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Approche par compétences et changement de paradigmes représentations d'un échantillon d'enseignants à  propos de leur métier, de l'apprentissage et de l'enseignement

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par Badya LAGE
Université de Rouen - Master recherche 2 2007
  

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B/ L'entretien individuel semi-directif :

Les enseignants interviewés ont une expérience professionnelle de plusieurs années (de plus de 14 ans). Selon Huberman (1989), pour construire un discours appuyé sur sa pratique, il faut une maîtrise professionnelle et une expérience (in Rouiller, 2005). Nous pouvons considérer alors, le discours des enseignants interviewés, comme un discours appuyé qui peut être objet d'analyse.

Ces enseignants n'ont reçu aucune formation continue depuis leur formation initiale dans les centres de formation (école normale supérieure des professeurs pour le lycée qualifiant et centre pédagogique régional pour le lycée collégial). Durant cette formation, ils ont eu des cours théoriques, ils ont fait des observations de classe et ils ont essayé de donner des cours sous l'encadrement d'enseignants experts, à qui ils assistaient. Toutefois, ils avancent que c'est le travail sur le terrain qui leur a permis de mieux « apprendre » leur métier.

Ces renseignements ont été demandés dans l'intention d'entamer la discussion et de mieux connaître les enseignants. Ils nous ont permis aussi, de relever quelques informations sur leur formation initiale. Une formation que nous pouvons supposer faite selon les modèles les plus classiques du métier de l'enseignant (Paquay & Dezutter, 2003).

L'analyse des entretiens avec chacun de ces quatre enseignants est présentée ci-dessous, selon la succession des questions posées durant l'entretien :

* Les quatre personnes interviewées ont exprimé leur besoin au changement dans le système éducatif, mais pas forcément au niveau de l'approche pédagogique. Sauf pour une enseignante du lycée qualifiant qui pense que la pédagogie par objectif a échoué car elle ne s'intéresse pas à l'élève : « l'élève était hors de l'action éducative ». Aussi fait-elle travailler beaucoup les enseignants par le biais des objectifs opérationnels à élaborer dans les fiches

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de préparations de leçons. C'était fatiguant pour les professeurs. Maintenant on est plus libre et on peut s'intéresser à l'élève et s'occuper de lui. »

Pour les quatre, les conditions de travail (effectif élevé -40 élèves par classe-, programme chargé) nuisent au rendement de l'enseignement de l'enseignant. Un changement de ces conditions est primordial, avant de changer la pédagogie. Un enseignant du secondaire qualifiant a ajouté : « certains trouvent encore des difficultés avec la PPO alors qu'on leur demande actuellement une autre nouvelle approche. Il fallait travailler d'abord par la PPO avant de passer à l'APC ».

Les enseignants du lycée qualifiant (P1 et P2) ont ajouté que le changement s'impose surtout pour les adolescents. Ces derniers, vu que l'école ne conduit pas directement à un travail, comme avant, vu qu'ils observent qu'il y a beaucoup de chômeurs diplômés, il faut chercher à leur donner un sens à l'école. « Maintenant, j'essaie plus de faire le lien entre ce qu'ils étudient et leur vie actuelle » explique l'enseignante P1. L'autre enseignant P2, pense qu'actuellement, avec la mondialisation et la globalisation, des changements dans notre enseignement doivent s'amorcer, entre autre, les objectifs de l'école.

Pour ceux du lycée collégial, ils ne voient pas exactement en quoi ce changement peut être bénéfique pour les élèves, si ce n'est de leur attribuer plus de droits qu'ils n'en ont.

À partir des réponses des quatre enseignants, nous pouvons avancer l'hypothèse suivante : l'élève n'était pas au centre de l'action éducative et ce n'est qu'avec la réforme actuelle qu'on commence à s'intéresser à lui. Une question s'impose d'elle-même, l'ancienne réforme curriculaire avec l'approche pédagogique par objectifs a-t-elle atteint ses finalités ou non ? Avec quelle approche pédagogique travaillent les enseignants actuellement ?

*Pour les quatre enseignants, les préparations de cours se font à partir du contenu des manuels scolaire certifiés par le ministère de l'éducation. Ceux du secondaire qualifiant, ont recours aussi à des livres spécialisées. « C'est le programme et on doit le faire. Parfois on a recours à d'autres livres dans le but de simplifier ou d'expliquer un document présent dans le manuel » répond l'enseignant P2.

Pour P1, elle a dit : « il m'arrive de ne pas comprendre facilement certains documents du manuel. Alors je cherche dans d'autres livres universitaires pour pouvoir l'expliquer aux

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élèves. Comment voulez vous donner un document aux élèves si moi je ne le comprends pas ? Il faut arriver à simplifier les documents compliqués et difficiles ».

Aucun de ces enseignants n'a fait référence à une préparation du cours sur la base de concepts scientifiques à construire ou en référence aux difficultés des élèves ou à des obstacles à l'apprentissage de certains concepts. Les élèves doivent apprendre ce qui est programmé dans les manuels et les instructions officiels. L'enseignant essaie de comprendre ce qui existe dans le manuel dans le but de pouvoir l'expliquer et le simplifier à l'élève.

* Les quatre enseignants jugent l'apprentissage des élèves sur la base de leurs notes au contrôle continu d'un côté et d'un autre côté, sur la base de leur participation en classe ou s'ils arrivent à faire les tâches demandées.

* La majorité des erreurs commises, d'après ces enseignants, sont dues à un manque de savoir, de savoir faire, d'attention, de travail, de motivation et de révision par les élèves.

Ils ne sont plus motivés et ne font plus d'efforts ni de recherches. Sur les copies, les élèves ne consacrent pas de temps à la lecture de la consigne même si je leur fais rappeler cela à chaque fois. En classe, on travaille l'analyse et en contrôle, je ne comprends pas pourquoi ils n'arrivent pas à faire de l'analyse même sur des documents vus en cours. Je vous parle de la majorité, car seule une minorité fait des efforts pour suivre les cours. (selon P3)

En génétique, j'explique bien, je leur montre comment traiter les exercices, je fais passer certains élèves au tableau pour noter leurs réponses, je les corrige tout en insistant sur les erreurs à éviter le jour de l'examen et tout en leur montrant quelques astuces pour s'en sortir en examen, tu sens qu'ils ont compris, certains même te le disent et te le confirment, mais une fois une interrogation est faite, c'est la catastrophe pour un bon nombre d'élèves. Ils ne travaillent pas assez chez eux. Ils ne donnent pas de l'importance à la matière. Ils travaillent plus les maths et les physiques. Ils pensent qu'il suffit d'apprendre par coeur pour répondre en sciences. Mais « ils verront » le jour de l'examen que les SVT ce n'est pas quelque chose de facile. (selon P2)

* À la question, à quel type de problème répond votre contenu ? La réponse semblait évidente pour les enseignants, c'était aux problèmes figurant sur le manuel. P1 et P4 ont

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ajouté, que parfois ce sont les élèves qui les posent à partir de documents qu'ils leur proposent. Il arrive pour P3 que les élèves posent des questions pour tester les compétences de leur enseignant.

*La majorité des activités, selon P1, sont réalisées dans le but de faire apprendre aux élèves un savoir scientifique et de développer chez eux des compétences. Pour P2 et P3, c'est pour faire le programme et pour les préparer à l'examen du bac (P2). Pour P4, c'est pour développer certaines capacités chez eux afin qu'ils commencent à bien raisonner. Mais aussi pour leur transmettre des connaissances, qu'ils pourront utiliser dans d'autres niveaux.

* Permettre un apprentissage, selon les quatre enseignants, consiste en une bonne explication du cours avec une vérification de sa compréhension par les élèves. Aussi, l'enseignant est appelé à simplifier la connaissance pour qu'elle soit au niveau des élèves, à contrôler fréquemment, même oralement, au début de chaque séance les connaissances des élèves et à faire travailler les élèves en classe et chez eux. Cela dans le but de les pousser à réviser leur cours et de les engager dans leur formation (selon P3 et P4). Il est appelé, selon P1, à être proche et ami avec les élèves et à répondre aux différentes questions qu'ils se posent, même si elles sont banales « je leur demande de poser toutes les questions qu'ils veulent. Quand quelqu'un me dit qu'il n'a pas compris, je lui parle gentiment en lui demandant ce qu'il n'a pas compris. Et je reprends le cours même s'il le faut du début. Ou parfois je demande aux élèves de lui expliquer s'il s'agit de quelque chose de facile. »

*Concernant l'explication de la finalité -placer l'élève au coeur de l'action éducative-, à des enseignants débutants, les enseignants du lycée qualifiant ont parlé d'un changement dans le rôle de l'enseignant. Celui-ci est devenu « lourd », l'enseignant étant appelé actuellement à mieux s'occuper de l'élève, à donner de l'importance à ce qu'il dit, à l'écouter, à lui donner des sujets qui sont en relation avec lui, avec son entourage, des sujets qui le touchent, qui le concernent. Selon P1, l'enseignant ne doit plus être considéré comme le seul expert du savoir. Les élèves savent aussi beaucoup de choses. Il faut discuter avec eux et développer leur confiance en eux-mêmes.

Pour les enseignants du lycée collégial, ils pensent plus faire travailler les élèves, en les laissant faire, individuellement ou en groupe, les activités programmées, écrire le contenu

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du cours, mais il faudrait d'abord maîtriser la classe et bien contrôler les élèves, sinon le travail deviendra difficile et parfois même impossible.

* Concernant, les objectifs des activités, leurs préparations, leurs exploitations ainsi que leurs évaluations, les conseils avancés reflètent ce que les enseignants ont dit sur leurs pratiques. Toujours, il y a une référence au contenu du manuel, au programme à réaliser et aux tâches que les élèves doivent exécuter. L'importance attribuée à l'élève se fait à travers le savoir à transmettre et les connaissances à acquérir.

* Pour les conseils en relation avec les erreurs, les quatre ont avancé qu'il faut leur donner de l'importance et les corriger en classe. Selon le type d'erreur et le temps qu'ils ont, le cours peut être réexpliqué ou d'autres exercices peuvent être donnés. Une enseignante du lycée collégien a ajouté « il m'arrive de demander aux bons élèves de faire le cours aux autres, surtout quand il s'agit d'un cours facile. J'ai constaté que dans ce cas, ils comprennent mieux et donnent de l'importance aux concepts. Et dans ce cas, ils se trompent moins en écrit ».

*À la question comment les élèves apprennent et quels conseils peut-on leur attribuer pour orienter leurs apprentissages, les enseignants du secondaire qualifiant ont parlé d'un travail continu sur la base du cours donné en classe, en premier, et sur la base du contenu des manuels tout en faisant des exercices et des problèmes à partir des livres spécialisés. Un travail individuel est encouragé et reste indispensable à l'apprentissage de l'élève. Ce qui est donné dans le cours reste insuffisant pour réussir au lycée selon l'avis de P1.

Pour ceux du lycée collégien. Ils pensent qu'il suffit de bien travailler le cours donné, de bien le comprendre et de bien mémoriser les résumés et les définitions pour apprendre les SVT et pour réussir aux examens.

* Un bon enseignant selon les interviewés, est celui qui maîtrise en premier sa discipline. C'est aussi celui qui sait se respecter et qui contrôle ses élèves. Celui qui ne fait pas appel aux autres pour résoudre ses problèmes. C'est celui aussi qui sait comment parler avec les élèves, comment les motiver, comment les pousser à travailler et à évoluer.

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* Un bon élève est un élève qui est avant tout discipliné, qui assiste à ses cours et s'applique dans son travail, en réalisant les tâches qui lui sont attribuées. C'est aussi celui qui travaille chez lui, qui fait des recherches, qui pose des questions et participe en classe. De tels élèves sont souvent les premiers de leur classe et réussissent sans aucune difficulté, selon le point de vue des enseignants.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon