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Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

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par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

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Chapitre Deuxième :

DISSOLUTION DES ANCIENS PARTIS POLITIQUES ET NAISSANCE DU RASSEMBLEMENT DU PEUPLE TOGOLAIS (RPT), PARTI UNIQUE (1967 - 1969)

Le coup d'Etat de 1963 avait mis fin au premier parti unique et libéralisé les activités politiques. En 1967, tous les partis accusés d'être à l'origine des divisions, ont été dissous. En lieu et place il a été créé un seul parti : le Rassemblement du peuple togolais (RPT) avec pour principale mission de réaliser la cohésion nationale, condition sine qua non de l'équilibre politique et partant du développement économique du Togo. Comment a-t-il été créé ? Et quelles implications cela a-t-il eu sur la vie politique ?

Ce chapitre analyse le processus qui a conduit à la naissance du RPT de même que sa structure et son organisation.

1- La dissolution des partis et les raisons de l'institution du parti unique au Togo

Après moult hésitations et tractations, en 1969 l'armée qui avait pris le pouvoir évoque la même théorie que ses prédécesseurs pour instituer un nouveau parti unique : le RPT. Mais avant toute chose, il fallait passer par la négation du multipartisme. Les auteurs du coup d'Etat du 13 janvier 1967 dissout les partis politiques.

1.1- La dissolution des partis

L'indépendance politique du Togo le 27 avril 1960 avait suscité un espoir chez les populations togolaises heureuses d'avoir recouvré leur liberté et leur dignité. Très tôt cet espoir s'évanouit devant les difficultés de plus en plus grandes dans lesquelles le Togo se trouva plongé.

En effet, le régime des partis entre 1946 et 1967 avait été caractérisé par des luttes politiques fratricides qui avaient fini par entraîner le Togo au bord du gouffre. Au lendemain de la victoire du CUT aux élections de 1958, une véritable chasse aux sorcières s'était déclenchée contre tous les adversaires politiques ou supposés ainsi. Le CUT avait entrepris de prendre sa revanche sur les autres partis. Dans ce contexte surchauffé, un climat d'insécurité général s'installa. K. M'Gboouna déclare que :

« La tempête était prévisible, car la nation angoissée et désespérée se cherchait. C'est alors que le 13 janvier 1963, l'armée consciente de ses responsabilités intervient, sans ambition politique, dans la vie de la Nation. Elle mit fin au système existant pour qui l'intérêt personnel primait l'intérêt général »42(*).

Ce premier coup d'Etat se justifie donc par le divorce entre les dirigeants et le peuple.

Après ce coup d'Etat, un gouvernement dit d'union nationale fut mis en place. Ainsi donc Grunitzky et Méatchi, un duo éphémère (13 janvier 1963-13 janvier 1967) avaient été rappelés de leur exil pour diriger les affaires du pays. Ils formèrent un gouvernement d'union nationale présidé par Grunitzky et avec pour vice-président Méatchi. Pour Menthon (1993 : 141), ce gouvernement comptant six (6) membres était empreint de « l'obsession de la rivalité nord-sud ».

Mais ce gouvernement43(*) par ses faiblesses et par ses disputes d'hégémonie a laissé reprendre les luttes intestines qui sapèrent son autorité et entrainèrent une anarchie remettant ainsi pour une nouvelle fois en cause l'évolution de la société.

Une preuve supplémentaire était ainsi faite de l'incapacité des partis à s'entendre pour assurer la gestion des affaires dans l'intérêt du pays.

L'armée intervint de nouveau le 13 janvier 1967 pour prendre les reines du pays au nom de la sauvegarde de l'unité nationale. Les dirigeants étaient accusés de n'avoir pas pris en compte les aspirations du peuple. Ainsi, pour les nouvelles autorités :

« Les anciennes formations politiques bien qu'ayant entrevu la nécessité de l'unité nationale, comme l'indique, soit leur dénomination, soit leur mot d'ordre, n'ont pas malheureusement pu amorcer d'une manière sérieuse une ébauche de solution efficace. Et bien que nombre de leurs responsables et militants aient montré leur attachement et leur dévouement à la cause de ce pays et demeure encore disponibles pour le nécessaire combat à mener pour sa promotion, les anciens partis politiques ont buté de manière évidente sur le problème majeur de l'unité nationale »44(*)

Cette raison légitima aussi bien le deuxième coup d'Etat que le choix du parti unique.

Après ce nouveau coup d'Etat, un Comité de réconciliation national (CRN) fut mis en place dirigé par le colonel Kleber Dadjo mais pour quelques mois. Le 14 avril de la même année, trois mois plus tard, le Général Gnassingbé Eyadema devenait le quatrième Président du Togo.

Dans ce contexte de crise marqué par une succession de quatre présidences en moins d'une décennie, le nouveau Président, dans le cadre de l'exercice des libertés publiques décida par décret n° 67-111 du 13 mai 196745(*), l'interdiction de tous les partis politiques existants ainsi que des regroupements affiliés. Il leur était reproché de s'être formés en coterie et d'avoir créé des divisions artificielles. Le système multipartiste était accusé d'aggraver la scission entre le nord et le sud.

Cette suppression fut bien accueillie par la population car elle allait atténuer les rivalités existantes (Menthon 1993 : 151). Ainsi, la suppression des partis politique était considérée comme une mesure d'assainissement.

* 42 K. M'Gboouna, ancien député à l'Assemblée nationale et enseignant chercheur dans les universités du Togo, entretien réalisé le 15 décembre 2011 à son domicile à Lomé.

* 43 Plusieurs raisons sont évoquées comme causes de l'échec de ce gouvernement : les faiblesses inhérentes et intrinsèques au système bicéphale, la ruine du gouvernement par l'opposition PUT. Mais on peut aussi évoquer le rôle de l'armée qui par ses prises de position en faveur de l'une ou de l'autre des parties en conflit a participé à fragiliser davantage la situation.

* 44 Programme et statuts du RPT p. 9.

* 45 JORT n°357 du 16 juin 1967 p. 267

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault