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Etude de l'envasement de quelques lacs collinaires au bassin versant de la Medjerda

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par Soumaya Younsi
Institut Nationale Agronomique de Tunisie - Ingénieur en hydraulique et aménagement Rural 2015
  

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I.3.5 Le sapement des berges

Lors des crues, les écoulements affouillent la base des berges des oueds, qui s'éboulent sous l'effet du poids des matériaux en surplomb. Cette forme d'érosion qui s'observe surtout au niveau des méandres des oueds, s'exerce sur les rives concaves du lit de l'oued, et s'accompagne de dépôts latéraux de matériaux sur les rives convexes de l'aval. Ces dépôts sont mobiles d'une crue à une autre en fonction du débit de la crue (Cherif, 2013).

I.3.6 Le glissement de terre (mouvement de masse)

Dans le cas d'un terrain imbibé d'eau, constitué de roches meubles ou alternativement meubles et résistantes, qui repose sur une couche ou roche imperméable, on assiste à un déplacement ou à un glissement de terrain dans le sens de la pente. Ainsi le mouvement de masse est causé principalement par l'infiltration de l'eau dans le sol qui le rend élastique (Cherif, 2013).

Les glissements de terrain qui intéressent l'ensemble d'un versant sont assez peu fréquents et souvent difficilement réparables, il s'agit de glissement pelliculaire. Par contre les glissements localisés sont plus fréquents et visibles sur le terrain et se présentent sous forme de loupes de glissement (Cherif, 2013).

I.3.7 L'érosion en tunnel (piping)

L'érosion en tunnel est une forme d'érosion localisée qui se manifeste dans des conditions particulières favorables à l'écoulement hypodermique. En effet, les fentes de retrait au niveau des argiles jouent un rôle de canalisation pour les eaux des pluies qui, en trouvant les marnes sous les argiles, s'écoulent dans le sens de la pente et transportent les matériaux solubles, en créant des troues et des crevasses qui s'élargissent et par effondrement donnent naissance à des ravins (Cherif, 2012).

I.3.8 La sédimentation

La sédimentation des terres agricoles, suite à l'épandage des eaux de crues au niveau des plaines, peut être considérée comme une forme d'érosion. En effet avec la diminution de la pente, les crues déposent les matériaux solides arrachés de l'amont et donnent lieu à des zones d'accumulation de sédiments d'importance variable (Cherif, 2013).

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Dans certains cas, ce phénomène peut être néfaste, soit par l'envahissement des cultures en place avec les sédiments, soit par la qualité des matériaux déposés, qui peuvent être très chargés en cailloux, en sels ou en gypse, ce qui engendre une dégradation des terres agricoles (Cherif, 2013).

I.4 Les facteurs de l'érosion hydrique

Deux principaux facteurs de l'érosion sont évoqués dans la littérature : les facteurs physiques naturels regroupés sous six grandes familles ; à savoir : le climat, la topographie, la lithologie, la géologie, la pédologie et le couvert végétal; et les facteurs anthropiques relatifs aux activités humaines.

I.4.1 Les facteurs physique naturels I.4.1.1 Le climat

La fréquence et l'intensité des précipitations sont les deux caractéristiques importantes du facteur climatique de l'érosion hydrique des sols. Ces caractéristiques provoquent le ruissellement quand la quantité des pluies dépasse la capacité d'absorption de l'eau par le sol.

En effet, la Tunisie fait partie de la zone méditerranéenne dont le climat est caractérisé par des précipitations limitées et irrégulières dans le temps et des orages violents de courte durée et de forte intensité. Ainsi, le ruissellement résultant est érosif entrainant le découpage superficiel intense et un ravinement dense (Ben Slimane, 2013). De plus, ce sont les pluies d'automne qui sont les plus érosives, d'une part à cause de leurs fortes intensités et d'autre part, elles car elles surviennent après la saison sèche d'été où les sols labourables sont encore nus (Cherif, 2013).

Par ailleurs, la violence du vent intervient dans l'augmentation de l'énergie cinétique des gouttes de pluie. L'efficacité d'une pluie fine qui tombe pendant trois jours est plus faible qu'une pluie d'une heure à grosses gouttes affectées par un vent d'une vitesse de 50 km/heure (Ben Slimane, 2013).

Le changement de température, la précipitation et le vent ont des effets prépondérants sur l'altération mécanique des roches. D'où leur influence sur l'érosion est difficile à évaluer à cause de leur variation (Benaicha, 2011).

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I.4.1.2 La topographie

La topographie, ou le facteur terrain, s'exprime par le degré et la longueur des pentes. Lorsqu'une pente est forte et longue, l'écoulement est rapide développant une grande force destructrice (Cherif, 2012).

Les montagnes méditerranéennes sont profondément découpées, complexes, et partiellement instables, avec de nombreux versants escarpés et des sols jeunes rocailleux peu profonds (Naveh et Lieberman, 1984). En effet, plusieurs études ont montré que l'énergie cinétique du ruissellement et le pouvoir érosif croissent avec la longueur de la pente.

Par ailleurs, des mesures réalisées sous pluies naturelles et simulées à l'échelle du mètre carré montrent que l'érosion diffuse augmente significativement lorsque la pente passe de 2 à 8 %.(Ben Slimane, 2013).

En Tunisie, le relief est accidenté et la topographie est caractérisée par des montagnes de fortes pentes dominant des plaines qui sont traversées par de nombreux oueds déversant vers différents exutoires naturels (Mers, Sebkhas, Chott et Garaa) (Cherif, 2013).

I.4.1.3 La lithologie

Concernant le déclenchement et le développement de l'érosion hydrique, il existe deux facteurs primordiaux qui sont : la nature du sol et celle des roches de surface (Cherif, 2012).

L'érodibilité du sol désigne sa susceptibilité face aux processus d'érosion. Elle est fonction des propriétés physico-chimiques du sol tel que la texture, la profondeur, la porosité, la teneur en matière organique et la cohésion qui existe entre ces particules (Ben Slimane, 2013).

Les sols dans le pourtour méditerranéen sont pauvres en matière organique à cause de la faible productivité végétale, des températures élevées et du manque d'eau. Ces conditions accélèrent la minéralisation des matières organiques du sol et les rendent fragiles, faiblement structurés et prédisposés au tassement et à la formation des croûtes de battance. Par conséquent, ces sols sont en général très sensibles à l'érosion (Al Ali, 2007).

En Tunisie, l'action érosive crée continuellement des sols jeunes alluviaux ou colluviaux (la morphogenèse est supérieure à la pédogenèse) à prédominance marneuse ou argileuse en matière organiques, suite à la disparition de la couverture végétale (Saadaoui, 1995).

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I.4.1.4 Les facteurs géologiques et pédologiques

Le facteur géologique intervient, si les roches en place sont exposées à la pluie, au vent et aux forces de gravité, il peut y avoir aussi désagrégation.

La structure et la texture des sols, leur perméabilité, la présence de certains éléments chimiques et matières organiques conditionnent l'érodabilité des sols (Benaicha. 2011).

I.4.1.5 Le couvert végétal

La nature et l'intensité du couvert végétal joue un rôle très important dans la protection du sol contre l'érosion. En effet, la végétation favorise l'infiltration de l'eau et le maintien du sol grâce à son système radiculaire, et son développement en surface freine le ruissellement (Ben Slimane, 2013). Le principe est très simple, le couvert végétal résiste à l'érosion. Grâce à l'ensemble feuilles-tige-racines, il est considéré comme un facteur de conservation des sols, d'une part par un effet direct (atténuation de l'énergie cinétique des gouttes de pluie), et d'autre part par un effet indirect (enrichissement du sol en matière organique et amélioration de ses propriétés) (Cherif, 2012).

En Tunisie il existe des averses qui entraînent un ruissellement de 40-50 % en tombant sur un sol humide (Delhoume, 1987). Par contre, sous un couvert végétal naturel dépassant 40% et sur de fortes pentes, les pertes de terres peuvent être très réduites (Roose et Arabi, 1994).

Par ailleurs, la disparition du couvert végétal favorise davantage le décapage des couches superficielles du sol et contribue à la création des sols jeunes alluviaux ou colluviaux très sensibles à l'érosion, ce qui est le cas de la plupart des sols du pays, où on trouve que le couvert végétal est constitué par une mosaïque de végétation allant de la forêt dense de chêne liège au Nord à la forêt dégradée, au maquis, et à la steppe au Centre (Cherif et al., 1993).

I.4.2 Les facteurs anthropiques

Au-delà des causes et processus naturels, le phénomène de l'érosion est accéléré par certaines activités humaines et modes d'exploitation des terres. À cause des pratiques inadaptées appliquées sur les versants, l'Homme est le facteur principal qui conditionne l'intensité de l'érosion et ses effets indésirables pour l'environnement et pour l'économie (Wazzeni, 2013).

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Les principaux facteurs anthropiques dans le pourtour méditerranéen ont été définis comme suit (Cherif, 2012).

I.4.2.1 Les techniques culturales

Le travail du sol brise la pellicule superficielle du sol résultant de la battance et tend donc à diminuer le ruissellement et l'érosion. Mais d'un autre côté, le labour pulvérise le sol, accroît sa disjonction et sa vulnérabilité.

L'intensification de l'agriculture et de l'utilisation des pratiques culturales non appropriées des sols (labour dans le sens de la pente, utilisation des charrues à disques pulvérisant les sols, plantations arboricoles pas en courbes de niveau sur des terres en pente, ...) entraînent une suppression des éléments structurant le paysage, (retournement des prairies, agrandissement des parcelles...) et accélèrent l'érosion (Ben Slimane, 2013).

I.4.2.2 Le surpâturage

Le surpâturage provoque un tassement du sol, une diminution de sa perméabilité et un accroissement du ruissellement et laisse ainsi des surfaces importantes du sol non protégées et plus exposées aux effets érosifs (Ben Slimane, 2013).

D'après Roose et Sabir (2002), l'élevage extensif en montagne dans le pourtour méditerranéen s'est traduit par la dégradation des couvertures végétales et des sols, l'encroûtement ou le décapage des horizons humifères, le creusement des rigoles en ravines.

I.4.2.3 L'exploitation minière

L'exploitation minière est considérée comme un facteur indirect (par endroit) qui peut favoriser l'érosion hydrique, et ce par les travaux au cours desquels les machines déplacent de grandes quantités de terres et par le déplacement des camions.

Les exploitations à ciel ouvert comprennent l'enlèvement du sol de surface, des roches et des autres couches couvrant les dépôts du minerai ou du combustible ainsi que l'exploitation du dépôt. Les grandes exploitations minières coupent le réseau de drainage naturel et modifient les phénomènes de ruissellement et d'érosion des bassins fluviaux (Wazzeni, 2013).

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I.4.2.4 La croissance démographique

En Tunisie, les activités humaines (défrichement, surexploitation des forêts et parcours, pratiques culturales inadaptées) ont augmenté au cours du dernier siècle, en particulier du fait de la croissance démographique : 2 millions d'habitants et 1,2 millions d'ha cultivés en 1920 contre 10,9 millions d'habitants et 4,7 millions d'ha cultivés actuellement (Ben Slimane, 2013).

Cependant, l'accroissement de l'urbanisation en aval des terres cultivées, augmentent la vulnérabilité aux phénomènes érosifs. Les plus grandes quantités de sédiments sont produites durant les phases de construction, surtout quand la végétation et le sol de couverture sont provisoirement enlevés. Les travaux de construction peuvent accroître l'érodibilité et diminuer la stabilité des pentes de façon radicale (Wazzani, 2013).

I.4.2.5 L'incendie

Puisque le feu endommage et ravage le couvert végétal, cela sous-entend un risque élevé d'érosion. En fait, les zones sans aucune couverture végétale courent toujours un plus grand risque de forte érosion que les autres (Wazzeni, 2013).

I.4.2.6 Le bois de feu

Vu que la demande de bois de feu et de charbon de bois est forte en zones rurales et même urbaines et ce, d'une façon plus accentuée dans les pays sous développés et en voie de développement, le bois va continuer d'être exploité comme une source importante de combustible pour les usages domestiques aussi bien que pour la petite industrie dans les zones rurales et urbaines. L'essentiel du bois de feu provient encore des forêts et bois naturels qui sont abattus et détruits à des rythmes alarmants, ce qui va continuer à exercer une pression sur les forêts dont le couvert végétal joue un rôle protecteur très important à ralentir les forces érosives de la pluie. En effet, le système radiculaire des arbres contribue à maintenir la cohésion des particules, les matières organiques provenant de la végétation (humus) améliorant la structure des sols. La destruction du couvert végétal par le feu, le surpâturage ou l'arrachage des racines et des branches utilisées comme bois de feu expose le sol à l'action érosive de l'eau de pluie et de ruissellement (Wazzeni, 2013).

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I.5 Les impacts de l'érosion hydrique

Dans certaines parties de la Méditerranée, l'érosion est devenue irréversible à certains endroits lorsque la roche mère à été mise à nu (La commission européenne, 1999).

La pédogenèse, est évalué entre 1à 12 t/ha/an en fonction du climat, du type de roche et de l'épaisseur des sols (Roose, 1994).

En effet, parmi les menaces les plus graves pesant sur les sols méditerranéens on a l'érosion hydrique, qui par une érosion supérieure à 15 t/ha/an cause une perte de 31% des terres. (AMI, 2000). D'autre part, elle entraîne une dégradation des terres cultivées et des sols. La production, la sécurité alimentaire et les écosystèmes sont sévèrement affectés par les problèmes de l'érosion (Al Ali, 2007).

L'érosion des sols est à l'origine de deux familles de problèmes affectant l'environnement: ? Les conséquences dans la zone de départ des sédiments (on-site affects).

Elles sont relatives à la perte de la couche arable d'environ 10 000ha/an (Stratégie nationale de la CES, 1993) ainsi que des semences, ce qui réduit la fertilité du sol et la productivité des cultures de 1% chaque année. Sachant que la régénération d'un centimètre sol à partir d'un matériau d'origine peut prendre des milliers d'années, le processus peut être considéré comme quasi irréversible à l'échelle de générations humaines (Ben Slimane, 2013)

? Les conséquences sur les lieux de dépôt (off-site affects) sont plus nombreuses.

Les engrais et pesticides épandus dans une parcelle agricole peuvent être transportés dans les eaux de ruissellement sous forme dissoute ou par adsorption sur les sédiments. Ce transport peut avoir des effets toxiques sur la qualité de l'eau (potable, industrie et d'irrigation) et peut provoquer une eutrophisation (prolifération des plantes aquatiques et perte d'oxygène dissout) des milieux aquatiques. On peut aussi assister à la destruction des infrastructures et le recouvrement de fossés et routes. (Ben Slimane, 2013)

Une autre conséquence importante est l'envasement des barrages et des retenues en aval, dont dépend, dans une large mesure le développement économique du pays (Cherif, 2013), ce qui

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affecte leur capacité à mobiliser les eaux de surface dans un but d'irrigation ou d'alimentation en eau potable par exemple. (Ben Slimane, 2013)

On estime qu'environ 25 millions de m3 de sédiments se déposent annuellement dans les retenues des barrages, ce qui se traduit par une réduction des volumes d'eau mobilisés (Cherif, 2013).

I.6 L'érosion hydrique en Tunisie et stratégie national de CES I.6.1 Les ressources naturelles en Tunisie

L'érosion hydrique est un phénomène très répandue dans la région de la Méditerranée vue l'agressivité du climat et les caractéristiques du milieu physique qui favorisent le déclenchement du phénomène. Elle touche particulièrement la Tunisie et menace les ressources en eau et en sol du pays.

En effet, la Tunisie est soumise à l'influence de deux climats, au Nord le méditerranéen et au sud le saharien qui sont à l'origine d'une variabilité spatio-temporelle des ressources en eau (Kanfir et al., 1998). La majeure partie de la Tunisie appartient aux étages semi-aride et aride et elle est caractérisée des pluies irrégulières et torrentielles ce qui donne lieu à d'importants ruissellements et de fortes crues provoquant l'érosion des terres en pente (Cherif, 2013).

D'autre part, la Tunisie est caractérisée par la vulnérabilité de ses ressources essentiellement en eau et en sol qui sont soumis aux différentes formes de dégradation engendrant des effets négatives aussi bien au niveau des terres agricoles qu'au niveau des infrastructures routiers et hydrauliques, cette dégradation des sols est dépendante d'une part des facteurs de l'environnement naturel qui conditionnent leur vulnérabilité et d'autre part de l'action anthropique qui entraîne soit leur dégradation soit leur stabilisation (Cherif, 2012).

Malgré la forte pluviométrie et la raideur des pentes, les sols de l'extrême Nord ont une certaine stabilité naturelle due à une couverture végétale dense (forêt et maquis).Mais par une érosion sous différentes formes (décapage superficiel, ravinement, glissement de terrain) le déboisement et le surpâturage peuvent potentiellement perturber la stabilité des sols (Cherif, 2012).

Pour ce qui est des sols du Tell et de la Dorsale, c'est l'emprise de l'agriculture (céréaliculture et arboriculture) qui est à l'origine, partiellement, du phénomène de l'érosion. Le

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défrichement, les labours sur pente ouvrent la voie à une érosion variée (décapage superficiel, ravinements...). Les sols du Sud sont soumis essentiellement au surpâturage et à des labours qui sont à l'origine d'une érosion plutôt éolienne, non d'une érosion hydrique.

En Tunisie, les terres agricoles occupent 62,2% de la superficie totale du pays (16,4 millions ha), qui correspond à 10,2 millions ha (El Faleh, 2007). Au niveau des terres agricoles, on distingue 5,4 millions d'ha de terres labourables et 4,8 millions d'ha de forêts et parcours (Cherif, 2008).

I.6.2 Importance et répartition de l'érosion hydrique en Tunisie

L'érosion hydrique est un phénomène très ancien qui a touché de grandes superficies en Tunisie (Cherif , 2012) qui présente une superficie totale de 16,4 millions d'ha, dont 10,2 millions d'ha de terres agricoles (El Faleh, 2007) et 6,2 million d'ha de terrains incultes (Sahara, zone humides, zone urbaines, etc....). Au niveau des terres agricoles, on distingue 5,4 millions d'ha de terres agricoles utile (TAU) et 4,8 millions d'ha de forêts et parcours (Cherif, 2008). Sur les 5,4 millions d'ha de terres agricoles utiles (33 % de la superficie totale du pays), l'érosion menace 3 millions d'ha dont la moitié est gravement affectée (Cherif et al., 1995).

D'après l'étude de synthèse de la carte de l'érosion du Nord et du Centre de la Tunisie à l'échelle 1/200 000, qui a été élaborée dans le cadre du Projet FAO-SIDA TF/TN5 et 13 SWE (1978) et publiée en 1980 par la Division des Sols de la D.R.E.S (Sols de Tunisie, Bulletin N°11-1980), et d'après DG/ACTA (2005), on constate qu'environ 3,1 millions d'hectares sont affectés par l'érosion et dont 1,5 millions d'hectares sont moyennement à fortement touchés et nécessitent des interventions à court et moyen terme. (Cherif, 2012)

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Dans le tableau 1, on donne la répartition des zones d'érosion hydrique par grande région.

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Tableau 1: Répartition des zones d'érosion hydrique par grande région (Farhat, 2008)

Région

Superficie de la région (Km2)

Niveau d'affectation

TOTAL

Erosion Faible

Erosion Moyenne

Erosion Forte

(km2)

(%)

(km2)

(%)

(km2)

(%)

(km2)

(%)

Nord-Est

9 500

2 000

21 %

550

6 %

1 050

11 %

3 600

38 %

Nord-Ouest

11 500

3 100

27 %

3 200

28 %

2 520

22 %

8 820

77 %

Centre-Est

16 500

4 780

29 %

1 150

7 %

500

3 %

6 430

39 %

Centre-Ouest

18 500

5 920

32 %

4 200

23 %

2 030

11 %

12 150

66 %

TOTAL

56 000

15 800

28 %

9 100

16 %

6 100

11 %

31 000

55 %

 
 

L'examen de ce tableau 1 montre que :

I La région la plus touchées par l'érosion hydrique, est celle du Nord-Ouest avec 50 % d'érosion moyenne à forte et 77 % d'érosion totale ;

· :. En seconde position, on trouve la région du Centre-Ouest qui est assez touchée par l'érosion, avec 34 % d'érosion moyenne à forte et 66 % d'érosion totale ;

· :. La région du Nord-est est moyennement touchée par l'érosion, avec 17 % d'érosion moyenne à forte et 38 % d'érosion totale ;

· :. La région la moins touchée par l'érosion est celle du Centre-Est avec 10 % d'érosion moyenne à forte et 39 % d'érosion totale (Cherif, 2013).

En outre, l'érosion hydrique engendre :

> Une perte annuelle des terres agricoles de l'ordre de 10.000 ha ;

? Une perte considérable de fertilité des sols (seuil de 1% de matière organique) ;

> De fortes inondations et dégradation de l'infrastructure routière ;

? Un volume de sédiments se déposant annuellement sur les routes, les agglomérations et dans les retenues des barrages estimés en moyenne de 28 millions de m3, ce qui traduit une perte de la capacité de stockage du même volume d'eau chaque année (El Faleh, 2007).

Le tableau (2) ci-dessous illustre bien la répartition spatio-temporelle des superficies érodées dans tous les gouvernorats de la Tunisie, pour les années 1996, 2003 et 2006. Les estimations

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de ces superficies érodées sont déduites à partir des situations des études de planification des travaux CES réalisées par la DG/ACTA dans tous les gouvernorats (Boufaroua, 2011).

L'examen du tableau (2) montre que :

? Les superficies touchées par l'érosion sont réduites de plus de 741 milles de ha au cours de la décennie 1996-2006, en effet il y a une diminution considérable du pourcentage des ces superficies de 21,6% en 1996, à 18% en 2003, puis il a atteint environ 17% en 2006. En réalité, cette réduction est due essentiellement aux travaux de conservation des eaux et des sols (CES) réalisés par les programmes de la stratégie nationale de CES pour la lutte contre l'érosion.

? Les 5 gouvernorats : Kef, Siliana, Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid, sont gravement affectés par l'érosion hydrique qui a touché environ 300.000 ha pour chaque gouvernorat. Alors que les gouvernorats de Sud Tunisien : Gabès, Gafsa, Médenine, Tataouine, sont trop affectés par l'érosion éolienne (Cherif, 2012).

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Tableau 2: Répartition spatio-temporelle des superficies érodées en ha et % en Tunisie

(Farhat, 2008)

Gouvernorat

Superficie (ha)

1996

2003

2006

 

(%)

(ha)

(%)

(ha)

(%)

Tunis

30 000

3 000

10,0

1 310

4,4

139

0,5

Ariana-
Manouba

156 000

25 000

16,0

17 723

11,4

12 579

8,1

Ben Arous

66 000

25 000

37,9

19 278

29,2

15 572

23,6

Nabeul

284 000

110 000

38,7

93 961

33,1

88 279

31,1

Bizerte

375 000

100 000

26,7

105 401

28,1

91 749

24,5

Zaghouan

282 000

120 000

42,6

87 121

30,9

82 386

29,2

Beja

374 000

120 000

32,1

105 975

28,3

100 291

26,8

Jendouba

310 000

70 000

22,6

44 415

14,3

36 566

11,8

Kef

510 000

300 000

58,8

259 645

50,9

246 288

48,3

Siliana

467 000

300 000

64,2

246 330

52,7

226 223

48,4

Sousse

287 000

80 000

27,9

66 431

23,1

60 327

21,0

Monastir

103 000

40 000

38,8

24 256

23,5

20 291

19,7

Mahdia

297 000

80 000

26,9

48 031

16,2

37 319

12,6

Kairouan

672 000

300 000

44,6

228 979

34,1

212 840

31,7

Kasserine

826 000

300 000

36,3

263 289

31,9

230 895

28,0

Sidi Bouzid

744 000

300 000

40,3

257 869

34,7

248 754

33,4

Sfax

710 000

120 000

16,9

79 152

11,1

67 606

9,5

Gafsa

784 000

250 000

31,9

231 403

29,5

217 811

27,8

Touzeur

761 000

50 000

6,6

48 261

6,3

46 804

6,2

Kebili

2 208 100

50 000

2,3

42 463

1,9

38 058

1,7

Gabès

741 000

250 000

33,7

232 668

31,4

216 944

29,3

Mednine

1 524 000

250 000

16,4

231 858

15,2

219 858

14,4

Tataouine

3888900

300 000

7,7

289 999

7,5

284 012

7,3

TOTAL

16 400 000

3 543 000

21,6

3 025 818

18

2 801 591

17,1

 

Projet de fin d'études_3éme année HAR 2014-2015 YOUNSI Soumaya

21

I.6.3 Les stratégies nationales de Conservation des Eaux et des Sols I.6.3.1 Les objectifs de la Conservation des Eaux et des Sols

De nos jours, la protection de l'environnement constitue une préoccupation universelle. En effet, toute la Tunisie et tous les individus (ou presque selon les intérêts parfois conflictuels) s'accordent pour protéger l'environnement en vue de le rendre mieux vivable et plus durable. La conservation de l'eau et du sol et des ressources naturelles doit être une responsabilité nationale (D/CES, 1990 ; Hizem, 1994 ; DG/ACTA, 2002). On distingue trois objectifs globaux pour la conservation des eaux et de sols (El Felah, 2007) :

? Objectifs de la protection des ressources naturelles La protection des ressources naturelles vise essentiellement à :

? Réduire l'envasement des barrages afin de prolonger la durée d'exploitation ;

? Protéger les villes et les infrastructures routières en aval contre les inondations ; ? Maîtriser la gestion des ressources naturelles ;

? Réduire les pertes en sols et atténuer les effets de l'érosion hydrique.

? Objectifs de la production :

Pour augmenter la production agricole il faudrait promouvoir :

- La protection et sauvegarde des infrastructures agricoles et de mobilité pour un fonctionnement meilleur des filières de production ;

- L'amélioration des conditions d'exploitation par une meilleure mobilisation des ressources en eau ;

- L'amélioration et le maintien de la fertilité des terres.

? Objectifs d'ordre social et institutionnel :

Les objectifs d'ordre social et institutionnel se résument comme suit :

- Amélioration du revenu des exploitants par l'amélioration des conditions d'exploitation des ressources ;

Projet de fin d'études_3éme année HAR 2014-2015 YOUNSI Soumaya

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- Organisation des exploitants agricoles dans le cadre de groupements de développement

agricole ;

- Contribution à l'encadrement et la formation des exploitants ;

- Offre d'emploi essentiellement en milieu rural ;

- Adopter une approche d'intervention participative et partenariale ;

- Limitation des effets des inondations sur les infrastructures économiques et sociales.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon