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Les mécanismes africains de prévention, de gestion et de règlement des conflits et la protection des populations civiles dans les conflits armés

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par Gautier TONONGBE
Université de Nantes - Master 2 2016
  

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SECTION 2 : Le cadre opérationnel de la collaboration entre l'UA et les CER dans la mise en oeuvre de l'Architecture africaine de paix et de sécurité

La relation entre l'Union africaine (UA), qui est investie de la responsabilité de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité à l'échelle continentale et les Communautés économiques régionalesconstitue une composante essentielle de l'AAPS. Cette relation se traduit au triple niveau de la prévention (l'alerte rapide), de la gestion (les forces pré-positionnées) et de la résolution des conflits (phase de la reconstruction post-conflit).

Paragraphe 1 : La mise en oeuvre opérationnelle des Mécanismes régionaux du Système continental d'alerte rapide au niveau des CER

Le Système continental d'alerte rapide est prévu par l'article 12 du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité (CPS). Il constitue l'un des piliers de l'AAPS et joue un rôle crucial dans la coordination et la collaboration avec les mécanismes régionaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits et autres parties prenantes sur la prévention des conflits et l'alerte rapide en Afrique. Le SCAR est à la fois un cadre à l'échelle continentale et une méthodologie avec des implications spécifiques à la Direction de la gestion des conflits de l'UA. En tant que cadre continental, il aborde les questions d'harmonisation et de coordination des systèmes d'alerte rapide existants, de même que ceux en cours de création dans leshuit CER43(*).

Depuis le sommet de Maputo en 2003, l'Union africaine a déployé de nombreux efforts en vue d'une mise en oeuvre opérationnelle du Système continental d'alerte rapide. En décembre 2006, le cadre pour la mise en oeuvre opérationnelle du SCAR a été adopté. Ce cadre se déclinait en trois composantes qui se présentent comme suit : la collecte des données, les rapports d'alerte rapide et l'interaction avec les décideurs ainsi que la coordination et la collaboration avec les Mécanismes régionaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits et autres parties prenantes sur la prévention des conflits et l'alerte rapide en Afrique. De même, il a été aussi élaboré un Manuel de Méthodologie pour l'évaluation stratégique des conflits. Ce manuel ambitionne de servir de plan directeur aux analystes impliqués dans l'analyse proactive des conflits et de leur alléger la tâche dans le suivi-évaluation des conflits sur le continent. C'est dans la mêmelancée qu'est intervenue, en janvier 2008, la signature d'un protocole d'accord entre l'UA et les CER dont le but était de renforcer les liens entre le SCAR et les Mécanismes régionaux d'alerte rapide. Cette signature sera suivie entre mai 2008 et fin 2010 de sept réunions techniques trimestrielles entre l'UA et les CER. Le but visé étant toujours une meilleure coordination entre l'institution continentale et les CER en vue de l'opérationnalisation du SCAR. Ces réunions constituent, par ailleurs, un creuset d'échanges d'expériences et de méthodologies entre les différents mécanismes régionaux. Aussi a-t-il été élaboré des modèles et des procédures opérationnelles standardisées dont le but est d'accélérer le processus d'analyse des données. Mieux, l'infrastructure informatique est modernisée, ce qui favorise une meilleure connectivité des systèmes d'alerte rapide des CER à la Salle de veille par le biais du VSAT(« terminal à très petite ouverture ») de l'UA44(*).

Toujours dans le cadre du renforcement des capacités de la Salle de veille, la Commission de l'Union africaine a procédé à l'élaboration de diverses applications afin de renforcer le système de collecte et d'analyse de données. C'est le cas, par exemple du Africa Media Monitor (AMM), qui permet de collecter, en temps réel et dans diverses langues, des données provenant de différentes sources ; du SCAR Portal, utilisé pour l'échange d'informations entre le SCAR et les Mécanismes d'alerte rapide des CER. A ces logiciels, s'en ajoutent d'autres : The Africa Reporter qui est un outil analytique adapté aux indicateurs et aux modèles utilisés dans le cadre du SCAR, dans le but de faciliter la présentation des rapports d'incident et de situation provenant des missions de l'UA sur le terrain et de ses bureaux de liaison, The Africa Prospects, conçu pour prévoir la propension des pays au risque et à la vulnérabilité face aux influences et contraintes structurelles, sur la base des indicateurs définis dans le cadre du SCAR et enfin LiveMon qui présente les données provenant de l'AMM en localisant géographiquement les nouvelles sur une carte de l'Afrique.

Ces différents systèmes sont également déployés dans les bureaux du Président de la Commission, du vice-président, du Commissaire et du Directeur chargés des questions de paix et de sécurité45(*). Ils sont également distribués aux CER et aux mécanismes régionaux dans le but de permettre au Président de la Commission d' « informer le Conseil de paix et de sécurité des conflits potentiels et des menaces à la paix et à la sécurité en Afrique et pour recommander les mesures à prendre46(*) ».

Au niveau régional, les CER se sont employées aussi à opérationnaliser leurs systèmes d'alerte précoce. Dans ce sens, le mécanisme d'alerte précoce et de réaction aux conflits (CEWARN) de l'IGAD est fonctionneldepuis le 9 janvier 200247(*)et la CEDEAO a intégré les travaux du réseau WANEP (West African Peacebuilding Network), une ONG basée au Ghana, dans son système d'alerte rapide48(*). Ces différents efforts ont permis d'obtenir quelques analyses d'alerte précoce ainsi que des données fiables sur les situations de conflits réels ou potentiels, ainsi que sur les situations de post-conflit49(*). Néanmoins, aussi réjouissant que puissent paraître ces progrès, il convient de remarquer une forte disparité entre lescinq CER dans le développement de leurs systèmes d'alerte rapide. Certainesen sont encore à un stade initial de leur processus d'opérationnalisation et font face aux problèmes opérationnels fondamentaux dus à un déficit d'analystes, à des difficultés financières ainsi que logistiques, à des problèmes techniqueset à une absence de suivi-évaluation. Tout ceci justifie, en partie, que le seul progrès accompli dans la mise en oeuvre opérationnelle du SCAR soit la tenue de réunions50(*) qui ne se traduit pas, la plupart du temps, par des actes concrets.

* 43 Le manuel du SCAR, Op.cit.

* 44 Wane, El-Ghassim, «The Continental Early Warning System: Methodology and Approach», cite par: Ulf Engel and Joao Gomes Porto (eds.) Africa's New Peace and Security Architecture, Farnham.Ashgate Publishing Limited, 2010, pp. 91-110.

* 45 Ibid.

* 46 Article 12, alinéa 5 du Protocole relatif à la création du CPS, Op.cit.

* 47Niels von Keyserlingk et Simone Kopfmüller, «Conflict Early Warning Systems: Lessons Learned from Establishing a Conflict Early Warning and Response Mechanism (CEWARN) in the Horn of Africa», GTZ Working Paper, 2006. Disponible sur le lien: www.gtz.de/de/de/dokumente/en-igad-conflict-Early -Warning-Systems Lesson-Learned.pdf

* 48 Souare, I. K., Conflict prevention and early warning mechanisms in West Africa: A critical assessment of

progress, African Security Review, 16.3, pp. 96-109.

* 49Etat d'avancement de la mise en oeuvre opérationnelle de l'AAPS. Téléchargeable sur le lien : http://apsa.peaceau.org/fr/page/54-operationnalisation-1#sthash.EdLUtGUI.dpuf

* 50Une réunion s'est tenue à Addis Abéba, respectivement du 30 au 31 octobre 2003 et du 25 au 27 avril 2006.

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