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Analyse des disparités spatiales de la transmission du paludisme dans la vallée du Kou et sa gestion par un SIG

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par Abdoul Azize MILLOGO
Université de Ouagadougou - Master 2013
  

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CHAPITRE II : LES QUARTIERS ET VILLAGE D'ETUDE

Les quartiers rizicoles (VK5 et VK7) et le village témoin (Sourkoudougou) pourraient différer de par leur configuration physique, leur population ou même les activités pratiquées et ces différences pourraient avoir une incidence sur la transmission du paludisme.

2.1 MILIEU PHYSIQUE DES QUARTIERS ET DU VILLAGE D'ETUDE

En termes de nombre de concession, VK7 est la localité la plus importante avec 142 concessions. Ensuite il y'a Sourkoudougou qui a 90 concessions et VK5 avec 87 concessions (Carte 5, page 35).

La position périphérique de VK7 a favorisé des constructions autour du village. Le quartier forme également une zone de bâtis continus avec VK5B et VK6A. Les limites du quartier ne sont plus précises. Pour cette étude, la partie aménagée en 1970 a été choisie.

Pour la suite de l'étude, les concessions non habitées ou n'ayant pas répondu aux questions lors de l'enquête ont été retirées, ce qui explique les 80 concessions de VK5 et les 140 de VK7 utilisées pour les analyses.

34

J = SOURKOUDOUGOU 'J'

37 G ~':. 'Jaaa~ ~J-

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Sourkoudougou

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00

VK7

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J
·

J

 

T

° °

f CSPS In Concession

· Bama (village autochtone Cours d'eau

Route nationale N°9

Autre quartier

Concessions (quartiers rizicoles)

Rizière

Verger

Savane

Périmètre maraicher

BAMA

250 500

Source :

Concession de Sourkoudougou : enquête terrain
Autres données : carte topographique de Bama et PVA.

A. A. MI LLOGO

04/2013

1 r

1 00G

35

Carte 5 : Configuration spatiale des villages étudiés

2.1.1 Matériaux de construction

La quasi-totalité des habitations des localités étudiées est en banco (terre). En effet, on rencontre environ 80 % en banco pour 20 % de maisons en parpaings et en pierres. En ce qui concerne les types de toiture, les toits en tôles ondulées sont les plus importants mais ils sont plus nombreux dans les quartiers du périmètre qu'à Sourkoudougou. Par conséquent, les maisons construites avec des matériaux autres que le banco et qui sont couvertes avec d'autres matériaux que les tôles ondulées sont plus nombreuses à Sourkoudougou (Figure 3).

Figure 3 : Les matériaux de construction utilisés.

36

Pour apprécier la contribution des matériaux de construction aux accès palustres (Chapitre IV), on a procédé par une classification des concessions selon deux grands groupes de maisons :

- Classe « mélange » : les concessions qui ont au moins une maison avec le toit en chaume ou en terre battue ;

- Classe « tôles » : les concessions qui ont des toitures uniquement en tôles.

On obtient les proportions suivantes selon les classes de concessions (Figure 4, page 37) :

37

Figure 4: Les classes de concessions

100%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,15

 

0,29

 

0,44

80%

 
 

0,85

 
 
 

60%

 
 
 
 

0,71

 

40%

20%

0%

 
 
 
 
 

0,56

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

VK5 VK7 Sourkoudougou

Tôles Mélange

Source : enquete de terrain 2012

Les concessions avec les toitures uniquement en tôles ondulées sont majoritaires dans tous les villages mais on constate que celles avec mélange de toiture sont plus nombreuses à Sourkoudougou que dans les autres villages. Elles représentent presque la moitié (44,44 %) des concessions du village alors qu'elles ne sont que 15 % à VK5 et 29,29 % et à VK7 et dispersées dans les villages (Carte 6).

Carte 6 : Concentration spatiale des classes de concession dans les villages d'étude

38

« Les exploitants recevaient un prêt d'un montant de 40 000 F CFA en nature constitué de 20 tôles galvanisées, 200 parpaings, 2 fenêtres et une porte en tôle lors de leur installation dans le périmètre» PALE et al., 1986. Cette subvention leur permettait de construire des habitations couvertes de tôles. Elle réduit également le recours à d'autres matériaux tels que le chaume ou la terre-battue pour la construction. Cela modifie le schéma classique des villages burkinabè où les habitations étaient essentiellement des cases couvertes de chaume ou de terre-battue. Les habitations couvertes de tôles ondulées faisant partie pour la plupart des constructions récentes.

2.1.2 Des espaces villageois favorables aux maladies hydriques

VK5 a une position topographique relativement basse par rapport à la plaine, il a une altitude moyenne de 307 m contre une moyenne d'environ 320 m pour le périmètre. Le village est une dépression vers laquelle convergent les eaux de pluies. La nature argileuse du sol et la stagnation des eaux de pluie créent donc les conditions de mise en place de boue d'où le nom « Poto-poto » en dioula. Cette humidité est encore renforcée par la couverture végétale très importante du village mais surtout par sa position centrale dans le périmètre. Le quartier est doté en caniveaux de drainage des eaux usées. En plus, la majorité des toilettes de VK5 est située au fond de la cour et déversent leurs eaux usées dans les caniveaux situés entre les concessions. Ces caniveaux reçoivent également les ordures ménagères, des déchets animaux. Elles sont donc obstruées et gardent par endroit des eaux usées chargées d'ordures qui se décomposent et deviennent de potentiels gites larvaires (Photo 2, page 39).

VK7 a une topographie relativement plus élevée que VK5. Avec une altitude moyenne de 316 m, il conserve moins d'humidité et subit moins l'emprise du périmètre du fait de sa position périphérique mais on y rencontre de grandes flaques d'eaux temporaires pendant la saison des pluies. Le couvert végétal y est très faible. Il faut noter également la production fruitière dans le périmètre.

Le village témoin est bordé à l'Est par le marigot Houet et est entouré par d'importants vergers. Il a une altitude moyenne de 327 m. L'emprise de ces vergers ne doit pas être négligé à partir du moment où les moustiques peuvent y trouver les nectars dont ils se nourrissent.

39

Photo 2 : Des potentiels gites larvaires.

1 : Caniveaux en terre avec de l'eau de pluie à

VK5.

2 : Caniveau bouchées d'une arrière-cour avec des eaux usées de douches chargés de dechets animaux à VK5.

Source : A. A. MILLOGO, Mai 2012.

2.2 LE MILIEU HUMAIN

2.2.1 La structure par âge et par sexe

Avec ses 21 villages, la Commune rurale de Bama avait en 2006 une population de 69 738 personnes et le village de Bama 22 244 personnes. INSD (2006). La population de Sourkoudougou fut évaluée la même année à 1 065 personnes (Tableau 1).

Tableau 1: Composition de la population des villages d'étude en 2006.

 

Commune rurale de Bama

Village de Bama

Sourkoudougou

Population totale

69 738

22 244

1 065

Femmes (%)

50,24

51,06

50,89

Moins de 15 ans (%)

46,92

45,26

46,10

Source : INSD (RGPH 2006)

Les données sur la population des quartiers rizicoles de Bama n'ont pas été fournies par l'INSD en 2006, néanmoins, une étude réalisée par PALE et al. en 1986, donne les effectifs des populations des quartiers du périmètre en 1974. A cette date, la population de VK5 était de 1 123 personnes et celle de VK7 était de 1 629 personnes. Pour les besoins de cette étude, une enquête démographique a été réalisée en 2012. Les classes d'âge utilisées sont les suivantes: [0 - 5]; [6 - 15]; [16 - 30]; [31 - 55] et [56 et +].

40

Elle révèle que VK5 possède 989 habitants dont 48,33 % de femmes. Les femmes de 31 à 55 ans, qui pourraient majoritairement être les épouses des riziculteurs, sont particulièrement nombreuses dans ce quartier. Les jeunes de moins de 16 ans représentent 46,01 % de cette population. Quant à VK7, il a une population de 2 304 personnes composée de 51,91 % de femmes et 48,44 % de jeunes de moins de 16 ans. Les données de l'enquête donnent pour Sourkoudougou une population de 1 070 personnes dont 49,54 % de femmes et 48,41 % de jeunes de moins de 16 ans. On constate que la structure par âge et par sexe de la population de VK7 est plus proche de celle du pays avec plus de 50 % de femmes, cependant, celle de Sourkoudougou est très jeune par rapport à la population nationale (Figure 5).

Comparativement aux données de PALE et al. (1986), la population de VK5 est en décroissance et celle de VK7 est en hausse. VK5 n'a pas de possibilité d'extension spatiale du fait de sa position au milieu de la rizière. Sa population s'installe à l'extérieur lorsque les densités deviennent trop fortes.

Source de données de populations des villages d'étude : Enquête de terrain (2012)

Figure 5 : Structure par âge et par sexe de la population des villages étudiés

41

Les villages étudiés montrent une population très jeune avec près de la moitié de la population qui a moins de 16 ans. La forte représentativité des jeunes de moins de 16 ans pourrait être un facteur de risque de transmission du paludisme car les personnes de ce groupe d'âge sont fragiles et n'ont pas encore acquis l'immunité.

Par ailleurs, on remarque que les groupes d'âges choisis pour cette étude ne permettent pas de bien visualiser la structure de la population du Burkina Faso. Sa pyramide construite avec des tranches de cinq ans présenterait une forme régulière avec une base large et un sommet effilé, synonyme d'une jeunesse de la population.

2.2.2 Les ethnies

Les populations des quartiers rizicoles étudiés sont assez variées. Les bobos sont l'ethnie autochtone dans la commune de Bama mais une quinzaine d'ethnies cohabitent dans les 2 quartiers. On rencontre les ethnies suivantes : Bobo, Dioula, Marka (dafing), Mossi, Tiefo Bissa, Bolon, Gourmantché, Samo, Sénoufo, Vigué. Bambara, Gourounsi, Peulh et Sièmou.

A Sourkoudougou, cinq ethnies se côtoient alors qu'il y en a dix dans chacun des quartiers rizicoles. Les Bobos, les Mossis, les Markas (dafing) sont les 3 ethnies représentées dans les 3 villages (Tableau 2).

Tableau 2: Les ethnies des villages étudiés

Ethnies

 

Sourkoudougou

VK5

 

VK7

 

Bobo

 
 

84,67

 

15,98

 

3,04

 

Mossi

 
 

5,70

 

68,96

 

81,94

 

Marka (dafing)

 
 

4,77

 

2,12

 

0,82

 

Dioula

 
 

3,64

 

4,04

 

0

 

Bissa

 
 

0

 

2,73

 

0

 

Samo

 
 

0

 

1,42

 

7,16

 

Tiéfo

 
 

0

 

0

 

2,99

 

Autres

 
 

1,21

 

4,75

 

4,04

 

Les premiers

occupants

des

quartiers

rizicoles

étaient

des

migrants

venus

majoritairement du plateau central. 39 % des exploitants venaient du Yatenga et 20,3 % du Sanmatenga (PALE et al. 1986). Il s'est alors formé une population très hétérogène avec une très forte dominance de l'ethnie Mossi. Sourkoudougou est un village classique qui n'a pas subi de modification comme les quartiers rizicoles, il n'a pas accueilli autant de migrants d'où la composition relativement homogène de sa population.

42

2.2.3 Les densités de populations par concession

Les densités de populations sont plus élevées dans les villages rizicoles que dans le village témoin. Elles sont présentées dans le tableau 3.

Tableau 3: Densité de population par concession dans les villages.

Village

Nombre concession

Population village

Densité

moyenne/Concession

Sourkoudougou

90

1070

11,89

VK5

80

989

12,36

VK7

140

2304

16,46

Source : enquête de terrain (2012).

A Sourkoudougou, une grande partie des concessions sont constituées d'un ménage. Par conséquent, la densité moyenne de personnes par concession reste relativement faible.

Dans les quartiers rizicoles, la densité de population par concession est assez élevée. La majorité de la population résidente des villages rizicoles est immigrée. Ces familles se sont installées depuis l'aménagement du périmètre et leurs chefs n'ont généralement pas de terres dans la savane environnante du périmètre. Les familles grandissent et les densités s'accroissent. Cela se constate chez les Mossis et les Bissas qui enregistrent les plus fortes densités. Par ailleurs, la faible densité de VK5 par rapport à VK7 est due à l'existence d'un quartier VK5B qui permet de désengorger le village principal. De nombreuses familles de VK5 y possèdent une parcelle d'habitation. Néanmoins, les mossis du village principal gardent la plus forte densité de personnes par concession (14,21). La carte 7 (page 43) donne un aperçu des effectifs de populations par concession.

La forte densité de population se ressent au niveau de la dispersion des effectifs de population par famille. La variance des effectifs par concession de VK7 est de 116,58 (2*variance de Sourkoudougou).

Tableau 4: Dispersion des effectifs par famille des 3 villages étudiés.

 

VK5

VK7

Sourkoudougou

Maximum

46

80

42

Minimum

1

1

2

Variance de l'échantillon

77,93

116,58

61,79

43

Carte 77 : Les effectifs de populations dans les localités étudiés.

Les effectifs élevés de population favorisent généralement des fortes densités. Pourtant, les fortes densités présentent des avantages mais aussi des inconvénients. En effet, les densités élevées entrainent une dilution des piqûres de moustiques entres les habitants du milieu. A l'opposé, elles occasionnent souvent l'insalubrité qui est propice à la reproduction des moustiques.

2.3 LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES

A l'image du Burkina Faso, les activités socio-économiques de la commune de Bama reposent essentiellement sur l'agriculture qui occupe plus des 2/3 de la population. D'autres activités telles que la pêche, l'élevage et le commerce sont aussi pratiquées. Dans la vallée du Kou, l'agriculture est fortement dominée par la riziculture.

2.3.1 Agriculture

2.3.1.1 Le système de production agricole

Deux types d'agriculture sont pratiqués dans la vallée du Kou, l'agriculture pluviale et l'agriculture irriguée. L'agriculture pluviale est plus pratiquée dans les zones non-aménagées.

7 L'absence de limites nettes entre les concessions de Sourkoudougou n'a pas permis de calculer les densités.

44

Selon PALE et al. (1987), l'Etat s'est approprié les terres pour l'aménagement en vertu de la loi n°29 de Juillet 19638. Les autochtones propriétaires des champs dans l'espace à aménager n'ont pas été dédommagés mais ils ont été réinstallés prioritairement dans le périmètre. La majorité de ces derniers n'ont pas tardé à abandonner les casiers rizicoles à cause de l'autorité non acceptée de l'Etat.

Le régime foncier appliqué dans le périmètre est caractérisé par une absence de titre de propriété. Chaque exploitant a une parcelle de 1 ha qu'il exploite mais avec seulement un droit d'usage qui exclut toute forme d'aliénation, vente, échange, ou même de transfert. Les producteurs sont depuis 1985, chargés de l'attribution et du retrait des parcelles, de l'établissement et du control du calendrier agricole, de l'entretien des canaux d'irrigation, de l'approvisionnement en intrants agricoles, de la collecte et de l'écoulement des produits sous la supervision des encadreurs du ministère de l'agriculture.

De manière formelle, le périmètre de la vallée du Kou permet la réalisation de 2 campagnes : une campagne de janvier à mai avec 800 à 900 ha exploités en riz, maïs, tubercules et cultures maraîchères sous réserve d'un consensus UCRB/ ETP. Pendant cette période, le calendrier cultural est très varié. Une autre campagne de juin à novembre durant laquelle tout le périmètre (1 200 ha) est exploité exclusivement en riz pour un rendement de 4,5 - 5,5 t de riz paddy/ha soit une production annuelle d'environ 10 200 tonnes de riz paddy.

En dehors de la riziculture dans les casiers, certains paysans s'adonnent à d'autres types de production céréalière en saison pluvieuse en dehors de l'espace aménagé tel que le mil, le niébé, le sorgho, le maïs, l'arachide ou des tubercules, le coton, la production maraîchère ou fruitière.

La production agricole est un véritable facteur de risque de paludisme. Les casiers rizicoles après la mise en eaux sont les principaux gites larvaires de moustiques. Ensuite, après la poussée du riz et l'application des engrais, les casiers deviennent des refuges pour les moustiques qui rejoignent les habitations à la tombée de la nuit (YAMEOGO L. 2000). Les cultures pluviales et maraichères assurent également ce rôle de refuge à certains niveaux de leur évolution.

8 La loi n°29 de Juillet 1963 stipule que les terres vacantes situées hors des agglomérations sont propriétés de l'Etat.

2.3.1.2 Les équipements

En 1997, le taux d'équipement a été évalué à 71 % par IWACO/BURGEAP. Ce niveau d'équipement est en grande partie dû aux différents appuis reçus par les producteurs de la vallée du Kou.

2.3.2 Elevage

La stratégie de développement de la riziculture irriguée en 1970 n'avait pas intégré l'élevage en tant qu'activité complémentaire de la production. C'est lors de la réhabilitation que cette activité fut incluse avec l'objectif spécifique visant à développer l'élevage bovin en association avec l'agriculture irriguée. En 1985, 1 912 boeufs ont été recensés sur le périmètre. Ces animaux constituent des alternatives de repas de sang aux anophèles femelles.

45

46

CHAPITRE III : EPIDEMIOLOGIE DU PALUDISME,
LE PARASITE, LE MOUSTIQUE ET L'HOMME.

Le paludisme est causé par un hématozoaire du genre Plasmodium et transmis à l'homme par des moustiques femelles du genre Anopheles. Il s'agit de la principale maladie parasitaire humaine. Selon l'OMS (2011) environ 40 % de la population mondiale, habitant essentiellement dans les pays les plus pauvres du monde, était exposée au paludisme.

L'Afrique au sud du Sahara demeure, de très loin, la région la plus touchée du monde. Les estimations font état de 216 millions d'épisodes palustres en 2010, dont 81 % dans la région Afrique de l'OMS9, soit 174 millions de cas. La même année, 91 % des cas de décès dus au paludisme ont eu lieu en Afrique10. La maladie frappe surtout les enfants en bas âge et les femmes au cours des grossesses. En Afrique, où le paludisme est endémique, les moustiques du genre Anopheles, qui comprend plusieurs groupes d'espèces, sont les vecteurs de cette maladie.

3.1. L'AGENT PATHOGENE: LES PLASMODIUM

L'agent pathogène du paludisme appartient à l'embranchement des Sporozoa et à l'ordre des Hæmosporidae. Les Plasmodium qui sont des parasites stricts de l'Homme sont : Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et Plasmodium malariae. Leur répartition géographique et les formes de paludisme qu'elles provoquent sont différentes.

Selon MOUCHET J. et al. (1993), les populations d'Afrique subsaharienne sont naturellement résistantes à P. vivax qui ne peut franchir la membrane de leurs hématies en l'absence d'un facteur érythrocytaire pour lequel l'absence des antigènes tissulaires du groupe Duffy constitue un marqueur. P. malariae se trouve chez 15 à 30 % des sujets et P. ovale chez 2 à 5 %. Ils ne créent apparemment, pas de problème de santé publique important. C'est donc P. falciparum, présent chez 98 % des sujets impaludés, qui est à l'origine des désordres graves voire létaux. Il est à l'origine de la forme aiguë mortelle ou accès pernicieux et sévit pendant les périodes chaudes dans les régions subtropicales (GAZIN P. 2001).

9 La région Afrique de l'OMS est constitué par le continent Africain sans le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, la Soudan, le Soudan du Sud et la Somalie.

10 OMS, Rapport 2011 sur le paludisme dans le monde, Résumé et points essentiels.

47

3.2. LES VECTEURS DU PALUDISME

3.2.1. Biologie et écologie des moustiques

Les moustiques du genre Anopheles sont les seuls vecteurs reconnus du plasmodium. Des études ont prouvé que le paludisme était transmis par cinq vecteurs majeurs : Anopheles gambiae, Anopheles arabiensis, Anopheles funestus, Anopheles nili, et Anopheles moucheti. Les anophèles de l'espèce gambiae sont reconnus comme étant les meilleurs vecteurs du paludisme en Afrique subsaharienne. Des sept espèces du complexe gambiae11, les espèces Anopheles gambiae s. s. et Anophèles arabiensis sont les vecteurs les plus importants du complexe gambiae auxquels on peut ajouter Anopheles funestus.

A l'état larvaire, An. gambiae est susceptible de se développer dans les collections d'eau douces, à condition qu'elles ne soient pas trop chargées en matières organiques ou en sels minéraux, à pH acide ou alcalin. L'eau des gîtes à gambiæ est presque toujours ensoleillée avec une température moyenne comprise entre 20 et 25° C. La végétation des gîtes peut être très abondante, parfois entièrement submergée ou complètement absentes. (RAGEAU J. et al. 1953). Les larves de gambiae ne se rencontrent en principe pas dans les eaux fortement ombragées, à courant rapide, alcalines ou polluées.

Quant à An. funestus, il se développe dans des collections d'eau profonde et claire à caractère permanent ou subpermanent, ombragées par la végétation (herbe, riz, végétation flottante). An. funestus se développe surtout en fin de saison des pluies (GAZIN P. 2001). Dans ces conditions, les gites peuvent êtres des flaques d'eaux stagnantes, des empreintes de pas ou de sabots des boeufs, des récipients dans lesquelles s'amassent temporairement des eaux, des zones inondées, des flaques bordant les cours d'eau, etc.

Les anophèles passent par quatre stades dans leur cycle de vie : le stade zygotique, le stade larvaire, le stade pupaire et enfin, le stade imagal (adulte). Les trois 1er stades se déroulent en milieu aquatique et durent, entre 7 jours et 5 semaines en fonction de l'espèce et, surtout, de la température ambiante. Le stade adulte se déroule en milieu aérien et dure environ une semaine pour le mâle et jusqu'à deux mois pour la femelle12. La biologie de l'adulte est orientée vers la reproduction. La copulation a lieu dans les 24 à 48 h suivant l'émergence de l'adulte. Les femelles ne s'accouplent qu'une seule fois au cours de leur

11 Le complexe Anophèles Gambiae est composé de sept espèces morphologiquement identiques: Anopheles gambiae stricto sensu ((Giles, 1902), Anopheles arabiensis (Patton, 1904), Anopheles quadriannulatus A (Theobald, 1911), Anopheles quadriannulatus B (Hunt,1998) et Anopheles bwambae (White, 1985) et deux aux eaux saumâtres : Anopheles melas (Theobald, 1903) et Anopheles merus (Doenitz, 1902). (DJOGBENOU L., 2009).

12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Anophele consulté le 23/07/2012.

existence. Les anophèles se nourrissent de nectar et de jus de plante. La femelle est en plus hématophage, elle a besoin de sang pour permettre aux oeufs de se développer.

Les anophèles sont très actifs la nuit, elles entrent dans les habitations entre 18 h et 6 h du matin avec un maximum entre minuit et 5 h. Le rayon de vol ne semble guère excéder un kilomètre dans les conditions ordinaires mais peut atteindre 7 kilomètres en présence de vents favorables (RAGEAU J. et al. 1953).

3.2.2. Caractéristiques de la faune culicidienne de la vallée du Kou

Ne disposant pas de données entomologiques à Sourkoudougou, on caractérisera ce village avec les données entomologiques produites par l'étude de 2003 sur Léna, un autre village de la province du Houet habité par le même groupe ethnique que celui de Sourkoudougou (bobo) situé presqu'à la même latitude que Sourkoudougou et présentant des caractéristiques environnementales équivalentes. En 2003, DIABATE A. a trouvé que la population de moustiques de la vallée du Kou était composée majoritairement d'anophèles (81,86 %) parmi lesquelles Anopheles gambiae s. l. et Anopheles funestus sont les plus dominants. Les autres genres rencontrés sont : Culex, Mansonia et des Aedes. A Léna, la population de moustique comporte 65,3 % d'Anopheles gambiae.

3.2.2.1. Les densités vectorielles agressives

La densité vectorielle agressive est un indicateur qui permet d'estimer le nombre de piqûres de vecteurs reçu par un homme en une année dans un milieu. Celle des moustiques de la zone d'étude a été calculée par DIABATE A. en 2003 (Figure 6).

Figure 6 : La densité vectorielle agressive des villages étudiés (2003)

63 871

70000

60000

50000

36 459

1 788,5

Densité vectorielle agressive (P/h/an)

40000

30000

20000

10000

0

48

VK5 VK7 Léna

Densité vectorielle

Source: Diabaté A. (2003)

49

On remarque que la densité vectorielle de VK5 est le double de celui de VK7 et environ 35 fois celui de Léna. La proximité des quartiers rizicoles (VK5 et VK7) par rapport au périmètre rizicole pourrait expliquer l'importante différence de densité vectorielle entre ceux-ci et Léna. Quant à la différence entre les deux quartiers rizicoles, elle pourrait être due à leur position et/ou leur altitude.

3.2.2.2. Le taux d'inoculation entomologique

Le taux d'inoculation entomologique (TIE) est le nombre de piqures infectantes reçu par un homme par unité de temps. Celui de la zone d'étude est présenté par la figure 7.

Figure 7 : Le taux d'inoculation entomologique des villages étudiés

700

600

 

697

 

515

 
 

500

 
 
 
 
 

TIE 400

 
 
 
 
 

(pi/h/an) 300

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

192

200

 
 
 
 
 
 

100

 
 
 
 
 

0

 
 
 
 
 
 

VK5 VK7 Léna

Taux d'inoculation entomologique

Source: Diabaté A. (2003)

Le maximum des piqures est assuré par An. gambiae. Ce dernier assure 93 %, 84 % et 62 % des piqures infectantes respectivement à VK5, VK7 et Léna (DIABATE A., 2003). Le TIE conserve la même tendance que la densité vectorielle agressive à la différence que les écarts entre les localités ont des proportions différentes. La proportion de piqûres infectantes de Léna peut être considérée importante relativement à sa densité vectorielle agressive.

3.2.2.3. Les saisons de forte densité vectorielle

La période propice au développement des moustiques dans les conditions climatiques normales de la zone est la saison pluvieuse. Cependant avec les modifications introduites par l'aménagement hydraulique, le développement des moustiques ne suit plus le rythme des saisons. Les casiers rizicoles sont les principaux gites larvaires de la zone. Ils permettent une reproduction continue des moustiques tout le long de l'année modifiant ainsi la distribution temporelle de la densité vectorielle. La transmission est passée de saisonnière à permanente.

3.2.2.4. Les périodes propices aux épisodes paludiques

Le rythme de transmission du paludisme suit celui de la prolifération de ses vecteurs. On enregistre généralement le maximum d'épisodes paludiques en saison pluvieuse et surtout vers la fin de la saison. Les densités agressives sont plus élevées en ces périodes. Mais la transmission est plus étalée dans l'année en zone aménagée qu'en un milieu naturel.

3.3. LE CYCLE DE TRANSMISSION DU PALUDISME

Afin que le cycle complet de transmission du paludisme puisse s'accomplir, il doit y avoir adéquation entre le parasite et son hôte vertébré, ainsi qu'entre le parasite et le moustique vecteur. Le cycle du plasmodium est un cycle complexe qui comprend un hôte intermédiaire (l'homme pour ce qui nous concerne), où il se trouve sous une forme haploïde et se multiplie de manière asexuée. Après cette étape, il y a l'hôte définitif, l'anophèle femelle, où a lieu la reproduction sexuée (GAZIN P., 2001).

3.3.1. Cycle chez l'anophèle

Les plasmodiums ingérés par les anophèles femelles sous la forme de gamétocytes lors des repas de sang subissent une évolution rapide dans "l'estomac" des moustiques. Sous l'effet des changements de température et de pH, les gamétocytes se transforment en gamètes et se fécondent. Les oeufs diploïdes ainsi formés, franchissent la paroi du tube digestif et se fixent sur la paroi externe de l'estomac. Chacun forme un oocyste où une multiplication végétative intense aboutit à l'individualisation de milliers de sporozoïtes. Arrivés à maturité, ceux-ci vont se concentrer dans les glandes salivaires, organes particulièrement volumineux chez les moustiques. Ils y restent durant la vie entière de l'anophèle infecté. Une partie est injectée avec la salive lors des repas sanguins. Pour P. falciparum, à une température de 25° C, la durée moyenne de cette phase de transformation et de multiplication avant de devenir infectants est de 12 jours, une période longue par rapport à la vie de l'anophèle. Seuls les anophèles infectés lors de leurs premiers repas peuvent devenir infectants. GAZIN P. (2001) (Figure 8).

Figure 8 : La durée de vie infectante d'un anophèle femelle adulte.

Source : GAZIN P. (2001).

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3.3.2. Cycle chez l'Homme

Le cycle des Plasmodium chez l'Homme ou cycle schizogonique commence par une phase d'adaptation pendant 10 à 20 jours dans les cellules hépatiques, totalement asymptomatique. Les parasites intracellulaires y effectuent une multiplication végétative intense aboutissant à des milliers de mérozoïtes. Ceux-ci passent dans la circulation sanguine. Ils s'accolent à la paroi des hématies avant de les pénétrer activement. Ils s'y développent aux dépends de l'hémoglobine et finissent par détruire l'hématie en libérant des cellules-filles. Ces derniers envahissent immédiatement des hématies indemnes, assurant la continuité de l'infection. Ce cycle intra-érythrocytaire est particulièrement rapide, de 48 à 72 heures selon les espèces. Il est à l'origine de l'accès palustre et de son signe le plus marquant, une fièvre intense. GAZIN P. (2001).

Une partie des parasites évolue vers la gamétogénèse qui permettra leur passage chez de nouveaux anophèles ainsi qu'une reproduction sexuée. Les autres plasmodiums sont éliminés en quelques jours (traitement antiparasitaire, guérison spontanée ou mort de l'hôte) ou en quelques mois (immunité acquise de l'hôte). Dans le cas de Pl. vivax, de Pl. ovale et de Pl. malariae, des parasites peuvent rester en attente dans des hépatocytes et entamer un cycle ultérieur à l'origine d'accès de reviviscence GAZIN P. (2001) (Figure 9, page 52).

Le cycle des plasmodiums est complexe et soumis à de nombreuses variations surtout lors du passage d'un hôte à l'autre. Les exigences écologiques des vecteurs déterminent les faciès de transmission du paludisme.

51

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Figure 9 : Le cycle de vie et de transmission des Plasmodium

Source : http://ebischoff.free.fr/Palu/palu2.html#IA

3.3.3. Le développement de l'immunité dans les zones d'endémies

Selon GAZIN P., (2001) : « Le développement des hématozoaires chez l'Homme se traduit par la présence des parasites dans les hématies, la stimulation de réactions de défenses spécifiques, des épisodes de maladie, la mort éventuellement ».

« En zone d'endémie, l'infestation a lieu tôt dans la vie, généralement dès la première année. En absence de traitement, la maladie peut évoluer vers la mort en quelques jours, ou vers un état progressif de débilisation (anémie, perturbations non spécifiques de l'immunité, malnutrition). Cependant l'évolution spontanée est le plus souvent favorable. Dans le cas contraire, de nombreuses régions tropicales seraient des déserts humains ! Au fur et à mesure des infestations, un équilibre s'établit progressivement entre les parasites et leur hôte avec des

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épisodes pathologiques aigus plus ou moins fréquents, tendant à s'espacer. En absence de traitement, le pourcentage d'évolution d'un accès palustre chez un sujet sans immunité acquise vers des formes compliquées et éventuellement fatales peut être estimé aux alentours de 1 %, ce qui est considérable dans un contexte de plusieurs accès chaque année pour chaque individu. Actuellement, en Afrique tropicale, le taux annuel de mortalité spécifique du paludisme chez les moins de 5 ans est estimé entre 1 et 10 pour mille, correspondant à 0,5 à 2 millions de morts par an. Après l'âge de 5 ans, la gravité de la maladie diminue. Cette forte mortalité est étroitement liée aux conditions sociales et culturelles, aux manques de moyens des services de santé, aussi bien dans les villes qu'en milieu rural. En Asie du Sud-Est et dans les autres pays tropicaux, la mortalité est actuellement beaucoup plus basse, mais elle existe à tous les âges » GAZIN P., (2001).

3.4. LES FACIES DE TRANSMISSION DU PALUDISME

Le concept de faciès de transmission du paludisme a été développé par plusieurs auteurs tels que MOUCHET J. et al. (1993), GAZIN P. (2001) et AUBRY P. (2012). Ce dernier a concilié la notion de stabilité du paludisme et les faciès de transmissions définis par MOUCHET J. et al. en 1993.

Selon AUBRY P. (2012). La transmission du paludisme nécessite des conditions climatiques telles que des précipitations, une température supérieure à 16° C, de l'humidité, une altitude inférieure à 1500 m en Afrique, ce qui permet de définir les zones de stabilité et les faciès de transmission du paludisme :

- une zone à paludisme instable se caractérise par une transmission et une durée de vie de l'anophèle brève, une faible prémunition au niveau de la population et une forte mortalité à tout âge.

- une zone à paludisme stable se définit par une transmission prolongée soutenue par une présence pérenne d'anophèles anthropophiles et à espérance de vie longue. La prémunition s'installe rapidement mais la mortalité infantile demeure toujours élevée.

Le paludisme stable existe dans toute l'Afrique intertropicale, sauf dans le centre des grandes villes, les zones dont l'altitude excède 1500 m et dans des zones de transmission faible (Sahel). Il existe schématiquement cinq faciès épidémiologiques du paludisme en Afrique repartis entre les deux zones de stabilités (MOUCHET J. et al. 1993) :

- le faciès équatorial dans la forêt et les savanes post-forestières où la maladie est stable avec une transmission pérenne et une prémunition forte dès l'âge de 5 ans ;

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- le faciès tropical dans les savanes humides avec une stabilité de la maladie et une

transmission saisonnière longue de plus de 6 mois et une prémunition établie à 10 ans ; - le faciès sahélien des savanes sèches et des steppes, le paludisme y est instable. La

transmission dure moins de 6 mois et la prémunition est très tardive ;

- le paludisme austral des plateaux du sud de l'Afrique. C'est également une zone ou la maladie est instable et les risques d'épidémies sont très élevés ;

- le paludisme des montagnes entre 1000 et 1500 m. Le gradient thermique13, les grandes variations interannuelles de températures et de précipitations sont les causes de l'instabilité de la maladie. Les populations sont peu ou pas du tout immunes et les épidémies sont très violentes.

Le Burkina Faso est à cheval sur les deux zones de stabilité. Elles se matérialisent par le faciès tropical et le faciès sahélien qui définissent les zones de transmission du paludisme : - la transmission saisonnière courte ;

- la transmission saisonnière longue et

- la transmission permanente.

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