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Les mécanismes africains de prévention, de gestion et de règlement des conflits et la protection des populations civiles dans les conflits armés

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par Gautier TONONGBE
Université de Nantes - Master 2 2016
  

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SECTION 2 : Des ressources humaines déficitaires et une coopération horizontale et verticale déséquilibrée

Aux difficultés énumérées, on peut aussi citer d'autres qui ont trait à l'insuffisance de ressources humaines (Paragraphe 1) et au déséquilibre de la coopération sécuritaire qui est toujours en construction (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Absence de stratégie d'ensemble de ressources humaines

Tout programme de protection des civils exige l'existence d'un mélange approprié « de vitesse et de masse68(*) ». Or, ces deux composantes constituent le volet marginal de l'Union africaine. Le fossé qui sépare les ressources mises à disposition et les objectifs assignés aux acteurs chargés de la protection des populations civiles demeure abyssal. Dans de nombreux conflits, les contingents déployés demeurent déficitaires. Il s'agit aussi bien du personnel chargé d'assurer les tâches administratives que du personnel militaire chargé des fonctions de gestion militaire et des personnes commises aux tâches humanitaires. En raison des difficultés financières auxquelles elle bute, l'Union africaine autorise un nombre insuffisant de soldats pour assurer la protection des civils. Une telle insuffisance s'inscrit dans une logique de rupture d'avec les méthodes empiriques qui recommandent qu'il faut deux (2) à dix (10) soldats pour mille 1000 habitants dans les zones en crise, ou bien, que la force de protection doit avoir des effectifs au moins équivalents en nombre à ceux de la force armée indigène la plus nombreuse69(*). La mise en place, parfois, des structures ad hoc comme ce fut le cas avec le groupe de travail intégré sur le Darfour en 2004 pour la MUAS et l'Unité de planification et de gestion stratégique pour la Somalie en 200770(*) ne permet pas toujours de surmonter le déficit observé. Il s'y ajoute que même pour dépenser l'argent que les partenaires extérieurs mettent à sa disposition71(*), l'Union Africaine manque de personnel. Comme l'affirmait un rapport du secrétariat général de l'ONU, « même si les ressources sont disponibles, l'Union africaine est incapable de transformer le dollar en ressources72(*) ».

Les formations individuelles et collectives des soldats de la paix aux doctrines applicables en matière de protection des populations civiles ne leur permettent pas d'être outillés pour faire face aux massacres de populations. Les nombreux scandales impliquant des soldatsaccusés d'avoir commis des abus sexuels sur les civils73(*)remettent sur le tapis l'épineux problème de leur recrutement, de leur suivi et de leur formation. Les compétences militaires ne sont pas statiques et nécessitent des formations continues. Il est démontré, par exemple, que les soldats bénéficiant d'une formation requise pour réaliser des tâches militaires accusent une dégradation de cette compétence au bout de soixante (60) jours seulement et, en l'absence de pratique ou de nouvelles formations, la perte de compétence se poursuit jusqu'à atteindre 60%74(*). La situation est plus critique lorsqu'il s'agit d'une formation exigeant des tâches collectives (formation d'équipes). Dans ce cas, le taux de dégradation est encore plus rapide, en raison de la complexité accrue des tâches collectives et de la difficulté à maintenir une cohésion au sein de l'unité75(*).

Par suite, les missions d'opérations de paix souffrent de la pénurie de capacité en termes d'expertise et de ressources humaines comme des ingénieurs et des spécialistes de renseignements. Ceci est dû, en partie, à un défaut de stratégie pour le recrutement du personnel des opérations de paix, capable d'assurer le bon dosage du personnel civil dans une opération multidimensionnelle. Il y a bien des spécialistes, mais leur effectif ne permet pas de faire face aux urgences de la protection des civils. D'après un rapport du ministère américain de la Défense, seulement sept des quarante-six armées gouvernementales recensées au sud du Sahara seraient capables de déployer un bataillon dans le cadre d'une opération de maintien de la paix, six disposeraient de réelles capacités de génie civil, deux auraient une marine en état de marche et aucune ne serait capable de transporter ses troupes en temps voulu sans un concours externe76(*).

L'autre difficulté qui plombe les opérations de maintien de paix est l'absence de motivation du personnel déployé. L'institution n'offre pas à son personnel un plan de carrière attractif pour les retenir. Dans le cadre d'une étude réalisée par Alex Vines et Roger Middleton, « de nombreux membres du personnel de l'UA ont déclaré pouvoir gagner plusieurs fois plus à l'ONU ou dans le secteur privé. Certains d'entre eux considèrent leur poste à l'UA comme un bon moyen d'améliorer leur curriculum vitæ avant de passer dans un secteur plus lucratif. »77(*) Sur ce registre, il convient de noter que le taux élevé de rotation ne permet pas au personnel de se stabiliser et alourdit énormément les procédures administratives. Pour remédier à de telles situations, l'organisation a constamment recours à des mesures palliatives comme le recrutement de personnel non régulier. Mais cette mesure a montré ses limites puisque les recrues ne maîtrisent pas forcément les procédures des opérations de paix et les expériences qu'elles ont acquises ne sont pas toujours capitalisées au profit des futures opérations. Outre cet obstacle, le déséquilibre noté dans la collaboration de l'UA avec aussi bien les CER que l'ONU ne facilite pas une réelle mise en oeuvre des politiques de protection des civils.

* 68Sewall (S) et Al...,Mass atrocity response operations: a military planning hand book, Havard Kennedy School et PKSOI, 2010 p.31

* 69 O'Hanlon Michael et Singer Peter W., «The Humanitarian Transformation: Expanding Global Intervention Capacity,» Survival46, no. 1 (2004), 97, note de fin de page n°7.

* 70 Wane El Ghassim, L'Union Africaine à l'épreuve des opérations de soutien à la paix. Entre innovations institutionnelles et contraintes opérationnelles, Op.cit.

* 71VINES Alex, MIDDLETON Roger : « Options pour le soutien européen à l'architecture africaine de paix et de sécurité », Département thématique Politiques externes, Parlement européen Février 2008, Op. Cit.

* 72 United Nations Security Council, Report of the Secretary General, S/2008/178, 14 March 2008. « Even if funding existed the AU does not have the capacity to turn dollar figures into resources ». C'est nous qui traduisons.

* 73Human Rights Watch, Somalie : Des soldats de l'Union africaine ont commis des abus sexuels, 08 septembre 2014. Téléchargeable sur le lien : https://www.hrw.org/fr/news/2014/09/08/somalie-des-soldats-de-lunion-africaine-ont-commis-des-abus-sexuels

* 74A.M. Rose, M.Y. Czarnolewski, F.E. Gragg, S.H. Austin, Acquisition and Retention of Soldiering Skills, Technical Report 671 (Alexandria: U.S. Army Research Institute for the Behavioral and Social Sciences, février 1985), cité par Daniel HAMPTON in Instaurer des capacités durables de maintien de la paix en Afrique, Bulletin de la sécurité Africaine N°27, Avril 2014, op. Cit.

* 75 Adams B.D., R.D.G. Webb, H.A. Angel, and D.J. Bryant, Development and Theories of Collective and Cognitive Skill Retention (Toronto: Defence Research and Development Canada, 31 mars 2003), disponible à http://cradpdf.drdc-rddc.gc.ca/PDFS/unc18/p521114.pdf , cité par Daniel HAMPTON in Instaurer des capacités durables de maintien de la paix en Afrique, Bulletin de la sécurité Africaine N°27, avril 2014, Op. Cit.

* 76 Général Le Peillet Pierre, L'assistance aux pays africains engagés dans le maintien de la paix. Document téléchargeable sur le lien :soldats.de.la.paix.pagesperso-orange.fr/documents/Lepeillet.doc

* 77 VINES Alex, MIDDLETON Roger : « Options pour le soutien européen à l'architecture africaine de paix et de sécurité », Département thématique Politiques externes, Parlement européen Février 2008, Op.cit.

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