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Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à  Marseille

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par hélène sEVERIN
Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015
  

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b) Le temps de veille : lorsque la culture intervient dans la question de la résilience territoriale

Le tryptique crise-culture-résilience va nous permettre, dans la suite de notre analyse, de comprendre les conditions de vie des Friches culturelles. La mise en place de ces nouveaux territoires de l'art s'inscrit dans une trajectoire marquée par différentes périodes et étapes : l'avant-Friche, le temps de veille et l'après-Friche (ANDRES, 2008). Ce processus peut aboutir à une pérennisation et à la transformation de la Friche culturelle, notamment grâce à son institutionnalisation.

ï L'avant Friche -ou la crise industrielle-

Pour que les Friches culturelles voit le jour, il faut bien entenduque l'espace soit déserté, désaffecté ou sous occupé (DESBONS et RUBY, 2002). Ces espaces ont, au préalable, subis une crise industrielle importante ayant entrainé la fermeture définitive des lieux. « C'est la guerre. Une guerre économique, avec ses replis stratégiques, ses démolitions et ses milliers de chômeurs qui n'acceptent pas aisément d'en être les victimes » (DATAR, 1986).

Ce sont donc des terrains vidés de toute activité, mais aussi de toute présence humaine. Ces espaces sont bien souvent -à quelques exceptions prés- situés en marge des centre-ville puisque héritiers d'une époque industrielle, militaire ou portuaire. « Ce qui n'était que des bâtiments vétustes, devient espaces sinistrés. Ce qui était aboutissement légitime de la ville, le lieu de travail, devient verrue, un obstacle de liaison, une coupure profonde, entre la ville et ce qui est devenu la Friche. » (LACOUR, 1987).

D'un coté on a les anciennes industries dont les propriétaires se demande le devenir et de l'autre, les Friches laissées purement et simplement à l'abandon. Dans les deux cas, la question qui se pose est que faire de ces espaces libre ? Comment utiliser ces espaces ? C'est alors que le temps de veille prend toute son importance.

ï Le temps de veille -ou la culture dans la Friche-

La particularité des Friches cultuelles réside dans le temps de veille. Lorsque l'espace est abandonné, il se pose deux cas de figure : le premier où la Friche reste en Friche et le deuxième où la Friche est réappropriéede façon éphémère ou pérenne. « Le stade de Friche est un temps d'attente où le terrain en question est abandonné. Premier cas de figure, c'est un temps d'entre-deux durant lequel la Friche ne fait l'objet d'aucune réappropriation. Deuxième cas de figure, c'est un temps de veille durant lequel la Friche est sujette à des réappropriations éphémères ou pérennes. » (ANDRES L., GRESILLON B., 2011). Certains espaces abandonnés sont réaménagés directement par l'État ou par des collectivités locales en musée, en médiathèque, parfois même en université (c'est le cas de l'université de Jussieu aux Grands Moulins de Paris). Bien que ces espaces soit quelques peu péjoratifs puisque la Friche fait référence à un espace abandonné, indéfini, inachevé (GRESILLON, 2008), il semble intéressant de les étudier. Finalement, la question qu'il revient de se poser est comment la culture est saisie dans ces nouveaux lieux alternatifs et surtout par qui ? Mais aussi pourquoi ces lieux sont activés par la ressource culturelle plutôt qu'une autre ?

Par extension, la réponse à la deuxième question peut nous aider à comprendre la première. Le processus d'installation de la culture et de l'art dans ces lieux en Friche entre dans un nouveau mouvement culturel basé sur une idée de lieu insolite et de dépaysement. Les initiatives proviennent d'associations d'artistes en mal d'espace, qui veulent également dévier les codes classiques et institutionnels de la culture. Leur but est d'investir des lieux illégalement pour produire et diffuser de la culture nouvelle plus souple où ils peuvent s'exprimer de manière totalement libre. Le moment fondamentale est donc celui de l'appropriation des lieux et l'installation d'artistes dans un lieu fixe pour des pratiques parfois nomades (GRESILLON, 2008). Ces artistes, qui ont bien souvent peu de moyen, choisissent ces lieux aussi pour cette raison. Finalement, la Friche en veille n'est pas totalement déconnectée du cadre économique et politique. Ces lieux peuvent même faire l'objet de soutien financier de la part des acteurs publics. La possibilité et la pérennité de la Friche ne dépendent donc pas du simple fait d'initiatives artistiques, mais aussi de facteurs exogènes dont ces artistes n'ont qu'un faible pouvoir.

ï L'après-Friche -ou la résilience du territoire-

En aval des initiatives d'artistes, on trouve une intention politique de régénération urbaine par la culture. Ainsi, lorsque les artistes investissent ces lieux simplement pour s'y exprimer et qu'une réelle association se met en place, les politiques publics voit là un potentiel certain de développement économique. L'après-Friche est donc la phase où de vrais projets de réhabilitations sont décidés. Dans cette période, le propriétaire, les collectivités locales (parfois nationales et internationales) et des aménageurs se mettent en association pour faire de ces lieux en Friche de nouveaux territoires culturels2(*).

C'est notamment la période où les collectivités prennent conscience du potentiel foncier de ces nouveaux lieux culturels. « Progressivement pourtant, la préoccupation pour l'espace en Friche bascule vers une vision moins défavorable, associée à une diversification fonctionnelle de la Friche qui devient alors une opportunité en tant que potentiel foncier. » (ANDRES L. 2006). La Friche passe alors d'une « punition » à une « opportunité » et d' « enjeu » à une « action » (LACOUR, 1987). Plus largement, la reconversion des Friches culturelles s'inscrit dans une dynamique de régénération urbaine qui s'illustre dans des processus de redynamisation plus ou moins interventionniste (CHASSERIAU, 2004).

* 2 Cette phase fera l'objet d'une analyse plus approfondis en 2. De la culture au projet urbain

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand