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Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

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par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

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PREMIERE PARTIE :

CRISE POLITIQUE ET INSTITUTION DU PARTI UNIQUE RPT (1961-1969)

L'histoire du Togo de 1945 à 1990 se résume de manière générale, en deux périodes fortement contrastées :

La première dite démocratique fut marquée par une diversité de partis politiques et les tentatives infructueuses d'instauration d'une démocratie pluraliste entre 1945 et 1967. Cette première période a vu foisonner différents partis politiques qui se sont battus chacun avec sa particularité pour la même cause : l'indépendance. Mais aussitôt après avoir gagné ce combat contre le joug colonial, la vie politique va s'enliser dans des affrontements entre partisans des différents partis. Cette crise sociopolitique engendra évidemment des tensions sociales que vinrent accentuer les premières tentatives d'institution du parti unique. Cette situation entraina l'intervention de l'armée pour une première fois en 1963 et pour une seconde fois en 1967.

La seconde qui va de 1969 à 1990, fut la période du parti unique proprement dit marquée par « le parti-Etat RPT ». Suite à l'enlisement de la situation politique du pays après les deux putschs militaires, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti unique, fut créé. Il anima seul la vie politique togolaise durant deux décennies (1969-1990).

Quels ont été les partis créés entre 1946 et 1967 ? Qu'est-ce qui faisait leur particularité et quel bilan peut-on dresser de leurs actions ? Le multipartisme togolais fut-il un échec au point que le parti unique apparaisse comme la seule solution susceptible de ramener la paix et la sécurité dans le pays ? Voilà les interrogations qui vont faire l'objet de notre préoccupation dans cette partie. Il s'agira donc de présenter le panorama de la situation politique entre 1946 et 1963 en passant en revue les différentes formations politiques ainsi que le bilan de leurs actions et d'aborder le processus qui a abouti à la création du parti unique RPT.

Chapitre Premier :

EVOLUTION SOCIOPOLITIQUE AU TOGO DE 1946 A 1967 : LA LUTTE POUR L'INDEPENDANCE ET LES PERIPETIES DE L'INSTITUTION DE FAIT DU PARTI UNIQUE PUT

Le Togo a enregistré sur le plan politique durant la période allant de 1946 à 1960, une diversité de partis politiques avec dans leur agenda la lutte pour l'indépendance. Mais dès les lendemains de cette indépendance, commencent par se manifester des désirs unitaires afin de palier aux difficultés constatées dans la lutte pour l'indépendance, de prévenir les éventuels conflits liés aux sociétés polyethniques et de favoriser l'intégration nationale et le développement. On assista à l'apparition de la théorie de l'intégration nationale basée sur le parti unique. Les manoeuvres de concrétisation de cette théorie commencèrent en 1961 avec les élections du 9 avril 1961, elles se poursuivirent en 1962 par la dissolution des partis politiques. En 1963, intervint le premier coup d'Etat ; les partis furent autorisés à reprendre leurs activités. En 1967, intervient le second coup d'Etat. Les partis politiques vont être à nouveau dissouts.

Comment les partis politiques togolais ont-ils été formés ? Quelle à été leur contribution ? Quel bilan peut-on établir de ces partis ? Il s'agira donc dans ce chapitre de voir le contexte de la naissance des différents partis, leur évolution et les conséquences de leurs actions.

1- Le paysage politique togolais de 1946 à 1967

De 1946 à 1960, deux courants d'essence conjoncturelle se partagent la scène politique au Togo avec des partis politiques qui apparaissaient comme les bras politiques des régions. Après les élections de 1958, des violences politiques sur fond de méfiance régionale opposèrent nationalistes et progressistes. Dans cette atmosphère très tendu, le gouvernement de Sylvanus Olympio opta pour le système du parti unique et créa le Parti de l'unité togolaise (PUT) en 196111(*). En 1962, sur la base de la constitution de 196112(*), il dissout les autres partis existants (UDPT et JUVENTO). Malgré cette initiative l'instabilité perdura. Ainsi, elle servit de prétexte à l'intervention d'une jointe militaire avec pour conséquence un coup d'Etat. La situation qui vient d'être décrite est la somme des actions des différents partis qui ont animé la vie politique au Togo.

1.1- Les partis politiques au Togo entre 1946 et 1967

Jusqu'en 1945 il n'existait pas de partis politiques au Togo. C'est la conférence de Brazzaville (30 janvier-8 février 1944) qui insista sur les progrès économiques et sociaux à mener dans l'empire colonial français. La création de l'Union française13(*), à travers la Constitution de 1946, favorisa l'autonomie administrative des colonies : elle garantissait l'accès des autochtones à tous les emplois, et leur donnait une représentation politique plus large. L'Union française avait évolué en Afrique noire dans le sens d'une association plus lâche. Le Togo et le Cameroun passèrent du statut de pays sous mandat à celui de territoires sous-tutelle. Dès cet instant, la naissance des partis fut favorisée et il se développa au Togo plusieurs partis politiques représentant deux courants de pensée : Le courant dit nationaliste et le courant dit progressiste.

1.1.1- Le courant dit nationaliste

Le courant dit nationaliste était composé du CUT14(*) et de la JUVENTO. Il s'est illustré par ses prises de positions aux antipodes de la volonté de l'administration coloniale.

1.1.1.1- Le Comité de l'unité togolaise (CUT)

Ses principaux dirigeants furent Augustino de Souza (président), Sylvanus Olympio (1er vice-président), Jonathan Sanvi de Tové (Secrétaire Général) (Gayibor 1997 : 200).

Le CUT était à l'origine, une association fondée le 13 mars 1941 par le haut commissaire français au Togo, Lucien Montagné comme le stipule l'article 1 de l'arrêté n°131 bis du 13 mars 1941 : « Il est créé dans le territoire du Togo sous tutelle administrée par la France une association qui se dénomme Comité de l'unité togolaise ».

L'objectif de cette association était de « contrecarrer les activités des nostalgiques de la période allemande qui s'agitaient pour réclamer le retour de l'ancienne puissance colonisatrice » (Yagla 1978 : 66), de « resserrer les liens entre les habitants du Togo et de rechercher les moyens à assurer la collaboration franche et totale avec la puissance mandataire en vu du progrès et du bien être matériel et moral des Togolais »15(*) (Ajavon 1989 : 21).

Sa composition reflétait cette volonté de raffermir les liens de fraternité entre Togolais car on y retrouvait des personnalités originaires de toutes les régions du pays. Mais le 26 avril 1946 à l'occasion du renouvellement de son bureau au congrès de Kpalimé, le CUT changea d'orientation pour devenir un parti politique. Le nouveau bureau formé ne comptait aucune personnalité de la région septentrionale (Batchana 2008 : 282). Ces derniers se sentirent exclus de fait16(*). Le CUT inscrit à son nouveau programme les revendications des peuples éwé notamment leur réunification et la création d'un Etat éwé. Le CUT prenait alors un caractère irrédentiste. Cette option de la question éwé qui frise la sécession constitua la spécificité de la lutte pour l'indépendance du Togo. Cette particularité a donné une connotation ethnique à la revendication de l'indépendance prônée par le CUT.

Devant l'inévidence de cette réunification, le mouvement pan-éwé se transforma en mouvement pan-togolais et devint le porte étendard de la revendication de l'indépendance immédiate du Togo. Batchana (2008 : 259) qualifie le CUT d'une « association pro-française rebelle » pour ainsi résumer le parcours de ce parti qui tomba en disgrâce dès lors qu'il avait osé affronter les intérêts coloniaux. La raison de cette farouche opposition est tout aussi réaliste : la politique menée en Afrique par les puissances occidentales qui a consisté à exploiter les colonies pour leurs besoins de développement. Pour les leaders de ce parti, les européens restés maîtres du pays depuis plus de trois générations n'ont accordé aucun intérêt à l'Afrique et précisément au Togo. Ainsi, sont-ils responsables des maux dont souffre le continent. Leur départ était alors synonyme de la fin de ces maux. Le CUT entretenait un concubinage de raison avec la JUVENTO. Après la victoire de leur coalition aux élections du 27 avril 1958 le tandem CUT-JUVENTO se disloqua devant l'autoritarisme CUT et sa volonté de l'inféoder en dépit des recommandations du 8è congrès de la JUVENTO17(*) sur les modalités de création d'un parti unique.

1.1.1.2- La JUVENTO

D'un nationalisme inouï et intransigeant, la JUVENTO, un mouvement de la jeunesse et allié du CUT était une aile marchante du courant nationaliste, créée le 25 septembre 1951 par Messan Aithson (Gayibor 1997 : 202). La JUVENTO a le mérite d'avoir posé en terme clair la problématique de l'autodétermination et s'est distingué par « des positions extrêmes un peu gauchistes volontiers marxistes »18(*) (Menthon 1993 : 20). Ses principaux dirigeants furent Messan Aithson, Ben Apalo, maître Anani Santos, Firmin Abalo, Boniface Dovi, François Amorin.

* 11 L'institution du parti unique PUT peut s'avérée une volonté d'unir. Cette raison vraisemblable n'exclut cependant pas que cette décision soit mue par des intérêts égoïstes.

* 12 Cette constitution fut adoptée le 9 avril 1961 sans l'aval de l'opposition qui n'avait pas participé au scrutin.

* 13 La fin de la guerre d'Indochine (21 juillet 1954) et le début de celle d'Algérie (1er novembre 1954) fragilisèrent énormément l'association, qui apparut sous une nouvelle forme quatre ans plus tard, avec l'instauration en 1958, par la Constitution de la Ve République, de la Communauté française.

* 14 Après l'indépendance, notamment en 1961, il devint le Parti de l'unité togolaise (PUT)

* 15 Des deux raisons qui justifient la création du CUT, celle de Ajavon est celle qui a été officiellement évoquée. Celle-ci sans être fausse voile la réelle intention de la France qui est la raison évoquée par Yagla.

* 16 C'est là que se situeraient l'une des causes lointaines de la création de l'UCPN.

* 17 Actes du 8ème congrès national de la JUVENTO tenu à Bè du 9 au 10 avril 1960 (2APA, Atakpamé dossier 87).

* 18 Attitude gauchiste c'est-à-dire qui professe de position révolutionnaire mâtinée de marxisme. Ni véritablement gauchiste ni véritablement marxiste mais comportement hybride relevant d'un emprunt à l'un et à l'autre.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci