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Le quantitative easing européen réussira t-il à  redonner une certaine crédibilité à  la BCE ?

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par Vincent Farcy
ICN Business School - Programme Grandes Ecoles 2016
  

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4.2.3. Le quantitative easing pourrait devenir un outil inefficace, voir risqué

Le chemin semble encore long pour la BCE dans la poursuite de son objectif premier de stabilité des prix. Pourtant, à travers la réalisation de cet objectif, c'est toute sa crédibilité qui est en jeu. Comme nous allons le voir, les raisons qui peuvent nous amener à douter de sa réussite dans le futur sont multiples, tout comme les risques que le quantitative easing soulève.

Tout d'abord, les expériences des autres banques centrales menées à l'étranger ne sont pas rassurantes : aucune des principales banques centrales (Fed, BoE, BoJ) n'a réussi à relancer les prix grâce à une politique monétaire ultra expansionniste. Les seuls résultats positifs ont été pour la croissance, comme cela a été le cas aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Au Japon, c'est encore pire puisqu'en dépit des milliards de yens déversés sur les marchés financiers par la BoJ, la bataille sur la croissance et sur les prix a échoué.

Ensuite, nous pouvons nous demander si un objectif de taux d'inflation à 2% par an en zone euro est encore réalisable.

Cette question me semble plus que légitime dans une zone euro « mature » où les perspectives de croissance sont de plus en plus faiblesà cause, notamment, du vieillissement de la population et de notre perte de compétitivité à l'échelle mondiale. Cependant, baisser la cible d'inflation ne semble pas être une bonne idée puisque cela agirait très certainement de façon négative sur les anticipations d'inflation des agents. La solution pour la BCE est alors d'accorder plus d'importance aux objectifs de croissance et d'emploi et moins à celui de stabilité des prix sous peine de continuer à décevoir. Cela permettrait d'éviter les biais que représentent les chocs sur les prix des matières premières à ses actions.

Aussi, à la question de savoir si la BCE doit décider d'injecter plus de liquidités chaque mois dans le système : la réponse est difficile.

En effet, si la BCE n'annonce pas de mesures supplémentaires, alors que l'inflation reste nulle, les marchés financiers peuvent alors douter de sa volonté à remplir son objectif de stabilité des prix ce qui entacherait sa crédibilité. Cette raison pourrait alors justifier l'annonce d'un QE2, la BCE cherchant à éviter le pire.

Mais, le problème en zone euro n'est pas le manque de liquidité, ni d'épargne. C'est le manque de débouchés et d'opportunités d'investissement pour cette épargne. Les faibles perspectives de croissances et de développement, ainsi que le manque de visibilité et la crainte d'une détérioration des conditions économiques internationales, favorisent l'épargne de précaution au détriment de la consommation. Rajouter de la liquidité dans le système, alors que les taux sont déjà au plus bas, n'aurait aucun effet bénéfique pour la croissance et l'inflation et ne ferait qu'accroitre l'épargne de précaution.

Par ailleurs, un autre problème inhérent au QE, souvent souligné par la littérature, est qu'il ne cherche pas à résoudre les problèmes plus profonds mais seulement à « acheter du temps ». En effet, la mise en place d'un QE retire la pression sur les autres acteurs de la politique économique (gouvernements nationaux, commission européenne) à mener des réformes structurelles, jugées pourtant urgentes, et à veiller sur leur dépense publique. Sans ce travail complémentaire le quantitative easing est un outil inefficace.

Enfin, en plus de douter de son efficacité future, le QE comporte des risques pour la stabilité financière.

Il y a tout d'abord un risque de pénurie des titres d'Etat. Cela concerne principalement l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne qui concentrent à eux quatre 75% des rachats de dettes chaque mois. Le quantitative easing entraine un asséchement des titres publics, d'autant plus aggravé par les politiques de réduction des déficits publics, rationnant les nouvelles émissions. De plus, certains pays, notamment l'Allemagne, n'ont plus besoin de se refinancer autant qu'avant. Les investisseurs obligataires ont donc de moins en moins de papier à se mettre sous la dent, d'où un risque de « grève des vendeurs » amenant à des distorsions sur les mécanismes de primes et à une certaine nervosité sur les marchés obligataires.

Aussi, l'abondance de liquidité peut amener les investisseurs, à la recherche de rendements, vers des actifs de plus en plus risqués et donc à la formation de bulles d'actifs, dont la croissance pourrait poser de sérieux problèmes de stabilité financière, même si ce risque semble limité à l'heure actuelle.

De plus, il existe un risque pour la BCE et pour les banques centrales nationales de se retrouver avec des pertes en capital au moment de la revente des titres risqués. En effet, il y a un risque de taux bien réel (si les taux montent, la cession peut entrainer des pertes financières), surtout avec la normalisation de la politique monétaire aux Etats-Unis. Les pertes en capital nécessiteraient alors une recapitalisation de la part des Etats (règles de la comptabilité privée) ce qui remettraient en cause son principe même d'indépendance.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard