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Enjeux et defis du renforcement du commerce intra-africain en afrique centrale : analyse du commerce entre le Cameroun et le Gabon

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par Claude Armel MOUSSADJI MAPANGOU
Université de Yaoundé 2 Soa - Master 2014
  

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Conclusion du chapitre

L'harmonisation des instruments de politique commerciale en Afrique centrale figure parmi les défis majeurs à relever. En plus de cela, les règles établies par l'OMC ou par le du GATT est une épine en plus à la libéralisation des échanges commerciaux en Afrique centrale. Parmi les instruments de politique commerciale à harmoniser nous avons le TEC, les règles d'origine et le tarif préférentiel Généralisé entre la CEMAC et la CEEAC. Par ailleurs,

41La géoéconomie est l'analyse des stratégies d'ordre économique notamment commerciale décidées par les Etats dans le cadre des politiques visant à protéger leur économie nationale ou certains pans bien identifiés de celle-ci à acquérir la maîtrise de technologies clés et/ ou à conquérir certain segment du marché mondial relatif à la production ou la commercialisation d'un produit ou une gamme de produits sensible , en ce que leur possession ou de leur contrôle confère à son détenteur un Etat ou ne entreprise nationale un élément de puissance et de rayonnement international et concourt au renforcement de son potentiel économique.

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la coopération bilatérale entre le Gabon et le Cameroun reste un axe majeur à améliorer dans le cadre de la politique commerciale en Afrique centrale.

Le prochain chapitre est consacré à l'analyse des échanges commerciaux entre les deux pays, afin de mesurer leur impact. Cette analyse s'attèlera à illustrer les multiples contraintes qui entravent les transactions commerciales et les conséquences y afférentes sur le commerce intracommunautaire et intra-africain.

CHAPITRE IV :

ANALYSE DU COMMERCE ENTRE LE GABON ET LE CAMEROUN EN AFRIQUE CENTRALE

Le Cameroun et le Gabon sont des partenaires commerciaux en Afrique centrale. Ils partagent une dyade commune. Sur la façade atlantique, le Gabon et le Cameroun sont situés dans le Golfe de Guinée et sont deux Etats à côte adjacente. Cette position leur permet d'être connectés à la fois sur leur frontière terrestre (Eboro, Eking, Mayo- Kyè, Kyé-ossi, Aboulou), et sur leur frontière maritime (Douala/Libreville), via les ports de Douala, Kribi et les ports d'Owando, le port- Mol dans l'estuaire du Gabon.

La frontière terrestre entre le Gabon et le Cameroun est longue de près de 300km42 qui s'étend du Nord-Ouest au Nord-est du Gabon et du Sud-Ouest au Sud du territoire Camerounais. La frontière est marquée par une limite naturelle« sur la rivière Kyè, Ntem, et Ayina, avec cependant un changement de principe de délimitation entre le Kom et l'Ayina : faute d'éléments naturels, la frontière est définie dans cette zone très marécageuse par une ligne conventionnelle »43. Cette partie de la frontière Gabonaise avec le Cameroun est le lieu d'une intense activité économique, les marchés frontaliers d'Abang Minko'o et de Kyé-ossi qui jouxtent la province nord du Gabon sont les principales artères par lesquelles transitent les marchandises en provenance des régions agricoles camerounaises.

Le but de ce chapitre est de faire une analyse du commence entre le Gabon et le Cameroun, de ce fait, nous allons faire un état des lieux de ce commerce (section 1). Puis, nous allons démontrer en quoi, le commerce entre le Cameroun et le Gabon constitue un élément essentiel pour le renforcement du commerce intra-régional (section2).

42 Serge Loungou, op.cit p.441.

43 Ibidem.p.441

 

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Ebolowa

N'Gaoundéré

Ambam

Yokadouma

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Figure n°3 Localisation de l'espace frontalier Cameroun Gabon

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SECTION 1 : ETAT DES LIEUX DU COMMERCE ENTRE LE GABON ET LE CAMEROUN

Le commerce entre le Gabon et le Cameroun figure parmi les plus importants de la zone CEMAC. En effet, le Cameroun constitue pour le Gabon un véritable grenier. Il fournit à son voisin, l'essentiel des vivres frais dont il a besoin. Ce commerce rendu possible grâce à la connexion des deux Etats par la réalisation au cours des années 1930 de l'axe routier Ebolowa/Bitam 137,6 km44, de la construction du tronçon Libreville/Bitam 627 km45 dans les années1990, mais aussi et surtout grâce à la construction en 2005 par les deux Etats, et l'appui de l'Union Européenne du pont sur le Ntem.

Faire l'état des lieux du commerce entre le Gabon et le Cameroun passe par la description des produits les plus échangés entre les deux pays, et les circuits de distribution (Paragraphe A), avant de donner les contraintes auxquelles il est confronté (Paragraphe B).

Paragraphe A : Les produits les plus échangés entre le Gabon et le Cameroun et leurs circuits de distribution.

En dépit des facteurs naturels favorables au développement de son agriculture (climat équatorial, terres agricoles fertiles, plus de 20000km2 de terres cultivables), le Gabon fait face à des carences alimentaires accrues qui suscitent à le recours à ses nombreux partenaires économiques. Pour répondre à la demande qui ne cesse de croître d'année en années, consécutives à la confluence de deux facteurs conjoints à savoir la croissance démographique et l'urbanisation accrues des principales villes du pays qui sont Libreville, Port-Gentil et Franceville. Le Gabon a recours aux pays voisins en tête desquels le Cameroun.

Si une comparaison à l'Allemagne est faite au Cameroun, c'est parce qu'il détient un potentiel agricole à même de répondre aux besoins alimentaires de toute la sous-région. Grâce à son tissu industriel en pleine croissance, le Cameroun a su se déployer aux cinq coins de ses frontières à travers la création dans les années 90 des marchés frontaliers d'Abang Minko'o, Kyé-ossi, pour l'espace Gabon/ Cameroun/Guinée Equatoriale. Pour l'espace frontalier Cameroun/ Tchad/RCA, le marché de Mbaiboum, pour l'espace frontalier extrême Nord-Cameroun/Nord-Nigéria/Tchad structuré par une Kyrielle de marchés hiérarchisés, parmi

44« Distance entre Bitam Gabon et Ebolawa Cameroun, Google Map », in http://www.google.cm/[...] consulté le mercredi 1er octobre 2014 à 22h30

45 Paul Nguema Engo « villes et intégration régionale transfrontalière (Gabon-Cameroun) », in ville en parallèle n°40/41, Paris, 2007, p.121.

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lesquels Amchidé-Banki, à cheval sur le Nigéria et le Cameroun, Kousséri (Cameroun et N'Djamena), la capitale du Tchad46. (Cf. figure 4)

Dans ce paragraphe, il sera question d'évoquer les types des produits échangés entre le Gabon et le Cameroun (a), ensuite, de mesurer le poids de ces flux commerciaux (b).

a) Les types de produit échangés entre le Gabon et le Cameroun et leurs circuits de distribution.

Les types des produits échangés entre le Gabon et le Cameroun sont diversifiés, ils vont des produits vivriers, maraîchers aux produits d'élevages, manufacturés, aux produits industriels et pétroliers.

? Les produits viviers, maraîchers et d'élevages en provenance du Cameroun vers le Gabon.

Les produits vivriers, maraîchers et d'élevages constituent l'essentiel des denrées alimentaires exportées du Cameroun vers le Gabon. Ces produits approvisionnent les principales villes Gabonaises ci-dessus citées. Compte tenu de l'importante variété des produits exportés, nous ne ferons pas une présentation exhaustive de ceux-ci, mais nous allons énumérer les plus importants.

S'agissant des produits vivriers nous les avons rangés en trois catégories, la première est celle des produits du crus, composés essentiellement, des régimes de banane plantain , de tubercules, de manioc, de taro, d'igname, de macabo, le piment les sacs de foufou manioc et de maïs, exportés en abondance, etc. La deuxième Catégorie est celle des produits maraîchers, tomate, choux, haricot, oignons, et fruits47.

Les produits d'élevages ne sont pas en marge de la variété des produits déversés dans les marchés gabonais ils constituent la troisième catégorie des produits. En effet, fort de sa grande diversité climatique, le Cameroun fournit ou sert de zone-tampon à l'élevage et surtout à la vente de bétail en provenance du Tchad et de la Centrafrique. Ainsi, le Cameroun exporte vers le Gabon, des gros ruminants48 , les petits ruminants, satin, sabrin et également de la volaille etc.

46Karine Bennafla, le commerce frontalier en Afrique centrale, France, édit Karthala, 2002, p.13 47 Ibid. P.37.

48Paul Nguema Engo, op.cit. , p.134.

? Les produits manufacturés, industriels en provenance du Cameroun vers le Gabon

Parmi les produits manufacturés, nous avons ceux issus de l'agro-industrie, farine de blé, les boissons alcoolisées et non alcoolisées issus des brasseries du Cameroun (Mutzig, top pamplemousse, ananas et grenadine) exemple pour une Mutzig vendue au Cameroun à 500F CFA en 2014, elle coûte près de 2000F CFA à Libreville. Idem pour un top pamplemousse, qui est vendu à 400F CFA au Cameroun il vaut 1250F CFA à Libreville49. Le différentiel des prix est si important que de nombreux commerçants n'hésitent pas à faire venir des quantités importantes de ces produits de consommation très prisés par les populations gabonaises. En plus de cela, nous avons encore d'autres types de produits manufacturés qui pour la plupart sont en transit au Cameroun. Provenant du Nigéria, ces produits se rependent à travers la sous-région. De plus, ces produits sont aussi issus des industries des pays émergents en particulier la chine. Ils sont essentiellement composés des téléphones portables, de la quincaillerie, des groupes électrogènes, et des objets de bricole de tous genres50. Les produits en aluminium et l'acier51 ne sont part en reste des produits exportés par le Cameroun, d'ailleurs, sa demande s'accroit de plus en plus eu égard aux profondes transformations auxquelles le Gabon s'engage actuellement. La construction de la troisième zone industrielle à 27 km de la capitale, Libreville après celles d'Oloumi et d'Owendo, demande davantage des matériaux en acier.

? Les produits en provenance du Gabon vers le Cameroun

A la différence de son voisin, la gamme des produits qu'offre le Gabon n'est pas très grande, elle est composée des produits industriels, du bois, des hydrocarbures ou des produits dérivés, des boissons, des produits halieutiques (sardines fraiches et fumées), des produits à recycler. Pour ce qui est des produits à recycler, nous avons deux catégories, la première est celle des matières plastiques, et la seconde est celle des résidus de verre.

49Résultats issus des enquêtes de terrain dans certaines épiceries de Libreville au Gabon et de Yaoundé au Cameroun.

50Ces produits sont tirés des enquêtes menées sur le terrain, au marché d'Abang Minko'o et de Kyé-ossi

51 Ministère du Commerce, des PMES, de l'Artisanat et du Développement des services, Fiche technique Gabon /Cameroun, Etat des relations commerciales, consulté le jeudi 27 Novembre à 10h 30

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Les résidus de verre servent généralement à recycler des bouteilles des boissons utilisées par la société SOBRAGA (Société de Brasserie du Gabon)52. Quelques produits agricoles sont échangés mais ne représentent quasiment pas grand-chose.

Pour ce qui est des produits manufacturés, ce sont des produits venus d'Europe ou d'Amérique qui sont en transit au Gabon et vont au Cameroun.

? Les circuits de distribution des produits échangés entre le Cameroun et le Gabon

Les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Gabon se produisent de manière générale sur trois principaux axes, l'un maritime, et deux autres terrestres. La voie maritime dessert directement le port de Libreville à partir de celui de Douala. Elle est considérée par les commerçants comme un pis-aller parce que plus onéreuse que ses alternatives terrestres53 qui sont : Libreville / Ndjolé / Oyem/ Eboro / Ambam / Ebolowa / Yaoundé, et l'axe Yaoundé/Ebolowa/Ambam/Ngoazik/kyé-ossi/Meyo-kyé/Bitam/Oyem/Ndjolé/Libreville.

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52 Information tirées des enquêtes sur le terrain, au port de Libreville auprès des douaniers et des responsables des bateaux effectuant le transit entre Libreville et Douala, entretien tenu le mercredi 15octobre 2014 à 11h.

53 Robert NKENDA, op.cit., p.22.

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Figure n° 4 : l'espace frontalier Cameroun-Gabonais entre voie maritime et voies terrestres

Source : Karine Bennafla 2003

b) Estimation des flux commerciaux entre le Gabon et le Cameroun

Les flux estimés ici sont des chiffres issus du commerce formel entre les deux Etats. Ces estimations pourraient être plus importantes si nous considérons également les flux informels des marchandises. Par conséquent, vu que ces flux informels ne rentrent pas dans les chiffres officiels des importations et des exportations, nous allons nous limiter à ceux enregistrés par les structures étatiques telles que les postes phytosanitaires de Kyé-ossi et

d'Abang Minko'o pour le commerce transfrontalier. Puis de ceux rendus publiques par les ministères en charge du commerce des deux Etats pour ce qui est du commerce global et des valeurs financières de ces échanges de biens entre les deux pays.

De nature très variées, les exportations recensées sont présentées dans les tableaux ci-dessous et concernent essentiellement les sorties enregistrées aux postes frontaliers de Kyé-Ossi et d'Abang Minko'o, car, les autres marchés n'étant pas encore dotés en services appropriés.

Ainsi, nous avons enregistré en 2009 au poste phytosanitaire d'Abang Minko'o 19607,54 tonnes (Tableau1) des produits vivriers et maraîchers contre 2936 tonnes (Tableau2) au poste phytosanitaire de Kyé-ossi soit un volume total de 22543,54 tonnes (Tableau3). Le volume des produits vivriers et maraîchers de 2009 à 2013 est estimé à 106451,91 tonnes (Tableau3). Cependant, l'exportation de ces produits a connu une période de régression allant du deuxième semestre 2011, au premier semestre 2012 comme le laisse paraitre le graphique sur l'évolution des flux des marchandises de 2009 à 2013 (graphique n°1). Puis, on observe une reprise progressive au deuxième semestre 2012. Laquelle deviendra stable jusqu'à la fin de l'année 2013. Les raisons évoquées par de nombreux experts du MINIPAT, serait la flambée des prix des produits agricoles consécutive à la hausse du prix du carburant. Comme quoi, les effets pervers de la crise alimentaire de 2008 à 2009 n'ont pas été assez soutenus par le gouvernement camerounais de manière durable.

Tableau 1 : Exportations en camerounaises en Tonnes vers le Gabon par Abang Minko'o de 2009-2013

produits

2009

2010

2011

2012

2013

total

vivriers et maraîchers

19607,54

16808,13

22340,02

17128,58

17348,82

93233,09

fruits

1849,61

2366,19

2951,7

2739,46

3115,41

13022,37

manufacturés

386,86

646,23

499,56

357,02

581,73

2471,4

divers et autres

79,61

93,43

230,55

100,64

0

504,23

total

21923,62

19913,98

26021,83

20325,7

21045,96

109231,09

Source : MINIPAT, données classées par l'auteur.

 
 
 

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Tableau 2 : Exportations du Cameroun en Tonnes vers le Gabon par Kyé-ossi de 2009-2013

produits

2009

2010

2011

2012

2013

Total

Vivriers et maraichers

2936

5336,1

277,91

1720,96

2947,85

13218,82

Fruits

914,1

810,2

89,9

135,21

298,06

2247,47

Manufacturés

671,3

672,1

336,76

306,91

261,71

2248,78

Divers et autres

79,8

186,7

1,79

11,28

235,49

515,06

Total

4601,2

7005,1

706,36

2174,36

3743,11

18230,13

Source : MINIPAT, rapport économique 2013 données classées par l'auteur.

Tableau 3 : synthèse des exportations en tonnes du Cameroun vers le Gabon de 20092013 par les postes phytosanitaire d'Abang Minko'o et de Kyé-ossi.

PRODUITS

2009

2010

2011

2012

2013

Total

Vivriers et maraichers

22543,54

22144,23

22617,93

18849,54

20296,67

106451,91

fruits

2763,71

3176,39

3041,6

2874,67

3413,47

15269,84

manufacturés

1058,16

1318,33

836,32

663,93

843,34

4720,08

divers et autres

159,41

280,13

232,34

111,92

235,49

1019,29

Total

26524,82

26919,08

26728,19

22500,06

24788,97

127461,12

Source : MINIPAT, rapport économique de la vallée du Ntem

Graphique 1 : Evolution des flux des marchandises exportées du Cameroun vers le Gabon de 2009-2013

Vivriers et maraichers fruits

manufacturés divers et autres

120000 100000 80000 60000 40000 20000

0

 
 
 

2009 2010 2011 2012 2013 Total

Source : réalisé par l'auteur

 
 
 

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En revanche, les produits manufacturés connaissent un recul de leur exportation vers le Gabon. En effet, en 2009 le volume des produits manufacturés était estimé à 1058,16 tonnes, en 2010 cette quantité a augmenté de 260,17 tonnes soit 1318,33 tonnes. Puis en 2011, son volume s'est vu chuter jusqu'à 836,32 tonnes pour atteindre un plancher de 663,93 tonnes en 2012, avec une légère reprise en 2013. Les causes de cette régression sont liées à la faible demande des produits manufacturés par les consommateurs Gabonais durant la période de 2011 à 2012. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une autre explication vient se greffer à celle précédemment évoquée. Il s'agit de la hausse du prix du carburant par le gouvernement camerounais ce qui a eu pour conséquence d'augmenter les coûts de transports des marchandises. (Cf. Tableau n° 3).

Tableau 4 : Estimation en milliards de francs CFA des exportations du Cameroun vers le Gabon

 

Valeur en milliards

pourcentage

produits alimentaires

57456113524

37%

aluminium et aciers

18751004610

12%

produits de conditionnement

12043407108

8%

savons de ménage

8745338283

6%

Source : Direction Générale du Commerce Gabon

Comme nous l'observons dans les différents marchés de la capitale gabonaise du moins pour les marchés dont nous avons effectué les enquêtes, une grande partie de nos produits alimentaires proviennent du Cameroun. Selon la direction Générale du Commerce du Gabon, nous avons importé plus de 57 milliards d'aliments de 2008 à 2013, soit 37% des imports. Précisons que, les produits alimentaires sont composés des vivres frais (bovins, ovins, Caprins, tubercules, fruits et légumes etc.), de l'huile de palme raffinée et des préparations à base de cacao. Ajoutons en plus de cela que durant l'année 2008, nous avons exceptionnellement observé une importation d'huile de palme chiffrée à 6.803.906.696 F CFA. Celui-ci était consécutif au problème de production rencontré par SIAT Gabon54. Ce malgré un contexte compliqué traversé par le Cameroun durant la même période à savoir, la crise alimentaire ayant conduit à des violentes émeutes.

54 SIAT Gabon : Société d'investissement pour l'Agriculture tropicale, est une société anonyme au capital social de 39.000.000.000 F CFA. Installé au Gabon depuis avril 2004, elle remplace l'ancienne AGROGABON. SIAT est le leader de l'agro-industrie au Gabon regroupant l'exploitation des cultures de palmier au moyen Ogooué, des cultures d'hévéa au Woleu Ntem et à l'estuaire et de l'élevage à la Nyanga.

Les articles en Aluminium ou en acier ne sont pas en reste, avec une représentation de 12% soit près de 19 milliards de francs CFA. Dans cette catégorie, nous retrouvons la tuyauterie, les barres, les fils, les bandes, et les différents ouvrages en aciers ou en aluminium.

S'agissant des produits de conditionnement, nous retrouvons les bouteilles et les bonbonnes en plastique ou en verre ; les caisses, les boites en bois ou encore les cartons de toute tailles. Ces différents produits totalisent plus de 12milliads de nos francs sur la période considérée depuis le début de notre étude.

Les savons en morceaux utilisés pour le linge ou la vaisselle représentent près de 9milliards de francs. Malgré la production faite par la SIAT, le marché n'est pas totalement couvert, ce qui occasionne la pénétration de ce produit en provenance du Cameroun.

En revanche, comparativement aux exportations du Cameroun vers le Gabon, les produits gabonais exportés vers le Cameroun depuis 2008 connaissent une progression décroissante.

Le tableau ci-dessous nous présente les principaux produits exportés vers le Cameroun. Nous

retrouvons ici le pétrole, le bois, les cigarettes et les boissons produites respectivement par la
SOCIGA et la SOBRAGA. Dans la liste des exportations, nous retrouvons beaucoup

d'appareils. Sachant que le Gabon n'est pas producteur d'appareils, il est nécessaire de

préciser que ceux-ci ne sont qu'en transit sur le territoire gabonais. Par ailleurs, le graphique
n°2, nous montre que les produits les plus exportés du Gabon vers le Cameroun de 2009 à

2013 sont les cigarettes, les appareils de tout genre, et les produits pétroliers. Mais comme

précédemment dit, nous remarquons une baisse vertigineuse des quantités exportées.
S'agissant des cigarettes, nous sommes passés de plus de 4 milliards de nos francs à

seulement 567.244.500F en 2013, soit une baisse de 86%55. Pour ce qui est des produits pétroliers, nous remarquons que depuis l'année 2012, les exportations de pétrole vers cette destination sont inexistantes.

Tableau 5 : Valeur des exportations du Gabon vers le Cameroun de 2009-2013 en F.CFA

 

2009

2010

2011

2012

2013

TOTAL

Appareils

674241615

244735818

950118547

2491755718

1740651008

6101502706

boissons

13461400

70829600

29588100

81332960

17000

195229060

cigarettes

4105550000

1910650000

1087747000

682.407.000

567.244.500

8353598500

bois et dérives

44677225

330717793

35527881

50678926

61953727

523555552

pétrole et dérivés

579834525

667989704

446458556

0

0

1694282785

TOTAL

5417764765

3224922915

2549440084

3306174604

2369866235

16868168603

SOURCE : Direction Générale du commerce Gabon

55 Ministère du commerce, des PMES, PMIS, de l'Artisanat et du développement des services, Direction générale du Commerce, Fiche technique : Gabon / Cameroun, Libreville, p. 5.

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Graphique2 : Des flux commerciaux en provenance du Gabon vers le Cameroun.

Apparails boissons cigarettes bois et dérives petrole et dérivés

4,5E+09 4E+09 3,5E+09 3E+09 2,5E+09 2E+09 1,5E+09 1E+09 500000000 0

 
 

2009 2010 2011 2012 2013

Source : réalisé par l'auteur

Tableau 6 : importations en tonnes en provenance du Gabon vers le Cameroun de 20092012.

 

Produits exportés
Vers le Cameroun

Quantités (tonnes)

TOTAL
(04 ans)

2 009

2 010

2 011

2 012

1

Ail

0,1

/

/

/

0,1

2

Blé dine

/

6,72

/

/

6,72

3

Bois fini

29,75

/

/

/

29,75

4

Cacao marchand

5,29

6,75

/

/

12.04

5

Cube Maggi

/

/

1,15

/

1,15

6

Déchets de tabac

6,53

12,5

2,33

/

21,36

7

Farine de blé

/

/

13,5

11,25

24,75

8

Huile raffinée

13,9

269,63

716,42

326,19

1 326,14

9

Phosphatine

/

/

6,72

/

6,72

10

Riz marchand

26,45

48,03

7,22

8,37

90,07

11

Spaghetti

/

/

235

30

265

12

Tomate (pâte)

/

2,1

3,5

/

5,6

Total

82,02

345.73

985,84

375,81

1 789,4

Source : poste phytosanitaire d'Ambam Minko'o

Les produits alimentaires exportés vers le Cameroun par le Gabon sont également en très faible quantité. Cela pourrait s'expliquer par une demande circonstancielle survenant en

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compensation à l'insuffisance de l'offre interne. Mais aussi et surtout par la faible production de ces produits. Si tel est le cas, une densification de la production de ces denrées résoudra ces sorties beaucoup plus importantes en huile raffinée56.

Paragraphe B : Les contraintes liées au commerce entre le Gabon et le Cameroun

Dans ce paragraphe, il s'agit pour nous de voir toutes les entraves au commerce entre le Gabon et le Cameroun. Ces contraintes ont été classées en deux catégories, nous avons les contraintes institutionnelles (a) et les contraintes techniques et opérationnelles (b).

a) Les contraintes institutionnelles et infrastructurelles

Pour North D.C, les institutions sont entendues au sens large comme étant l'ensemble des règles de jeu conçues par les hommes et qui régissent leurs interactions57. Toutefois, malgré les efforts fournis par la CEMAC et la CEEAC sur l'établissement d'une taxe fiscalo-douanière puis du tarif Préférentiel et des règles d'origine, le cadre intracommunautaire est tributaire d'un certain nombre d'insuffisance et d'imperfection58. On note à cet effet ;

- L'inexistence d'une politique commerciale communautaire ;

- Absence de cohésion entre les politiques commerciales de la CEMAC et celles de la CEEAC ;

- L'application du TEC au gré des Etats ;

- Les disparités dans l'interprétation et le rythme de mise en oeuvre des réformes fiscales adoptées au niveau communautaire ;

- L'inexistence de politique commerciale au sein des Etats membre ;

- Inadéquation des accords économiques de la coopération entre les pays souvent exhaustifs des accords antérieurs et/ou de la situation particulière de certain Etats membres59 ;

- L'augmentation des irrégularités des cotisations dans paiements des cotisations des membres

56 MINIPAT, rapport économique 2013 de la vallée du NTEM consulté le Jeudi 04 décembre 2014 à 11h00.

57 North, D.C institutions, journal of Economic perspectives, Vol.5 N°1, 1991, pp. 97-112.

58 Nkendah Robert, « le commerce transfrontaliers informel des produits agricoles et horticoles entre le Cameroun et ses voisins de la CEMAC : implication sur la sécurité alimentaire sous régionale » in ICBE-RF reserch report n°07/12, Dakar, 2012, P.51.

59 Hakim Ben Hammoudou, l'intégration régionale en Afrique Centrale : Bilan et perspectives, éditions Karthala, Paris, 2003, p.51.

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- La disparition des structures d'appui au financement du secteur privé dans la plupart des pays (CAPME au Cameroun, PROMOGABON au Gabon) ;

- Une part trop importante des Etats sur la protection de leur souveraineté ;

- L'absence d'offre réciproque.

En dehors des contraintes liées au droit et aux institutions, nous avons également celles impliquant les infrastructures. En effet, pour toute institution internationale, la qualité et la densité des infrastructures est une condition certes, pas suffisante mais nécessaire au développement des échanges commerciaux intra-régionaux. Si le constat fait par Bondonna en 2003 dresse un portrait médiocre des infrastructures routières en Afrique centrale comme étant les plus faibles du continent, il n'en demeure pas moins que l'axe routier Libreville/Yaoundé a connu une nette amélioration durant ces dix dernières années avec la construction du pont sur le Ntem reliant les deux Etats. En revanche, de nombreux progrès restent à faire sur les infrastructures portuaires et celles des télécommunications. S'agissant des infrastructures portuaires, le Gabon et le Cameroun en sont faiblement dotés. En effet, durant les années 90, la voie maritime avait été utilisée comme alternative au transport des marchandises en provenance du Cameroun et des exportations des produits gabonais tels que les produits halieutiques vers le Cameroun suite à la panne du bac d'Eboro sur le Ntem60. Ce bac fut la propriété de l'Etat gabonais, aussi, suite aux actes de sabotages orchestrés par les piroguiers gabonais, la traversée sur le fleuve Ntem fut interrompue, entrainant ainsi des lourdes pertes. Afin de minimiser les pertes, le transport par voie maritime fut emprunté bien que plus cher. Aujourd'hui cette alternative souffre de deux problèmes, le premier est celui l'étroitesse des ports, ces infrastructures ne répondent plus aux normes. Quant aux télécommunications, des gros efforts restent à réaliser sur l'interconnexion des deux pays par un réseau de fibre optique, en plus réduire les coûts de la téléphonie mobile notamment pour le Cameroun. À titre d'exemple, un appel passé du Cameroun vers le Canada ou l'Angleterre coûte relativement moins cher 25F CFA la minute contre 150 F CFA vers le Gabon en 201461.

60 Karine Bennafla, op.cit. p. 61.

61 Enquête réalisée sur le terrain dans les cabines téléphone de la ville de Yaoundé le lundi 8 décembre 2014 à 11h 45, cette enquête visait essentiellement les cybers cafés de la localité de Soa, une petite ville estudiantine située à sensiblement 16km de la capitale camerounaise. Une enquête similaire a été réalisée au sein des sociétés de téléphonie mobile du Gabon. Les entreprises sélectionnées étaient : AIRTEL Gabon, LIBERTIS GABONTELECOM, MOOV Gabon filiale d'ETISALAT,

b) Les contraintes administratives, parafiscales et technologiques

Les contraintes administratives et fiscales constituent les obstacles majeurs du commerce en Afrique centrale en générale et entre le Gabon et le Cameroun en particularité. En effet, la multiplication des services aux frontières accentue les lourdeurs administratives et crée des taxes supplémentaires. Ceci entraine deux conséquences : la première est le retard dans l'approvisionnement des marchés, la deuxième conséquence constitue les pertes en termes de coût financier sur les produits à caractère périssables. À cela, vient se greffer les contraintes technologiques souvent sous estimées par les Etats.

D'une manière ou d'une autre, dans toute activité, un développement soutenable requière la maîtrise de quelques technologies. Le commerce entre le Cameroun et le Gabon ne déroge pas à cette règle. Malheureusement, le niveau de maîtrise des technologies observé chez les intervenants est faibles, voire nulle. En effet, le conditionnement des produits ne respecte aucune norme, leur conservation non plus. Plus grave encore, malgré le gaspillage consécutif à cette situation, on remarque chez certains intervenants l'inconscience de l'importance du respect de quelques normes en la matière. Cette réalité est à la fois une conséquence (chez les conscients) et une cause (chez les inconscients) de l'inexistence signalée des infrastructures "logistiques"62.

SECTION 2 : LE COMMERCE ENTRE LE CAMEROUN ET LE GABON : ELEMENT ESSENTIEL POUR LE RENFORCEMENT DU COMMERCE SOUS REGIONAL

Pour de nombreuses études effectuées sur la situation du commerce en Afrique centrale, la zone comprenant le Gabon, le Cameroun et la Guinée Equatoriale est considérée comme le triangle de prospérité 63 aux opportunités à même de permettre une forte croissance économique si et seulement si ces atouts sont suffisamment mise en valeur. L'analyse de ces opportunités (Paragraphe A), va nous permettre de ressortir les défis à relever (Paragraphe B) afin de lever certaines pesanteurs qui entravent le développement du commerce régional en général, et du commerce entre le Cameroun et le Gabon en particulier.

62 Nkendah Robert, op.cit. p.51.

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Paragraphe A : Analyse des opportunités offertes par le renforcement du commerce entre le Gabon et le Cameroun

L'analyse des opportunités offertes par le commerce entre le Cameroun et le Gabon va se présenter sous deux schémas, le premier consiste à mettre en évidence les atouts internes aux deux Etats (a), et quant au deuxième schéma, il s'agit d'analyser les opportunités régionales (b).

a) Les opportunités internes aux deux Etats

Le Gabon possède des atouts dans le cadre du renforcement du commerce intracommunautaire et de la promotion du commerce intra-africain, Ces atouts sont de deux ordres. Sur le plan spatial, le Gabon possède en son sein des différentes plateformes d'échanges commerciaux dans les zones frontalières, dont l'une des plus dynamiques se trouve dans la zone Nord, frontière qu'il partage avec le Cameroun. Le Gabon possède également une façade maritime, laquelle lui permet de commercer avec d'autres pays de la CEEAC tels l'Angola, la Guinée Equatoriale, Sao Tomé et principe, la RDC, le Congo, ainsi que le Cameroun via le port de Douala.

Au-delà des perceptions étriquées de certains hommes politiques nationaux vis-à-vis de l'intégration régionale, nous observons depuis quelques années, un volontarisme des autorités du pays qui, à l'exemple du Chef de l'exécutif soutenu par le Chef du gouvernement qui se sont prononcés en faveur de l'intensification des échanges commerciaux transfrontaliers. En février 2014, les Parlementaires gabonais ont été invités à s'investir dans l'élaboration des cadres législatifs pour faire du commerce frontalier, au Nord du Gabon, un moteur pour le développement des collectivités locales. Le Professeur en Economie, Premier Ministre et Chef du Gouvernement Daniel ONA ONDO, avait examiné objectivement le cas de la province septentrionale du pays qui possède des frontières avec le Cameroun et le Guinée-Equatoriale. En conclusion, il avait été demandé aux populations de la province du Woleu-Ntem de contribuer à l'intégration régionale par le commerce64.

Dans le même ordre d'idées, les opportunités du commerce entre le Cameroun et le Gabon sont diverses. L'exploitation conjointe d'un gisement de minerais de fer transfrontalier représente par exemple une opportunité pour renforcer l'intégration régionale entre ces pays. Une exploitation coordonnée de leurs gisements transfrontaliers renforcerait l'intégration des

64 Ministère du Commerce, des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Artisanat Et du développement des services, Atelier National de Sensibilisation pour le Renforcement du commerce intra-Africain du 01-02 juillet 2014, Libreville Gabon.

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économies, à la suite de la co-construction d'infrastructures communes. Enfin, quoiqu'encore informels en grande partie, les échanges commerciaux frontaliers représentent des jalons prometteurs pour la promotion du commerce intracommunautaire et du renforcement du commerce intra-africain pour le Gabon65 et le Cameroun.

De plus, « le Gabon possède de nombreux atouts naturels qui pourraient faire de lui un pays producteur des produits manufacturés biotechnologiques de haute valeur ajoutée ». De même, le Gabon possède en son sein des plantes tinctoriales pour la fabrication de nouvelles peintures, des plantes médicinales pour la recherche pharmaceutique, des plantes pouvant servir également dans la fabrication de nouvelle gamme de parfum, très brisée par la classe sociale émergentes des pays de la région66. En revanche, des gros efforts restent à faire dans le domaine de l'agriculture, et la production de nombreux produits manufacturés très dépendant du Cameroun voisin.

Le Cameroun est incontestablement le leader naturel de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) à travers ses potentialités économiques, sa position stratégique au centre de la sous-région ainsi que son poids démographique. Un leadership que le Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad ne sauraient contester, puisque même réunis, ces pays atteignent difficilement le poids économique du Cameroun qui représente à lui seul 52 % du PIB de la CEMAC et un peu plus de 55% de la population totale, environ 20 millions d'habitants sur les 35 millions que compte la région. Sur le plan commercial, le Cameroun fait office de locomotive. Il est de loin, pour ne pas dire quasiment le seul pays de la zone qui exporte vers tous les autres pays d'Afrique centrale. Les importations sont quasiment nulles en provenance de ses voisins. Certains pays, le Centrafrique et le Tchad, dépendent à 80 % pour leurs échanges commerciaux, du Cameroun. Une bonne partie des produits en direction du nord du Congo transite par le Cameroun, tandis que le Gabon et la Guinée équatoriale se ravitaillent essentiellement en vivres à partir du Cameroun.

Sa proximité avec le Nigeria ainsi que la vitalité du port de Douala en font un carrefour quasi incontournable en Afrique centrale67.

65 Ibid.

66 Entretien avec. Marc Louis Ropivia à l'Université Omar Bongo le vendredi 10 octobre 2014.

67La place du Cameroun dans la région cemac », in www.nkul-beti-camer.com/ekang-media-press.php , consulté le mercredi 16 Décembre 2014 à 12h 11.

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Pour ce qui est des infrastructures, le pays dispose d'un réseau routier dense le reliant aux pays voisins. Les corridors Douala/N'Djamena et Douala-Bangui constituent un exemple patent. Avec l'appui des bailleurs de fonds, notamment l'Union européenne qui a investi plus de 150 milliards de francs CFA, les marchandises partent désormais du port de Douala jusqu'en Centrafrique et au Tchad sur des routes bitumées, soit à peu près 1500 km. La route Douala-Yaoundé-Sangmélima et Cameroun-Ouesso (Congo), dont les travaux commencent bientôt, entre autres, grâce à un financement de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA) permettront de faire une jonction entre les deux pays. Le Gabon et la Guinée équatoriale peuvent également être atteints depuis le Cameroun par route. Il est ainsi le seul pays de la région frontalier de tous les autres. De même, sur le plan humain, au moins une ethnie camerounaise se retrouve dans chaque pays de la zone, ce qui constitue un avantage pour l'intégration communautaire.

Cette place de locomotive est renforcée par la solidité des entreprises camerounaises, qui sont toujours au peloton de tête des plus grandes entreprises de la région, du secteur des banques, des assurances et des industries lourdes. Sa place de leader ne souffre d'aucune contestation.

Ainsi, sur la base des avantages comparatifs du célèbre économiste anglais Adams Smith, celle des dotations factorielles de HOS, le Gabon et le Cameroun, peuvent se spécialiser dans la production des biens dont-ils détiendraient chacun un avantage comparatif. La dotation en facteur de chaque pays est la clé de l'aboutissement de ce processus, ajouté à cela, la volonté des populations et des politiques à s'intégrer.

b) Les opportunités régionales

La communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) est du point de vue de tous, l'une des régions les plus riches en Afrique. Elle renferme des réserves pétrolières et minières d'une très grande capacité. De plus, sa position géographique lui confère des atouts indispensables au développement de l'agriculture et même de l'élevage, cas de la zone sahélo- sahélienne du Tchad, de la Centrafrique et une partie du nord Cameroun. Avec une population estimée à plus de 140 millions d'habitants, cette partie de l'Afrique constitue une part non négligeable du commerce continental. Aussi, l'Afrique centrale bénéficie d'une position de zone de transit entre trois communautés économiques régionales à savoir : la CEDAO, la SADEC et le COMESA.

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Par ailleurs, comment concevoir qu'une région avec autant d'atouts ne puisse avoir qu'un volume d'échanges avoisinant les 2% durant ces dix dernières années à l'échelle du continent africain. L'Afrique de l'Ouest et de l'est, pourtant moins dotées en facteurs parvient à avoir un volume d'échanges plus important que celui de l'Afrique centrale. L'anarchie institutionnelle justifiée par la double appartenance aux CER des Etats en Afrique centrale a longtemps été présentée comme un frein au commerce. Cependant, nous estimons que cette double appartenance peut être un atout dans le cadre du renforcement du commerce intra-africain pour deux raisons essentielles. La première est liée aux flexibilités fiscalo-douanières dont bénéficient chaque Etat au sein des différents processus d'intégration régionale. Bien que les problèmes d'origines des produits puissent se poser, une alternative en guise de solution peut être apportée, il s'agit pour les Etats de faire référence au critère de la nation la plus favorisée tel que définie par l'OMC, ainsi pour certains produits agricoles par exemple, ce principe peut être appliqué. La deuxième raison, réside dans la diversification de l'offre et de la demande. En effet, toutes les régions en Afrique n'ont pas les mêmes types de productions agricoles, les conditions climatiques font en sorte que la production de la banane plantain soit plus favorable en zone équatoriale qu'en zone semi-aride ou aride. Quant à l'élevage, et la culture des céréales, ils sont plus propices dans des zones sèches. Par conséquent, La double appartenance des Etats aux Communautés Economiques Régionales (CER) peut ainsi palier au déficit alimentaire, jusque-là comblé par des importations vers l'occident.

En outre, comme effet négatif à craindre dans le renforcement du commerce intracommunautaire et intra-africain, les effets de détournement de commerce que pourraient occasionner la signature des accords de partenariats économiques entre la CEEAC et l'Union Européenne (APE). Une telle initiative va compromettre davantage le processus d'intégration régionale. L'une des conséquences à mettre à l'actif des APE, est la perte des droits de douane qui constituent une part importante dans le budget des Etats. Il faut ajouter à cela le fait que ces accords ne prévoient pas de transfert de technologies, ce qui suppose, une exportation des matières premières vers les usines européennes, et une importation de l'Union Européenne des produits finis. Ce qui va inexorablement freiner le développement des industries naissantes de transformation locales. (C'est ici l'explication à mettre)

A l'analyse de ces opportunités, nous pouvons affirmer que le Cameroun et le Gabon peuvent en tirer profit et faire de la quête de ce marché un enjeu à la fois économique et politico-stratégique.

Sur le plan économique l'enjeu majeur est la recherche de la croissance économique. En effet, à travers la libre circulation des biens et des personnes en zone CEEAC, les exportations camerounaises et gabonaises trouvent un marché de consommation plus large que celui de la CEMAC qui ne représente environ que 30 millions de consommateurs dont plus de la moitié est composé de la population camerounaise. La mise en place de la zone de libre-échange régionale, va ainsi offrir aux entreprises camerounaises d'autres perspectives d'investissements, favoriser la représentativité sur la scène internationale et réussir de fait, à résoudre le problème de chômage qui touche plus de 50% des jeunes. De même, la pression démographique et le boom immobilier auxquels ces deux pays font face, nécessitent la venue d'autres investissements qui seraient à même de soutenir la croissance et de lutter efficacement contre la pauvreté.

Par ailleurs, La mise en place de la zone de coprospérité entre le Gabon et le Cameroun, à travers des investissements conjoints, peut faire d'eux non seulement des moteurs de la croissance économique tout en réalisant des économie d'échelle par l'élargissement du marché et de la réduction des coûts68, mais aussi d'être des leaders de l'intégration régionale en Afrique centrale. En effet, par cette volonté manifeste, ces deux pays vont être considérés à juste titre comme des Etats pivots autour desquels vont se cristalliser les relations en Afrique centrale. Tout comme la France et l'Allemagne dans l'Union Européenne, cette étude n'est pas uniquement une vision d'esprit qui viendrait se joindre à la littérature courante déjà existante, mais plutôt une analyse politico-stratégique du rôle important qu'ils peuvent conjointement jouer afin de rayonner en Afrique centrale. Toutefois, pour faire aboutir un tel processus à terme, bon nombre de défis restent à relever.

Paragraphe B : Les défis à relever dans le cadre du renforcement du commerce entre le Cameroun et le Gabon et du commerce intra-communautaire.

Une intensification du commerce en Afrique centrale se fonde sur des constats qui relèvent d'énormes défis pour la libéralisation des échanges des produits originaires des Etats membres et sur la libre circulation des personnes dans l'espace CEEAC/CEMAC. Déjà, ces deux communautés économiques régionales représentent prise individuellement ou en communément, l'espace économique le moins intégré du continent Africain.

Au nombre des défis qui retardent l'épanouissement du commerce en Afrique centrale, il y a l'existence des pesanteurs sociopolitiques pour ce qui est du commerce entre le Gabon

68 Gabriel ZOMO YEMBE, salon international de l'entreprise, du partenariat et de la PME in commerce régional et développement : enjeux et défis à l'ère de la mondialisation, Yaoundé, 2014.

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et le Cameroun (a), puis dans le cadre communautaire, nous avons l'uniformatisation des mesures retenues par la mise en place des zones de libre -échange (b).

a) Les préjugés sociopolitiques, défis majeurs à relever dans le cadre des échanges commerciaux entre le Cameroun et le Gabon.

Rendre effective la libre circulation des marchandises et des personnes est la seule condition pour que les effets de création de commerce entre le Cameroun et le Gabon soient bénéfiques à tous. Pour cela, il faut mettre fin à un certain nombre de préjugés ou des croyances auto-réalisatrices de tous bords tels :

- Sociologique et politique : la peur de certaines tribus Fangs/Bétis/Bamilékés réputés pour être des populations envahissantes par les pays voisins tel que le Gabon, ce qui continue à nourrir le scepticisme selon lequel il se fera envahir par ces dernier. Il faut ajouter à cela, les multiplicités des formalités aux frontières et les dissemblances des politiques des visas. Ces énormes défis politiques ont été à l'origine de l'échec d'une initiative récente, les chefs d'Etats et de gouvernement de la CEMAC qui avaient au cours d'un sommet extraordinaire tenu en juillet 2013, à Libreville, signés un accord de libre circulation des personnes et des marchandises entre les six pays membres de la CEMAC dont l'entrée en vigueur était fixé au 1er janvier 2014. A cette date butoir le Gabon ainsi que la Guinée Equatoriale suspendaient, unilatéralement, l'application dudit accord pour des mobiles identiques à quelques nuances près, notamment dû à la crainte d'être envahi par des ressortissants des Etats plus peuplé. Au Gabon, la décision de non application de l'accord de libre circulation des biens et des personnes en zone CEMAC a été soutenue par les représentants du Parlement gabonais, devant les Autorités nationales, au motif selon lequel les conditions de sécurité ne sont pas encore toutes réunies. Ainsi, tous les pays membres de la CEMAC devront au préalable adopter les techniques de la biométrie pour sécuriser leurs titres de transport, harmoniser toutes les données policières et juridiques des individus en circulation, etc.

- Sur le plan commercial, mettre fin à la peur des entreprises Camerounaises censées être plus compétitives que les entreprises gabonaises. En fait il faut le dire, si le Cameroun présente un volume d'échange plus important que celui des autres pays de la CEMAC, c'est en partie dû au potentiel industriel des PME camerounaises qui ont su s'imposer non seulement au Cameroun, mais également dans certains pays de la sous-région, cas des entreprises FOBERT présentes au Gabon et au Congo.

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- Sur le plan économico-démographique : le défi est de mettre fin au problème de leadership, tout pour nous rien pour les autres.

- Sur le plan sécuritaire, le Cameroun et le Gabon devraient en synergie lutter contre le grand banditisme et la criminalité transfrontalière et non de manière isolée.

b) Les défis à relever par le Cameroun et le Gabon dans le cadre du renforcement du commerce intra- communautaire

Parmi les défis auxquels le Gabon et le Cameroun feront face dans le cadre du commerce intra-communautaire nous avons, l'élimination totale des barrières tarifaires au commerce des produits originaires, l'uniformisation des jalons retenus pour la mise en place des zones de libre-échanges parrainées (distinctement) par la CEMAC et par la CEEAC (les règles d'origine, de la procédure d'agrément des produits, etc.). D'autres défis sont inhérents :

- l'inexistence d'un pouvoir d'injonction ou de la pratique des sanctions pécuniaires en cas de non application des décisions communautaires ;

- au manque de tradition d'échanges commerciaux entre les Etats membres de la CEEAC ;

- à l'importance des contraintes physiques défavorables au développement des échanges: le déficit en infrastructures de transport ;

- le faible niveau de l'interconnexion des réseaux électriques, etc.

En 2014, les problèmes de transposition interne des décisions communautaires demeurent parce qu'on observe par exemple qu'aucun Etat, à l'exception du Gabon, n'a pris des mesures pour rendre effective la zone de libre-échange au niveau national cela malgré les missions techniques et séminaires d'information, de vulgarisation et de sensibilisation effectuées dans tous les Etats membres, ainsi que les notifications formelles des décisions y relatives aux ministres en charge des finances et du Commerce des Etats membres. Il convient de noter à cet effet que le Gabon a déjà procédé à la transposition dans son ordre juridique interne de la Décision n°03/CEEAC/CCEG/XI/04 du 27 janvier 2004 sur le Tarif Préférentiel/CEEAC par les dispositions des articles 13 et 14 de la Loi de finances n°18/2004 du 16 janvier 2005)69.

Toutefois, les retards dans l'appropriation de l'ensemble des textes communautaires (déclarations, décisions, règlements, directives, recommandations, actes additionnels) de mise

69 Direction Générale du Commerce, Economic Commission for Africa : Atelier National de sensibilisation et de mobilisation pour le renforcement du commerce intra-africain du 01-02 juillet 2014, Libreville Gabon

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en place de la zone de libre-échange par les différents acteurs (administrations, opérateurs économiques, organisations de la société civile) représentent un défi pour le renforcement du commerce intracommunautaire.

Enfin, la libre-circulation des personnes dans l'espace CEEAC demeure l'un des défis majeurs pour le renforcement du commerce intra-communautaire et intra-africain pour le Cameroun et le Gabon. Alors que la libre circulation des personnes et des marchandises est l'un des piliers majeurs de l'intégration régionale, le Gabon ne parvient pas à accomplir des progrès dans sa mise en place. C'est l'un des domaines où sa stratégie nationale ne cesse de diverger avec celle des autres Etats membres de la CEEAC.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld