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Financement et rentabilité des entreprises au Nord-Kivu/Goma

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par Christian SAFARI BAGANDA
Université libre des pays des grands lacs - Licence 2014
  

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Section III : LA DECISION SUR D'INVESTISSEMENT

Qu'est-ce qu'une décision ? Pour rappel, une décision est un acte par lequel un individu ou un groupe d'individus cherchent à mettre fin à un problème posé.

La décision implique au moins un choix entre deux actions alternatives concurrentes, entre au moins deux options.

Ainsi, la décision d'investissement est une décision stratégie en ce sens qu'elle relève du sommet stratégique de l'entreprise pour autant qu'elle engage par ailleurs le futur de l'entreprise à long (ou moyen) terme.

21

La décision d'investissement comme toute autre décision peut être prise dans un contexte non aléatoire (décision en avenir certain) ou dans un contexte aléatoire (décision en avenir incertain) ou enfin en univers hostile.

III.1 Choix d'investissement en avenir certain

Le présent point analyse le choix d'investissement en avenir certain. La plupart des notions et les formules présentées ici sont puisées du manuel d'A. M. KEISER33 sur la gestion financière.

L'investissement consiste pour une entreprise, à engager des ressources financières et humaines en vue des résultats à venir. Cette définition intègre la notion de résultats futurs et donc, forcement la notion de risque.

Cette définition s'applique non seulement aux actifs immobilises et aux besoins en fond de roulement d'exploitation BFRE, mais aussi à tout flux engage susceptible de dégager les recettes supplémentaires, ou de permettre d'économiser des coûts.

III.1.1 Importance de décision d'investissement

Les décisions reliées à l'investissement sont sans doute, pour l'entreprise les décisions les plus importantes qu'ont à prendre les gestionnaires, l'impact de la décision d'investir influence et détermine dans une large mesure la clause de risque et de la rentabilité de l'entreprise.

Sur le plan opérationnel, on peut facilement expliquer l'importance de la décision d'investissement par la mise des fonds substantiels que nécessitent généralement les projets d'investissement et par les problèmes sérieux de liquidité qui peuvent surgir si les flux monétaires des projets sont inférieurs à ceux anticipés.

III.1.2 Choix d'un taux d'actualisation pertinent

Rappelons que la dimension temporelle constitue un élément fort important dans l'évaluation d'un projet d'investissement. Ainsi, pour déterminer si un investissement est rentable, on doit le comparer avec les entrées de fonds qu'il générera dans le futur. Pour ce faire, le choix d'un taux d'actualisation approprié est essentiel.

En effet, c'est par le biais de l'actualisation que l'on va transformer en dollars d'aujourd'hui les différents flux monétaires du projet et les rendre comparables.

33 A M.KEISER, Gestion financière, 5ème éd., Eska, Paris, 1998, P.131

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La valeur actuelle nette VAN permet d'évoquer les problèmes souvent liés à la détermination :

- du montant de l'investissement ;

- des flux nets de trésorerie induits par le projet et échelonnes dans le temps ;

- de la durée de vie du projet.

La valeur actuelle nette ou l'actualisation est la notion réciproque de la capitalisation.

Présent

Future

Capitalisation[ ( ) ]

Actualisation[ ( ) ]

Avec :

X= capital initial

i=le taux d'intérêt

n=Période

III.1.3 Montant de l'investissement

L'ensemble des dépenses directes ou indirectes nécessaires à la réalisation du projet doit être évalue. Il comprend ;

- le prix d'acquisition des biens incorporels et financiers

- les frais accessoires [frais accessoires d'achat ; frais de transport, de douane, de manutention, d'installation de formation du personnel]

- l'accroissement des besoins en fonds de roulement d'exploitation.

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III.1.4 Flux nets d'exploitation ou cash-flow induits par le projet

La notion de cash-flow est une notion de théorie. Le cash-flow dégagé par un projet est égal à la différence entre les recettes et les dépenses induites par le projet d'investissement.

Le cash-flow et la capacité d'autofinancement sont deux grandeurs différentes34.

1. Cash-flow = (flux de trésorerie entrant induit par un investisseur) - (flux de trésorerie sortant induit par un investissement)

2. capacité d'autofinancement [produit induit par un investissement autre que calculé]-[charge produit par un investissement] autres que charges calculées

III.1.5 Durée de vie économique

Un projet a une durée de vie qui conditionnera l'échéancier du cash-flow. L'évaluation de la durée de vie du projet est délicate. Généralement, la durée de vie économique d'un projet excède la durée d'amortissement fiscal.

III.1.6 Plusieurs remarques doivent être faites :

- Privilégier les projets a durée de vie longue peut être dangereux, dans la mesure où les incertitudes sont d'autant plus forte que le projet est long (conjoncture économique, obsolescence technologique,...) ;

- Privilégier les projets à durée de vie courte peut être aussi risqué, dans la mesure où ce type de projet est moins porteur d'avenir ;

- L'estimation de la durée de vie économique conditionne l'estimation de la valeur résiduelle de l'investissement ;

- Dans certains cas, il est envisagé de conserver l'immobilisation enfin de projet.

Dans cette hypothèse, la valeur résiduelle des immobilisations correspond à la valeur d'usages ou plus simplement, à sa valeur nette comptable.

III.1.7 Techniques d'évaluation de rentabilité de projet d'investissement Il existe ;

- Le critère de la valeur actuelle nette (VAN);

34 AM KEISER, Op. Cit, p. 133

35 AM KEISER, Op. Cit, P.135

36 AM KEISER, Op. Cit

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- Le critère du taux interne de la rentabilité (TIR);

- Le critère du délai de récupération des capitaux investis (DRC) ; - Le critère d'indice de profitabilité.

1. La valeur actuelle nette [VAN]

Selon AM KEISER, la formule suivante permet de calculer la VAN35

?( )

Avec:

Io = investissement initial

CFt = Cash-flows dégagé par la période t

t = taux d'actualisation

n = la durée de vie du projet

- Critère de rejet

Sera rejeté tout projet dont le VAN au taux d'actualisation requis est négative.

- Critère de sélection

Entre plusieurs projets, sera retenu celui offrant la VAN, au taux d'actualisation requis, la plus élevée.

2. Le taux interne de rentabilité (TIR)

Le taux interne de rentabilité est le taux d'actualisation pour lequel la valeur actuelle natte est nulle, autrement dit, c'est le taux qui rend égaux le montant de l'investissement et le cash-flow induit par ce même investissement36.

? ( )

25

- Critère de rejet

Sera rejeté tout projet dont le TRI est inférieur au taux d'actualisation planché requis par l'investissement.

- Critère de sélection

Entre deux projets, sera retenu celui dont le TRI est plus élevé, à condition qu'il excède le taux de rendement requis.

3. Le délai de récupération des capitaux investis (DRCI)

Le délai de récupération des capitaux investis, aussi nommé, play-back, corresponds au délai au bout duquel les flux nets de trésoreries générés par l'investissement initial rembourse les flux nets de trésorerie.

- Critère du rejet

Sera rejeté tout projet dont le I est supérieur à la norme fixée par l'entreprise. - Critère de sélection

Entre deux projets, sera retenu celui dont le DRCI est plus court.

L'utilisation du DRCI en tant que critère de sélection n'est valable que pour des projets à durée de vie identique. Cette remarque n'affecte pas l'opportunité du DRCI comme critère de rejet. Elle en limite sa portée en tant critère de sélection.

Le DRCI pourra être calculé ;

- en tenant compte du temps donc en retenant le flux actualisé au taux d'actualisation requis ; et

- sans tenir compte du temps, donc sans actualisation.

26

4. L'indice de profitabilité

Il mesure le profit induit par un franc de capital investis37:

- Critère du rejet

Sera rejeté tout projet dont l'indice de profitabilité est inférieur à 1.

- Critère de sélection

Entre deux projets, sera retenu celui dont l'indice de profitabilité est le plus élevé.

III.2. Choix des investissements en situation d'incertitude

L'investisseur cherche à maximiser son résultat et son patrimoine dans un contexte risque. Il s'agit donc de se donner les moyens d'évaluer cette prime de risque.

L'objet de cette section repose sur :

- La présentation de la relation de rentabilité - risque ;

- La prise en compte du risque grâce à un modèle particulier, le modèle d'équilibre des actifs financiers (MEDAF) ;

- Les modalités de la prise de décision dans un contexte indéterminé.

III.2.1. La relation rentabilité en risque

Rentabilité et risque sont deux éléments qui implique l'observation de l'évaluation des cours des titres (sur une période déterminée, pour un produit donné) permettant de conclure que :

- Plus la dispersion du cours des titres est grande et donc plus le risque est fort, plus la rentabilité est élevée ;

- Plus la dispersion du cours des titres est faible, et donc, plus le risque est faible la rentabilité est basse.

37 P. VERNIMMEN, Finance d'entreprise, 3ème éd. Dalloz, 1998, p.323

27

Ces conclusions relèvent de l'observation des faits historiques. Les observations ne donnent pas de mesure du risque pour autant. Il apparaît nécessaire, afin de rationaliser le choix d'investissement, de mesurer le risque attaché à un ou plusieurs éléments d'actif financier.

III.2.2. La mesure du risque pour un investissement

· Approche probabiliste

1. Espérance mathématique

En avenir aléatoire, les flux de trésorerie sont des variables aléatoires pouvant être définies par des probabilités de réalisation.

La VAN est une variable calculée selon la formule suivante38

VAN = -Io + CF (1+t)-i

Avec :

Io = Investissement initial

CF = Cash-flow

- Critère du rejet

Sera rejeté tout projet dont l'espérance mathématique de la VAN est négative.

- Critère de sélection

Entre deux projets, sera retenu celui dont l'espérance mathématique de la VAN est plus

élevée.

2. Ecart type

Le critère de l'espérance mathématique ne tient pas compte de la dispersion des valeurs actuelles nettes, et donc du risque attaché à la dispersion des valeurs actuelles nettes, et donc du risque attaché à la distribution des probabilités. Plus la distribution est dispersée, plus le risque est grand.

38 AM KEISER, Op. Cit, p.154

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Le calcul de la variance ou de l'écart type, indicateur de valeur centrale, permettra de mesurer le risque de la distribution.

- Critère du rejet

Sera rejeté tout projet dont l'espérance mathématique est supérieure à la norme fixée. - Critère de sélection

Entre deux projets, sera retenu celui dont l'espérance mathématique est plus faible et le risque le moins élevé.

Le critère écart type sur espérance mathématique permet de mesurer le risque absolu, plus ce rapport est faible, moins est élevé.

III.2.3. Limite de la méthode

Cette méthode n'est applicable que lorsque les modifications des probabilités du cash-flow suivent la loi normale.

III.2.4. Autres technique décisionnelle : arbre de décision

La décision d'investir peut apparaître comme une série de décision séquentielle, liées entre elles et échelonnées dans le temps. Une décision dépend des décisions antérieures et conditionne les décisions futures. Par ailleurs, la décision est fonction d'une série d'événements.

Un arbre de décision permet une représentation visuelle de cette série de choix successifs. En revanche, elle offre l'inconvénient de la lourdeur dès que de multiples choix sont proposés.

III.2.5. Le marque du risque pour un portefeuille de titre 1. Le risque pour une action

Mesure du risque

Le souscripteur d'une action court un risque lié à l'incertitude qui pèse sur l'évolution du cours de l'action et sur les dividendes distribués. Le risque peut valablement être mesuré par la dispersion des rentabilités, c'est-à-dire par l'écart type ou la variance.

Le risque d'une action peut être analysé en :

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- Un risque systématique ou risque de marché : ce risque est lié à la conjoncture d'ensemble. Plus ou moins systématiquement, le cours d'une action suit l'évolution du marché. Ce risque n'est pas éliminable, car il est fonction des paramètres non maîtrisables par l'investisseur (conjoncture d'ensemble) ;

- Un risque spécifique : ce risque est lié à l'entreprise elle-même. Il est fonction de la qualité des produits, des marchés, des hommes, de la gestion ou encore de l'image de l'entreprise. Ce risque peut être partiellement maîtrisé, grâce à une diversification des actions composant le portefeuille de l'investisseur.

2. Le modèle de marché

La composition du risque peut être mise en évidence par la régression linéaire des taux de rentabilité d'une action sur le taux de rentabilité du marché indice (boursier, par exemple).

Rentabilité du titre RT var

Rentabilité du marché RM

â

L'équation de la droite d'ajustement peut alors s'écrire RT=â+RM+.

Avec â représentant la pente de la droite ;

á représentent l'ordonné à l'origine

Pour trouver les valeurs observées de RT on démontre que le RT= â+RM+á+£ avec

£= variable aléatoire spécifique au titre T.

Spécifiquement du coefficient â

â =

 

Ce coefficient permet de mesurer la sensibilité du titre T par rapport au marché. Si â est supérieur à 1, le titre est volatile. Il est plus risqué que le marché. L'investisseur exigera de T une rentabilité supérieure à celle du marché.

39G. ABRAHAM-FROIS, Eléments de dynamique économique, Dalloz, Paris, 1977, online sur www.google.fr ce 18 mars 2015 à 16h30s

30

Si â est inférieur à 1 : le titre est moins ou peu volatile : il est moins risqué que le risque du marché : l'investisseur pourra accepter de T une rentabilité inférieure à celle du marché.

Ce risque peut être partiellement maîtrisé grâce à une diversification des actions composant le portefeuille de l'investisseur.

Principe moderne en Finance : le risque d'un portefeuille bien diversifié dépend du risque systématique de chacun de titre contenu dans ce portefeuille.

Section IV : ANALYSE ET FONDEMENT D'INVESTISSEMENT DES
ENTREPRISES

Il sera question ici d'analyser et d'approfondir quelle que théories sur l'investissement des entreprises.

IV.1 : ANALYSE D'INVESTISSEMENT DES ENTREPRISES

Le rôle moteur de l'investissement dans le processus d'accumulation a constamment été souligné par l'analyse économique et plus spécialement par KEYNES et les néoclassiques. Aujourd'hui, ce rôle fait l'objet de nombreux développements et controverses quant à son rythme, à l'opportunité de certaines de ses formes ou quant à son opportunité tout simplement.

Si les apports théoriques contemporains sur le sujet39 permettent de prolonger ou d'élargir le champ des investigations au cadre spécifique des micro-comportements, ils présentent surtout, par rapport à l'analyse sur les PME Congolaises un intérêt particulier. L'aspect majeur de cet intérêt est la démarche que ces différentes analyses suscitent et que l'on peut situer ici à trois niveaux :

- au niveau de la nature de l'investissement ;

- au niveau des facteurs déterminants de l'investissement ;

- au niveau du comportement actif ou passif des entrepreneurs dans la régulation de l'activité.

La prise en compte de ces préoccupations nous semble de nature à contribuer à l'analyse de la spécificité de l'investissement dans les PME Congolaises. Elle devra nous permettre notamment d'en dégager les caractéristiques par rapport à l'analyse théorique, puis d'en déterminer l'impact sur le processus de développement de ces unités de production.

31

En fait, les PME Congolaise possèdent un certain nombre de particularités qui peuvent expliquer que l'on s'interroge sur les possibilités réelles de développement de l'investissement dans l'économie Congolaise par le biais de ces entreprises.

D'une manière générale, les PME peuvent être définies comme des unités à l'échelle humaine ou familiale souvent dirigées par un seul homme propriétaire du capital qui assume ou cherche à assumer toutes les fonctions essentielles de l'entreprise. Cette définition, si elle est générale et peut s'appliquer à l'ensemble des PME, elle nous permet notamment de souligner deux caractéristiques majeures inhérentes à la manière dont naissent et fonctionnent les PME Congolaise. La première est relative à la propriété du capital et au mode de financement de l'activité, la deuxième, à l'organisation et à la structure de l'entreprise qui en découle. Cette caractérisation permet en effet de comprendre et de poser les principaux problèmes relevés à l'observation des PME Congolaise, à savoir :

- la faiblesse de leurs ressources propres et l'importance des coûts financiers que les PME doivent supporter du fait du recours à des ressources d'emprunt dont les crédits bancaires ;

- l'importance des coûts technologiques et des consommations intermédiaires inhérents aux choix sectoriels et à une mauvaise maîtrise d'une technologie empruntée et appliquée à l'outil de production ;

- une organisation sommaire de l'activité et de sa gestion qui aggrave, nous semble-t-il, l'ensemble des coûts et des charges récurrentes de l'entreprise et dont le caractère évolutif témoigne des limites de l'effet de levier financier de l'endettement.

Les appréhensions par rapport à ces problèmes des PME Congolaise se justifient pour au moins deux raisons : celle liée caractère structurel des difficultés des PME et celle attachée à la complexité de l'investissement et que ces problèmes laissent entrevoir.

Certaines des questions qu'il convient alors de se poser se rapportent aux conditions de création d'un investissement efficient dans ces PME puis à la capacité de ces entreprises à intégrer suffisamment ces contraintes dans leur décision d'investir.

En effet ce qui caractérise l'investissement c'est le temps long et les étapes successives nécessaires pour créer une richesse. Cette variable s'apprécie alors sur un double plan économique et financier :

- sur le plan économique il consiste en la création d'un capital physique qui contribue à l'activité de production sur plusieurs cycles successifs;

- sur le plan financier, il se rapporte à l'immobilisation de capitaux dans une perspective de profits.

32

Cette double nature de l'investissement met en lumière, à notre avis, deux aspects fondamentaux :

- d'abord l'investissement est un arbitrage entre le présent et le futur lequel conduit à engager une dépense immédiate puis à en attendre les effets dans un futur plus ou moins lointain;

- ensuite, l'investissement est un pari. Ainsi, que l'on raisonne dans un avenir certain ou dans un univers incertain, l'entrepreneur qui décide d'investir prend un risque.

Il peut s'agir aussi bien d'un risque économique que d'un risque financier. Le risque économique tient à la variabilité possible des résultats due à des modifications pouvant intervenir dans la concurrence, la technologie, la conjoncture... Quant au risque financier, il se rapporte au recours à des capitaux d'emprunt pour boucler le financement du projet ou de l'activité de l'entreprise.

Selon BERTRAND SAVOYE, l'analyse40 des micro entreprises dans les pays en développement (PED) a été menée, ces deux derniers décennies, au sein du cadre plus large des recherches sur le secteur informel. Pour la majorité des auteurs, le secteur informel se définit comme le complément du secteur productif moderne et ressemble donc pêle-mêle des unités de production très variées, depuis les petits établissements artisanaux jusqu'aux couturiers à domicile ou aux vendeurs à la sauvette. De ce fait, les contours du monde des micro entreprises et leurs caractéristiques sont demeurés confus.

Le portrait des micro entreprises des pays en développements dressé dans ces études nuance, voire même contredit, certaines idées récurrentes drainées par la littérature sur l'informel, telles que le caractère supposé instable et précaire de respect des règlements administratifs.

Ces constats permettent à notre sens de relativiser les spécificités irréductibles prêtées à ces unités, et de mettre au contraire en évidence d'importantes similitudes avec les micro entreprises des pays industrialisés (PI). Pour ce faire, nous approchons les travaux menés sur les micro entreprises des pays en développement, qu'elles soient formelles ou informelles, des travaux menés sur les micro entreprises des pays industrialisés.

La description de cette composante « micro entreprises41» porte respectivement sur leurs profils, rentabilité et pérennité, besoins financiers ainsi que les obstacles à leur développement. D'après B. KAMBALE MBAKUL'IRAH, conformément à la déclaration de l'ancien secrétaire général des Nations-Unie, Kofi Annan, comme partout ailleurs, le secteur informel a joué un rôle

40S. Bertrand, Agrégé de sciences sociales, INSEE, Revue Tiers Monde, t. XXXVII, n°148, octobre-décembre 1996, p.p. 953-967.

41 B. KAMBALE, Exclusion financière des pauvres en Afrique; cas de la RDC, éd. Universitaires européennes, 2015, p.p. 53-59

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d'arrière garde qui permet à la majorité de la population congolaise (plus de 80%) de vivre et de survivre (Nations-Unis, 2006). L'auteur développe son idée en disant que les activités informelles ont une rentabilité élevée. Mais le capital et le fonds de roulement dont disposent ces micro entrepreneurs sont de faible valeur à tel point que la petite marge générée suffit tout juste pour procurer un maigre repas tous les deux jours à la famille et pour entretenir l'activité. Les obstacles42 les plus majeurs sont :

- La multiplication des taxes administratives ;

- Les charges familiales élevées ;

- Les difficultés financières ;

- La dépréciation de la monnaie ;

- Le coût de transport élevé ;

- Les frais de douane élevés ;

- Le personnel démotivé ;

- Le manque d'équipement ; et enfin

- Les difficultés d'acheter et de vendre à l'étranger.

IV.2 : LES FONDEMENTS THEORIQUES D'INVESTISSEMENT DES MICRO

ENTREPRISES

L'investissement, qu'il soit privé ou public, joue un rôle décisif dans le développement de nos sociétés. Il se révèle indispensable à l'activité économique, en permettant de maintenir ou d'accroître la quantité de capital mobilisable et en étant un facteur d'accroissement de la productivité. Il peut jouer un rôle social en permettant le développement de l'emploi à condition qu'il ne soit pas tourné vers la rentabilité financière immédiate. Il doit jouer un rôle clef dans la transition vers un nouveau modèle de développement soutenable dans le temps et respectueux des impératifs écologiques. L'investissement n'est donc pas une fin en soi, n'a pas pour seule vocation le développement des capacités productives mais vise d'abord et avant tout à accentuer le bien-être présent et futur, tout en préservant les ressources naturelles43.

« Le développement de la société française, dans un environnement marqué par l'intégration européenne et la mondialisation, repose en grande partie sur l'efficacité de son secteur privé et le bon fonctionnement du marché. Mais cela n'exclut pas le développement des secteurs d'économie sociale ou solidaire qui sont plutôt moins développés dans notre pays que dans d'autres. Et cela va

42 B. KAMBALE MBAKUL'IRAH, Les obstacles au développement des micro entreprises dans la ville de Goma/RDC : résultats d'enquête, article tiré dans le revue interdisciplinaire des facultés et Instituts de l'ULPGL, L'analyse topique, N° 03, mai 2006, p. 4

43 Report of the Joint uneCe/oeCD/eurostat Working group on statistics for sustainable development : Measuring sustainable development (2008). Consulté sur www.google.fr ce 18 mars 2015 à 16h00

34

également de pair avec des interventions et des régulations publiques, à différents niveaux »44. En particulier, l'état, dans un monde mouvant où de nouvelles priorités se font jour, notamment au regard des exigences du développement durable, se doit de jouer un rôle proactif, soit comme investisseur direct (cf. le grand emprunt), soit comme « incitateur régulateur », auprès des collectivités territoriales ou d'autres agents économiques. Il dispose d'un rôle cardinal dans la réalisation et l'orientation de l'investissement.

Ainsi, par leur rôle régulateur, les politiques publiques de l'Etat et des collectivités territoriales, dans le domaine de l'urbanisme, encadrent les investissements et les modes de consommation des ménages et des entreprises pour des décennies, sur un plan général. Cette remarque vaut d'ailleurs également pleinement pour l'échelon européen, faute de quoi l'Europe restera une zone économique à forte hétérogénéité. Le fonds de cohésion, le fonds européen de développement régional (FEDER), le fonds social européen (FSE)... n'ont pas d'autre justification. Le seul débat porte sur le caractère adapté et/ou suffisant des politiques mises en oeuvre.

À tous les niveaux, la maîtrise de la dépense publique et la soutenabilité de la croissance exigent des investissements publics soigneusement choisis. Dans un contexte de crise et de réduction nécessaire de la dette, il importe néanmoins de maîtriser la dépense publique tout en préservant les dépenses d'avenir, voire en les augmentant, à la fois pour répondre aux attentes de nos concitoyens et pour renforcer le rôle contra-cyclique des politiques publiques. De fait, « bien orienté, l'investissement public (particulièrement les dépenses pour le développement des capacités humaines et des infrastructures) permet d'élever l'efficacité des investissements privés et constitue un facteur déterminant de l'attractivité du territoire »45. L'investissement public doit également contribuer à permettre la transition vers un modèle économique durable et plus efficace en matière d'économie d'énergie et/ou d'émission de Co2.

Par ailleurs, l'histoire économique tend à montrer que des politiques judicieuses d'investissement initiées par les pouvoirs publics peuvent avoir à la fois un impact direct et indirect sur la croissance économique.

L'impact de l'investissement public sur la richesse d'un pays peut être analysé sous deux angles : d'une part, sur le plan conjoncturel, d'autre part, sur le plan structurel.

Dans un premier cas, on considère que les investissements publics ont un impact « direct » sur l'économie. En période de faible niveau d'activité, les pouvoirs publics peuvent accroître leur niveau d'investissement afin de soutenir l'économie à court terme. Cet impact est plutôt temporaire,

44 P. DUHARCOURT, Croissance potentielle et développement, C.e.s., 2007, p.p. 223-224.

45 N. MANSOURI-GUILANI, Dynamiser l'investissement productif en France, C.e.s., 2008, p.16.

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concentré géographiquement et économiquement. Il est d'autant plus fort qu'il génère une activité « nationale », à faible teneur en importations. Dans une lecture « keynésienne », il en est attendu un effet d'entraînement rapide sur le reste de l'économie.

Le deuxième niveau d'analyse renvoie plutôt à la théorie de la croissance endogène. Les économistes de ce courant de pensée légitiment l'intervention de l'état dans l'économie dans le cadre d'actions structurantes : l'objectif est de doter l'économie de fondamentaux solides permettant d'assurer un régime durable de croissance soutenue. L'impact de l'investissement public s'analyse ici dans le long terme et se juge sur sa capacité à se diffuser à l'ensemble de l'économie et à lui donner les moyens de perdurer.

L'investissement public, dans un contexte de fortes dépenses publiques et de mondialisation, se justifie pleinement au plan théorique dès lors qu'il génère des externalités positives permettant, notamment, des économies internes chez les acteurs économiques ou s'il permet de préparer l'avenir avec des projets que le secteur privé est dans l'incapacité d'entreprendre, faute de retour financier suffisant. Le thème de la croissance endogène identifie de fait quatre facteurs principaux de croissance : les rendements d'échelle, la recherche-innovation, la connaissance (le capital humain) et l'intervention judicieuse de l'état.

Mais, au-delà de ses effets économiques, il nous faut rappeler que l'investissement sert un projet de société et sa projection dans l'avenir : « Les types d'investissement public les plus importants sont ceux en faveur de l'éducation, de la recherche, des infrastructures et d'un certain type d'installations de production d'énergie. En se concentrant sur ces secteurs, la productivité globale du pays peut se renforcer à long terme. Dès lors qu'il existe des externalités, que l'on peut les mesurer, il y a une justification théorique à l'investissement public46».

Dans la comptabilité nationale, l'investissement est défini comme la formation brute de capital fixe (FBCF), autrement dit la valeur des biens durables acquis par les unités de production pour être utilisés pendant au moins un an dans leur processus de production. À ce titre, elle inclut aussi les gros travaux d'entretien.

Toutefois, la FBCF ne tient pas compte de toutes les dépenses qui, d'un point de vue économique et non plus comptable, peuvent être considérées comme de l'investissement. C'est le cas de certaines dépenses de services qui permettent d'accroître la capacité de production de l'entreprise. Il en est ainsi des dépenses commerciales, de formation, de R&D, que l'on range souvent sous l'appellation « d'investissements immatériels ». Ceux-ci, quoique de plus en plus mobilisés par les acteurs économiques, relèvent des consommations intermédiaires dans la

46 N. MANSOURI-GUILANI, Op. Cit.

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comptabilité nationale (à l'exception notable de l'acquisition de logiciels qui contribuent bien à la FBCF). De même, la comptabilité nationale n'inscrit pas dans la FBCF les « investissements financiers » (nationaux ou étrangers), qui constituent en fait des placements, ni les achats de terrains.

La définition de l'investissement par la FBCF s'avère donc plutôt restrictive. Si elle souligne le rôle de l'investissement dans les capacités de production physiques d'une économie, elle apparaît à tous les égards trop limitée par rapport à cet objectif même.

Pour corriger cet état de fait, il est nécessaire de tenter de contourner les limites de la définition et de raisonner sur le concept d'investissement en dépassant celui de FBCF et en intégrant tout ce qui relève notamment de la R&D ou de la formation. De fait, certaines dépenses en matière de protection sociale, d'environnement, d'éducation, de santé apportent autant de richesses que d'autres pour développer le tissu économique d'un pays.

S'agissant de la seule R&D des administrations publiques (APU), la France, qui était déjà l'un des pays de la zone euro qui investissait le plus en ce domaine au milieu des années 1990, n'a pas sacrifié ce poste de dépenses au cours des quinze dernières années en maintenant constant son effort (aux environs de 0,8 % du PIB l'an).

En somme, nous avons compris dans ce chapitre que l'entreprise est une unité économique autonome de production des biens et services marchands sous la combinaison des facteurs de production. Pour cela, une micro entreprise est une unité à l'échelle sociétale ou individuelle souvent dirigées par un seul homme propriétaire du capital qui assume toutes les fonctions essentielles de l'entreprise après avoir investi dans les ressources matérielles pour la production des biens et services ce qui nous pousse de parler sur les notions d'investissement en RDC dans le chapitre suivant. Dans ce chapitre, il sera question de traiter sur le bilan des investissements en RDC ; décision sur l'investissement; la situation géographique particulière en RDC et en fin la présentation du milieu d'étude.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo