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Migrant malien blanchisseurs à  Niamey: pratiques migratoires et réseaux d'insertion

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par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - Master 2 2015
  

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2.2 Les facteurs de la consécration de la ville de Niamey

La consécration de la ville de Niamey est sans doute liée à deux facteurs essentiels : d' une part à son évolution démographique et d'autre part aux mesures administratives. L'évolution démographique fulgurante que connait Niamey est liée aux migrations et au croit naturel de sa population.

2.2.1. Une forte participation de la migration dans la croissance urbaine

De la période coloniale à nos jours la migration est l'un des moteurs de l'évolution démographique de la ville. En effet, pendant la période coloniale le village de Niamey a bénéficié de l'apport des populations environnantes consécutives à la création du poste de Niamey. Ces migrants étaient attirés par les emplois nés de l'installation française. Ces populations constituent le premier  « stock de migrants » en direction de la ville. Mais l'afflux important des migrants sur Niamey est beaucoup plus en relation avec les vagues de sécheresses qu'a connues la colonie pendant cette période coloniale. Car dans cet espace sahélien, en cas de famine, les populations partent en direction des villes où elles espèrent trouver de l'aide. C'est fut le cas en (1903, 1913 et 1931) où les populations touchées par la famine migrent à Niamey où l'administration coloniale procède à la distribution gratuite de vivres pour atténuer les souffrances des populations. Ainsi, en 1931 on estime à 22 000 à 23 000 personnes venues à Niamey (SIDIKOU, 1980). Ces populations sont à l'origine de la création des quartiers Deyzeibon, Foulan Koira, Koira Tégui. Comme on le constate ce réflexe de migrer va s'avérer au cours de l'histoire comme l'un des facteurs de la croissance de la ville (AYOUBA, 2012). Car nombreux sont les migrants qui ont fini par se fixer dans la ville même après les crises alimentaires. Comme le souligne (ALPHA, 1997) «  l'exode massif des populations chassées par la sècheresse et famine constitue également l'un des facteurs à l'origine de la croissance rapide de la ville ».

A l'Indépendance du pays, Niamey avec ses fonctions administratives, politique et économique capte une bonne partie des flux migratoires internes. Ainsi, au RGP/H de 2001 Niamey constitue la principale destination des migrants internes avec près d'un migrant interne sur deux qui y réside (ZAKOU, 2012).

En outre, Niamey continuera à jouer son rôle traditionnel de refuge pour les populations touchées par les famines de plus en plus persistantes dans ce pays sahélien. C'est ainsi que la ville a accueilli des centaines voir des milliers de migrants pendant les famines de (1965, 1973, 1984 et 2005) (AYOUBA, 2012). La fixation de ces migrants dans la ville s'est matérialisée sur le plan spatial par la création des quartiers Route Filingué, Dar es Salam, Ceinture verte, Zarmagandey.

Cependant, de la période coloniale à nos jours, Niamey n'a pas seulement accueilli des migrants internes elle a accueilli aussi des migrants externes.

Pendant la période coloniale, la création du poste de Niamey et les mesures visant son occupation ont permis à Niamey d'accueillir plusieurs migrants externes venant principalement des voisins du Niger. C'est ainsi que dès 1906 le premier Sarki Zongo a été investi à Niamey. Ce quartier d'accueil des étrangers est peuplé principalement des ressortissants du Nigéria. Ces populations étaient principalement attirées par les activités commerciales dans le village. Au fil des années certaines de ces populations sont retournées dans leur pays d'origines d'autres par contre ont fini par se fixer dans la ville.

Avec le transfert effectif du chef-lieu du territoire de Zinder à Niamey le gouverneur Jules Brevier a entrepris d'énormes investissements dans la construction d'infrastructures nécessaires au fonctionnement de l'administration coloniale. Dans ce cadre la colonie fait appel aux autres colonies de l'AOF pour fournir la main-d'oeuvre qualifiée. Selon (SIDIKOU, 1980) Niamey a accueillie en 1927 d'importantes communautés gourmantchés. Toujours dans le même sens l'administration coloniale a procédé au recrutement au Soudan (Mali) et au Sénégal des maçons qualifiés pour la construction du palais du gouverneur ; du secrétariat général ; de l'hôpital et des logements des fonctionnaires. C'est ainsi que Niamey s'est retrouvé avec un «  stock important de migrants étrangers » venue saisir les opportunités économiques et d'emploi qu'offre la petite ville.

La relance des activités de dynamisation de la ville de Niamey à la fin de la seconde guerre mondiale a permis l'installation de plusieurs entreprises. Parmi elles on peut citer entre autres Personnaz Gardin (import-export) ; Dejan (Import) ; ABCD (import-export) ; Navalo ; Dargaz ; Grands travaux...Ces entreprises ont joué un rôle important dans l'accroissement numérique de la communauté étrangère de la ville. Car pour les entreprises de travaux publiques le recours à la main-d'oeuvre burkinabé ; sénégalaise et malienne était systématique pour pallier au déficit local. Monsieur (B) natif de Deyzeibon se souvient toujours de ces collègues étrangers avec lesquels il a travaillé dans l'entreprise Dargaz « j'étais ferrayeur à Dargaz. J'étais avec des Maliens,  des Sénégalais,  des Burkinabés  des Béninois.... Parmi eux y'avaient des maçons, des plombiers, des électriciens, des ferrailleurs et  des ouvriers. Certains de ces étrangers ont fini par retourner dans leur pays d'autres par contre se sont fixés définitivement à Niamey »2(*).L'arrivée massive de ces migrants étrangers a abouti à la création du quartier Lacouroussou peuplés majoritairement d'étrangers. Cet acte est la deuxième empreinte des migrants étrangers sur la ville après la création du quartier Zongo.

A l'indépendance la mise en place des structures administratives va s'avérer difficile pour le jeune Etat tant le pays est vaste et les ressources humaines qualifiées insuffisantes. Là aussi le pays aura recours aux ressortissants de l'AOF au-delà du Ghana et du Nigéria. Ces fonctionnaires étrangers avec les cadres locaux doivent jeter les bases d'une administration nouvelle (SIDIKOU, 1980). Parmi ces «  cadres importés » les plus nombreux étaient les Béninois et les Togolais. Ils étaient envoyés un peu partout au Niger pour servir dans l'enseignement. Et nombreux sont les cadres nigériens ayant eu des enseignants étrangers au cours de leurs cursus scolaires.

Cet afflux des cadres étrangers a contribué à l'augmentation significative de la population migrante qui s'installe dans la capitale pour saisir les opportunités économiques et d'emplois du jeune Etat. Cette dynamique migratoire étrangère connaitra un coup dur en 1963 suite au différend frontalier entre le Niger et le Benin sur l'ile de Lété qui a abouti à l'expulsion des Béninois et des Togolais du Niger. Cependant, au moment où on a constaté à Niamey l'augmentation du nombre de migrants maliens.

Un autre événement ayant rehaussé le poids de la communauté malienne à Niamey c'est la « nigérianisation de l'emploi » qui consistait à remplacer les étrangers qui servaient dans l'administration publique par des nationaux. Cela a eu pour conséquence le départ massif des fonctionnaires étrangers qui venaient de perdre leurs emplois pour rejoindre leurs pays. Curieusement cela n'a pas eu d'impact significatif sur la communauté malienne car «  Les Maliens à la différence des Béninois et des Togolais ne savent pour la plupart ni lire ni écrire » (BERNUS Su, 1969). Ils n'ont donc pas été victime de cette politique. Cela a consolidé leur poids numérique dans la population étrangère de Niamey car beaucoup ont finis par s'y fixer définitivement. C'est donc tout naturellement qu'au lendemain de la crise malienne la capitale nigérienne a été une terre d'accueil pour beaucoup de réfugiés maliens qui ont des parents dans cette ville.

Quel que soit le type de migration, il faut retenir que pendant la période coloniale la principale cause de la croissance démographique de Niamey a été sans aucun doute les migrations.

* 2 Entretien réalisé le 26 mai 2014 à Niamey

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