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Les mécanismes africains de prévention, de gestion et de règlement des conflits et la protection des populations civiles dans les conflits armés

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par Gautier TONONGBE
Université de Nantes - Master 2 2016
  

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Paragraphe 2 : la mise en oeuvre opérationnelle des brigades régionales de la Force africaine en attente

L'Union africaineet les Communautés économiques régionales africaines se sont engagées à relever les défis posés à la paix et à la sécurité par des initiatives relevant de l'Afrique et menées à bien par celles-ci. À ce titre, la création d'une Force africaine en attente qui constitue l'une des principales composantes essentielles de l'AAPS s'appuie sur cinq brigades régionales dont le rôle est de permettre au continent de disposer des moyens nécessaires pour effectuer ses propres interventions. Ces brigades comprennent des composantes militaire, civile et police qui servent de base à l'institution continentale et sont prêtes à être déployées rapidement dans différentes situations de crise. Il s'agit de la Brigade Ouest (ECOBRIG), mise en place au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDAO), de la Brigade Centre (FOMAC), dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), de la Brigade Sud (SADCBRIG), dans le cadre de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), de la Brigade Est (EASBRICOM), dans le cadre de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Brigade Nord (NASBRIG) coordonnée par l'Union du Maghreb Arabe (UMA).  Chacune de ces brigades est censée posséder des contingents multidimensionnels de la taille de brigade ayant des dispositifs de planifications permanentes, un quartier-général cadre à partir duquel elle est assemblée. Ces contingents sont stationnés dans leur pays d'origine et doivent être en disponibilité opérationnelle pour être rapidement déployés sur un terrain de crise. De même, à l'échelon continental et sous régional, il doit être mis sur pied un État-major et un Elément de Planification51(*).

Depuis sa création, la FAA a enregistré des progrès significatifs dans l'exécution de sa mission. Les principaux documents cadre de la force devant lui permettre d'assurer un véritable règlement des conflits ont notamment été adoptés en mars 2008. Il s'agit, entre autres, de la doctrine de la FAA, de la Directive sur l'entraînement et la formation, du concept logistique, du concept sur la chaîne de commandement, le concept sur les systèmes de communication et d'information ainsi que les Procédures opérationnelles permanentes (SOP)52(*).

Parmi les brigades, la Force en attente de la CEDEAO, ECOBRIG apparaît comme la plus avancée et celle dont les réalisations se rapprochent plus de l'AAPS. En effet, la principale brigade de la CEDEAO est, à ce jour, composée de cinq mille (5.000) hommes prêts à être déployés dans les quatre-vingt-dix (90) jours ainsi que d'un élément spécial en disponibilité opérationnelle d'un peu plus de deux mille sept cent (2.700) pouvant être déployés dans les 30 jours. De plus, il a été établi un état-major spécial de ce groupement à Abuja qui dispose d'un élément de planification (PLANELM) opérationnel et d'une cellule de planification et de management de la mission (MPMC) et des officiers ont été recrutés à ce propos. La CEDEAO a également parachevé son concept d'opérations, sa doctrine et ses procédures opérationnelles permanentes. La sous-région a évalué ses besoins en entraînement et a mené plusieurs exercices depuis 2006, y compris des exercices de poste de commandement. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'exercice de poste de commandement organisé à Dakar en juin 2006 pour l'état-major du GTIA ainsi que l'exercice d'évaluation opérationnelle du bataillon Ouest DEGGO 27organisé au Sénégal en décembre 2007. C'est dans ce même ordre d'idée qu'il a été initié l'exercice JIGUI 200853(*)dont l'objectif était de faciliter la certification opérationnelle de la brigade d'Afrique de l'Ouest en 2010et d'évaluer l'aptitude de l'état-major de la Force en attente de la CEDEAO à conduire une opération de maintien de la paix.

Ces exercices seront élargis avec la manoeuvre logistique JIGUI 2009 qui marqua une étape supplémentaire vers l'opérationnalisation de la FAC. Ils ambitionnaient tester les capacités du bataillon logistique à pouvoir soutenir le groupement des forces dans les opérations de soutien à la paix. L'objectif de la CEDEAO est, en effet, de pouvoir déployer un groupement de forces dans les trente jours suivant le déclenchement d'une crise majeure et de l'appuyer de façon autonome. Cet exercice a fait intervenir les postes de commandement des bataillons Ouest et Est. Ces exercices seront complétés par l'exercice logistique LogEx le 13 juin 2009 au Burkina Faso etCohésion Bénin 2010 (avril 2010) qui était un exercice interarmé multinational qui s'inscrivait dans le cadre de la certification opérationnelle des unités du bataillon Est de la FAC. Mille six cent quatre-vingt-quatre (1.684) militaires et gendarmes issus de quatre pays ont pris part à cette manoeuvre militaire destinée à démontrer le niveau d'autonomie de ces unités en termes de moyens humains et de soutiens logistiques54(*). De même, dans le cadre du cycle d'exercice Amani Africa II, qui visait à développer la FAA, la CEDEAO a activement participé, en 2015, à un exercice d'entraînement à Lohatla en Afrique du Sud qui a regroupé plus de 6 000 militaires, policiers et civils des cinq brigades en attente55(*). Ce genre d'exercice qui est le premier, au niveau continental, intervient pour pallier les insuffisances notées au cours de l'exercice de poste de commandement AMANI AFRICA (CPX), effectué en octobre2010 à Addis-Abéba. Il vise àpermettre à la FAA d'atteindre sa pleine capacité opérationnelle56(*) et à assurer une transition vers des opérations multidimensionnelles de soutien à la paix.

L'opérationnalisation de l'Architecture de paix de la CEEAC s'est traduite par la création du COPAX le 24 février 2000 et entrée en vigueur en janvier 200457(*). Le COPAX vise à développer et intensifier la coopération sous régionale en matière de sécurité et de défense, à mettre en oeuvre les dispositions pertinentes relatives à la non-agression et à l'assistance mutuelle en matière de défense et à définir les grandes orientations dans les domaines de l'établissement, du maintien et de la consolidation de la paix à l'échelon sous régional. Depuis sa création, l'organe de concertation politique et sécuritaire de la sous-région Afrique centrale s'est doté de plusieurs organes techniques et d'instruments de mise en oeuvre sur lesquels il s'appuie pour la réalisation de ses objectifs. Par exemple, il s'est doté d'un Mécanisme d'alerte rapide (MARAC) chargé de la collecte et de l'analyse de données avec comme objectif premier l'assistance de la CEEAC dans les activités de prévention, de gestion et de résolution des conflits et d'une Force multinationale (FOMAC) constituée de contingents nationaux interarmés, des polices et des modules civils des États membres de la communauté, en vue d'accomplir des missions de paix, de sécurité et d'assistance militaire58(*).

Depuis sa création, la FOMAC a mis sur pieds entre 2003 et 2004 des structures de l'état-major régional, le PLANELM et le plan d'action de ce dernier et a adopté le projet du premier exercice multinational BARH EL GHAZEL organisé en 2005. Ce genre d'exercice sera répété avec KWANZA 2010 qui s'est déroulé du 22 mai au 10 juin en Angola et s'inscrivait en fin de phase d'opérationnalisation et de certification de la FOMAC, en vue de sa participation aux missions de paix de la CEEAC ou de l'Union africaine. La mission de consolidation de la paix de la CEEAC en Centrafrique constitue l'une des réalisations majeures dans la sous-région. Le déploiement de la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX) remplacée le 19 décembre 2013 par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) placée sous l'autorité de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC) avait pour mandat de contribuer à la paix et à la sécurité de manière durable en RCA, par la création de conditions préalables au développement durable dans le pays. C'est dans ce but qu'elle a joué un rôle d'intermédiaire neutre entre les différentes parties aux accords de paix, a participé au processus de Désarmement Démobilisation et de Reconstruction (DDR) et a apporté un soutien logistique durant les élections, sans lequel le vote n'aurait pu se dérouler dans certains endroits59(*). L'action de l'institution sous régionale s'est peu à peu étendue et a pris en compte, depuis la Déclaration de Brazzaville sur l'appui électoral de la Communauté aux États membres qui en font la demande, l'observation des processus électoraux dans ces États membres. En témoigne le déploiement des missions d'observations en Guinée Équatoriale (mai 2008), en Angola (septembre 2008), au Congo Brazzaville et au Gabon60(*).

L'Afrique Orientale, n'est pas restée en marge de la dynamique régionale d'africanisation des opérations de maintien de la paix. En effet, l'article 18 (a) de l'accord portant création de l'IGAD dispose que « les États membres réagissent collectivement en vue de garantir la paix, la sécurité et la stabilité comme conditions préalables au développement économique et au progrès social » et de créer un mécanisme efficace de consultation et de coopération en vue de régler pacifiquement les différends et les disputes ». En application de cet accord, la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement a lancé, en octobre 2005, la stratégie de paix et de sécurité de l'IGAD qui a abouti à la création d'un Mécanisme d'alerte précoce et de réaction aux conflits (CEWARN) et d'un instrument opérationnel, la Brigade d'Intervention de l'Afrique de l'Est (EASBRIG) en réponse aux recommandations de l'institution continentale. Même si son opérationnalisation a été retardée comparativement aux autres CER comme la CEDEAO ou la SADC, l'IGAD a consenti des efforts dans la résolution des crises opposant le Soudan du Nord au Soudan du Sud. De même, elle s'est montrée active dans la gestion du conflit somalien en favorisant la négociation d'un gouvernement fédéral de transition et dans le conflit frontalier ayant opposé l'Ethiopie à l'Erythrée de 1998 à 200061(*).

Au demeurant, ces différentes brigades constituent l'architecture au niveau des cinq régions que compte le continent et entretiennent des relations de « subsidiarité interrégionale », de coopération et de coordination. Ainsi, l'Union africaine intervient dans les opérations de maintien de la paix lorsqu'elle constate soit une défaillance, soit le manque de moyens d'une CER à faire face aux défis sécuritaires dans un territoire de son ressort. C'est dans ce cadre, par exemple, qu'elle a déployé un contingent au Burundi (MIAB), une mission hybride au Darfour (MINUAD) et une mission en Somalie (AMISOM). De façon générale, les différents mécanismes institués par l'Union africaine en matière de maintien de la paix témoignent d'un volontarisme et d'une détermination indéniable à renforcer le système de protection des populations civiles dans les conflits armés. Toutefois, l'opérationnalisation de ceux-ci se heurte à de redoutables difficultés de mise en oeuvre.

* 51ESMENJAUD Romain, Force Africaine en Attente publié sur le site du Réseau de Recherche sur les opérations de paix le 16 mai 2011. Téléchargeable sur le lien : http://www.operationspaix.net/53-resources/details-lexique/force-africaine-en-attente.html.

* 52 Idem

* 53 Cet exercice s'est déroulé du15 au 21 juin 2008.

* 54 ODZOLO MODO Madeleine, Fiche d'information de l'organisation, publiée sur le site du Réseau de Recherche sur les opérations de paix le 21 juin 2010. Téléchargeable sur le lien : http://www.operationspaix.net/2-fiche-d-information-de-l-organisation-cedeao.html

* 55 Communiqué de presse de l'Union Africaine relatif à l'exercice historique d'entrainement sur le terrain Amani Africa ii s'achève en Afrique du sud téléchargeable sur le lien http://www.peaceau.org/fr/article/l-exercice-historique-d-entrainement-sur-le-terrain-amani-africa-ii-s-acheve-en-afrique-du-sud#sthash.F7KNatdU.dpuf

* 56 Yishuang Liu, Guangqi, La Force Africaine en Attente atteindra sa pleine capacité opérationnelle d'ici la fin de l'année (Gouvernement Sud-africain), http://french.peopledaily.com.cn/Afrique/n/2015/1109/c96852-8973296.html

* 57Protocole de Malabo du 25 juin 2000 relatif à l'établissement de la COPAX.

* 58Kenfack Jean et Koagne Zouapet, La CEEAC et les opérations de paix : Evolution et bilan d'une décennie après la création du COPAX, in Guide du maintien de la paix 2011 sous la direction de David Morin et Lori-Anne Théroux Bénoni, Athéna Editions, Canada, page 105-122, Op.cit.

* 59POULIN Thomas,Historique de l'opération MICOPAX, article publié sur le site du Réseau de recherche sur les opérations de paix le 1er février 2012. Téléchargeable sur le lien : http://www.operationspaix.net/77-historique-micopax.html

* 60ODZOLO MODO Madeleine , Fiche d'information de l'organisation: CEEAC, publié sur le site du Réseau de Recherche sur les opérations de paix en juillet 2010. Téléchargeable sur le lien: http://www.operationspaix.net/3-fiche-d-information-de-l-organisation-ceeac.html

* 61Idem.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld