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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

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par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

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Section 1 : Le fondement de la politique chinoise au Tchad

C'est à partir des années 1980 que la Chine a fait son retour sur le continent africain après près d'une décennie d'absence. Pour la Chine, première puissance émergente au monde sans passé colonial en Afrique, il s'agit de consolider les retrouvailles autour de principes fondateurs qui tirent leurs légitimités de l'histoire commune partagée. Comme le rappelle l'ancien président chinois Hu Jintao : « l'amitié sino-africaine plonge ses racines dans la profondeur des âges et ne cesse de s'approfondir au fil des ans »51. Cette légitimité historique représente le moyen idéal pour asseoir la légitimité idéologique. Cette dernière est le fruit de la présence incontournable de la Chine à côté de l'Afrique, comme porte drapeau du non alignement, au moment des luttes d'influence de la guerre froide.

En novembre 2006, lors de la troisième conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine regroupant 48 pays africains, un plan d'action de 2007 à 2009 a été adopté incluant les mesures à prendre par les bilatéraux52. Dès le 12 janvier 2007, la Chine qui semblait être très intéressée par le pétrole tchadien, a racheté par l'entremise de la China

50HELLENDORFF Bruno, La Chine en Afrique : néocolonialisme ou nouvel axe coopération sud-sud ? Note d'Analyse du GRIP, 13 décembre 2010, Bruxelles, p. 6.

51Discours du Président chinois Hu Jintao à la cérémonie d'ouverture du Forum de Coopération sino-africaine, 4 nombre 2006. Cité par Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p.68.

52 Pour plus de précision voir FOCAC (2006).

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National Petroleum Corporation (CNPC) l'ensemble des permis d'exploration pétrolière de la société canadienne ENCANA. Ce permis couvre une superficie d'environ 220 000 km2 et englobe les bassins ci-après : le bassin des Erdis, une partie du bassin du Lac Tchad, le bassin de Madiago, le bassin de Bongor, le bassin à l'Ouest de Moundou, le bassin de Pala à la frontière du Cameroun, une partie du bassin à la frontière de la République Centrafricaine et tout le bassin du Salamat53. Pour mieux appréhender les raisons d'implantation des FMN chinoises, il est nécessaire d'aborder d'une part les causes d'implantation des FMN chinoises au Tchad (paragraphe1) et d'autre part, la diplomatie tchado-chinoise au coeur de la mondialisation (paragraphe2).

Paragraphe 1 : Les causes d'implantation des firmes multinationales (FMN) chinoises au Tchad

La présence chinoise en Afrique s'est développée dans les années 1990, par la volonté de Pékin de sécuriser ses approvisionnements en matières premières. C'est à partir de 1999, lors de la réunion inter-agences à Pékin qu'une stratégie a été mise en place pour renforcer et diversifier une présence croissante des entreprises chinoises sur le continent africain présentant des opportunités adaptées aux besoins et savoir-faire chinois. Les pays africains dans lesquels les intérêts et investissements chinois sont les plus importants soulignent des avantages comparatifs dont bénéficie Pékin pour élargir son développement international: c'est-à-dire la possibilité pour le gouvernement chinois de servir d'appui diplomatique, militaire, ou encore économique à des régimes africains dénoncés sur la scène internationale à cause des conflits internes ou de mauvaise gouvernance. Les intérêts économiques chinois et les préoccupations politiques des dirigeants africains peuvent ainsi converger.

De plus, lorsque les investisseurs chinois se concentrent sur l'exploitation de matières premières (pétrole et minerais), ils restent dans le sillage des politiques économiques ayant prévalu au sud du Sahara: des économies de rente reposant sur des capitaux et des débouchés étrangers, reléguant l'importance de l'environnement économique et politique interne 54. Cependant, quoi qu'il en soit et quoi qu'il arrive, les causes d'implantation des FMN chinoises en Afrique sont les mêmes quels que soient les pays. Partant de l'analyse de ce texte, les causes d'implantation des FMN chinoises en Afrique peuvent être subdivisées en causes politiques (1-1) et économiques (1-2).

53Symphorien Ndang TABO et Al. (2008), Les relations entre la Chine et l'Afrique subsaharienne : le cas du Tchad, article, CREA, p. 4.

54Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p.154.

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1-1: Les causes politiques

C'est en 1978 que Deng Xiaoping et les dirigeants chinois décidèrent de tourner le dos au maoïsme en introduisant des réformes économiques de marché visant à ouvrir l'économie chinoise aux investissements étrangers. Derrière l'entreprise de ces réformes économiques, l'objectif fondamental des dirigeants chinois était de donner une seconde vie au régime politique que les dérives maoïstes des vingt années précédentes avaient lourdement précarisé. L'intégration de l'économie chinoise au marché mondial, alors au coeur d'un processus accéléré de globalisation, devait permettre de moderniser le pays, de galvaniser le développement économique et d'augmenter le niveau de vie de la population55. L'ouverture économique de la Chine en 1979 sous la conduite du parti communiste chinois (PCC) a été le point de départ d'une série de réformes progressives vers une économie plus libérale: l'économie socialiste de marché. Le souci majeur des dirigeants à chaque étape des réformes est de mettre en place les conditions institutionnelles pour une plus grande efficacité des entreprises sans pour autant perdre le contrôle de la machine économique qui comme pour tout régime dirigiste, doit être au service des intérêts politiques de la Chine au niveau intérieur et dans sa politique étrangère56.

La réforme primordiale qui engage l'ouverture de l'économie chinoise aux firmes étrangères se traduit par l'établissement de zones économiques spéciales (ZES) et oblige ces dernières à établir des joint-ventures avec des entreprises chinoises d'Etat. Cette ouverture est partielle car elle exclut la libéralisation du secteur de l'énergie et des banques. La deuxième réforme qui comme la première aura des incidences sur l'internationalisation des entreprises chinoises en Afrique est celle qui en 1998 consistera à ne maintenir dans le giron de l'Etat que les entreprises ayant atteint une certaine taille et un niveau de performance leur permettant de devenir des grandes entreprises capables d'affronter la concurrence au niveau international. Les deux autres réformes qui particulièrement relevant notre propos sont l'adhésion en 2001 de la Chine à l'OMC et la révision constitutionnelle de 2004. En vue de son adhésion prochaine à l'OMC, l'Etat chinois relâche son contrôle sur la politique d'investissement à l'étranger de certaines entreprises d'Etat et permet l'entrée dans le capital de ces entreprises de fonds privés chinois ou étrangers tout en restant majoritaire. Ces entreprises semi-

55HELLENDORFF Brun. (2010), op. Cit., p. 2. 56Amadou DIALLO. (2012) op. Cit., pp. 41-42.

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publiques tout en bénéficiant de l'aide de l'Etat opèrent à tout point de vue comme des entreprises privées typiques57.

En effet, les institutions chargées de la conduite de ces réformes sont l'Administration d'Etat des devises étrangères, la commission de développement national et des réformes et le ministère du commerce qui, selon l'ordre de citation veillent à ce que les IDE chinois soient conformes aux lois et réglementations chinoises et aux recommandations du parti communiste chinois vis-à-vis des investissements à l'étranger. L'Administration d'Etat des devises étrangères assure le contrôle de l'origine et de l'utilisation des devises étrangères alors que les autres institutions veillent à la conformité des investissements projetés aux intérêts de l'Etat chinois. Mais ce qui est important à noter c'est le caractère souple dans l'application de ces réformes et la réactivité du parti communiste face à la globalisation et aux défis internes de l'économie chinoise qui se traduit par les amendements ou révisions des réformes ou simplement des assouplissements ou relâchement quant à la rigueur dans leurs applications pour rendre les entreprises chinoises plus compétitives. Il faut à cela ajouter le statut particulier dont bénéficient les grandes entreprises d'Etat de par le soutien financier et diplomatique que leur accorde le pouvoir central en liaison avec le caractère hautement stratégique des secteurs des matières premières énergétiques et extractives et de hautes technologies dans lesquels elles opèrent58.

1-2: Les causes économiques

L'internationalisation des firmes chinoises s'inscrit dans un lent processus lié aux phases de la réforme économique et de l'ouverture, aux choix du gouvernement central et aux incitations régulièrement introduites. Il existe une forte corrélation entre les réformes institutionnelles, la libéralisation politique et le développement des IDE Buckley et al., (2012), Ren, Liang, Zheng. (2012)59. Les causes économiques de l'internationalisation des entreprises chinoises en Afrique sont intimement liées aux raisons stratégiques qui poussent ou attirent ces dernières vers l'Afrique60. Quatre grands motifs poussent les firmes chinoises à s'internationaliser (Zhan. (1995), OECD. (2008), Gugler et Boie. (2008), Wang. (2012))61:

57 Idem

58 Ibidem

59 Xavier Richet. (2012), L'internationalisation des firmes chinoises : croissance, motivations, stratégies, FMSHWP-2013-27, février, pp. 12-14.

60Idem

61Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 35.

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? L'accès aux ressources

C'est certainement le premier motif d'internationalisation des firmes chinoises. L'économie chinoise doit s'assurer des ressources nécessaires pour maintenir le taux de croissance à deux chiffres en tenant compte à la fois des limites et de l'épuisement des ressources nationales (à l'exception du charbon) et d'un appareil productif en grande partie vétuste fortement consommateur de matières premières. Les choix technologiques affichés dans le cadre du 12ème plan (2011-2015) mettent l'accent sur des énergies substituables mais la transition énergétique risque d'être longue. Parmi les toutes premières firmes internationalisées, on compte plusieurs firmes d'Etat, activement soutenues par le gouvernement central, opérant dans l'extraction de pétrole et de gaz naturel. L'accès aux ressources n'est pas contraint par la proximité. Les firmes chinoises opèrent au niveau mondial: Amériques, Afrique, Océanie, Asie centrale.

? L'accès aux marchés

L'accès aux marchés, notamment proches suit les courants d'échange et la pénétration des marchés réalisés par les exportations chinoises. L'entrée sur le marché s'en trouve facilitée grâce au savoir-faire accumulé. C'est aussi le moyen de contourner les barrières douanières, de créer un réseau local ou régional de distribution, de se rapprocher de marchés régionaux en forte expansion. Une autre motivation tient à l'accroissement de la concurrence et à la hausse de surcapacités au niveau domestique. Sur le marché domestique qui réduit les marges de profit des firmes. A travers des investissements de proximité, les firmes chinoises acquièrent un nouveau savoir-faire (produire en dehors du marché domestique) et peuvent expérimenter leur stratégie d'internationalisation en limitant les risques et les coûts en cas d'échec.

? La recherche d'efficience

Ce facteur a été moins important au début de la phase d'internationalisation en raison de l'existence de bas coûts en Chine. La hausse des coûts domestiques au cours des dernières années a poussé à la délocalisation d'entreprises dans les pays asiatiques (Vietnam, Corée du Nord), dans les industries de main-d'oeuvre (textile). Aujourd'hui, dans la province du Guangdong, la hausse rapide et conséquente des salaires (plus de 20% en l'espace de 2-3 années) contribue à accroître les délocalisations dans des économies voisines aux coûts salariaux moins élevés.

? La recherche d'actifs stratégiques

La recherche d'actifs stratégique est devenue une des toutes premières préoccupations des firmes chinoises, à la fois pour asseoir leur avantage sur les marchés étrangers et pour

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acquérir les technologies qu'elles n'ont pas pu recevoir à travers la coopération avec les FMN étrangères implantées en Chine ou en raison des faiblesses du système d'innovation chinois. L'acquisition de technologie, de marques étrangères est un moyen d'accélérer la montée en puissance des firmes chinoises et d'accroître leur réputation à l'étranger. Par ce biais les firmes chinoises peuvent acquérir la totalité d'actifs (une entreprise et son réseau) ou plus simplement un segment, souvent à haut contenu technologique, qui sera rapatrié et intégré dans la production en Chine (avec parfois la tentation du dépeçage). L'entrée sur les marchés, par ce moyen se révèle avantageux en permettant d'acquérir une renommée et d'accéder à la technologie qui fait défaut. Les firmes chinoises, via des opérations de fusion-acquisition, acquièrent ainsi des actifs qu'elles cherchent à intégrer dans leur stratégie globale.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo