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Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

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par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

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UNIVERSITE DE KARA

*****************

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

*******************

DEPARTEMENT D'HISTOIRE

Laboratoire d'Analyse d'Histoire sociopolitique (LaHisPo)

LE PARTI UNIQUE ET LA QUESTION DE L'UNITE NATIONALE AU TOGO DE 1961 A 1990

Mémoire pour l'obtention du diplôme de Maîtrise

Option : Histoire Contemporaine

Spécialité : Histoire politique et des relations internationales

Présenté et soutenu par : Sous la direction de :

Balowa KOUMANTIGA M. Kodjona KADANGA

Professeur Titulaire

Février 2013

INTRODUCTION GENERALE

Le 27 avril 1960, le Togo accédait à la souveraineté internationale avec une diversité de partis politiques, héritage des luttes pour l'indépendance. Mais le pluralisme politique ne survécu pas longtemps à l'indépendance. Les autorités politiques voulaient consolider les indépendances par la reconstruction nationale, la résolution du problème de l'instabilité politique et des divisions que le multipartisme était soupçonné d'incarner. Elles interdirent les partis politiques existants. Le parti unique, « une réalité des indépendances en Afrique » (Amah 2010 : 75), devait servir de tremplin à l'idée de l'unité nationale.

En effet, de manière générale, sur le continent africain, au lendemain des indépendances, les nouvelles élites politiques manifestèrent leur volonté de sortir du sous développement qui caractérise leurs pays et dont l'une des causes a pour nom la désunion. Il y avait nécessité de consolidation des indépendances et de reconstruction nationale. Selon les propos de Tom Mboya (Cité par Amah 2010 : 65) :

« Un Etat a besoin de maintenir l'unité comme base de tout développement. [...]. Le pays doit être placé sous la direction d'une seule formation politique, un parti fort et efficace pour pouvoir mobiliser pleinement le potentiel de la population afin que l'indépendance se traduise en termes de développement significatif qui puisse satisfaire les espoirs du peuple. Ce but ne peut pas être atteint sous un régime de pluralisme politique ... »

Pour ces besoins énoncés ci-dessus, le choix du parti unique s'imposa à tous. Ainsi devait-on avoir par exemple le Parti démocratique gabonais (PDG) au Gabon, le Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB) au Benin, le Parti démocratique de Guinée (PDG) en Guinée, l'Union démocratique du peuple malien (UDPM) au Mali et le Parti de l'unité togolaise (PUT) puis le Rassemblement du peuple togolais (RPT) au Togo1(*). L'un des thèmes phares fut la construction de l'unité nationale. Ainsi, le défi du développement passerait-il par l'unité, la conjugaison des efforts. C'est ici qu'on retrouve la plénitude du vieil adage selon lequel l'union fait la force. A cause de la diversité ethnique, le multipartisme présentait un risque pour l'Afrique car il était synonyme de tribalisme ou de régionalisme, nocifs à l'unité nationale.

Pour les autorités politiques africaines, le système du parti unique avait pour avantage de sacrifier les intérêts particuliers à l'intérêt supérieur donc « la lutte contre les forces centrifuges » (d'Almeida-Topor 1999 : 232)

Le système du parti unique fut donc présenté comme une nécessité impérative pour construire plus aisément l'unité nationale et sortir du sous-développement par la recherche du consensus. C'est ainsi que « des théories furent élaborées pour faire du parti unique une nécessité organique [...] l'instrument par excellence de l'intégration » (d'Almeida-Topor 1999 : 232).

Au Togo, de 1945 à 1961, plusieurs partis politiques constituaient les acteurs majeurs de la vie politique. En 1961, le Président Sylvanus Olympio instaura de fait un parti unique, le PUT. Trois ans plus tard, il fut déchu par un coup d'Etat mené par une jointe militaire dirigée par le sergent Gnassingbé Eyadema qui considérait cette initiative comme une dérive autoritaire. Mais, dans le même souci d'unir tous les Togolais, Nicolas Grunitzky successeur de Sylvanus Olympio organisa en février 1963, une table ronde qui était aussi un projet voilé de parti unique (Batchana 2008 : 350).

Arrivé au pouvoir à la faveur du coup d'Etat du 13 janvier 1967, le lieutenant colonel Gnassingbé Eyadema dissout par décret n°67-1 du 11 mai 19672(*) les partis existants ainsi que les associations affiliées et opta pour le monolithisme politique. Selon son appréciation, la pratique du multipartisme avait conduit à un affrontement entre partisans de différentes tendances. Ainsi, cette mesure visait à « éviter les affrontements sanglants et les déchirements dans lesquels le Togo eut, perdu son âme. » (Cornevin 1988 : 464).

Le décor fut alors planté pour un système politique dont le souci premier est l'unité, facteur indispensable d'un développement harmonieux et durable. Plusieurs motivations expliquent cependant le choix porté sur ce thème

Les ambitions du système monolithique étaient nobles et permettaient de nourrir de l'espoir quant à son succès à unir tous les Togolais en ce sens qu'il devait être synonyme d'absence de toute contradiction. Mais le Togo connait un coup de force en 1963, conséquence d'un malaise politique. Ce coup de force devrait inaugurer une nouvelle politique plus libérale mais en 1969 le parti unique fut à nouveau adopté jusqu'en 1990. Cette fois-ci on assista durant la fin des années 1980 et le début des années 1990 à un renouveau libéral avec la résurgence des revendications populaires en faveur d'une démocratie pluraliste. Le succès de ces revendications remet en cause et pose avec acuité le problème des valeurs incarnées par le parti unique.

En effet, tout comme en 1963, cette période fut celle d'incertitudes, de violences et de troubles sociopolitiques dont le Togo va continuer par porter les stigmates jusqu'à l'aube du troisième millénaire. Les manifestions du 05 octobre 1990 dont l'objectif est de mettre fin au parti unique, aboutirent aux assises nationales puis à l'adoption d'une nouvelle constitution réinstituant le multipartisme au Togo. Depuis lors, le Togo vit une ère de turbulence et à chaque fois que l'occasion se présente les Togolais n'hésitent pas à s'affronter. Dans ce contexte, on s'interroge sur les initiatives visant à résorber la question de l'unité nationale au Togo sous le parti unique. Le parti unique a-t-il triomphé des causes de son institution ? C'est là toute la question qui motive notre recherche. Les autorités togolaises continuent jusqu'à nos jours de prêcher la réconciliation et l'unité nationale ; ce qui rend la question toujours nouvelle, d'actualité et d'importance.

La période sur laquelle porte notre étude est significative et mérite qu'on s'attarde sur la justification des bornes chronologiques choisies.

Les années 1961 et 1990 constituent les limites chronologiques de ce sujet d'étude.

En effet, après les élections de 1958, l'atmosphère politique était très tendue du fait des violences à caractères politiques, de la méfiance et de la suspicion qui régnaient entre les différentes tendances. Le gouvernement opta pour le système du parti unique en 1961. Le CUT lors de son congrès des 21 et 22 janvier 1961 fit peau neuve et devint le PUT. De nouvelles élections furent recommandées pour mettre en application le projet du parti unique. Ainsi, les élections du 9 avril 1961 furent organisées et le gouvernement mit tout en oeuvre pour mettre l'opposition hors de la course pour le pouvoir. En 1962, le Président sylvanus Olympio décréta la dissolution des partis existants3(*), parachevant ce qu'il avait entreprit depuis 1961. Après les coups d'Etat de 1963 et de 1967 il fut à nouveau institué le parti unique et le RPT fut créé le 30 novembre 1969 à la suite de l'appel historique du 30 août de la même année.

En ce qui concerne 1990, c'est l'année où s'exprima de manière explicite une volonté de rompre avec le système du parti unique. En effet, entre 1980 et 1990, on assiste à une détérioration de la situation économique, sociale et politique qui accentue la précarisation de la vie. De loin, la chute du mur de Berlin, l'effondrement du bloc soviétique et surtout le discours de la Baule4(*) vont constituer le soubassement des soulèvements qui embrasent le continent africain au début des années 1990 et dont le Togo ne sortira pas indemne.

L'année 1990 fut marquée par des troubles sociopolitiques qui vont aboutir deux ans plus tard, à l'adoption d'une nouvelle constitution réinstaurant le multipartisme : c'est la fin de la troisième République. Le Togo s'engagea sur la voie de la démocratie, une voie qui fut parsemée d'embûches et de traquenards, alors qu'elle était sensée déboucher sur le succès politique, le progrès social et le développement.

Toute recherche vise des objectifs qui constituent en même temps un facteur supplémentaire de motivation. Quels sont donc ceux qui sous-tendent le présent travail ?

A travers cette étude, nous avons voulu apporter une contribution à la connaissance de l'histoire contemporaine du Togo. En effet, de manière générale, l'histoire postcoloniale présente un grand intérêt dans la mesure où après un demi-siècle d'indépendance, il est indispensable de s'interroger sur l'évolution des Etats modernes et de déterminer les tendances selon lesquelles les Etats postcoloniaux de l'Afrique se construisent.

« On a, de tout temps, beaucoup disputé sur la meilleure forme de gouvernement, sans considérer que chacune d'elles est la meilleure en certains cas, et la pire en d'autres » disait Jean-Jacques Rousseau dans Le Contrat social ou Principes du droit politique. Entre 1945 et 1960 le Togo vit sous un régime de multipartisme ; de 1961 à 1990 c'est le parti unique et après 1990 c'est le retour au multipartisme. L'étude historique de ce sujet permet de suivre et de comprendre un aspect des différentes mutations qui sont intervenues dans la vie politique du Togo. L'histoire postcoloniale du Togo fait l'objet de toutes les interprétations mêmes les plus erronées. A défaut de toutes études scientifiques ou universitaires, les générations présentes qui n'ont pas vécu cette période ne la connaissent que par ouï-dire ou par d'autres sources dont la fiabilité reste douteuse, l'analyse populaire prend donc le dessus ce qui n'est pas sans conséquence sur la cohésion sociale. Par exemple, notre surprise fut grande de constater que certains de nos témoins (au moins deux fois plus âgés que nous) ignore l'existence d'un parti unique bien avant le RPT, pourtant ce sont des acteurs locaux de la vie politique. Ceci est un exemple parmi tant d'autres qui montre une méconnaissance de l'histoire politique du Togo et faute de pouvoir l'appréhender sous toutes ses facettes, certains politiciens passent leur temps à haïr les anciens dirigeants et à magnifier d'autres sur la base d'informations qu'ils maîtrisent peu ou pas, intoxicant l'environnement social. A ces raisons, il faut ajouter le souci de recueillir des témoignages vivants chez des acteurs encore en vie mais menacés par la force de l'âge ou la baisse du niveau de l'espérance de vie.

Ainsi le présent travail se veut un remède ou du moins un palliatif à ces difficultés et vient en complément aux recherches déjà effectuées dans le domaine en attendant que les prochaines recherches viennent l'étayer et combler ses lacunes. Ce travail est un exposé qui tente d'analyser le parti unique dans son contexte spatio-temporel, la vie politique et socio-économique et de dresser le bilan des efforts de mobilisation et d'unification sous ce régime.

Tous ces objectifs se reflètent à travers la problématique qui oriente notre recherche.

Pour résoudre le problème de l'instabilité politique et des divisions incarnées par le multipartisme tout en assurant la continuité de l'activité politique, l'option du parti unique fut prise et qui s'est concrétisée par la création du PUT puis du RPT. La question principale à laquelle nous nous proposons de répondre est la suivante : Quel a été le bilan du parti unique en tant que facteur d'unité du peuple togolais de 1961 à 1990 ?

L'analyse de cette question permettra d'appréhender l'action du parti unique dans l'édification de l'unité nationale ainsi que son impact sur la vie politique nationale entre 1961 et 1990. De cette question principale se dégage plusieurs autres interrogations.

Le Togo accède à l'indépendance avec une diversité de partis politiques qui se sont illustrés par leurs antagonismes avec pour conséquence une détérioration du climat politique et socioéconomique. Cette situation justifia l'adoption du parti unique pour l'unité et le développement du Togo. En quoi a consisté la vie politique et socio-économique sous le régime du parti unique ?

Après plus de vingt ans de monolithisme politique, le parti RPT est accusé et récusé par les populations qui se soulèvent. Quel bilan peut-on dresser des efforts de mobilisations et d'unification après ces décennies du régime du parti unique ?

Le présent travail porte sur le sujet intitulé : « Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à 1990 ». Il renferme des concepts que nous supposons nécessaire d'élucider.

Un parti unique est un parti politique ayant généralement sur le plan légal et constitutionnel le monopole de l'activité politique dans un Etat. Dans ce type de régime, le parti est animé par une idéologie qui devient la vérité officielle. Le parti confondu à l'Etat s'octroie le monopole des moyens nationaux pour soumettre l'ensemble de la société civile à son idéologie. Pour M. Jérémie Kadoumta5(*), Le parti unique fut inspiré du modèle communiste de l'Union soviétique dans lequel les moyens de production sont sensés appartenir à l'Etat. Mais cette conception a subit une perversion dans le cadre africain et implique que les moyens de productions appartiennent aux dirigeants.

Mis à part les variantes d'un pays à l'autre, le régime de parti unique est caractérisé de façon générale par l'absence de contre-pouvoirs, l'intrusion sur la scène politique de l'armée, la restriction ou l'absence des libertés fondamentales (libertés d'expression, d'opinion...etc.), le verrouillage politique, la gabegie ou le pillage des ressources, la corruption gouvernementale etc. (Kadanga 2007 : 28). Ainsi donc, un régime de parti unique s'oppose-t-il par principe à celui ayant adopté le multipartisme. Un parti unique tend à imposer une foi et une volonté commune. Il supporte mal la diversité, la pluralité des options. Le parti unique se veut une organisation transversale qui transcende les particularismes régionaux et ethniques des anciens partis rivaux. Le régime de parti unique a été le plus souvent qualifié d'anti-démocratique parce que ne permettant pas l'expression de tous les droits humains énumérés dans la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Dans un tel régime, le monopole de la vie politique aboutit à la concentration des pouvoirs dans les mains des seuls cadres du parti qui s'approprient l'Etat et même parfois la vie politique se cristallise autour d'un seul personnage considéré comme le seul capable de diriger le pays. Cette pratique à pour conséquences la proscription de la mémoire collective de certains faits passés qui ne font pas la gloire du chef, la célébration des anniversaires reposant sur les hauts faits de ce dernier, le changement des emblèmes (hymnes, devises), etc. (Kadanga 2007 : 30). La plupart des partis uniques se sont proclamés démocratiques au sens où c'est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, c'est-à-dire la démocratie populaire. Alors que paradoxalement la démocratie et les droits de l'homme refusent catégoriquement toute forme de pensée unique.

Le concept de parti unique évoque aussi l'idée d'une organisation et d'un appareil de parti au service d'une idéologie et de tâches nationales.

Mais pour Dr Chambrier-Rahandi Eloi, commissaire politique du Parti démocratique gabonais (PDG), cette dernière définition correspond à une notion européenne et plus exactement marxiste, qui n'a de commun avec le parti unique africain que la forme6(*).

En effet pour lui, à la différence des autres partis dans le monde, le parti unique africain ne représente pas les intérêts d'une classe et ne constitue pas l'instrument de domination et de l'exploitation étrangère. Ainsi le parti unique africain se définirait avant tout par ses buts et son instauration se justifie par la nécessaire efficacité des gouvernements sur le plan politique, économique et administratif. La tâche qu'ils s'assignent est triple : construire la nation, mettre sur pied et faire fonctionner l'Etat, mobiliser toutes les forces vives pour le développement économique et social du pays. Cette tâche s'expliquerait par la situation historique qu'occupent les Etats africains sur l'échiquier international : pays nouvellement décolonisés se trouvant en état de dépendance économique et devant par conséquent s'organiser le plus rapidement et le plus efficacement possible pour décoller.

De ces propos il ressort que les partis uniques en Afrique procèdent moins d'une volonté doctrinale que d'une volonté de développement, il résulte que dans leur fonctionnement, les partis uniques se veulent ou se disent démocratiques puisqu'ils prônent en leur sein le dialogue, la critique et la contestation constructive et n'exerce aucune dictature ni sur les individus ni sur les institutions. Mais ceci n'est resté que théorique. Le parti unique a été une idée pour faire endormir les gens. Le parti unique a été au service du pouvoir en place, il constituait un outil de propagande et d'imposition des politiques. De ce fait il ne pouvait prétendre aboutir à l'unité nationale.

Quant à « l'unité », du latin « unitas » qui dérive de « unus » c'est-à-dire un, le dictionnaire Larousse le défini comme le caractère de ce qui est un, unique par opposition à ce qui est pluriel. C'est le caractère de ce qui forme un tout dont les diverses parties constituent un ensemble indivisible. C'est un état d'harmonie, d'accord. Dans le même contexte, « unir », c'est joindre l'un à l'autre, de manière à former un tout pour établir une communication, un lien d'intérêt pour une cause commune. Unité nationale est donc un état d'esprit issu du résultat de la fusion des micros patries que sont les communautés. C'est un effort de dissolution de l'unité mentale tribale pour aboutir à la volonté de vivre ensemble qui caractérise la nation. L'unité nationale est de ce fait le résultat d'un effort de transcendance de la conscience tribale, une construction nationale qui requiert de compréhension et des sacrifices. L'unité consiste à installer une certaine harmonie, une cohésion entre les différentes couches sociales mais aussi la classe politique par l'identification et la résolution définitive de ce qui constitue la pomme de discorde et par des moyens qui tendent à la convergence des intérêts et au consensus. Les partisans du parti unique ont pensé que ce but pouvait être atteint par la pensée unique et au mépris des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ce qui fut un leurre.

Le principal handicap à l'unité nationale est le tribalisme qui se définit comme un état d'esprit se traduisant par un certain nombre de comportements, attitudes et réflexes dictés par l'attachement à sa communauté plutôt qu'à une autre. A une échelle plus élevée le tribalisme devient le régionalisme voire le racisme. La région se définissant comme un ensemble de plusieurs communautés regroupées dans un cadre géographique soit par leur histoire propre soit par l'administration.

Le fait que ces deux concepts que nous venons d'éclairer (parti unique et unité nationale) aient en commun le mot « un » a même suscité, au Togo comme partout ailleurs en Afrique, beaucoup d'espoir car une autre expérience devait être menée. « Mais après trois décennies, force a été de constater que c'est l'immobilisme. » (Kadanga 2007 : 7)

Plusieurs hypothèses sont alors élaborées pour servir de base à cette étude.

Pour répondre valablement à la problématique nous partons des hypothèses suivantes :

La lutte pour l'indépendance avait eu pour répercussions fondamentales l'éveil d'un profond sentiment national. Mais très vite le pays va perdre cet acquis dans des déchirements et affrontements partisans. Les régimes de Sylvanus Olympio (1958-1963) et de Grunitzky (1963-1967) qui se sont succédé au Togo, sont accusés par les discours de tribalisme et d'avoir incarné la division.

Le régime du parti unique RPT se prévaut une certaine stabilité et fait croire que toutes les données sociales positives sont de son oeuvre. Il fait cependant l'objet de critiques les plus acerbes selon lesquelles, en voulant établir la justice sociale le parti unique a versé dans l'excès et par conséquent a exacerbé les clivages sociaux qui ont légitimé sa création et qu'il était sensé combattre.

Toujours selon les critiques, le parti unique est qualifié de liberticide, ses dirigeants d'autoritaires et la question de l'unité nationale et de développement économique a servi aux dirigeants pour asseoir leur pouvoir et a favorisé la main mise du parti sur l'Etat.

Les manifestations de 1990 sonnent le glas du parti unique et ouvrent l'ère du multipartisme. Les populations qui espéraient voir leur quotidien s'améliorer, se sont rendues à l'évidence que ce n'était pas la fin du calvaire avec les blocages qui laissent envisager une transition mal négociée.

Pour répondre à notre problématique, nous avons recouru à plusieurs types de sources dont nous exposons ici la méthode de collecte.

Afin de bien répondre à la problématique énoncée plus haut, nous avons recouru à plusieurs et différentes types de sources.

D'abord les sources écrites, leur recherche nous a conduit à visiter les bibliothèques de l'Université de Kara, du département d'histoire de Kara, de l'Université de Lomé, de la FLESH à Lomé, de l'INSE, du Club des amis du livre et de la lecture (CALEA) à Lomé où nous avons consulté des mémoires, des thèses et bien d'autres livres ayant trait à notre thème. Les consultations à la bibliothèque de la Chambre du commerce et de l'industrie du Togo (CCIT) nous ont beaucoup édifiés. Nous y avons trouvé certains journaux officiels, les bulletins officiels de la Chambre du commerce, de l'agriculture et de l'industrie de la République togolaise7(*), des rapports sur les séminaires de sensibilisation politique et d'un symposium national qui fournissent beaucoup de renseignements sur le RPT.

La curiosité et l'envie de savoir plus nous ont amené à poursuivre notre recherche à la bibliothèque nationale. Là, il s'agissait de fouiller les journaux officiels, les documents sur la planification du développement au Togo, des livres sur l'évolution de la vie politique au Togo et en Afrique.

Aux archives nationales du Togo, nous avons retrouvé une abondante documentation portant sur les partis politiques et leurs activités pendant la période coloniale. Les documents sur la période postcoloniale sont un peu rares. Là aussi quelques thèses et mémoires ont été exploités

A ces différents sites, nous avons effectué des photocopies, des photographies de pages à l'aide d'un appareil photo numérique et recopier des portions de textes quand celles-ci ne sont pas trop volumineuses.

Ensuite, les sources informatiques à l'instar des sites web ont été consultés ainsi que l'encyclopédie encarta 2008 et son dictionnaire qui furent d'une utilité pas des moindres. A ce niveau, les documents contenants les informations intéressantes ont été téléchargés ou imprimées.

Enfin, pour compléter cette gamme variée de document, nous avons recueilli auprès de personnes des témoignages oraux et écrits sur la vie politique, le PUT et le RPT, indiquant les circonstances de leur création, leur oeuvre et son implication sur la vie politique du Togo. Les personnes consultées sont des hommes politiques et des observateurs de la vie politique. Nous les avons interrogés sur la base d'un questionnaire par avance établi qui a servi de guide pendant les entretiens. Les prises de notes restent les seuls supports des témoignages oraux. L'ensemble des sources consultées aborde diversement la question objet de notre étude.

Les archives, journaux et autres publications officielles consultés nous renseignent sur les partis politiques.

Aux Archives nationales du Togo (ANT) et dans la série Affaires politique et administratives (APA) notamment la sous-série 2APA de quelques circonscriptions nous avons trouvé des rapports de réunions de manifestations des partis politiques comme le CUT, la JUVENTO, le PTP, l'UCPN, le RPT. Nous y avons aussi trouvé des procès verbaux, des correspondances et des rapports de dédommagement des violences qui ont suivies les élections du 27 avril 1958.

Les rapports de congrès du Rassemblement du peuple togolais et le livre vert nous informent sur les structures et organisations, les statuts ainsi que le fonctionnement du parti.

Pour ce qui est de la presse togolaise surtout à partir de 1969, ses organes (Nouvelle marche ou Togo-presse, Togo-dialogue et espoir de la nation) informent sur les orientations des politiques nationales et les réalisations accomplies dans les domaines économique, culturel et social. La question du parti unique est aussi abordée dans des ouvrages et travaux de recherches.

Elles sont composées de livres d'histoire, de science politique, de sociologie politique, de thèses et de mémoires et traitent tous des sujets ayant trait de près ou de loin à notre sujet d'étude.

J-M. Denquin (2001) établit la relation entre la politique et la société affirme que : « Tous les phénomènes politiques sont des phénomènes sociaux [...]. Les phénomènes politiques sont nés des besoins de la société.» (Denquin 2001 : 31). Il en vient à la conclusion que les phénomènes politiques sont l'émanation nécessaire du social et soutient que ces phénomènes trouvent leurs sources dans les antagonismes sociaux qui sont la traduction et l'instrument de la lutte entre les groupes qui s'affrontent au sein de la société. Il aborde l'étude des régimes politiques.

P-F. Gonidec (1971) analyse de son côté les systèmes politiques de l'Afrique post-indépendante en relevant la participation de chaque composante de la société (l'élite, les chefs traditionnels, l'armée,...) à la composition de la classe politique.

D.G. Lavroff (1978) replace les partis politiques dans le contexte de leur émergence et leur évolution. Il souligne leur caractère tardif et simultané. Parlant des partis uniques, il décrypte leur structure et les arguments évoqués par les dirigeants pour justifier leur instauration. Parmi ces arguments, on note le désir de construire l'unité nationale et de développer l'économie de l'Afrique.

J. KI-Zerbo (1972) et d'Almeida-Topor (1999) analysent l'évolution politique de l'Afrique depuis la période précoloniale jusqu'à la période de démocratisation en passant par son occupation, la décolonisation et les indépendances. J. Ki-Zerbo analyse entre autres, les systèmes politiques traditionnels et montre comment ceux-ci ont dégénéré sous l'effet de la colonisation. D'Almeida-Topor relève les grandes continuités et ruptures dans l'évolution de l'Afrique indépendante : le temps des espérances, l'ère des vicissitudes le processus de démocratisation.

Les ouvrages spécifiques sur le Togo foisonnent et abordent pour certains, objectivement dressant un bilan sans complaisance ni concession et pour d'autres passionnément, l'évolution politique de ce pays.

N. Gayibor (1997 ; 2005) retrace la marche politique du Togo depuis 1884 jusqu'à l'indépendance en 1960. Il relève les acteurs politiques, les interrelations et met en relief les valeurs cardinales qui ont favorisé ce processus. C'est ainsi qu'il écrit :

« Pour les gens qui sont devenus les peuples du Togo, celui-ci a donc été avant tous un espace de liberté.

Amenés à s'organiser au tour d'un pouvoir plus ou moins centralisé, les peuples togolais ont su mettre au point par réajustements progressifs et non par des «constitutions» formelles des systèmes politiques remarquablement agencés, où les pouvoirs des uns s'équilibraient mutuellement et prévenaient les risques de tyrannie.

Cohabitation pacifique, liberté, tolérance, équilibre, harmonie politique... N'y a-t-il pas là bien des leçons qui pourraient encore avoir leur valeur dans l'avenir ? » (Gayibor 1997 : 392-393)

R. Cornevin (1988) va au-delà en évoquant les évènements politiques de l'après indépendance.

E. Amah (2010), dans son étude sur la problématique des élections au Togo, aborde aussi l'aspect de la question sous le parti unique. Pour lui les élections sous le parti unique quand bien même elles furent une formalité parce que sans réels enjeux, exprimaient une soif de démocratie. C'est pourquoi celles-ci évoluèrent de l'imposition des candidatures en 1979 à leur libéralisation à partir de 1985.

E. Batchana (2008) analyse de son côté l'influence de la presse sur le pouvoir public et vice-versa. Il retrace tout comme Yagla (1978) le climat sociopolitique qui à prévalu avant l'institution du parti unique. Sur la question de la conception de la presse sous le régime du parti unique il estime que c'était une conception dirigiste et que la presse était sous surveillance (Batchana 2008 : 346). Quant à Yagla il trouve par rapport à son analyse que le « mal togolais » qui a trouvé sa solution sous le parti unique RPT plonge ses racines dans « la distinction fondamentale entre une région sud très scolarisée ouverte au commerce international et une région nord restée très traditionnel ». Et c'est faute de n'avoir pas consacré tous leurs efforts au « rééquilibrage nord-sud », seule condition nécessaire à son avis à l'édification de la nation togolaise, que les régimes précédents ont échoué.

T.G. Tété-Adjalogo (2007) abordant la même question « nord-sud », abonde dans le même sens que Yagla et localise les origines de cette dernière dans la géographie, l'anthropologie et l'histoire coloniale (Tété-Adjalogo 2007 : 42). Ainsi écrit-il : « Les disparités économiques, politiques, sociales et culturelles ont servit de matrice à la question nord-sud ». Cependant il trouve que certaines dispositions comme la célébration du 13 janvier8(*), ont perpétué la question et propose comme solution de « tourner le dos à la célébration... ». Quant à J. Menthon (1993), il affirme dans son épilogue que : « les rivalités - ethniques se sont atténuées au Togo lorsqu'on a cessé d'opposer à tout propos le Nord au Sud [...] lorsqu'à été interdite toute référence à l'ethnie » (Menthon 1993 : 248)

Y. Agboyibor (1999) dans une oeuvre à l'allure autobiographique retrace son parcours d'homme politique en évoquant la manière dont il a vécu certains évènements en union ou en rivalité avec d'autres acteurs politiques. Son avis sur l'impact du système du parti unique est sans équivoque : cette pratique a conduit à l'asphyxie et à la paralysie du pays et empêché l'épanouissement du peuple. (Agboyibor 1999 :184). Cette position est partagée par Tété-Adjalogo9(*) (2006) qui établit un véritable procès au RPT. Cette critique est illustrée par cette paronomase dans laquelle il affirme que : « Le creuset imaginé se matérialise en un corset, un carcan, un bourbier concret. [...] Le parti unique est devenu un parti inique ». (Tété-Adjalogo 2006 : 31)

J. Menthon (1993) et C. Toulabor (1986) dressent une autopsie des différents régimes qui se sont succédé au Togo. « Du libérateur à l'autocrate » est la formule utilisée par Menthon (1993 : 140) pour résumer le parcours politique de Sylvanus Olympio. Toulabor identifie les fondements du régime Eyadema qu'il appelle « les mythes fondateurs » (l'assassinat du Président Olympio et l'accident de Sarakawa en sont les principaux.).

T. Talim (2008) consacre son étude au Rassemblement du peuple togolais (RPT) à travers son armature, son fonctionnement et son programme. Il évalue le parti par rapport à son programme et finit sur une interrogation sur le meilleur type de régime. Pour lui le bilan de l'action du parti en matière de développement ressort des efforts louables mais insuffisants. Cependant, il relève quelques insuffisances notamment, sur le plan des droits de l'homme (torture de citoyens, disparitions...). Sur cet aspect il conclut que le système « s'est en réalité révélé n'avoir été rien d'autre que le creuset de manifestation de tous les phénomènes néo-paternalistes dont le paroxysme allait à contrario précipiter la fin. » (Talim 2008 : 106)

T. Danioue (1994) à travers son analyse prend en compte les dimensions politique, historique, sociale et dresse dans une métaphore médicale la genèse puis procède à l'examen clinique du «  mal togolais » qu'il définit comme l'ensemble des facteurs historiques, géographiques, économiques, sociologiques, psychologiques, culturels et politiques qui perturbent durablement la vie politique au Togo et donnent lieu à des crises politiques qui finissent par emporter les institutions politiques et leurs hommes.

Quant aux personnes ressources abordées sur la question qui nous préoccupe dans cette étude, elles aussi livrent d'importantes informations.

Les sources orales nous ont livré des informations contradictoires évidemment selon les bords politiques de nos interlocuteurs. Selon qu'on soit aujourd'hui de l'opposition ou de l'ex RPT, les informations divergent sur certains points. Bref disons que les informations sont empreintes de militantisme mais aussi parfois d'objectivité. On retrouve tout de même le consensus sur certains faits mais leur analyse est divergente. Les entretiens ont tourné de manière globale sur trois points essentiels : les raisons qui ont milité en faveur de l'adoption du parti unique, les réalisations du parti RPT en faveur de l'unité nationale et l'impact de l'adoption du parti unique sur la vie politique, sociale et économique.

L'exploration des sources électroniques nous a permis de récolter des informations d'ordre général sur le parti unique en Afrique, sur l'évolution des régimes politiques dans le monde et aussi sur l'histoire du Togo depuis les indépendances jusqu'à nos jours.

Les différentes sources consultées ont été soumises à une analyse

L'objectif de cette analyse a été de vérifier la fiabilité des informations recueillies afin de fonder les résultats du présent travail sur des preuves fiables.

L'analyse a consisté à confronter toute la typologie de sources plus haut énumérées afin de relever les constances et les versatilités dans les informations en notre possession. Les différentes sources ont été examinée tant sur le fond que sur la forme.

Sur la forme et au niveau des sources orales, les témoins ont été choisis en fonction de leur orientation politique et parfois des responsabilités présentes ou passées à quelque échelle que ce soit au sein de leurs formations politiques. Au niveau des documents écrits, nous avons recherché leur authenticité et cherché à voir dans quel contexte chacun des dits documents a été rédigé et à quel fin.

Sur le fond en ce qui concernent les sources orales, certains témoins ont été choisis pour leur capacité d'analyse et pour leur présumée connaissance de la question qui fait l'objet de notre recherche. Mais, ces critères n'ont pour autant pas fait de leurs témoignages des paroles d'évangile. Les témoins ont été rencontrés individuellement, mais, leurs témoignages ont fait l'objet de rapprochement et de recoupement par le jeu de la confrontation et du ré-questionnement afin de vérifier la concordance des informations. Au cours de certains entretiens des témoins nous ont demandé de répondre nous-mêmes au questionnaire auquel nous les soumettions pour ensuite discuter ces réponses. A l'occasion nous avons fondé nos réponses sur nos lectures et sur les témoignages passés. Cette procédure nous a permis de confronter donc non seulement les sources orales et les sources écrites mais aussi les sources orales entre elles. Les mêmes questions ont été posées de diverses manières chez un même témoin pour essayer de récolter autant d'informations et voir si celui-ci ne varie pas dans ses réponses.

Les sujets sur les partis politiques ont fait l'objet d'études aussi bien des historiens que des politologues et des sociologues pour ne citer que ceux-ci. Au vue de cela il a fallu faire appel à une approche interdisciplinaire pour l'analyse des données. Tout ceci ne s'est pas passé sans difficultés.

Au cours de notre recherche nous avons rencontré des difficultés inhérentes à la nature du thème. Nombre de recherches portant sur des thèmes politiques sont perçues comme visant à relever les faces cachées d'un pouvoir, à attirer l'attention sur lui et souvent à contredire les discours légitimant que l'on tient pour le préserver. Ainsi sommes-nous suspectés d'espionnage. Dans ces conditions il n'a pas été facile pour nous de recueillir des témoignages oraux : méfiance ou des réponses qui nous laissent sur notre soif. Cette difficulté, liée en partie au climat social qui a caractérisé une partie de la période (décembre 2011 - avril 2012) au cours de laquelle nos recherches ont été menées (ambiance sociale marquée par une crise universitaire et du corps des enseignants, le tout sur un fond de précarisation générale de la vie), a accentué la méfiance et rendu du coup difficile l'accès à certaines sources d'informations orales.

Mais l'une des difficultés réside aussi dans la peur que nous, jeunes chercheurs, avons à s'approcher de certaines personnes ressources, compte tenu de leur statut et de leur rang social, une peur qui se justifie certes à certaines occasions mais qui est souvent fondée sur des préjugés.

Une autre difficulté est que l'analyse d'un système politique même si elle est nécessaire ne permet pas de répondre à toutes les questions que l'historien se pose parce que, comme le souligne Kadanga (2007 : 3), « en politique, les forces obscures qui sont parfois essentielles dans la compréhension de certains actes échappent souvent à l'historien politique ».

Enfin ouvrir le dossier de l'histoire postcoloniale se révèle une véritable gageure tant il est difficile de faire parler le passé immédiat, certains acteurs étant encore en vie et les faits portant le sceau du secret10(*). Sans oublier les tabous qui frappent certains sujets. Même, après plus de deux décennies de démocratie, les langues se délient très difficilement. Mais, si nous sommes parvenus au terme de notre entreprise, c'est que nous avons pu surmonter quelques uns des défis qui s'imposaient à nous. Ceci grâce à la constante disponibilité et à la sollicitude toujours témoignée de notre directeur de recherche, de nos enseignants et de nos devanciers dans la recherche.

Ainsi, pour surmonter ces difficultés il a fallu convaincre de la justesse, de la scientificité et de l'objectif purement académique de notre entreprise, présenter nos documents académiques, et parfois, nous faire accompagner chez nos témoins par leurs amis. Il a fallu aussi s'armer de courage, de patience et être une personne à tout oser. Ceci nous à permis de nous rendre compte que certaines difficultés ne le sont que de façade.

Ainsi la panoplie de documents que nous avons pu consulter a permis de répondre à certaines de nos interrogations.

Afin de mieux cerner notre problématique, ce travail est structuré en deux parties :

La première partie intitulée : « Crise politique et institution du parti unique RPT (1961-1969) », fait un aperçu et une analyse de la situation politique depuis la création des partis politiques jusqu'à l'institution du parti unique passant par les difficultés des luttes pour l'indépendance et leurs conséquences sur l'après indépendance. Elle fait aussi part belle des raisons évoquées pour justifier l'urgence du parti unique au Togo, du processus qui a abouti à la naissance du Rassemblement du peuple togolais, de l'organisation et de la structure du parti.

La deuxième partie, « Le parti RPT et la vie politique et socioéconomique sous le régime monolithique (1969-1990) », traite quant à elle du parti unique et de la problématique de l'unité nationale. Dans cette dernière partie, nous dressons le bilan et faisons une analyse de l'action du RPT en faveur de l'unité nationale ainsi que des différents moyens mis en oeuvre. Elle est également consacrée à l'analyse des implications du parti unique sur la vie politique du Togo et sur la nouvelle dynamique politique dans laquelle le Togo s'est engagé à partir de 1990.

* 1 Lavroff (1978 : 36) a listé de manière exhaustive les pays africains qui ont connu le système du parti unique. En Afrique noire francophone, le Niger, la Haute-Volta, et le Sénégal n'ont pas connu ce système. Lavroff (1978 : 33).

* 2 JORT numéro 357 du 16 juin 1967 p. 267

* 3 Décret n° 62-8, JORT numéro 111 du 16/01/1962.

* 4 Discours prononcé par le Président Français François Mitterrand le 20 juin 1990 lors du 16ème sommet France-Afrique. Dans ce discours, le président Mitterrand recommandait aux gouvernements africains de s'engager dans un processus démocratique.

* 5 M. Jérémie Kadoumta est économiste et Enseignant chercheur dans les universités de Lomé et de Kara, entretien réalisé le 27 avril 2012 à son domicile.

* 6 Message délivré lors du troisième congrès statutaire du RPT. Rapport du troisième congrès statutaire du Rassemblent du peuple togolais tenu à Lomé, 1982, p. 68.

* 7 Ancienne appellation de l'actuelle Chambre du commerce et de l'industrie du Togo

* 8 Le 13 janvier est la date anniversaire de l'assassinat du Président Sylvanus Olympio. Pour le régime RPT cette date est célébrée comme l'anniversaire de la « libération nationale ».

* 9 L'auteur est un membre de la section France de l'UFC.

* 10 L'article 34 des statuts du RPT stipule à cet effet : « [...] Ils (les membres de ce secrétariat) sont tenus à une discrétion absolue dans leur emploi » Rapport du premier congrès statutaire du Rassemblent du peuple togolais p.31. Mais dans le livre vert cette partie n'apparaît pas.

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