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Déterminants de la croissance économique au Burkina Faso

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par Edouard Kaboré
ENAM-BF - Conseiller des affaires économiques 2011
  

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Section II : Les implications économiques

Dans cette section, nous distinguons les déterminants favorables à la croissance des déterminants défavorables.

Paragraphe I : L'analyse économique des résultats de la régression

L'analyse économique nous conduit à distinguer les déterminants qui ont un effet positif et ceux qui ont un effet négatif sur la croissance. Les déterminants affectés d'un coefficient positif sont favorables à la croissance. Cependant les déterminants défavorables à la croissance sont affectés d'un coefficient négatif. On peut recenser à partir du tableau 4 et selon l'horizon temporel cinq variables à effets positifs et six variables à impacts positifs respectivement à court terme et à long terme. Les autres variables ayant un effet négatif.

Nous analysons ensuite les implications économiques de chaque déterminant de la croissance économique au Burkina Faso.

@ LE TAUX D'INVESTISSEMENT

Un accroissement du taux d'investissement de 10% traduit unedécélération du taux de croissance de 0,85%. La raison de cette relation négative se justifie par le fait que dans les pays pauvres comme le Burkina Faso, l'investissement est destiné très souvent à l'achat de biens de consommation qui ne participent pas ceterisparibus à la production. L'investissement étant généralement financé par des prêts bancaires se trouve alors improductif ; ce qui décélère la croissance.A long terme, l'investissement devient favorable à la croissance à hauteur de 0,2%. C'est la preuve que les agents économiques ont une propension à consommer plus faible dans le temps s'ils satisfassent les consommations improductives de court terme qui freinent la croissance.

@ LA POPULATION ACTIVE

Une hausse de la population active de 1% entraîne une augmentation de la croissance économique de 1,95%. En effet, l'accroissement de la population active a un effet favorable à l'accroissement du produit intérieur brut par habitant. Son impact sur la croissance s'est révélé négatif à long terme. Cela peut se justifier par le fait qu'à long terme, l'accroissement de la population adulte est dû à une augmentation du taux de natalitéà court terme justifiée probablement par une moindre qualification de la population adulte de court terme. De forts taux de natalité indiquent que beaucoup d'enfants sont soumis à la morbidité : paludisme, diarrhée, maladie hydriques notamment. Pour y faire face, les ménages utilisent leur épargne ; leurs dépenses ne sont pas alors productives. Les ressources publiques sontaussi utilisées pour les soins curatifs. Prendre soin des enfants malades implique des coûts d'opportunités économiques importants, notamment en temps passé dans le processus de production, surtout pour les femmes. Toute chose qui impacte défavorablement la croissance économique.Il convient alors de trouver les voies et moyens visant à la mise en travail des personnes en âge de travailler tout en veillant à réduire le sous emploi grâce notamment à des appuis divers visant l'accroissement des cultures de contre--saison. Pour agir sur le taux de natalité croissante, il convient de miser sur des campagnes de sensibilisation qui éclairent les adultes d'aujourd'hui sur l'intérêt d'une natalité contrôlée.

@ LA CONSOMMATION DU GOUVERNEMENT

Pour un accroissement de la consommation du gouvernement de 10%, la croissance est positivement affectée de 0,83%. En effet, la consommation du gouvernement est vue comme un bon de commande à la production de biens et de services ce qui stimule ceterisparibus la croissance. On suppose qu'à long terme, les pouvoirs publics commencent à payer la dette qui a alimenté la consommation de court terme. Ce paiement est vu comme une charge financière improductive. Ce qui se traduit toutes choses égales par ailleurs par un impact négatif sur la croissance de 2,76%. Cetimpact plus important que celui de court terme vient corroborer l'action du désengagement de l'Etat dans la vie économique engagée depuis les années 2000 ; ce qui réduirait son train de vie.

@ L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT

L'aide publique a un effet positif de 0,13% sur la croissance pour un accroissement de son niveau de 10%. Les études récentes sur l'efficacité de l'aide indiquent que l'aide a un effet positif sur la croissance dans les économies où le système de gouvernance est de qualité. A long terme, l'impact d'un accroissement de 1% de l'aide publique au développement sur la croissance s'est révélé positif et s'élève à 0,028%. Cet impact est bien faible par rapport à l'effet de court terme. Se pose alors la question de savoir si l'aide est utilisée à bon escient. Les pouvoirs publics sont de ce fait pointés du doigt. L'aide publique au développement, en permettant aux institutions publiques de fonctionner crée un environnement propice pour le développement des affaires. Le système de gouvernance devrait s'améliorer pour viser notamment la lutte contre la corruption. La corruption décourage les investisseurs privés compétents. En contrôlant la corruption, le système de gouvernance attire et stimule les entrepreneurs talentueux, capables de produire des biens et services à moindre coût et de qualité. On comprendrait alors le président américain Barack OBAMA quant il disait en 2009 que l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais d'institutions fortes.

@ LES TERRES AGRICOLES

A long terme comme à court terme, les effets de l'accroissement des terres agricoles impactentfavorablement la croissance avec un coefficient positif. L'amélioration et l'augmentation des terres agricoles améliorent le potentiel de production agricole. Toute chose qui accroît la croissance eu égard au poids très important de la production agricole dans le PIB. Le coefficient de long terme s'est révélé plus élevé que celui de court terme. Cela peut s'interpréter comme une mise en culture des terres en jachère et donc rendue plus propices à l'agriculture. Les techniques de mise en jachère et l'alternance des cultures permettent la régénérescence des sols et l'amélioration de la productivité. Plus de terres agricoles augmente la dotation capitalistique des travailleurs tout en freinant la décroissance de la productivité marginale du travail. Les cultures de contre -saison sur lesquelles les pouvoirs publics doivent maximiser augmentent les terres agricoles et développent dans le même temps la qualité d'exploitation des terres. Les politiques publiques qui diminuent les terres agricoles sont alors défavorables à la croissance.

@ LES EMMISSIONS DE CO2

Lesémissions de CO2 sont introduites dans le modèle pour représenter le changement climatique. Il ressort des résultats de la régression que l'effet du changement climatique est négatif à court (-0,29%) comme à long terme (-0,04%) sur la croissance. Ce résultat indique les dangers du réchauffement climatique sur la croissance économique du pays et sur le bien-être de sa population. Les inondations du premier septembre 2009 sont un exemple concret du danger du changement climatique. En effet, les inondations ravagent les cultures agricoles, détruisent les infrastructures routières entre autres destructions. Toute chose qui impacte négativement la production et partant la croissance. Un rapport de la Banque Mondiale en 2009 indique que le réchauffement climatiquedû à un accroissement de la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, a augmenté de 0,75% tout au long du siècle passé ; les conséquences attendues sont les sécheresses, les inondations, les variations des saisons. Ces conséquences identifiées constituent une menace pour l'économie burkinabè dont la croissance est tributaire des activités du secteur agricole.

Pour permettre le rééquilibrage de l'écosystème, les pouvoirs publics centraux et locaux doivent encourager la reforestation avec des campagnes régulières de reboisement et permettre que les plants mis à terre soient entretenus. Dans cette logique, on arrive à réduire significativement l'effet négatif sur la croissance du changement climatique en obtenant un « PIB vert ».

@ LE CREDIT AU SECTEUR PRIVE

L'effet du crédit à l'économie sur la croissance économique est négatif et est de-0,008% à court terme. Cela se traduit par le fait que les agents économiques font des prêts bancaires pour l'achat de biens de consommation improductive à court terme (mariage, achat de moto, voiture) ; ce qui constitue pour eux une dépense ostentatoire. A long terme, l'effet sur la croissance s'améliore et devient de +0,028%. Le crédit fourni au secteur privé stimulealors la croissance économique à long terme. En effet, les agents économiques changent la structure de leur consommation et achètent plus de biens de consommation intermédiaire nécessaires à la production. Ceci implique que le secteur privé utilise efficacement les crédits fournis par le système financier à long terme. Faciliter alors l'accès du secteur privé aucrédit, notamment grâce à des fonds de soutien ou de bonification et à l'assouplissement des conditions de crédits stimule la croissance.

@ LE NIVEAU GENERAL DES PRIX

Une accélération de l'inflation à court terme de 1% est défavorable à la croissance à hauteur de 0,134% car l'inflation diminue le pouvoir d'achat des consommateurs et donc leur demande de biens et services adressée à la production. La croissance, indexée à la production se trouve alors réduite. Par contre, à long terme, l'impact d'un accroissement de l'inflation de 1% provoque une augmentation de la croissance de 0,0017%. Cela peut provenir de la crédibilité des institutions monétaires qui se caractérise par deux faits essentiels. Le pays n'a jamais connu d'hyperinflation et les taux d'inflation brusques résultant de chocs extérieurs ont été jugulés de sorte que l'inflation revienne à son niveau naturel. Cela a été le cas en 2005(6,41% suivi de 2,33% d'inflation en 2006) et de 2008(10,65% suivi de 2,6% d'inflation en 2009). Ce relatif succès montre l'importance de la crédibilité des politiques de désinflation dans la gestion macroéconomique. L'expérience de la gestion de la désinflation ne permet pas aux agents économiques d'avoir des doutes sur la capacité des autorités monétaires à prendre les mesures idoines à sa résorption. Il est remarqué que toutes les économies qui voient leur croissance s'accélérer enregistrent également une augmentation de leur niveau de prix, laquelle stimule la production de biens et services. Autrement dit, la croissance économique s'accompagne toujours d'un coût qui représente un surcroit d'inflation.

Une politique favorable à la consommation, notamment en termes d'accroissement des salaires réels constituerait une source d'incitation à l'accroissement du pouvoir d'achat des agents économiques.

@ LE TAUX DE CHANGE EFFECTIF REEL

A court terme, un accroissement du taux de change de 1% traduit une baisse de la croissance de 0,02%. Cela correspond à une dépréciation de la monnaie au plan interne. En effet, une dépréciationtraduitselon la théorie de la parité des pouvoirs d'achat, une perte de pouvoir d'achat due à une inflation plus importante10(*).La perte de pouvoir d'achat à son tour réduit la commande de biens et de services adressée aux producteurs ; ce qui réduit la production et partant la croissance. A long terme les autorités monétaires arrivent à maîtriser l'inflation et la monnaie nationale s'apprécie. Cette appréciation correspond à un gain de pouvoir d'achat des agents économiques qui accroissent leur demande de biens. Toute chose qui élève la production et partant stimule la croissance. D'où la justification de l'impact positif (+0,04%) du taux de change sur la croissance à long terme.La crédibilité des autorités monétaires est alors favorable à la croissance.

Au regard de ce qui précède, quelles recommandations conviennent pour permettre d'avoir une croissance soutenue au Burkina Faso ?

* 10Selon l'annexe sur inflation le Burkina Faso a enregistré périodiquement une inflation plus élevée que ses partenaires commerciaux

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote