92). Cette pratique des sciences sociales, qui se dispense des recherches de terrain pour se répandre en déclarations pompeuses, relève beaucoup plus de la monstration que de la démonstration.

Toutefois, pour Robert Horton (1990), là où l'on continue de parler avec assurance d'animisme, de magie et de sorcellerie, il faut tout repenser en prenant en compte les efforts d'invention, dont les sociétés africaines font preuve dans les situations où elles cherchent à comprendre les phénomènes naturels auxquels elles sont confrontées. Toutes les cultures attribuent une importance plus ou moins égale aux finalités de l'explication, de la prédiction et du contrôle des évènements. Le rendement cognitif élevé de la science moderne occidentale n'est rien d'autre que la rationalité universelle fonctionnant dans un contexte spécifique d'ordres technologique, économique et social.

L'examen des discours traditionnels ne doit pas nous éloigner des objectifs de la réflexion sur la pratique des sciences dans la vie des sociétés indigènes. La question est de savoir ce qui se fait en Afrique en matière de connaissances scientifiques au sens strict du terme. On peut redouter qu'en négligeant ce champ spécifique, le débat sur la pensée dite africaine s'enlise dans les spéculations abstraites. Plus précisément, en minimisant l'importance du champ « scientifique » au risque de se borner à discuter sur les relations entre ce qui serait une vision spiritualiste dans la tradition africaine et ce qui apparaît comme une « vision mécaniste » propre à l'occident. Pour reconsidérer la question qui s'impose à l'examen, il faut rappeler que l'occident a aussi ses croyances et ses traditions, y compris au niveau culturel, intellectuel ou symbolique comme le rappellent de nombreux mythes et rituels enracinés dans l'imagerie sociale et historique.

L'africain doit aujourd'hui s'inscrire dans une lancée de rupture et vivre dans un état d'esprit qui suscite l'émulation et la compétition. Il n'est plus question de s'arrêter aux savoirs ancestraux. Au-delà d'eux, il faut mettre en lumière le savoir ou l'organisation des populations des villages étudiés.

B- Les savoirs endogènes : les capacités organisationnelles des villages Mebomo et Bikogo

1- Les populations de Mebomo et de Bikogo dans leur vie en groupe

Les populations des villages éprouvent une forte difficulté à s'organiser en groupe. Cela ne date pas d'aujourd'hui. L'une des causes des difficultés de structuration du monde rural après les indépendances est la politisation du mouvement coopératif que l'Etat souhaitait contrôler par l'intermédiaire d'un parti unique, soutient J.C. Devèze (1996 : 145-146). Or, avec la nouvelle ère de la démocratisation dans un contexte libéral, l'acquisition par les organisations rurales d'une réelle autonomie par rapport à l'Etat et d'autres acteurs de développement est, de plus en plus, une nécessité. Cependant, cette tâche n'est pas aisée, le passage de coopératives étatiques à des organisations autonomes capables de définir leurs objectifs et de recruter leur personnel est difficile dans les régions de production de café et de cacao au Cameroun, même si l'Etat est souvent officiellement favorable à l'indépendance des organisations villageoise, constate J.C. Devèze. Il est nécessaire de ne pas balayer d'un revers de la main, les pratiques sur lesquelles les sociétés locales se concentrent dans les villages, où les paysans sont face à leur destin.

Loin des peintures stéréotypées et des a priori, il faut noter ici des efforts qui sont faits au quotidien pour un mieux-être. Devant les brèves interventions de l'Etat, les paysans, dans la grande majorité, se mettent en groupe ou en association. En fait, « c'est dans l'entente et l'union du plus grand nombre que se trouve la solution » note Piet Buijsrogge (1989 : 118). Même si ces regroupements privilégient la dimension « intérêt collectif ». Les organisations communautaires de base56(*) (GICs, association de jeunes, association de femmes) sont considérées comme une solution capable d'engager la responsabilité paysanne.

Des échanges avec Bingana Kouna57(*), il ressort que de nombreuses associations s'activent au quotidien dans les villages Mebomo et Bikogo. Mais, nombre d'entre elles fonctionnent dans la clandestinité, car, ne sont pas légalisées58(*). Dans les registres du sous-préfet, il est difficile d'en répertorier. Pour ce qui est des GICs, ceux, actifs et régulièrement légalisés dans les villages Mebomo et Bikogo sont listés au niveau de la délégation d'arrondissement du MINADER. Ce tableau se présente comme suit :

Tableau 5 : La liste des Gics légalisés et actifs dans les villages Mebomo et Bikogo

Identification du GIC

N° d'immatriculation

Promoteur

Localisation

Activités

Gic des frères réunis en Agro-pastoral de Mebomo

« GIC FRAPM »

CE/GP/002/O9/27874

Du 06/10/2009

Menounga Casimir

Mebomo

Production et commercialisation du cacao ;

Elevage, multiplication de plants, bananier-plantain, pisciculture

Gic des cacao-culteur de Mebomo

« Gic GROCAME »

CE/GP/25/02/6630

Du 05/08/2009

Nouma Jean Leonard

Mebomo

Commercialisation du cacao

Gic agropastoral de Bikogo « GICABI »

CE/GP/01/04/15 127

Du 29/12/2004

Kouma Jean de Dieu

Bikogo

Commercialisation du cacao et élevage

Gic des agro-éleveurs de Bikogo

CE/GP/03/05/1568

Du 17/02/2005

Ayissi

Bikogo

Agriculture et élevage

Gic DECAC

CE/GP/01/96/3480

Du 11/12/1996

Okala Awolo Gérard

Bikogo

Commercialisation du cacao et élevage

CLD de Mebomo

 

Nga Otabela

Mebomo

Commercialisation du cacao

Union des Gics de Bikogo

UGICBIKO

CE/UG/03/06/1860

Du 24/01/2006

Tsanga Ndzana Jean

Bikogo

Elevage

Gic CLD Zébédé

CE/GP/02/03/8275

Du 13/03/2003

Motsala Lebele Lucien

Bikogo

Commercialisation du cacao

Gic communautaire de développement des planteurs de Mebomo

« Gic CDPM »

 

Awono Mendjongo

Mebomo

Commercialisation du cacao, production de plants et élevage de volailles, porcs, aulacodes, cailles

Gic oding Otoa

 

Mbassi Charles

Bikogo

Commercialisation du cacao

Source : Délégué d'arrondissement du MINADER d'Elig-Mfomo, 2009

Le premier constat qui se dégage, au vue du type d'activités de ces Gics, est qu'ils ont pour principale activité la production et surtout la commercialisation du cacao. Pas surprenant. Car, nous sommes dans le centre du Cameroun, qui est une zone de cacaoculture par prédilection. Les cacaoyères occupent plus de 80 % des espaces des villages. Les regroupements en Gics sont des stratégies pour faire face aux acheteurs extérieurs. En plus, les regroupements sont de deux grands ordres (tontine et regroupement pour les travaux collectifs).

Parlant des travaux collectifs, les paysans s'organisent sous forme de brigade pour défricher les champs, combattre la pourriture brune59(*), récolter le cacao. Les compensations financières sont faites après les ventes de cacao. En effet, les personnes ou groupes de personnes qui offrent leur service dans les cacaoyères sous forme de brigade d'intervention ne sont pas payés au comptant. Par contre, les payes de mains d'oeuvre se font après les récoltes et vente de cacao.

Au vue de l'identité de ces GICs, on comprend la finalité de leur mise en commun. Des noms comme : les frères réunis, union, développement, « réveil matinal », « fidélité aux engagements » permettent de comprendre l'envi et le sentiment qui animent les populations des villages Mebomo et Bikogo. Le nombre d'adhérents varie d'un groupe à un autre et peut aller en moyenne de cinq à vingt personnes. Et les adhésions sont indifférenciées. Les différentes ethnies se retrouvent dans les groupes sans gênes ni discrimination. Le let motive de la mise en groupe étant le partage des même objectifs sous la base de règlement intérieur établis de commun accord.

Cette stratégie de regroupement résulte d'un construit social. En plus de ce regroupement pour la production et la commercialisation du cacao, les Gics regroupés atour du comité de développement contribuent à la réalisation de certains investissements dans les villages. L'école primaire de Bikogo a vu le jour grâce au concours du comité de développement de ce village.

2- La capitalisation des actions de développement en groupe : l'expérience de Lucien Motsala Lebelé

Les actions individuelles ont montré leur limite face aux acheteurs de cacao. A travers de multiples interactions les paysans ont compris la nécessité de se mettre en groupe. Cette prise de conscience remonte à l'intervention d'une ONG italienne. En effet, c'est à l'ONG italienne dénommée, Association Mont de gusto que revient cette initiative. En Mai 2000, cette association fait un premier pas dans les villages. Ce premier contact avec les paysans va se faire sur la base de la création d'une grande coopérative dénommée, sociétés des coopératives agricoles d'Elig-Mfomo (SOCADEL). Malheureusement, cette tentative connaîtra un échec. La principale cause de cet échec était attribuée à la technique d'approche des paysans. Des fonds alloués aux groupes de paysans par la coopération pour leur fonctionnement n'étaient pas remboursés. Or, comme le relève Lucien Motsala Lebelé « c'est le groupe qui nourrit la coopérative et non le contraire ». Ceci revient à dire que la coopération vit des contributions de ses adhérents qui sont les Gics et non la coopérative qui fait fonctionner les Gics en leur octroyant de l'argent60(*).

De cette mauvaise expérience, va naître la nécessite d'amener les paysans à s'auto-développer. Ceci va commencer par un recensement des Gics existant et une motivation des autres à se mettre en groupe pour mieux s'organiser et s'autonomiser. A partir des insuffisances des paysans, des ateliers d'animation vont être initiés et ceci pendant plus de deux ans. Ces animations concernaient tous les aspects de la vie en groupe propre à la production du cacao. Les thèmes variaient, allant des techniques agricoles (comment faire la multiplication de plants, les greffages, l'entretien des plantations et le traitement des plants à partir d'atomiseurs et de pulvérisateurs dorsaux, la maintenance des appareils agricoles, l'utilisation des intrants à dose normale) aux techniques de vente et de commerce : la négociation et l'achat directement chez les fournisseurs des intrants agricoles homologués, non périmés et non contrefaits, vente et achat groupés (les différents prix et leurs déductions).

Ces techniques agricoles et commerciales ont été intériorisées et capitalisées par certains membres de la population des villages. D'ailleurs beaucoup d'entre elles attribue à l'association Mont de Gusto le déclenchement du processus de mise en mouvement et l'exploitation méthodique des plantations dans les villages.

« Après l'échec des coopératives d'Etat, le paysan voyait les fongicides61(*) comme des produits qui viennent seulement d'Europe, il fallait attendre la manne d'un homme politique. Maintenant, les planteurs regroupés en Gic s'organisent mieux. Ils ne se laissent plus fragiliser comme par le passé » reconnait à dessein Lucien Motsala Lebelé.

Nous avons pu échanger, pendant des heures, avec ce dernier sur les interventions de l'association Mont de gusto. Il se rappelait des dates, des techniques apprises, des fongicides conventionnels et non conventionnels qu'ils utilisaient avant cette intervention. Or, ces fongicides avaient déjà fait date et étaient devenus dangereux pour les plants sous d'autres cieux pourtant les paysans les utilisaient encore. Les fongicides (Gross plan, Tioden 35, Lendalo 20, Lendalo 90, Penncap) qui étaient utilisés avant ont été remplacés par d'autres (Nordox super, Calo mille, Ok mille, Planto mille, Golden blu) et de nouveaux insecticides (Logawa, Parastar, Plantima, Supercol cent).

La première expérience pour les paysans n'était pas facile à cause du manque de moyens financiers. Pour résoudre cela, il a été organisé un système de retenu par kilogramme de cacao vendu. Ce système de retenu à la source consistait à faire une déduction sur la production cacao de chaque GIC. Cette retenu fongicide et insecticide se fait en fonction des règlements intérieurs propres à chaque GIC. C'est ainsi que les populations ont pu commencer avec cette expérience. Et les années qui suivaient ce système s'est perpétué au profit de la production de cacao et du paysan. Le système de retenu s'est généralisé à d'autres sections. Ainsi, on a des retenus santé et éducation. Même si comme le reconnait Lucien Motsala Lebelé, « d'autres privilégient les cocsages62(*) au détriment des GICs, mais sont prêts à se tourner vers un GIC en cas de besoin de fongicides lorsqu'ils sont fauchés ».

A force de mettre en pratique ses acquis au contact de ses frères63(*), Lucien Motsala Lebelé offre ses services en animation dans d'autres villages du département de la Lekié (Okola, Ebanga) voir d'autres départements (Nyong Ekellé). Actuellement, il accompagne les responsables de certains services déconcentrés de l'Etat d'Elig-Mfomo (MINADER, MINEPIA) dans la mise en oeuvre de certains programmes et projets. C'est le cas du programme national de vulgarisation des recherches agricoles (PNVRA), le but est d'améliorer les techniques agricoles, la bonne utilisation des intrants agricoles et du projet d'amélioration de la compétitivité agricole (PACA) qui vise à appuyer les agriculteurs et les éleveurs.

En fait, à travers cette expérience, nous voulons démontrer que les villages et les acteurs qui y vivent, ont des valeurs et des potentialités sur lesquelles il est nécessaire de s'appuyer pour le succès d'une initiative de développement d'envergure comme le développement communautaire.

II- Les perspectives envisageables

Quel projet pour les villages ? C'est une question qui mérite qu'on s'y attarde. A la lumière des résultats de notre recherche socio-anthropologique, nous recommandons :

A- A l'intention des initiateurs des projets de développement

1- Avant la mise en oeuvre des projets

Dans un cadre plus général, lors des entretiens avec Ndoki Ousseini du MINEE, il nous a laissé entendre que la politique nationale d'approvisionnement en eau en milieu rural visait à améliorer le cadre de vie des populations en leur dotant d'une eau potable. Cependant le choix entre le puits à pompe et le forage64(*) se faisait en fonction du nombre d'habitants du milieu ou village. Soit un puits à pompe pour une population de 150 à 200 personnes et un forage pour une population de plus de 300 personnes. Or, si on tient beaucoup plus du relief et de la typologie des sols des milieux qui vont recevoir l'ouvrage, de nombreux problèmes seront résolus. Car, comme nous l'avons mentionné plus haut, le fait d'avoir tâtonné sur les lieux d'implantation des puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo a été très mal interprété par certains villageois. Ces derniers ne voyaient pas les causes dans l'outil technologique utilisé mais plutôt dans les manifestations mystiques de leurs confrères. En plus, du fait du faible accès à la nappe phréatique par les puits à pompe, les puits sont fermés constamment, car, ils sèchent et il faut des efforts pour pomper. Certaines sources de conflits dans les villages étudiés ont trait aux horaires d'ouverture et de fermeture des puits à pompe. Or, avec une eau abondante grâce au forage, ces conflits seraient résolus ou du moins atténués.

Parlant du PADC, il a quatre composantes, ce projet, plus ou moins bien structuré, du moins dans le document de projet, trouve des difficultés dans sa mise en oeuvre. Des sous-composantes des MISE (étangs piscicoles, porcheries, poulaillers), ne profitent pas à toute la communauté, n'ont pas de débouchés certains et les populations déplorent le manque de moyens pour son éclosion. Pendant que le développement des pistes rurales reste encore la sous-composante la plus attendue. Or, il importe de promouvoir une intervention plus simplifiée et qui sied aux besoins des populations dans l'ensemble. Une stratégie miniature sera moins agressive.

Elle comprendra une étude minutieuse du milieu, de ses potentialités, de son dynamisme, puis en collaboration avec les populations cibles, une sélection des actions en fonction des potentialités et des caractéristiques du terrain comme le recommande J.L. Camilleri (1993 : 26-27). Il importe de lancer des projets qui correspondent aux besoins et aux possibilités des paysans. Cette démarche s'inscrit dans la démarche marketing qui commence par la connaissance et l'analyse d'un marché potentiel avant de prendre des décisions. G. Belloncle (1979 : 8-9), préconise à cet effet, l'analyse avec les populations concernées de leur situation et de leurs problèmes, pour réfléchir avec elles aux solutions possibles, les aider à s'organiser et se former pour passer à l'action, et procéder enfin aux évaluations périodiques qui permettent de corriger le tir et d'avancer. D'où les quatre autos à promouvoir : auto-analyse, auto-programmation, auto-organisation, auto-évaluation. Bref, comme le suggère avec force Mao Tse Toung « A propos des méthodes de direction », nous devons, « partir des masses pour retourner aux masses ».

Le problème fondamental ici demeure celui du temps d'action. Le plan de développement villageois de Bikogo ne s'est fait qu'en quelques semaines et celui de Mebomo, n'a pas eu besoin de plus de ce temps. Conséquences, des informations simples, propres à tel village se retrouvent dans le plan de développement villageois de l'autre village. Le cas banal est celui du nom du chef du village Bikogo qui a été confondu à celui de Mebomo dans son PDV. Or, au sujet du temps de préparation, l'exemple du projet « une maison familiale en Afrique65(*) », mis en lumière par G. Belloncle (1979 : 211-225), est assez édifiant. Il importe de prendre du temps pour étudier les villages, de les aider à mieux s'organiser avant d'y réaliser des projets dans lesquels les populations se reconnaîtront.

2- Pendant et après la mise en oeuvre des projets

L'intervention des fonctionnaires dans le monde rural, dans le cadre du PADC se fait de façon rapide, en des saisons où l'accès est aisé (saison sèche). En outre, depuis la mise en place du projet des puits à pompe, les populations déplorent le manque de suivi et d'évaluation. En quatre ans, le puits à pompe de Mebomo n'a été vidangé qu'une seule fois, celui de Bikogo n'a plus vue d'agents du PADC depuis son inauguration. Beaucoup de paysans estiment, de ce fait, que leur faible implication lors des phases préparatoires du projet vient de la forte bureaucratisation de ce projet. Proche des populations, le délégué d'arrondissement du MINADER d'Elig-Mfomo reconnaît qu'il a été exclu de toutes les phases du projet. Or, ce dernier doit être très utile dans le dispositif de suivi du projet par exemple.

Ces pratiques qui déforment la réalité de terrain et qui influencent la décision des développeurs, découlent d'une analyse que Chambers (1983) qualifie de « rapide et brouillon » qui sont utilisés dans le cadre du « tourisme de développement » par opposition aux méthodes qualifiées de « longue et obscure » utilisées pour les recherches intensives qui donnent d'importants résultats et permettent une planification à partir du bas (planning from below), selon N. Uphoff (1991 : 467-511). Chambers, s'appuie sur cette pratique répandue qui se vérifie encore aujourd'hui et qui consiste à prendre des décisions sur la base des informations limitées, obtenues au cours des visites impromptues et biaisées par l'optique particulière des experts de coopération, des fonctionnaires administratifs ou des autorités locales qui se comportent comme filtre par rapport aux bénéficiaires finaux d'un projet qu'ils ne prennent pas la peine de consulter avant, ou même de faire participer à leurs prises de décisions. D'où son appel sous forme de slogan « putting the last first ».

Pour y remédier, il faut encourager une culture de l'évaluation. Car l'évaluation, ça se cultive. Sa pratique usuelle permet de démystifier l'évaluation externe. Pour cela, il est nécessaire de promouvoir l'auto-évaluation. En pratiquant de temps en temps l'auto-évaluation, on facilite l'acquisition des rouages utiles pour un bon usage de l'évaluation.

Cette culture doit être faite même au niveau des bailleurs de fonds, qui doivent tenir compte des « aspects spécifiques de chaque société  et région» et avoir des termes de référence qui varient en fonction des réalités locales de chaque projet.

En outre, il est de plus en plus recommander que les outils méthodologiques de la socio-anthropologie sous-tendent leurs différentes interventions lors des évaluations. L'enquête socio-anthropologique cherche les différences les plus fines entre savoir et mode d'interprétation logique, et insiste sur la difficulté pour tout intervenant extérieur d'appréhender de telles réalités. Les tentatives d'adaptation de l'enquête socio-anthropologique aux conditions de l'expertise ou de l'évaluation ont permis de mettre sur pied les techniques de RRA (Rapid Rural Appraisal), transformées en PRA (Participatory Rural Appraisal), présentement développées dans le monde francophone sous le nom de MARPP (Méthode Accélérée de Recherche et de Planification Participative). Ces techniques s'appuient généralement sur la technique de focus group, où le savoir qu'elles produisent grâce aux divers outils simples (nomenclature, classification, cartes, élaborées avec les membres du groupe) qu'elles proposent, est en principe basé sur la prise en compte des catégories de perception locales selon les logiques propres à la socio-anthropologie comme l'étaye Jean François Baré (2001 : 149). Malgré leur relative simplicité, les institutions de développement considèrent de plus en plus qu'en multipliant ce type d'enquête, elles recourent « enfin » aux sciences sociales, à des frais moindres et donnent « enfin » le moyen de « comprendre le milieu » poursuit-il. Cette technique n'est, cependant, pas facilement applicable par des enquêteurs disposant de peu de temps et ne disposant pas de compétence socio-anthropologique.

Pour palier ce déficit, Olivier de Sardan (1995), propose d'autres solutions : le recours, comme « expert » (pour les évaluations relativement brèves), à des socio-anthropologues spécialistes d'un thème : ceci permettrait de combiner connaissances profondes acquises préalablement dans le cadre des « recherches » aux contraintes de temps et de définition du sujet propres au cadre « action » des institutions de développement.

B- A capitaliser par les populations

1- Les élites et les représentants des populations

Les élites réalisent des projets sans consulter les populations bénéficiaires. Comme nous l'avons vu plus haut, le fait d'avoir par le passé eu à favoriser la réalisation des puits à pompe dans leurs villages sans impliquer les populations a contribué à semer la confusion dans la tête des populations qui ramènent tout ouvrage dans les villages à la générosité des élites des villages. Dans « Députés de la Nation », Ebénézer Njoh-Mouelle (2001) fait écho des investissements qu'il a eu à faire dans son département d'origine en qualité d'élite du coin. Mais, comme il ne manque pas de le souligner, par la suite, certains membres de la population s'accaparaient l'ouvrage. Tout ceci a été possible parce que les informations ne circulaient pas et les populations n'avaient pas été consultées. Il importe que les élites fassent appel à des experts ou des consultants en développement pour les accompagner dans la mise en oeuvre des projets de développement.

En plus, les ingérences continuelles des élites dans le cadre du PADC, désunies les populations des villages. Les élites des villages doivent se rapprocher des populations, les aider à mieux s'organiser. Elles doivent solliciter leur point de vue avant les interventions de développement.

Les présidents de comité de développement villageois doivent encourager la multiplication et la diversification des organisations rurales pour une collaboration harmonieuse avec les développeurs comme cela s'est rendue possible avec les acheteurs de cacao. Car, du constat qui se dégage du terrain, les organisations rurales sont essentiellement tournées vers la production et la commercialisation du cacao. Il existe peu d'associations de développement et d'associations de jeunes et de femmes. Or, « il est temps pour la jeunesse de prendre en main son destin en créent des associations » comme le recommande Charles Ateba Eyene (2008). Et, celles qui existent, montrent « plus d'implication que de responsabilisation » constate Séverin Cécile Abéga (2007 : 118) d'où son appel à construire un « rôle d'intermédiation auprès du sommet qui est l'Etat, et la synergie entre organisations ». De ce fait, les présidents de comités de développement villageois doivent s'imposer comme acteurs incontournables du développement de leur village et par voie de conséquence, représentant, à ce niveau, des populations. Pour cela, ils doivent aussi favoriser un dialogue et une collaboration franche avec les élites et tous les acteurs de développement des villages.

2- Les gestionnaires des puits à pompe

Les gestionnaires des puits à pompe doivent :

- décider de commun accord avec les populations des jours et des horaires d'ouverture et de fermeture des puits à pompe et leur imposer des heures. Ceci permettrait de réduire les conflits nés de l'ouverture et de la fermeture des puits à pompe. A Mebomo, par exemple, le puits n'est ouvert que deux jours par semaine ;

- intensifier les collectes de frais d'entretien des puits à pompe lors des campagnes cacaoyères. A cause de la situation de manque dans laquelle vivent les populations, elles sont de plus en plus réticentes à contribuer mensuellement. Or, pendant les périodes de vente de cacao, les populations brassent de nombreuses sommes d'argent. D'où la nécessité de rentabiliser le « surplus » de cette vente ;

- envisager d'autres investissements sociaux à partir de ce « surplus » lié à la production cacaoyère. J.C. Devèze (1996 : 150) relève l'impact d'une telle action dans les associations villageoises en zone cotonnière au Mali. Ceci a pour avantage d'initier un développement véritablement impulsé par la base ;

- promouvoir des activités de productions, initiés par certains bénéficiaires, à partir des puits à pompe. De l'utilité de l'eau, un seul représentant de ménage nous a avoué que l'eau était utilisée pour le développement des activités agricoles, élevages et/ou commerciales, il est nécessaire de susciter des initiatives de projets à base d'eau des puits à pompe.

CONCLUSION GENERALE

Cette évaluation à mi-parcours des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo (Centre-Cameroun) n'a pas la prétention d'avoir élucidé tous les aspects de cet exercice. Nous nous sommes évertués, autant que faire se peut, à apporter des éléments de compréhension du faible décollage du développement communautaire en s'appuyant sur les puits à pompe et à mettre une base de données socio-anthropologiques non moins négligeable pour les chercheurs qui auront l'ambition d'approfondir la recherche dans ce domaine ou ce milieu.

En définitive, l'adhésion partielle des populations de Mebomo et Bikogo aux puits à pompe du PADC est une réalité. Cette adhésion partielle remonte à la préparation du projet. Les populations adhèrent partiellement aux puits à pompe du PADC, à cause de leur faible implication lors de la préparation du projet de réalisation de ces puits. Dans les interventions d'approvisionnement en eau, décrie F. Conac (1985 :102), la faible intervention des populations est facteur de leur faible adhésion.

Pour ce qui est des sous-hypothèses, l'influence des élites a été mesurée à l'aune des interventions passées, pendant et après la mise en oeuvre des puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo. Des puits à pompe ont toujours été mis dans ces villages avec le concours des élites des villages. Le peu de recul, de marge de liberté ou de réinterprétation des objectifs du projet laissé aux populations a motivé cette influence. En plus, après la mise en place des puits, par l'accaparement du projet et par la création de comité de développement connexe à celui qui existait déjà, les élites ont favorisé le détour des populations des puits à pompe. Cependant, cette sous-hypothèse s'est plus vérifiée à Bikogo.

La maintenance des puits à pompe du PADC dans les deux villages n'est pas assurée par les populations. L'innovation technologique des puits à pompe, à ce niveau, est un handicap pour les populations. Cette absence de la maîtrise technologique favorise, d'après F. Conac (1985), la non identification des populations au projet.

Les deux villages n'ont pas d'endroits sacrés. Ainsi, l'emplacement des puits à pompe n'a pas eu à faire à ce pan de la tradition. Mais, lors de sa mise en oeuvre, il a été occulté l'occupation spatiale des villages Mebomo et Bikogo par les deux groupes ethniques qui les peuplent. Les us et coutumes de ces groupes ethniques ont des incidences, bien que faibles, sur les puits à pompe.

Enfin, en rapport avec les conflits, il ressort que les puits à pompe du PADC sont sources de nombreux conflits. Ces conflits sont perceptibles tant au niveau des usagers des puits à pompe qu'au niveau des responsables de la gestion de ces puits et des différents leaders d'associations.

Les facteurs exogènes (élites et innovation technologique) et endogènes (responsabilité des bénéficiaires) contribuent à l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC. Il importe devant ce rejet partiel d'en tirer les leçons qui s'imposent. Sinon faudrait-il, au vue des échecs, limiter les interventions de développement en milieu rural ? A cette question, O. de Sardan (1995) propose plutôt aux développeurs de revoir leur rôle. Car, ce rôle exige un certain type de compétence ou de savoir-faire qui ne s'improvise pas. Chaque action de développement nécessite une analyse spécifique du milieu auquel elle entend apporter des modifications. Les interactions « projet-milieu » font que chaque projet sera confronté à de multiples facteurs qu'il ne maîtrise pas et dont il dépend en partie. Pour cela, il faudrait juste penser que l'histoire ne démarre pas avec le projet et qu'avant lui, d'autres interventions ont laissé des traces. H. Mendras (1984) pense que les innovations apportées dans les villages devraient intégrer les réalités de ces milieux, de manière que chaque membre accepte et bénéficie pleinement des apports extérieurs. D'ailleurs, G. Beloncle (1982) refuse d'imputer la responsabilité de l'échec des opérations de développement à la résistance paysanne au changement ou à la mentalité. Les promoteurs de développement doivent faire l'effort d'écouter les problèmes des paysans pour être sûr de l'efficacité de leurs actions. M. Cernea (1998) relève, dans cette lancée, que l'échec des projets de développement fait suite à la prédominance des aspects techniques et économiques au détriment des sciences sociales dans l'élaboration de ces projets. C'est parce que la dimension sociale n'a pas fortement été pris en compte que de nombreux projets censés favoriser le développement ont échoué dont celui du PADC de Mebomo et de Bikogo.

A la fin de cette recherche, le souhait est qu'elle soit approfondie par de futurs chercheurs. Ce n'est que par ce moyen que des espoirs naîtront, afin que les puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo, ne soient pas de mini « cathédrales dans le désert » comme le souligne J.M. Ela (1994 : 247). Toutefois, nous convenons avec Georges Balandier (1967 : 1) que tout savoir qui se construit scientifiquement doit accepter d'être vulnérable et partiellement contesté.

BIBLIOGRAPHIE

A- LES OUVRAGES GENERAUX

ABEGA (S. C.),

1987 L'Esana chez les Beti, Yaoundé, Edition CLE.

1999 Société Civile et Réduction de la pauvreté, Edition CLE.

2007 Le retour de la société civile en Afrique, Yaoundé, PUCAC.

ATEBA EYENE (C.),

2008 Les paradoxes du « pays organisateur ». Elites productrices ou prédatrices : le cas de la province du Sud-Cameroun à l'ère Biya (1982-2007), Yaoundé, édition Saint-Paul.

BALANDIER, (G.),

1955 Sociologie actuelle de l'Afrique noire, Paris, PUF.

1967 Anthropologie politique, Paris, PUF.

1971 Sens et puissance, les dynamiques sociales, Paris, PUF.

BAYART (J-F.),

1989 l'Etat en Afrique, Paris, Fayard.

BELLONCLE (G.),

1979 Les chemins des villages : formation des hommes et développement rural en Afrique, Paris, L'Harmattan.

CHINDJI KOULEU (F.),

1982 Le négro-africain et l'invention, Yaoundé, Le Flambeau.

COURADE (G.),

1994 Le village camerounais à l'heure de l'ajustement, Paris, Karthala.

DUMONT (R.),

1986 Pour l'Afrique j'accuse, Paris, Plon.

DURAND (J-P.) et WEIL (R.),

1994 Sociologie contemporaine, Paris, Vigot.

ELA (J. M.),

1982 L'Afrique des villages, Paris, Karthala.

1990 Quand l'Etat pénètre en brousse...les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala.

1994 Afrique l'irruption des pauvres, société contre Etat, Paris L'Harmattan.

2001 Guide pédagogique de formation à la recherche pour le développement en Afrique, Paris, L'Harmattan.

2007 Les cultures africaines dans le champ de la rationalité scientifique, livre II, Paris, L'Harmattan.

GRAWITZ (M.),

2000 Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz.

2001 Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz (11e éd).

HAUBERT (M.) et REY (P-P.) (coordinateurs),

2000 Les sociétés civiles face au marché : le changement social dans le monde postcolonial, Paris, Karthala.

HERMET (G.),

2000 culture et développement, Paris, presse de sciences Po.

KABOU (A.),

1991 Et si l'Afrique refusait le développement ?, Paris, L'Harmattan.

KART (E.), LEVIN (M.) et HAMILTON (H.),

1971 Tradition of reseach on the diffusion of innovation, New York, American sociological.

LOMBARD (J.),

1998 Introduction à l'ethnologie, paris, Armand colin.

MALINOWSKI (B.),

1994 A scientific theory of culture, another essay, Paris, Gallimard.

MENDRAS (H.),

2002 Eléments de sociologie, Paris, Armand Colin/HER.

MENDRAS (H.) et FORSE (M.),

1983 Le changement social, Paris, Armand Colin.

MONGA (C.),

2009 Nihilisme et négritude, Paris, PUF.

NJOH-MOUELLE (E.),

2001 Député de la Nation, PUCAC.

PARETO (V.),

1919 Traité de sociologie générale, Paris, Payot.

RAOGO SAWADOGO (A.),

2001 L'Etat africain face à la décentralisation, Paris, Karthala.

Rivière (C.),

1978 L'analyse dynamique en sociologie, Paris, PUF.

ROCHER (G.),

1968 Introduction à a sociologie générale : le changement social, Paris, HMH, Ltée.

1992 Introduction à la sociologie générale, Montréal, Editions hurtubise HMH.

ROSNY (E.),

1996 Les yeux de ma chèvre, Paris, Plon, collection Terre Humaine deuxième édition.

SAMIR AMIN,

1989 La faillite du développement en Afrique et dans le tiers monde, Paris, L'Harmattan.

STRAUS (A.),

1992 Miroirs et masques : introduction à l'interactionnisme, Paris, Métailié.

TAMBA (I.),

2001 Cameroun : enjeux et défis de l'initiative PPTE, Yaoundé, PUA.

TIDIANE DIAKITE,

1986 L'Afrique malade d'elle-même, Paris, Karthala.

B- LES OUVRAGES SPECIALISES

ARNAUD (S.) et BOUDEVILLE (N.),

2004 Evaluer des politiques et programmes publics, Paris, édition de la performance.

BARE (J.F.),

2001 L'évaluation des politiques de développement, Paris, L'Harmattan.

BEBBE-NJOH (E.),

2002 « Mentalité africaine » et problématique du développement, Paris, L'Harmattan.

BELLONCLE (G.),

1982 La question paysanne en Afrique noire, Paris, Karthala.

BEAUDOUX (E.) et DOUXCHAMPS (F.),

1992 Cheminements d'une action de développement, de l'identification à l'évaluation, Paris, L'Harmattan.

BUIJSROGGE (P.),

1989 Initiatives paysannes en Afrique de l'Ouest, Paris, L'Harmattan.

CAMILLERI (J-L.),

1993 Dialogue avec la brousse : village, ethnie et développement, Paris, L'Harmattan.

CERNEA (M.),

1998 La dimension humaine dans les projets de développement, les variables sociologiques et culturelles, Paris, Karthala.

DALOZ (J.P.),

1999 Le (non-) renouvellement des élites en Afrique subsaharienne, Bordeaux, Institut d'Études Politique de Bordeaux.

DEEPA NARAYAN,

2004 Autonomisation et réduction de la pauvreté, outils et solutions pratiques, Paris, Saint Martin.

DEVEZE (J.C.),

1996 Le réveil des campagnes africaines, Paris, Karthala 

DESJEUX (D.),

1985 L'eau : Quels enjeux pour les sociétés rurales ?, Paris, L'Harmattan.

DOUET (H.),

1987 L'auto-évaluation dans les actions de développement : pratiques et réflexions, Genève, IUED.

DUPRE (G.),

1991 Savoirs paysans et développement, Paris, Karthala et ORSTOM.

ETOUNGA-MANGUELLE, (D.),

1993 L'Afrique a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ?,

Paris, Editions Nouvelles.

GUILLAUMONT (P.),

1985 Economie du développement. Le sous-développement, Tome I, Paris, PUF.

KENGNE FODOUOP,

2003 Citadins et développement des campagnes au Cameroun, Yaoundé, PUY.

KESSLER et al.,

1998 L'évaluation des politiques publiques, Paris, L'Harmattan.

LAOT (F.) et ROUAH (M.),

1994 piloter le développement social : guide d'évaluation dynamique et participative, Paris, L'Harmattan.

LEVY (M.),

2002 Comment réduire pauvreté et inégalité, pour une méthodologie des politiques publiques, Paris, IRD-Karthala.

MALANDA DEM,

1977 La mentalité africaine et l'avenir de la science, Kisangani, Les éditions du B.A.S.E.

MASSIMO TOMMASOLI,

2004 Le développement participatif, analyse sociale et logique de planification, Paris, Karthala.

MENDRAS (H.),

1984 La fin des paysans ; suivi d'une réflexion sur la fin des paysans vingt ans après, Paris, Actes du Sud.

MOHAMED LARBI (B.),

2003 Les batailles de l'eau, pour un bien commun de l'humanité, Paris, Enjeux planétaire.

ROBERTSON (A.F.),

1984 People and the states : an anthropology of planned development, Cambridge, Cambridge University Press.

SARDAN (J.O.),

1995 Anthropologie et développement : essai socio-anthropologique du changement social, Paris, Karthala.

SHOEMAKER (R.),

1971 Communication of innovation : a cross cultural approach, New York, The Free Press.

TREILLON (R.)

1992 L'innovation technologique dans les pays du sud, Paris, Karthala.

WOOD (A.), APTHORPE (J.), BORTON (J.),

2002 Evaluer l'action humanitaire, Paris, Karthala.

YAO ASSOGBA,

2008 Développement communautaire en Afrique, comprendre la dynamique des populations, Laval,

C- LES ARTICLES ET RAPPORTS SCIENTIFIQUES, LES MEMOIRES ET THESES

1- Les articles ou rapports scientifiques

ARON (R.),

1971  « Classe sociale, classe politique, classe dirigeante » in BIRNBAUM et CHAZEL.

BIDIMA (J-G.),

2000 « Le corps, la cour et l'espace public », Politique africaine, 77, mars, « Philosophie et politique en Afrique ». 

BINDER (V.), PELLEGRIN (J.P.), BARBES (D.),

2005 « Evaluateur, un empêcheur de tourner en rond ? » in Cahier de l'AVISE N°3.

CHAMBERS (R.),

1983 «Rural development: putting the last first», in Longman Press.

COMEAU (Y.) et LACOMBE (L.),

1998 « Monographie et évaluation du carrefour de la relance de l'économie et de l'emploi du centre Québec (CREECQ) (1993-1998) » in cahiers du CRISES, Laval, PUL.

CONAC (F.),

1985 « Les enjeux de la participation paysanne dans les politiques de l'eau » in CONAC (G.), Les politiques de l'eau en Afrique, Paris, Economia.

CRACKNELL (B.),

2000 «Evaluating development aid : issues, problems and solutions» in New-delhi, sage.

DUPONT (J.M.) et HOFFMAN (K.), 

1992 « Les centres de santé communautaire et le développement communautaire », Ottawa : ministère des approvisionnements et des services canadiens.

ELA (J.M.),

1992 « Au-delà des transferts de technologie ? », in Terroirs, N°1.

ETOUNGA-MANGUELLE (D.),

1995 « Culture et développement : ou les conséquences d'une modernisation tardive de nos schémas sociaux », Terroirs, 002.

GENIEYS (W.),

2006 « Nouveaux regards sur les élites du politique » in R.F.S.P., vol 56 N°1.

HENRY (A.),

1987 « Le développement face aux valeurs sacrées de l'Afrique », in Afrique Industrie, N°366.

HORTON (R.),

1990 « La pensée traditionnelle africaine et la science occidentale », in la pensée métisse. Croyances africaines et rationalité occidentale en questions, Paris, PUF.

ITAI MADAMOMBE,

2007 « Tanzanie : l'eau qui améliore la vie, l'accès à l'eau salubre est essentiel pour les objectifs de développement du NEPAD », in Afrique Renouveau, ONU, Vol.21.

LEVY (F.),

1984, « L'évaluation des politiques publiques aux États-Unis », in J-P NIOCHE ET R. POINSARD (éd.).

MINEE,

2007 Politique nationale d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement en milieu rural.

NGUEYAP (F.),

1996 « Sociétés, réussite et travail des enfants. Le cas des Bamiléké de l'Ouest du Cameroun », in B. Schlemmer (éd.), L'enfant exploité. Oppressions, mise au travail, prolétarisation, Paris, Karthala/ORSTOM.

PICKFORD (J.),

1986 « Aspects sociaux économiques et politiques de la gestion des ressources en eau en Afrique » in Résumé du rapport et recommandation organisés par l'UNESCO avec la communauté des Etats africains en collaboration avec d'autres agences et organes des Nations Unies, Addis-Abeba, Ethiopie. 

RAHNEMA M.,

1992, « Participation », in Sachs.

ROLAND COLLIN,

1965 « L'animation clé de voûte du développement » in Développement et civilisation, N° 21.

SAÏBOU NASSOUROU,

1989 Rapport sur « L'impact socio-économique de la pompe à pédale chez les paysans maraîchers de l'Extrême-Nord », Yaoundé, PUY.

SARDAN (J. O.),

2001 « Les trois approches en anthropologie » in Revue du tiers-monde N°168.

TIOKOU NDONKO (F.),

1989 « Classification des maladies diarrhéiques chez les pêcheurs Yasas de la côte sud du Cameroun », contribution à l'enquête de l'ORSTOM-CNRS.

TOBERE TESSOUGUE,

1996 « Molibémo : Association multi-villageoise du plateau dogon, la sécheresse a porté ses fruits... » in Organisations sociales au Mali : un atout pour la décentralisation. Exemples concrets, Amadou Baba Diarra (Dir.), Bamako, Fondation Charles Léopold Mayer Association Djoliba.

UELI STUEKI et al.,

2005 « Etude monographique et plan stratégique des communes, principes à

suivre », in séries d'apprentissage et de partage d'expériences, publication N°2, Helvetas Cameroon.

UPHOFF (N.),

1991 «Fitting projects to people» in CERNEA.

UNICEF,

2006 La situation dans le monde de l'alimentation en eau, l'accès aux installations sanitaires et l'hygiène au quotidien.

YAO ASSOGBA,

1989 « Pratique participative des ONG en Afrique : le cas du PHV-CUSO au Togo », Nouvelles pratiques sociales, vol. 2, N°1.

2- Les Mémoires et thèses

ABOSSOLO MBANG (P.L.),

2005 «  Initiatives locales de développement à partir des projets d'intérêt communautaire et réduction de la pauvreté en milieu rural : Le cas du projet

« L'eau, c'est la vie » d'OTELE dans l'archidiocèse de Yaoundé », Yaoundé, INJS.

AWONO (J.J.),

1990 « Les femmes Eton et les projets de développement communautaire : expérience de la Lekié », mémoire de maîtrise en sociologie, université de Yaoundé I.

DJUIDJEU MBOGNE,

1983 « Elites et développement rural au Cameroun, le cas du village Bayangam dans la Mifi », Mémoire de maîtrise, Université de Yaoundé I.

FOSSO (A.L.),

2009 « Stratégie de lutte contre le paludisme face aux représentations locales en pays Bamiléké : cas de la chefferie Bandjoun », Mémoire de Master en Socio-anthropologie, Yaoundé, UCAC.

NUEMBISSI KOM (P.),

2007 « Elites urbaines et politique locale au Cameroun : le cas de Bayangam », Mémoire de DEA /Master en Science Politique, Université de Yaoundé II.

ELLA ELLA, (S-B.),

2008 « Les braconniers de l'axe EKOM-SOMALO-NJIBOT (réserve du Dja). Sociologie du passage à l'acte de chasse déviante », Thèse de Doctorat/PhD en sociologie du développement durable, Université de Yaoundé I.

D- LES SITES WEB

www.icicemac.com/document/3recencement.doc, Mbarga (B.), 3e recensement général de la population et l'habitat, Yaoundé, 2010, visité le 27/05/2010 à 01h 20.

www.mecoop.com, LANGEVIN (P.), « L'accès à l'eau le premier pas vers le développement », medcoop.com, N°44, 2008, visité le 20/05/2009 à 23h10.

www.persee.fr , OUATTARA (C.), Développement communautaire et réduction de la pauvreté en contexte de décentralisation, communication séminaire ENDSA, 2003, visité le 21/06/2009 à 14h 24.

www.worldwatercouncil.org, Anonyme, « Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), évaluer le coût d'atteinte de la cible 10 sur l'eau et l'assainissement ». visité le 20/05/2009 à 22h 51.

Table des matières

SOMMAIRE i

EPIGRAGHE ii

DEDICACE iii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES v

LISTE DES TABLEAUX ET PHOTOS viii

RESUME ix

ABSTRACT x

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

A- Contexte de l'étude 3

B- Délimitation du sujet 5

C- Intérêts de la recherche 6

D- Définition des concepts 7

E- Revue de la littérature 7

F- Problématique 11

G- Hypothèses de recherche 11

H- Modèles théoriques 11

I- Grille d'analyse 14

1. Les techniques de collecte de données 14

2. Les modes de traitement des données collectées 15

J- Les difficultés rencontrées 16

K- Plan de l'étude 17

CHAPITRE I : 18

LA PRESENTATION DU MILIEU ETUDIE 18

I- Les villages étudiés (Mebomo et Bikogo) 18

A- Histoire et géographie physique des villages étudiés 18

1- Le profil historique des villages étudiés 18

2- La géographie physique des villages Mebomo et Bikogo 19

B- Géographie humaine : Eléments socioculturels et activités économiques 22

1- Les éléments socioculturels 22

2- Les activités économiques 25

II- Le Projet d'Appui au Développement Communautaire (PADC) 28

A- La conception et la stratégie d'intervention 28

1- Les stratégies et la justification du projet 28

2- Les composantes du PADC 30

B- Les zones cibles et principes d'intervention du projet 32

1- Les zones d'intervention 32

2- Les groupes cibles 34

CHAPITRE II : 36

L'EVALUATION DES PUITS A POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE BIKOGO 36

I- La théorie institutionnalisée de l'évaluation des projets de développement 36

A- La conception de l'évaluation des projets de développement 36

1- La construction d'une démarche évaluative 36

2- Les différentes catégories d'évaluation 38

B- Les critères d'évaluation, cadre logique et indicateurs 40

1- Cadre logique et critères de l'évaluation 40

2- Les indicateurs : éléments clés de l'évaluation 42

II- Le cas des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo 43

A- Les outils méthodologiques utilisés 43

1- Le critère de viabilité/reproductibilité et les puits à pompe du PADC 43

2- La justification pratique du choix du critère de viabilité/reproductibilité 44

B- La contribution des puits à pompe du PADC dans les conditions de vie des populations des villages Mebomo et Bikogo 45

1- Les effets positifs des puits à pompe du PADC sur les conditions de vie des populations des villages 45

2- Le problème de la viabilité des puits à pompe du PADC aux villages 50

CHAPITRE III : 53

LES FACTEURS PROFONDS DE L'ADHESION PARTIELLE DES POPULATIONS AUX PUITS A POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE BIKOGO 53

I- Les facteurs exogènes d'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC 53

A- L'action des élites 53

1- Clarification notionnelle et typologie des élites 53

2- L'influence des élites sur la gestion des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo 56

B- Les facteurs inhérents à l'innovation technologique des projets 59

1- L'innovation technologique des projets : définition et typologie d'approche 59

2- L'innovation technologique du projet des puits à pompe, entre amélioration des conditions de vie et/ou source de problèmes ? 61

II- Les facteurs endogènes aux populations utilisatrices des puits à pompe du PADC 62

A- Le dilemme culture/mentalité des bénéficiaires des projets et la nécessité d'accès au développement 62

1- L'idée de culture/mentalité africaine dans le changement social 63

2- Les croyances des paysans et implantation des puits à pompe dans les villages 64

B- D'autres attitudes ou responsabilités propres aux populations bénéficiaires des puits à pompes du PADC 65

1- L'action des schèmes traditionnels sur les puits à pompe des villages 65

2- L'attitude attentiste des populations 66

3- Les conflits propres à l'utilisation des puits à pompe 67

CHAPITRE IV : 69

LES VOIES D'IMPULSION DU DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE 69

I- Au-delà des débats culturel/mental sur les populations 69

A- Les limites des discours sur la culture/mentalité africaine 69

1- Une vision désocialisée de la vie sociale ? 69

2- Le non-dédouanement de la responsabilité africaine 70

B- Les savoirs endogènes : les capacités organisationnelles des villages Mebomo et Bikogo 71

1- Les populations de Mebomo et de Bikogo dans leur vie en groupe 71

2- La capitalisation des actions de développement en groupe : l'expérience de Lucien Motsala Lebelé 74

II- Les perspectives envisageables 76

A- A l'intention des initiateurs des projets de développement 76

1- Avant la mise en oeuvre des projets 77

2- Pendant et après la mise en oeuvre des projets 78

B- A capitaliser par les populations 80

1- Les élites et les représentants des populations 80

2- Les gestionnaires des puits à pompe 81

CONCLUSION GENERALE 83

BIBLIOGRAPHIE 86

A- LES OUVRAGES GENERAUX 86

B- LES OUVRAGES SPECIALISES 89

C- LES ARTICLES ET RAPPORTS SCIENTIFIQUES, LES MEMOIRES ET THESES 91

D- LES SITES WEB 95

Table des matières 95

ANNEXES 100

ANNEXES 1 : Le guide d'enquête sociologique i

ANNEXES 2 : La liste des enquêtés viii

ANNEXES 3 : La Comparaison des mortalités et morbidités au CSI de Nkengué entre 2004 et 2008 x

ANNEXES 4 : La liste non exhaustive des élites des villages xi

ANNEXES 5 : Carte du Cameroun et du département de la Lekié xiii

Annexe 6 : Photos d'échange formel et de quelques sources d'eau xv

ANNEXES 7 : Recette médicinale à base d'eau. xvii

ANNEXES

ANNEXES 1 : Le guide d'enquête sociologique

1. La grille d'observation directe de chaque village étudié

a- Les capacités hydrauliques

- Liste des sources naturelles d'approvisionnement en eau potable

- Liste des différents puits à pompe

b - La disponibilité de l'habitat

- Type et nombre de maisons

- Disposition des maisons

c - Les équipements de socialisation

- Répartition géographique des établissements scolaires en 2008-2009

- Liste des élèves en 2008-2009

d - Les équipements et installations de santé

- Distribution géographique des structures et des équipements sanitaires

e - Le système de parenté

- Organisation lignagère des villages étudiés

f - Le système politique

- Liste des organisations paysannes (associations, comité de développement, GIC, coopératives)

g - Le système religieux

- Identification des institutions religieuses

h- La démographie

Le nombre d'habitants des villages enquêtés d'après ECAM II

2. Les guides d'entretiens structurés

a- Avec les pouvoirs publics

Ø Directeur du développement local et communautaire au MINADER

Identification de l'enquêté :

Nom et prénoms :................................................

Année de naissance :.............................................

Qualité : .............................................................

1- Quelle est la politique de développement communautaire du Cameroun ?

2- Comment le MINADER procède-t-il pour impliquer les populations utilisatrices dans la préparation des projets comme le PADC ?

3- Dans quelle mesure la mise en place des puits à pompe dans les villages prend-elle en compte les traditions locales ?

4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des puits à pompe dans les villages ?

5- Que fait le MINADER pour résoudre chaque conflit ?

6- Dans le cas du PADC, qu'est ce qui explique le fait que les populations utilisatrices n'assurent pas convenablement la maintenance des puits à pompe réalisés dans leur village ?

7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

Ø Directeur de l'hydraulique rurale et de l'hydrologie au MINEE

Identification de l'enquêté :

Nom et prénoms :................................................

Année de naissance :.............................................

Qualité : .............................................................

1- Quelle est la politique nationale d'approvisionnement en eau potable en milieu rural ?

2- Comment la population rurale est-elle impliquée dans les projets d'hydraulique villageoise ?

3- Dans quelle mesure la mise en place des puits à pompe dans les villages prend-elle en compte les traditions locales ?

4- Comment s'opère la gestion des ouvrages réalisés dans les villages, comme le puits à pompe ?

5- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des puits à pompe dans les villages ?

6- Quelles sont les dispositions prises pour la maintenance des ouvrages réalisés au niveau des villages comme les puits à pompe ?

7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

Ø Sous-préfet d'Elig Mfomo

Identification de l'enquêté :

Nom et prénoms :................................................

Année de naissance :.............................................

Qualité : .............................................................

1- Quelle est la politique de développement communautaire du Cameroun ?

2- Comment les populations des villages Mebomo et Bikogo ont-elles été impliquées dans la préparation du projet de réalisation des puits à pompe ?

3- Dans quelle mesure l'emplacement du puits à pompe intègre-t-il les traditions locales ?

4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des puits à pompe dans ces deux villages ?

5- Quelles sont les résolutions prises à votre niveau pour gérer chaque conflit ?

6- Quelles sont les dispositions prises pour que les populations assurent la maintenance des puits à pompe du PADC au niveau des villages Mebomo et Bikogo ?

7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

Ø Maire d'Elig Mfomo

Identification de l'enquêté :

Nom et prénoms :................................................

Année de naissance :.............................................

Qualité : .............................................................

1- Quelles ont été les priorités en développement des populations après les ateliers de planification stratégique des villages Mebomo et Bikogo et dans quel cadre le PDV de ces villages a-t-il été élaboré ?

2- Comment les populations des villages Mebomo et Bikogo ont-elles été impliquées dans la préparation du projet de réalisation des puits à pompe PADC ?

3- Dans quelle mesure l'emplacement du puits à pompe intègre-t-il les traditions locales ?

4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des puits à pompe dans ces deux villages ?

5- Quelles sont les résolutions prises à votre niveau pour gérer chaque conflit ?

6- Quelles sont les dispositions prises pour que les populations assurent la maintenance des puits à pompe du PADC au niveau des villages Mebomo et Bikogo ?

7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit 

Ø Délégué du MINADER d'Elig Mfomo

Identification de l'enquêté :

Nom et prénoms :................................................

Année de naissance :.............................................

Qualité : .............................................................

1- Comment la politique de développement communautaire du Cameroun est-elle appliquée au niveau des villages ?

2- Comment le MINADER a-t-il procédé au niveau des villages Mebomo et Bikogo pour impliquer les populations utilisatrices dans la préparation du projet des puits à pompe du PADC ?

3- Dans quelle mesure la mise en place des puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo prend-elle en compte les traditions locales ?

4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo ?

5- Que fait le MINADER pour résoudre chaque conflit ?

6- Qu'est ce qui explique le fait que les populations utilisatrices n'assurent pas convenablement la maintenance des puits à pompe du PADC réalisés dans les villages Mebomo et Bikogo ?

7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

b- Avec les responsables du PADC

Identification de l'enquêté :

Nom et prénoms :...................................................

Année de naissance................................................

Qualité : ...................................................................

1- Quelle est la politique d'intervention du PADC pour ce qui est de la réalisation des puits à pompe dans les villages ?

2- Comment les communautés villageoises sont impliquées dans la réalisation d'un puits à pompe ?

3- Quelle place le PADC accorde-t-il aux traditions locales lors de l'implantation d'un puits à pompe dans un village ?

4- Comment le PADC résout-il l'adéquation population/ nombre de puits par village ?

5- Quelles sont les dispositions prises par le PADC pour gérer les conflits liés à l'utilisation des puits à pompe dans les villages ?

6- Comment les populations villageoises bénéficiaires ou utilisatrices sont-elles accompagnées par le PADC après la réalisation du puits à pompe ?

7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

c- Avec les chefs de villages et les responsables du comité de gestion des puits à pompe et les élites extérieures du village

Identification de l'enquêté

Nom et prénoms :...................................................

Année de naissance :...............................................

Village :..............................................................

Qualité : ............................................................

* L'historique du village

1- Que signifie le nom de ce village ?

2- Depuis quand ce village porte-t-il ce nom ?

3- Qui a fondé ce village ? En quelle année ? Quand est-il mort ?

4- Quelles sont les populations d'origine de ce village (autochtones) ? Qui sont les allogènes ?

5- Quels sont les événements importants de l'histoire de ce village ?

6- Existe-t-il des endroits sacrés dans ce village ?

* L'hydrographie

7- Quels sont les différents cours d'eau du village ?

* Le désenclavement

8- Le village est-il accessible en saison de pluie ?

*Les soins de santé primaires

9- Quelles sont les différentes maladies qui terrassent beaucoup les gens de ce village ?

10- Comment soignez-vous les différentes maladies liées à la qualité de l'eau?

*L'éducation de base

11- En dehors du puits à pompe, quoi d'autre le PADC a-t-il réalisé dans votre village ?

* La mise en valeur des terres et activités économiques

12- Quels sont les activités économiques pratiquées par les habitants de ce village ?

13- Que vendez-vous ici au village pour avoir de l'argent ?

14- Que vendez-vous hors du village pour avoir de l'argent ?

15- Quels sont les élites extérieures du village et leurs contacts téléphoniques ?

*La réalisation et gestion des puits à pompe du PADC

16- A quelle phase du projet des puits à pompe du PADC les populations de votre village ont- elles été impliquées ?

17- Quels sont les avantages qu'offrent le puits à pompe du PADC aux habitants de votre village ?

18- Quels sont les conflits liés à la gestion de votre puits à pompe du PADC ?

19- Quelles sont les dispositions prises pour gérer chaque conflit ?

20- Comment votre village assure-t-il la maintenance de votre puits à pompe ?

21- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

d - Avec les ménages

Identification du représentant du ménage :

Village....................................

Nom et prénoms :....................... Année de naissance :..............................

Qualité : ................................. Effectif total du ménage ......................... N°............

1- Quels sont les différents usages que vous faites de l'eau ici au village ?

2- Où puisez-vous l'eau que vous utilisez ?

3- Combien de minutes marchez-vous pour atteindre le lieu où vous puisez l'eau ?

4- Qui a réalisé les puits à pompe de votre village ?

5- Combien votre ménage a-t-il payé pour la réalisation du puits à pompe PADC ?

6- Qui a-t-on contacté ici au village avant le démarrage de la réalisation du puits à pompe du PADC ? 

7- L'emplacement du puits à pompe du PADC vous convient-il ? Pourquoi ?

8- Quels sont les avantages qu'offrent le puits à pompe PADC aux ménages de ce village ?

9- Quelles sont les difficultés liées à l'utilisation du puits à pompe du PADC ?

10- Pouvez-vous nous préciser les différents conflits causés par le puits à pompe PADC ?

11- Quelles sont les causes de chaque conflit ?

12- Qui s'occupe de l'entretien du puits à pompe du PADC ?

13- Combien chaque ménage du village paye-t-il par mois pour cet entretien ?

14- Comment appréciez-vous la qualité de l'eau qui coule du puits à pompe PADC ?

15- Où puisez-vous encore de l'eau en dehors du puits à pompe PADC ? Pourquoi ?

16- Avez-vous autre chose à ajouter par rapport à tout ce que vous avez déjà dit ?

ANNEXES 2 : La liste des enquêtés

Noms et Prénoms

Village

Année de naissance

Qualité

Effectif ménage

Abena Faustin

Mebomo

1947

infirmier retraité

21

Aliguena Françoise

Mebomo

1947

Cultivatrice

05

Atangana Messomo Guillaume

Bikogo

1942

Administrateur de société retraité

01

Ateba Ebassa Laurentine

Bikogo

 

Cultivatrice

06

Ayissi Biloa Joseph

Mebomo

1954

Maçon

10

Ayissi Protaire

Mebomo

1937

Chauffeur retraité

07

Ayissi Tsala Benoît

 

1953

Enseignant/Premier adjoint au Maire d'Elig-Mfomo

 

Avodo Ayissi Alain Jules

Mebomo

1980

Chef de 3e degré

 

Bama Yangona Jean Blaise

 

1961

Superviseur régional PADC Centre

 

Bessala Zombolo Didier

Mebomo

1944

Vannier

10

Biloa Angéline

Bikogo

1939

Culturelle

06

Biloa Régine

Mebomo

1973

Cultivatrice

08

Bingana Kouna

 

1953

Délégué d'Arrondissement du MINDER d'Elig-Mfomo

 

Eloundou Chantal

Bikogo

1979

Cultivatrice

04

Ewolo Paul

Bikogo

1972

Planteur

09

Eyebe Jean Marie

Mebomo

1953

Gendarme retraité

07

Evengua Emilie

Bikogo

1955

Cultivatrice

02

Koumeda Tsimi Dieudonné Merlin

Mebomo

1987

Elève

11

Leku Azenaku Francis

 
 

Directeur du développement local et communautaire (MINADER)

 

Mama Avodo Blaise

Mebomo

1962

Artisan

15

Mama Faustin

Bikogo

1949

Planteur

03

Mama François

Bikogo

1938

Planteur

11

Mama Okala Grégoire

Bikogo

1956

Planteur

07

Mballa Sylvain

Mebomo

1983

Chauffeur

03

Mbia Salomé

Bikogo

1956

Cultivatrice

03

Mbonde Nock Modeste

 

1957

Adjoint d'Arrondissement/secrétaire d'administration à la sous-préfecture d'Elig-Mfomo

 

Mbouga Ateba Marie

Bikogo

1980

Cultivatrice

02

Mengue Ndongo Baltazar

Mebomo

1968

Planteur

12

Menounga Tsala

Bikogo

1951

Planteur

04

Messi Christophe

Bikogo

1972

Planteur

06

Midzomo Agrius

Bikogo

1965

Trésorier du comité de gestion du puits à pompe de Bikogo

 

Minfegue Ayissi Benoît

Mebomo

1984

Vétérinaire

14

Molo Ngah Agnès

Bikogo

1945

Cultivatrice

18

Motsala Lebele Lucien

Bikogo

1970

Aide magasinier/Président du comité de développement villageois/Délégué GIC Comité Local de Développement

 

Mvoa Sinphorien

Bikogo

1936

Planteur

10

Nanga Eloundou Victor

Bikogo

1940

Maitre d'école retraité

03

Ndjie Jacqueline

Mebomo

1965

Cultivatrice

05

Ndoki Ousseini

 

1980

Cadre à la direction de l'hydraulique rurale et de l'hydrologie

 

Ndouga Gilbert

Mebomo

1990

Photographe

05

Ndze Tsimi Rodrigue

Mebomo

1988

Elève

15

Ngah Antoinette

Bikogo

1971

Institutrice de l'enseignement technique

03

Ngatsanga Clotilde

Bikogo

1959

Cultivatrice

12

Ngoa Jean Pierre

Bikogo

1967

Planteur

09

Ngono Joseph

Bikogo

1947

Planteur

12

Ngono Thérèse

Bikogo

1956

Cultivatrice

06

Ngono Valentin

Bikogo

1936

Chef coutumier de 3e degré

 

Ngono Valentin

Bikogo

1972

Planteur

10

Nke Ayissi Jean

Bikogo

1952

Planteur

07

Noah Henri

Bikogo

1969

Planteur

08

Obama Mvoa Désiré

Bikogo

1964

Planteur

08

Okala Ngono Charles

Mebomo

1946

Planteur

07

Olinga Modo Vital

Bikogo

1938

Planteur

12

Onana Touna Louis-Armand

Bikogo

1976

Chauffeur

04

Otabela Avodo Gallus

Mebomo

1958

Artisant

18

Pomo Pascal

Bikogo

1982

Commerçant

07

Tomo Ndongo Pascal

Bikogo

1947

Charpentier

02

Tsala Donard

Bikogo

1940

Planteur

03

Tsala Otabela

Mebomo

 

Président du comité de développement villageois

 

Tsimi Joseph-Marie

Mebomo

1960

Planteur

11

Source : Donnée d'enquête de terrain, 2009.

ANNEXES 3 : La Comparaison des mortalités et morbidités au CSI de Nkengué entre 2004 et 2008

MORTALITE ET MORBIDITE AU CSI DE NKENGUE EN 2004

 

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Total

0-11 mois

13

22

17

26

22

08

12

00

17

22

19

30

208

1-4 ans

18

29

27

33

29

24

22

06

24

28

35

32

307

5ans et +

160

194

54

71

113

66

57

90

84

128

162

144

1323

MORTALITE ET MORBIDITE AU CSI DE NKENGUE EN 2008

 

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Total

0-11 mois

26

24

08

26

12

18

06

26

24

32

18

28

248

1-4 ans

19

17

12

15

08

19

09

19

16

26

21

21

202

5ans et +

16

63

32

17

09

21

12

18

21

18

32

31

290

Source : Statistiques hôpital de district d'Elig-Mfomo, septembre 2009.

ANNEXES 4 : La liste non exhaustive des élites des villages

Noms et prénom

Profession

Localisation

Village

Angoni née Tassi Sabine

Conseiller municipal à Elig-mfomo

Yaoundé

Mebomo

Ayissi Tsala Benoit

Directeur école primaire

Elig-mfomo

Bikogo

Awona Ateba

Préfet du Dja et lobo

Sangmélima

Bikogo

Bessala Philémon

ADC

Yaoundé

Mebomo

Ebodo Nke Albert

Chef centre des affaires sociales

Monatele

Bikogo

Ekani pierre

Opérateur économique

Douala

Mebomo

Eloundou Ndzana Janvier

Cuisinier

Yaoundé

Mebomo

Etaba Hubert

Secrétaire Général de Mairie

Elig-mfomo

Bikogo

Eyebe Jean Roger

Administrateur civil Minadt

Yaoundé

Bikogo

Mama Pierre Balthazar

Huissier de justice

Meiganga

Bikogo

Mba Ayissi Abel

 

Yaoundé

Mebomo

Menounga Georges

 

Douala

Mebomo

Modo Romuald

Directeur Sar/Sm

Edéa

Bikogo

Motsala Jean

Délégué des enseignements secondaires

Monatele

Bikogo

Ndjana Louis de Gonsack

Administrateur civil, sous-directeur du budget au Minadt

Yaoundé

Bikogo

Ndjana Messi Joseph

Mécanicien

Yaoundé

Mebomo

Ndjié Otabela

Université de Yaoundé 1

Yaoundé

Mebomo

Ndje Rémi

Technicien à la CRTV

Yaoundé

Bikogo

Ngah Meyongo

Retraité imprimerie

Yaoundé

Mebomo

Ngono François

Proviseur lycée

Elig-mfomo

Bikogo

Okala Mathieu

Professeur lycée technique

Obala

Bikogo

Onballa Modeste

Chauffeur

Yaoundé

Mebomo

Source : Donnée d'enquête de terrain, 2009.

ANNEXES 5 : Carte du Cameroun et du département de la Lekié

Source : Institut national de cartographie, 2010.

Source : Centre ORSTOM de Yaoundé, 1966.

Annexe 6 : Photos d'échange formel et de quelques sources d'eau

Photo 1 : focus group avec le chef de Bikogo et ses conseillers

Source : Donnée d'enquête de terrain, 2009

Photo 2 : Point d'eau aménagée de Ngo dzogo (à Bikogo) de 1958

Source : Donnée d'enquête de terrain, 2009

Photo 3 : Enfants parcourant une longue distance pour avoir de l'eau des sources d'eau

Traditionnelles

Source : Donnée d'enquête de terrain, 2009.

Photo 4 : Puits à pompe de Bikogo démonté et abandonné en attente de moyens financiers pour être maintenu

Source : donnée d'enquête de terrain, 2010

ANNEXES 7 : Recette médicinale à base d'eau. 

Boire de l'eau à jeun (l'estomac vide). C'est une pratique populaire au Japon aujourd'hui de boire de l'eau dès le réveil chaque matin. De plus, des tests scientifiques en ont prouvé la valeur. Ici il est question d'une description d'autres usages de l'eau. Pour des maladies anciennes et graves, ainsi que pour des maladies modernes, la cure d'eau a été jugée avec succès par une société médicale japonaise par la guérison à 100% des maladies et symptômes suivants : douleurs générales, système cardiaque, arthrite, pouls trop rapide, épilepsie, excès de poids, bronchite, asthme, méningite, maladie rénale et urinaire, gastrite, diarrhée, hémorroïdes, diabète, constipation, toutes les maladies d'yeux, cancer de l'utérus, difficultés de menstruation, maladies oreilles-nez- et gorge. 

Posologie :

Au réveil le matin, avant de se brosser les dents, boire quatre (04) verres de 160 ml d'eau.

Brosser et nettoyer la bouche, mais ne pas manger ni boire avant 45 minutes.

Après 45 minutes, on peut manger et boire comme d'habitude.

Après 15 minutes du déjeuner, dîner et souper, ne pas manger ou boire avant 2 heures.

Les personnes âgées ou malades qui ne peuvent pas boire 4 verres d'eau au début peuvent commencer par une petite quantité et augmenter progressivement jusqu'à quatre (04) verres par jour.

Cette cure guérira les malades tandis que les autres personnes pourront jouir d'une bonne santé.

Nombre de jours de traitement pour guérir/contrôler/réduire les principales maladies :

Haute tension sanguine, 30 jours

Gastrique, 10 jours

Diabète, 30 jours

Constipation, 10 jours

Cancer, 180 jours

Les patients arthritiques (maladies rhumatismales, inflammation d'une ou de plusieurs articulations) devraient suivre ce traitement 3 jours seulement durant la première semaine et quotidiennement à partir de la deuxième semaine.


Bon à savoir : Cette méthode de traitement n'a pas d'effets secondaires, cependant au début du traitement il se peut qu'on doive uriner quelques fois. Il est mieux de continuer et de faire de cette cure une routine dans notre vie.

Buvez de l'eau et demeurez en bonne santé et actif. Les Chinois et les Japonais boivent du thé chaud avec leurs repas, et non de l'eau froide. Il serait peut-être temps que nous adoptions leur habitude de boire chaud en mangeant ! Rien à perdre, tout à gagner.
Pour nous qui aimons boire de l'eau froide, cet article s'applique à nous.
Il peut être agréable de prendre un breuvage froid après un repas. Cependant, l'eau froide solidifie les graisses dans la nourriture qu'on vient de consommer. Elle ralentit la digestion.
Dès que cette matière réagit avec l'acide, la nourriture devient davantage fluide et est plus rapidement absorbée par l'intestin que la nourriture solide. Elle se colle aux parois de l'intestin. Bientôt, ceci devient des gras et conduit au cancer. Il est mieux de boire de la soupe chaude ou de l'eau chaude après un repas.

       

Sources : Nelly Murielle Monkam Kamga,

Médecin  santé publique,

MPH Direction de la santé Familiale Ministère de la santé publique

BP 7201 Yaoundé

Tel : +273 99 93 60 46

* 1 Djuidjeu Mbogne (1983) relève, par exemple les discours prononcés en 1973 par le président Ahidjo lors de l'inauguration de la foire agricole de Buea et de la préfecture de Monatélé.

* 2 Référence est faite ici à la période qui va de 1958 à 1982 et qui est marquée par la présence à la tête de l'Etat camerounais de son premier président de la république Ahmadou Ahidjo. Il s'en suivra l'ère Biya, président actuel, qui va du 06 novembre 1982 à nos jours.

* 3 Cf. infra, chapitre I sur la présentation du milieu étudié.

* 4 Dans le cadre d'une importante étude ayant trait aux représentations et pratiques culturelles liées aux excréments, et surtout une contribution à la grande enquête menée par l'ORSTOM-CNRS et l'IMPM sur « l'anthropologie alimentaire des populations camerounaises » en 1989, Flavien Tiokou Ndonko procède à une classification des maladies diarrhéiques chez les pêcheurs Yasas de la côte sud-Cameroun.

* 5 L'UNICEF a publié en 2006 un rapport détaillé sur la situation dans le monde de l'alimentation en eau, l'accès aux installations sanitaires et l'hygiène au quotidien.

* 6 Lors du passage au 3e millénaire en 2000, les Nations unies ont adopté huit objectifs concrets du millénaire pour le développement. La communauté internationale s'est engagée ainsi à unir ses forces pour encourager le développement dans l'hémisphère Sud et éliminer la grande pauvreté d'ici 2015. Afin de relever l'importance de l'eau pour le développement, l'objectif numéro 7 réclame des mesures d'urgence pour réduire de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes sans eau potable.

* 7 Cf. infra, chapitre I sur la présentation du milieu étudié.

* 8 Cf. la loi N°2004/018/ du 22 Juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes au Cameroun.

* 9 Pour Ueli Stueki et al. (2005), le PDC est un document de projet et de programme élaboré par la communauté visant à planifier dans l'espace et dans le temps les stratégies et actions de développement pour améliorer les conditions de vie des populations d'une commune.

* 10 Alain Jules Avodo Ayissi, née en 1980, chef de 3e degré du village Mebomo. Entretien du 14 Octobre 2009 de retour de sa plantation.

* 11 Elig-Mfomo en éton signifie l'«héritage de Mfomo », originaire de Mebomo, Mfomo était installé au centre urbain actuel sur la demande de son ami Bingana, chef de l'une des principales familles dudit centre urbain pour fuir sa terre natale. Car, tous ses enfants mourraient de façon mystérieuse. Mfomo avait, pour l'occasion, obtenu de son ami Bingana une parcelle de terrain, située en face de l'actuelle chefferie de 3e degré, où il s'installa et eut deux enfants : un garçon et une fille. Le garçon décéda à 20 ans et sa soeur ira en mariage. Après la mort de Mfomo et de son épouse, sa maison demeurera abandonnée. Le chef de subdivision de Sa'a de l'époque, lors d'une visite dans la localité, fut surpris de trouver un immeuble de triste mine, et à la question de savoir à qui appartenait cet immeuble, on lui répondit que c'était l'« héritage de Mfomo ». D'où le nom d'Elig-Mfomo, qu'on attribua par la suite à cette localité.  

* 12 Il est important de noter que les hameaux des villages sont situés au sommet des côtes, de façon que l'on parle beaucoup plus de « à la traversée » pour indiquer le passage ou le bas fond entre deux sommets de côte d'habitation.

* 13 « Tout clan est un rassemblement des gens qui disent descendre d'un même ancêtre, mais ne pouvant pas remonter tous les maillons de la chaîne. Par contre, le lignage est le groupe de gens qui descendent d'un même ancêtre commun connu. Il peut éventuellement se répartir en différentes branches ou lignées » note Henri Mendras (2002 : 160).

* 14 Depuis le décret N°2008/376, portant organisation administrative de la République du Cameroun, article 2, on parle maintenant de région.

* 15 Ex-MINAGRI.

* 16 Il faut noter que les deux villages font partie de l'aire de santé du centre de santé intégré de Nkengue. Les données chiffrées concernant la santé que nous avons recueillie, sont relatives à ce centre de santé intégré. Pour Albert Legrand Fosso (2009), dans le parcours des patients, le centre de santé intégré est l'unité de soins périphériques. À l'intermédiaire, se trouve le centre médical d'arrondissement et finalement, l'hôpital de district est l'ultime cadre de référence des patients.

* 17 Cf. infra le tableau comparatif entre 2004/2008 de la mortalité et de la morbidité au centre de santé de Nkengué entre 2004/2008. Pour plus de détails, Cf. annexes.

* 18 Cf. infra, tableau sur les dix premières causes de consultation.

* 19 Valentin Ngono, né en 1936, chef de 3e degré de Bikogo. Entretien du 10 octobre 2009, devant la chefferie/centre d'Etat civil du village Bikogo.

* 20 Lire à ce sujet les études de F. Ngueyap (1996 : 393-406) qui permettent de comprendre comment la mise au travail des enfants au sein de l'univers familial, en vue de leur socialisation, contribue à les forger une personnalité dans la société.

* 21 Selon la politique nationale d'approvisionnement en eau et d'assainissement en milieu rural, elle est mise en place avant même l'installation de la pompe et est constituée de quelques représentants des usagers, hommes et femmes. Sa responsabilité est d'organiser la maintenance de la pompe, en mobilisant l'artisan réparateur en cas de besoin. Les responsabilités du comité sont : de constituer et de gérer une caisse destinée à financer la maintenance ; au cas où une structure bancaire existerait à proximité, le comité est encouragé à y déposer les fonds ; de rassembler des contributions financières des usagers pour alimenter cette caisse ; de mobiliser l'artisan réparateur en cas de panne et lui payer le prix de son intervention, de ses frais de déplacement et des pièces détachées ; de mobiliser les usagers pour un bon entretien quotidien du point d'eau. La charge de travail du comité est très légère et ne nécessite pas de réunions fréquentes. Il n'est donc pas indispensable de lui imposer trop de formalisme (réunions, registre) ni de rémunérer ses membres. Cependant, la politique nationale ne s'oppose pas à la rémunération de membres, si le comité estime que s'est nécessaire pour garantir leur assiduité.

Il est recommandé que cette structure soit rattachée à un comité de développement villageois, pour assurer sa pérennité, à condition que les contributions financières pour le point d'eau ne puissent être utilisées que pour le service de l'eau.

* 22 Agrius Midzomo, né en 1960, maçon carreleur, est l'actuel président du comité de gestion du puits à pompe du PADC de Bikogo en lieu et place de feu Ngono Mebara jeanne (présidente) et de Molo Agrièce (trésorière) partit s'installer en ville. Entretien du 13/11/09 au carrefour de Bikogo.

* 23 Cf. annexes d'une source d'eau traditionnelle de Bikogo.

* 24Benoit Ayissi Tsala, né en 1953, directeur de l'école primaire d'Elig-mfomo/premier adjoint au Maire d'Elig Mfomo et élite du village Bikogo.

* 25 Cf. infra photo des puits de Bikogo en panne et de Mebomo fonctionnel.

* 26 Pour la présente panne, c'est le cylindre qui fait défaut, c'est lui qui permet de pomper l'eau du puits.

* 27 Au moment de la panne, le comité de gestion du puits à pompe de Bikogo disposait de 118 000 Fcfa. Après un premier diagnostic, le technicien a demandé 70 000 F cfa qui a été débloqué par ledit comité. Mais, après, c'est plutôt le cylindre qui s'est avéré défaillant. Or, il coûte 180 000 F cfa et la main d'oeuvre du technicien évaluée à 30 000 F cfa. Cette somme n'a pas pu être réunie par le comité de gestion.

* 28 Cf. Liste des élites des villages en annexes.

* 29 Lucien Motsala Lebele, née en 1970, aide magasinier, président du comité de développement de Bikogo, délégué du Gic comité local de développement. Entretien du 10 Octobre 2009 à son domicile.

* 30 Guillaume Messomo Atangana, née en 1942, administrateur de société retraité. Entretien du 11 Octobre 2009 à son domicile avant le départ pour sa plantation.

* 31 Fils du village Bikogo, il est actuellement préfet du département du Dja et Lobo dans la région du Sud-Cameroun, avec résidence à Sangmélima.

* 32 Grégoire Mama Okala, née en 1956, planteur, Secrétaire général du chef du village. Entretien du 16 Octobre 2009 à son domicile de retour de sa plantation de cacao.

* 33 Résulte du désir d'expression de leur attachement au village natal, d'affirmer leur notoriété, acquisition de titres de noblesse. Ils réalisent, individuellement ou collectivement, une maison, une école, une route, un pont ou un puits à pompe.

* 34 Ils doivent y construire ou y faire construire une route, un dispensaire, une école, un puits à pompe, un bureau de poste pour espérer recueillir les voix de leurs «  compatriotes », lors des élections municipales, des députés à l'assemblé nationale ou des membres du bureau du comité de base des partis politiques.

* 35 Les citadins qui recherchent du profit matériel ou financier en y lançant certaines réalisations.

* 36 Modeste Mbonde Nock, née en 1957, adjoint d'arrondissement du sous-préfet d'Elig-Mfomo. Entretien du 06 février 2009 devant la sous-préfecture, lors des préparatifs de la fête de la jeunesse (11 février).

* 37 Ndoki Ousseini, née en 1980, cadre à la direction de l'hydraulique rurale et l'hydrologie au MINEE. Entretien du 02 septembre 2009 dans son bureau.

* 38 Faustin Abéna, née en 1947, infirmier retraité, ex-président du comité de santé intégré de Nkengué. Entretien du 29 juillet 2009 devant son domicile, qui tient lieu de cabinet pour des petites chirurgies et petites consultations à Mebomo.

* 39 Par « entretien » ici, il faut entendre, l'hébergement et parfois la nutrition de l'équipe technique. Car, il n'existe pas de case de passage ni d'auberge, ou encore moins d'hôtel dans les deux villages étudiés. Il est plus facile de bénéficier de l'hospitalité d'une famille. En contre partie, l'hôte peut, selon sa volonté, assister la famille d'accueil dans les charges journalières (travaux champêtres, nutrition familiale). Nous avons eu l'opportunité d'être entretenu par la famille du jeune Ndzana, moto taximan, résidant à Bikogo.

* 40 Cf. supra Chapitre I sur la présentation du milieu étudié.

* 41 Cette élite, ex-DGA au MINSANTE, est en faite originaire de Nkengue, un village voisin, mais a financé la réalisation de ces deux puits en tant que beau-fils de ce village, c'est d'ailleurs la raison pour la quelle ces puits se trouvent dans les hameaux Nkolo Nanga et Nkolo Otomo, donc proche de sa belle famille, et non dans ceux de la chefferie, de zébédé nord ou sud qui sont par ailleurs, plus proche de Nkengue.

* 42 Il l'a réalisé à titre personnel pour le compte de son collège, Popolorium, mais cependant l'ouverture est réglementée (matin et soir) et l'accès à ces heures reste libre à toute personne sans distinction.

* 43 Les ateliers de planification permettent d'identifier et de mettre en oeuvre les priorités de développement des populations. Lors des ateliers de planification de Bikogo et de Mebomo, les priorités étaient l'électrification, l'eau potable, l'école et le centre de santé.

* 44 Dans ce paragraphe nous nous inspirons largement de J.P. Olivier de Sardan (1995 : 77-96).

* 45 Jean Blaise Bama Yangona, né en1961, Superviseur régional PADC Centre. Entretien du 02 octobre 2009 dans son bureau.

* 46 Cf. supra Chapitre II sur l'évaluation à mi-parcours des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo.

* 47 Extrait d'un discours donné lors d'une conférence à Dakar (Sénégal) en 1998.

* 48 A ce sujet, lire Eric de Rosny, 1996, Les yeux de ma chèvre, Paris, Plon, collection Terre Humaine deuxième édition.

* 49 Françoise Aliguena, née en 1947, cultivatrice, entretien du 11 octobre 2009, à son domicile.

* 50 Cf. supra Chapitre I sur la présentation du milieu étudié.

* 51 Baltazar Mengue Ndongo, née en 1968, planteur. Entretien du 11 octobre 2009, à son domicile de retour de plantation.

* 52 Gallus Otabela Avodo, née en 1958, artisan/planteur. Entretien du 11 octobre 2009 près de son domicile.

* 53 La famille ici fait référence au groupe ethnique et pour le cas présent, ce sont les Engap dont-il est fait allusion.

* 54 Le puits du Bossapal du village Mebomo, a fait les frais de cette gestion calamiteuse. Des entretiens du 09 Octobre 2009 avec le premier adjoint d'arrondissement du sous-préfet d'Elig-Mfomo, Modeste Mbonde Nock, dans son bureau, il nous a été relaté que le premier gestionnaire de ce puits à pompe avait été démis de ses fonctions. La cause était le détournement des fonds collectés. Pour y faire face, il a été contraint de rembourser la somme détournée. Dans ce cas, une difficulté demeure, l'estimation avec exactitude de cette somme n'est connue que par le présumé détourneur, car, aucun bilan n'était fait jusqu'à ce que son forfait ne soit mis au grand jour. Une autre résolution a été celle de l'obligation de faire un bilan annuel des avoirs collectés par le prochain gestionnaire de ce puits à pompe.

* 55 Vital Modo Olinga, née en 1938, planteur. Entretien du 16 octobre 2009 à son domicile.

* 56 Pour Maxime Haubert et Pierre Phillipe Rey (2000), l'organisation communautaire de base est le premier stade des organisations de la société civile.

* 57 Bingana Kouna, née en 1953, délégué d'arrondissement du MINADER d'Elig-Mfomo. Entretien du 02 décembre 2009 dans son bureau.

* 58 Cf. La loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 relative à la liberté d'association au Cameroun qui prévoit que la demande de création d'une association est déposée auprès de la préfecture de la localité siège.

* 59 C'est une forme de champignon microscopique qui attaque le cacao.

* 60 D'après Lucien Motsala Lebelé, dans le processus de regroupement, le paysan va vers un groupe ou Gic, c'est le premier niveau de regroupement ; les Gics se regroupent en union de Gics, c'est le second niveau de regroupement ; le troisième niveau de regroupement est la fédération ou la coopérative de Gics ; et l'ultime niveau de regroupement est le niveau quatre, représenté par l'union des fédérations qui peut s'étendre sur plusieurs départements. Par exemple, les villages étudiés sont dans la fédération des unions des Gics des éleveurs et agriculteurs d'Elig-Mfomo (FUGEAEM). Elle est constituée de quatre unions de Gics (Union des Gics des éleveurs et agriculteurs de Nkengué et de Bikogo, union des Gics des producteurs et éleveurs d'Elig-Mfomo, union des Gics des éleveurs et agriculteurs d'Enigo et Enobita, union des Gics des éleveurs et agriculteurs d'Endama). Chaque Gic a son lot de cacao qu'il déclare au président de son union. Chaque président d'union déclare son stock de cacao au coordonnateur de la fédération. Ce dernier va négocier le prix du cacao au niveau des exportateurs en tenant compte du prix free on board (FOB) puis du prix coût assurance fret (CAF) et enfin du prix port champ qui revient au paysan.

* 61 Les fongicides et les insecticides sont les principaux intrants nécessaires à l'entretien des cacaoyers. En fait, avant, les paysans ne savaient pas qu'ils pouvaient eux-mêmes choisir les produits de bonne qualité, qu'ils pouvaient négocier directement avec les fournisseurs.

* 62 Le « cocsage » est une technique de vente individuelle et désordonnée puis d'achat ambulant de cacao par des commerçants qui scionnent les villages à bord de voiture pick-up.

* 63 Référence est faite ici à la mise sur pied des Gics, l'organisation des travaux collectifs sous forme de brigade d'intervention avec l'atomiseur ou les pulvérisateurs dorsaux, l'achat d'intrants de qualité chez des fournisseurs (ADER, YARA, FIMEX), la négociation des prix avec les exportateurs.

* 64 Les différences entre un puits à pompe et un forage sont : un puits à pompe a un diamètre de circonférence plus grand que le forage mais un puits à pompe est peu profond (inférieur à 45m) par contre le forage est plus profond (plus de 45 m). Ceci fait qu'avec un forage l'accès à l'eau est plus abondant et le problème de sécheresse que connait le puits à pompe est évacué.

* 65 Une maison familiale en Afrique est un exemple de cas de développement communautaire à Abong-Mbang au Cameroun. Dans ce cas, il a fallu prendre une année pour déblayer le terrain. Pour la phase de préparation (écouter, observer, rendre visite aux gens, prendre contact avec les uns et les autres, discuter des divers problèmes qui se posent aux villages, présenter les objectifs à réaliser ensemble, créer un climat de confiance). A cette phase de découverte réciproque, succède une phase d'action dans les villages. A ce niveau, l'animateur propose d'organiser au niveau de chaque village, des « journées d'éducation » autour d'un certain nombre de thèmes intéressant les villageois (amélioration de la production caféière (régénération, entretien), amélioration de la production cacaoyère (nettoyage, traitement), recherche d'une meilleure utilisation de l'argent, amélioration de l'habitat.). Dans une troisième phase, il sera question de mettre sur pied, dans chaque village une association de personnes intéressées par le projet. Par ce mécanisme, il était question de créer un pôle d'adultes capable d'entériner le projet et mieux ouvert à l'innovation. Ce n'est qu'après tout ceci que des actions se matérialisent.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe