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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

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par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

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FSE

N° d'ordre:14

Année: 2015 -2016

UNIVERSITE MARIEN NGOUABI FACULTE DE SCIENCES ECONOMIQUES

MEMOIRE

Pour l'obtention du diplôme de Master

Mention: Economie de l'Entreprise

Parcours: Recherche

Option/Spécialité: Economie et Organisation de l'Entreprise

Présenté et soutenu publiquement
Par
NASSOUR Ali
Titulaire de La Licence d'Economie Fondamentale
Année académique 2010-2011

Les strategies d'implantation des firmes multinationales
chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de
l'économie tchadienne.

Directeur de mémoire

Bethuel MAKOSSO, Maître de Conférences (CAMES), Chef de département des Masters à la faculté de Sciences Economiques de l'Université Marien Ngouabi, République du Congo.

Jury

Président: Bethuel MAKOSSO, Maître de Conférences (CAMES), Université Marien Ngouabi (Congo)

Rapporteur: JJ KIMO, Maître-assistant (CAMES), Université Marien Ngouabi (Congo) Membre: T. DZAKA Kikouta, Maître-assistant (CAMES) HDR, Université Marien Ngouabi (Congo)

DEDICACE

La vie, elle est parfois dure de par ce qu'elle réserve à l'être humain le bonheur et le malheur, la douleur et l'apaisement, le succès et l'échec. Ce sont les vicissitudes qui s'invitent chez l'homme au quotidien. Qu'il me soit permis, ce jour, de dédier cette oeuvre en mémoire de ma feue mère FATOUMA Hassane. Tu gouverneras mes pas, m'élevas, m'éduquas et tu te dévouas si merveilleusement bien que presque rien ne me manquât. Mais contre toute attente, tu disparus. Ton décès m'a été effroyablement fatal et me chagrine. Repose- toi en paix.

II

REMERCIEMENTS

La rédaction d'un travail de recherche ne saurait être l'oeuvre exclusive d'une seule personne. Il serait trop prétentieux d'affirmer que c'est sans le concours d'autres personnes que nous sommes venu à bout de ce travail.

Nous adressons nos plus profonds remerciements à notre directeur de mémoire, Professeur Bethuel MAKOSSO, pour la confiance qu'il a su nous accorder, pour ses conseils avisés et ses recommandations décisives. Nous le remercions tout particulièrement pour la disponibilité et le soutien dont il a toujours su faire preuve à notre égard. Nous lui exprimons toute notre gratitude, pour l'affection et la gentillesse qu'il nous a toujours témoignées. Nous saluons aussi sa souplesse, son ouverture d'esprit et sa bonne humeur qui ont su nous laisser une large marge de liberté pour mener à bien ce travail de recherche.

Nous tenons à remercier le Professeur NDINGA Mathias, le Doyen de la Faculté des Sciences Economiques, principal artisan dans le suivi dont nous sommes l'objet, ainsi que tous les enseignants de l'Université Marien Ngouabi et ceux de la faculté des Sciences Economiques en particulier à qui nous devons cette formation universitaire.

Nous remercions également monsieur ABBA DANNA, le Recteur de l'Université Virtuelle de Ndjamena, monsieur ALI Abderaman Haggar, le Recteur de l'Université de Ndjamena, AWAT Hissein et TOINAR Anatole respectivement Doyen de la Facultés des Sciences Economiques et Gestion de l'Université de Ndjamena et Doyen de la faculté des Sciences Economiques et Gestion de l'Université de Sarh, DJIBRINE Hassan Lawan et Mahamat MOUTA tous deux enseignants chercheurs à l'Université de N'djamena d'avoir consacré une partie de leur temps durant notre parcours permettant ainsi la réalisation de ce travail.

Nos remerciements vont principalement à : notre père Ali Badradine, nos oncles ZAKARIA Issa, ADAM Badradine, MAHAMAT Hassane et MAHAMAT Aly El-hadj Cassius, nos Frères et Soeurs et à tout le reste de la famille qui, a de degré divers m'ont été d'un confort inestimable.

Nous remercions vivement ADAM Abakar, MAHAMAT Abdelkarim, MAHAMAT Abderaman, SENOUSSI Ahmat, TAHIR Adam, ANNOUR Nadjal, AHMAT Allam, IBRAHIM Yacoup, MAHAMAT Abakar, ADAM Defallah, DJIDDO Abdoulaye, DJIDDO Ahmat, AHMAT Assil, NGARO Ronaîmou, IDRISS Oumar, Fred MOUKALA, Josette BOUMA, Trinité CHARLOTTE, OKANDZE Elenga, Belengar CALEB , MBAI Doiletta et NGOLO Jean Claude pour leur aide dans la compréhension et la rédaction de ce mémoire.

Nous ne saurons oublier d'exprimer notre vive gratitude aux diplomates de l'Ambassade de la République du Tchad près la République du Congo pour la gratuité des actes administratifs dont nous, étudiants tchadiens, continuons à être les bénéficiaires. La communauté tchadienne à Brazzaville n'était pas du reste: elle s'est manifestée à notre égard par divers apports positifs. Merci lui suffirait- il ? Et vous étudiants tchadiens en République

III

du Congo et vous ceux de ma promotion qui m'avez témoigné votre gentillesse, votre sagesse et quelques rires taquins parfois, je m'en souviendrais.

IV

SIGLES ET ABREVIATIONS

ADF : Agence Française de Développement

APD : Aide Publique au Développement

ASS : Afrique au Sud du Sahara

BAD : Banque Africaine de Développement

BCE : Banque Centrale Européenne

BEAC : Banque des États de l'Afrique Centrale

CACF : China Africa coopération forum

CDMA : Code Division Multiple Access

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale

CFA : Sigle de franc de la Communauté Financière Africaine

CHECEC : Société Nationale des Travaux de Construction du Henan de Chine

CNOOC : China National Offshore Oil Corporation

CNPC : China National Petroleum Corporation

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

COVEC : Société d'Ingénierie d'Outre-mer de Chine

CWE : Compagnie Internationale des Eaux et d'Electricité

DTS : Droit des Tirages Spéciaux

Exim Bank : China Export-Import Bank

FEC : Facilité Elargie du Crédit

FMI : Fonds Monétaire International

FMN : Firme Multinationale

IDE : Investissement Direct Etranger

INSEED : Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques

JV : Joint-Venture

MOFCOM : Ministère du Commerce Chinois

NEPAD : Nouveau Partenariat Pour le Développement de l'Afrique

OCDE : Organisation pour la Coopération et de Développement Economique

V

OIT : Organisation Internationale du Travail

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PCC : Parti Communiste Chinois

PED : Pays en Voie de Développement

PIB/hab : Produit Intérieur Brut par Habitant

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNSA : Programme National de Sécurité Alimentaire

PNUD : Programme des Nations-Unies pour le développement

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

R&D : Recherche Développement

RDC : République Démocratique du Congo

RPC : République Populaire de Chine

SHT : Société des Hydrocarbures du Tchad

SINOPC : China Petroleum and Chemical Corporation

SNE : Société Nationale d'Electricité

SRN : Société de Raffinage de Ndjamena

SSI : Sonangol Sinopec International

STN : Société Transnationale

UMAC : Union Monétaire d'Afrique Centrale

UMOA : Union Monétaire Ouest Afrique

USD : United States Dollar

ZES : Zone Economique Spéciale

ZTE : Zhongxing Telecom

VI

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : LES ANALYSES THEORIQUES DE L'IMPLANTATION DES

FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES .6

CHAPITRE I : L'aperçu général sur la firme multinationale 8

Section 1 : Le fondement théorique de l'implantation de firme multinationale 8

Section 2 : Les formes et organisations de la firme multinationale .17

CHAPITRE II : Les stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises au

Tchad 27

Section 1 : Le fondement de la politique chinoise au Tchad 27

Section 2 : Les modes et stratégies mis en place par la Chine pour accompagner ses

entreprises à investir à l'étranger .36

DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DES STRATEGIES D'IMPLANTATION DES

FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES SUR LA DIVERSIFICATION DE

L'ECONOMIE TCHADIENNE 46

CHAPITRE III : Les investissements directs étrangers chinois au Tchad 48

Section 1 : Les politiques d'attractivité d'investissements directs étrangers au

Tchad 48

Section 2 : Les investissements chinois au Tchad 56

CHAPITRE IV : L'apport des investissements directs étrangers chinois à la diversification de

l'économie tchadienne 65

Section 1 : L'économie tchadienne avant et après l'exploitation du pétrole 65

Section 2 : Les effets des investissements directs étrangers sur la diversification de l'économie

tchadienne 74

CONCLUSION 84

1

INTRODUCTION

Depuis quelques années, le continent africain a renforcé ses relations économiques avec les pays émergents, spécialement la Chine. Cette dernière a accru ses effets de financement et d'investissement extérieur, dans une stratégie d'extension de l'activité de ses entreprises au reste du monde (Going Global Strategy). La conquête de l'Afrique, riche en matières premières (pétrole, or, cobalt, bois, uranium) constitue en ce début du XXIe siècle, un enjeu majeur. Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera, cette prophétie de Napoléon Bonaparte se réalise aujourd'hui1. En effet, la Chine est à présent une puissance économique redoutable. L'un des aspects les plus remarquables du changement de l'économie chinoise est son ouverture vers les marchés extérieurs 2 . Désormais la Chine, dotée d'une capacité économique importante et d'une ambition politique de premier plan, est devenue un pays incontournable dans la géopolitique mondiale. Vouloir l'arrêter semble être une mission impossible. L'ignorer serait encore plus grave, « c'est-à-dire ce serait faire preuve d'une dangereuse cécité politique »3.

Depuis les réformes de Deng Xiaoping4 avec son fameux mot d'ordre " Enrichissez-vous ! " la Chine est ouverte aujourd'hui sur le monde, même s'il existe des poches d'exercice de réforme monolithique. L'ère de la politique néolibérale et la tendance à une politique de consommation ont donné un coup de fouet à l'économie. Ainsi, l'économie chinoise est passée d'une économie planifiée de type soviétique à un socialisme de marché selon les spécificités chinoises, où le Parti Communiste Chinois garde son contrôle sur l'économie5. Après une période de relatif repli entre 1980 à 1990, la Chine fait un retour plus remarquable: c'est une nouvelle République Populaire de Chine très active qu'on rencontre en Afrique. Une offensive économique et commerciale s'accompagnant d'une intense activité diplomatique vit le jour avec l'arrivée au pouvoir en 2003 du Président Hu Jintao. Désormais la politique chinoise en Afrique se particularise par son pragmatisme. Le modèle chinois du « win win »6, ce nouveau jeu économique où selon Pékin il n'y aurait a priori aucun partenaire perdant.

1Empereur, général, militaire et homme d'Etat français (1769-1821), cité par Amadou DIALLO, (2012), Investir en Afrique le point de vue des entreprises chinoises : les cas du Mali, thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Peau et des Pays de l'Adour, France, p. 2.

2 Idem.

3Gaye Adama, cité par : Fode Sire DIABY, (2014), Les stratégies des entreprises chinoises en Afrique : quels objectifs, quelle coopération, thèse de doctorat en sciences économiques, Université de Nice Sophia Antipolis, France, p. 11.

4Homme d'Etat Chef suprême de la Chine. Ancien Secrétaire Général du Parti Communiste Chinois (PCC) de 1956 à 1967. Dirigeant de la République Populaire de Chine de (1978-1992), cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 2.

5 Idem.

6Termes anglais désignant « gagnant-gagnant» est un accord par lequel chaque partenaire se préoccupe aussi de l'intérêt de son partenaire dans le but de maximiser son propre intérêt. Il ne s'agit pas de rechercher le meilleur compromis de partage des gains, mais d'augmenter les gains de chaque partenaire, cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 4.

2

Dans cette optique il y a eu émergence de plusieurs départements chargés de l'Afrique avec l'organisation des grandes rencontres Chine-Afrique7.

Depuis la fin des années 1990, la Chine et le continent africain ont consolidé leurs relations dans plusieurs domaines dont notamment l'aide au développement, les investissements directs, la coopération économique et technique, puis les échanges universitaires. En 2000, l'organisation périodique des sommets sino-africains allant jusqu'à rassembler plus de 40 chefs d'État est devenue la pierre angulaire de l'accroissement de la coopération entre la Chine et les pays d'Afrique8. Au sommet sino-africain de 2006 qui se tenait à Beijing, Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, s'est engagé à ce que les échanges économiques s'élèvent à plus de 100 milliards de dollars d'ici 20109. La Chine gagne donc de plus en plus d'influence en Afrique. C'est ainsi qu'en 2005, elle est devenue le troisième partenaire économique du continent africain après les États-Unis, la France, mais devant le Royaume-Uni. En 2006, les échanges sino-africains ont atteint le plateau record des 55 milliards de dollars10. Les États africains apparaissent de plus en plus désenchantés par le modèle occidental propre au consensus de Washington qui associe le développement économique avec la démocratie, la transparence économique et le respect des droits de l'homme. Plusieurs auteurs s'entendent pour dire que les programmes d'ajustement structurel imposés par les institutions de Bretton Woods ont entraîné la plupart des États en développement dans une véritable mondialisation de la pauvreté en limitant le rôle de l'État et en l'empêchant de veiller à la justice sociale. De nombreux États africains sont désormais en quête de repères et de modèles alternatifs. Il va de soi que la recette chinoise devient alors attrayante. D'autant plus que les Chinois et les Africains se sentent dorénavant liés par une communauté de destin, ceux-ci et ceux-là ayant tous été, au cours de leurs histoires récentes, des victimes de certaines occurrences de l'impérialisme et du colonialisme dont le Tchad faisait partie.

Le Tchad, pays enclavé de l'Afrique Centrale, fait partie des Etats les plus vastes de l'Afrique avec une superficie de 1284000 km2 et une population qui se chiffre à environ 11.175915 d'habitants en 200911 dont près de la moitié a moins de 14ans. L'espérance de vie à la naissance est de 52 ans pour les femmes et 49 ans pour les hommes. La croissance économique a toujours été relativement faible depuis l'indépendance. Entre les années 1995

7 Idem.

8 The Economist. Asia: On Safari; Chinese Summitry. 4novembre 2006

9 Marks, Stephen. Introduction in African Perspectives on China in Africa.Pambazuka: Nairobi. 2007. p. 2.

10 Servant, Jean-Christophe. La Chine à l'assaut de marché africain. Le Monde diplomatique. Mai 2005.

11 Résultat du recensement général de la population et d'habitat2(RGPH2) du Tchad, septembre 2009.

3

et 2002, la performance économique est significativement meilleure par rapport aux décennies antérieures. Il partage ses frontières avec six autres Etats (Soudan, Niger, Nigeria, Lybie, Cameroun et Centrafrique). Ne possédant aucune façade maritime, il est dépendant des ports des pays de la sous-région (du Benin et du Cameroun). En effet, c'est dans cette optique que la nouvelle coopération sino-africaine s'est établie avec une présence croissante et massive des grandes entreprises chinoises d'Etat. Ces entreprises sont en concurrence avec les opérateurs occidentaux et dans une moindre mesure avec les entreprises africaines au niveau du continent. Elles sont considérées comme des concurrentes et partenaires potentiels capables d'apporter leur savoir-faire, leurs moyens financiers et leurs technologies qui font défaut aux entreprises africaines. Cependant, le réchauffement de relation diplomatique entre le Tchad et la Chine s'inscrit dans le cadre de la politique africaine de la Chine, lancée par son gouvernement dans les années 2000.

Aussi, depuis quelques années on assiste à des investissements directs étrangers d'origine chinoise de plus en plus importants dans ce pays. La question de l'implantation des firmes multinationales chinoises en Afrique fait l'objet de plusieurs contributions dans la littérature. Dzaka-Kikouta (2012) en étudiant le rôle des joint-ventures et alliances stratégiques dans l'internationalisation des multinationales chinoises, a démontré que les joint-ventures sino-occidentales ont aidé les firmes chinoises à améliorer leurs capacités techniques et managériales tant sur le marché domestique que sur les marchés étrangers. Les joint-ventures et autres alliances stratégiques sont devenus un vecteur de réalisation des IDE par les multinationales chinoises en Afrique Centrale. Pour Richet (2013) l'internationalisation des firmes multinationales relève d'une stratégie qui leur est propre et s'inscrit dans un projet d'accès aux ressources; elle est aussi motivée par les conditions de la concurrence domestique. Toutefois, l'articulation entre stratégie domestique et internationale est encore problématique. Beaucoup de firmes chinoises s'internationalisent pour acquérir ce qu'elles ne trouvent pas chez elles ou avec de grandes difficultés. Seules quelques grandes firmes chinoises sont aujourd'hui capables de développer des stratégies similaires à celles que mettent en oeuvre les grandes firmes multinationales occidentales.

Dans une étude comparative, Gugler et Boie (2015) ont montré les facteurs expliquant les choix d'IDE chinois aux critères de choix classiques des multinationales occidentales. Ils soulignent que les principales motivations des firmes multinationales chinoises sont dérivées de leurs opérations dans une économie de marché internationale capitaliste. Les motivations traditionnelles de l'internationalisation des entreprises captent relativement bien le processus

4

d'expansion à l'étranger. Ces entreprises présentent des caractéristiques particulières rendant ce phénomène spécial. Toutefois, la différence fondamentale qui existe entre les multinationales chinoises et occidentales réside dans le choix et les objectifs d'implantation en Afrique. Dans la même perspective, Tanguy Struye (2009) a montré dans un célèbre article intitulé "l'offensive chinoise en Afrique" que l'approche de la Chine envers l'Afrique est multiple; elle vise principalement les matières premières (pétrole, gaz et le gisement minier) et procure aussi des aides publiques au développement aux pays africains. Elle a aussi créé un fonds de développement pour accompagner les entreprises chinoises et leurs partenaires (joint-ventures) étrangers.

Par contre, Mainguy et Rugraff (2012) estiment que compte tenu de manque de fiabilité des données sur les IDE chinois en Afrique subsaharienne, les études macroéconomiques d'impact des IDE sur la croissance, l'emploi, les externalités sont aujourd'hui hors de portée. Une meilleure connaissance de l'impact des IDE chinois est la condition sine qua non pour que les gouvernements africains puissent développer des politiques de guidage et d'accompagnement qui maximisent les effets positifs en termes d'effet d'entraînement pour les firmes locales, de création d'emplois ou encore de recettes fiscales, et minimisent les impacts négatifs. La littérature empirique sur l'impact des IDE dans les pays moins avancés montre en effet, que les IDE n'engendrent pas automatiquement la croissance, ne réduisent pas mécaniquement la pauvreté et peuvent ne pas entraîner le développement des pays d'accueil (Rugraff et al., 2009 ; Mainguy, 2011). En effet, Hellendorff (2010) affirme que la Chine a trouvé en Afrique des éléments indispensables à sa croissance économique, telle qu'imaginée dans sa politique de développement harmonieux: des ressources naturelles, des marchés d'exportation, de banc d'essai pour ses entreprises et sa nouvelle diplomatie de puissance, des alliés nombreux dans l'arène internationale et des opportunités de renforcer son statut de puissance mondiale.

Par contre, Diallo (2012) souligne que les stratégies de pénétrations des entreprises chinoises en Afrique visent beaucoup plus la coopération, l'aide au développement et les opportunités d'investissement. La connaissance du processus d'implantation est un atout non négligeable car elle peut procéder, en amont à certaines corrections limitant les problèmes de flexibilité et de crédibilité en aval vis-à-vis de leurs concurrents. Concernant les effets des IDE chinois en Afrique, on peut citer la contribution de Diaby (2014) qui, dans une étude basée sur des données portant 38 pays africains sur la période de 2003à 2011, a montré que les IDE chinois n'ont pas d'effet significatif sur le PIB par tête, notamment à cause de la

5

politique des entreprises chinoises en Afrique qui encourage les investissements dans les secteurs qui créent moins d'emploi local et qui ne permettent pas de vrai transfert de technologie. En effet, la présence massive des entreprises chinoises en Afrique n'est pas génératrice de croissance durable et des richesses en raison des procédés généralement mis en place dans les investissements. En réalité, la Chine investit dans les secteurs comme l'exploitation des matières premières, qui créent moins d'emplois en Afrique. Sur les grands chantiers dans le BTP, la main-d'oeuvre qualifiée est chinoise et les emplois se font donc au détriment des Africains. Et enfin, la politique des subventions mise en place par Pékin peut occasionner le ré-endettement de certains pays africains qui ont déjà bénéficié d'une annulation partielle ou totale de leur dette.

Aussi dans cette recherche, notre problématique est axée autour des questions de recherche suivante: Quelles sont les stratégies d'implantation adoptées par les firmes chinoises au Tchad ? et quels sont les effets de ces stratégies sur la diversification de l'économie Tchadienne ? Pour répondre à cette problématique, nous avons formulé des hypothèses de travail construites autour des idées suivantes:

H1 : les formes d'implantation des firmes multinationales chinoises fondées sur la coopération et l'exploitation d'opportunité d'investissement ne contribuent pas à la diversification de l'économie tchadienne ;

H2 : les stratégies adoptées par les firmes multinationales chinoises visent les ressources naturelles et les opportunités d'investissement.

L'objectif général de cette recherche est d'analyser les effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne. Comme objectif spécifique, cette recherche vise à analyser les stratégies d'implantation adoptées par les multinationales chinoises au Tchad.

L'approche méthodologique que nous avons adoptée dans cette recherche est à la fois descriptive et analytique. En effet, le traitement des questions posées dans cette recherche s'est fait au moyen d'une analyse, à la lumière de la théorie économique, des attitudes liées à l'implantation des firmes chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de l'économie tchadienne.

Ce travail est structuré en deux parties. La première est consacrée aux analyses théoriques de l'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad et la seconde traite des effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne.

6

Première partie : Les analyses théoriques de l'implantation des firmes multinationales (FMN) chinoises au Tchad

7

L'internationalisation des firmes multinationales chinoises est un phénomène nouveau, la nature et l'intensité avec lesquelles ces entreprises se développent constituent aujourd'hui un véritable enjeu de recherche. Les firmes multinationales chinoises ont connu une très forte expansion cette dernière décennie grâce aux ressources accumulées d'une part et par la nécessité de recherche des approvisionnements en matières premières afin de maintenir une croissance en pleine évolution d'autre part.

Ces firmes sont pour la plupart des grandes entreprises d'Etat et elles se développent dans les secteurs tels que les manufactures, les services, les finances, bref en ciblant certains secteurs juteux de l'économie. Face à la concurrence des grands groupes multinationaux occidentaux, elles ont su développer des stratégies particulières qui lient l'aide publique au développement, le commerce et l'investissement direct étranger.

Depuis quelques années, plusieurs chercheurs ont développé des théories qui expliquent le déploiement de leurs activités, selon quelles modalités elles s'implantent et quels sont les facteurs qui les attirent vers l'extérieur, etc. Ce qui nous amènera à présenter dans cette partie d'une part l'aperçu général sur la firme multinationale (Chapitre I) et d'autre part, les stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad (Chapitre II).

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