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Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

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par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

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Chapitre Quatrième :

LES IMPLICATIONS DU PARTI UNIQUE DANS LA VIE POLITIQUE ET SOCIOECONOMIQUE AU TOGO (1969-1990)

Né d'abord de la volonté des premiers responsables de sortir de l'impasse politique, le parti unique a reçu une forte adhésion populaire. Le RPT par sa structure et dans son fonctionnement s'engagea à concrétiser les objectifs qui ont sous-tendu sa création notamment l'édification de l'unité nationale et l'amélioration de l'économie, les finances et l'administration avec pour finalité le développement. Il n'hésita pas à prendre des mesures tendant à l'atteinte de ces objectifs. Mais au finish les résultats n'ont pas été à la hauteur des promesses. En quoi le parti nique a-t- il faillit à sa mission d'unification du peuple togolais ? Le parti unique a véhiculée la pensée unique. Quelles sont les implications de ce système politique sur la vie politique au Togo ? C'est à ces diverses interrogations que se propose de répondre le présent chapitre.

1- Le verrouillage politique sous le parti unique

L'adoption du parti unique ne manqua pas d'avoir des répercutions politiques. Parmi celles-ci l'affaiblissement des contre-pouvoirs, la restriction des libertés fondamentales (libertés d'expression, d'opinion, syndicale etc.). En bref, on assista un chevauchement des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif dans les mains de la personne du chef de l'Etat et la confirmation de la présence de plus en plus marquée de l'armée sur la scène politique.

1.1- Déficit parlementaire

Au lendemain du coup d'Etat de 1967, l'une des premières mesures des putschistes avait été de dissoudre les partis politiques ainsi que les associations et d'interdire toutes activités politiques. Le Président Eyadema déclara à quelques reprises vouloir libéraliser de nouveau la vie politique, mais à chaque fois ce furent des manifestations hostiles à la libéralisation de la vie politique, qui eurent raison. Ainsi, cette interdiction resta en vigueur jusqu'à la création du RPT décidée comme palliatif au vide politique.

En effet prenant prétexte de l'opposition des populations qui refusaient son départ du pouvoir, Eyadema décida de créer le RPT comme parti unique. La création du RPT consacra l'interdiction définitive de toute activité politique parallèle. Le RPT devint donc le seul cadre légal pour abriter toutes les activités politiques. La constitution de 1980 proclama à cet effet en son article 10, la disposition selon laquelle :

« Le système institutionnel togolais repose sur le principe du parti unique qu'incarne le Rassemblement du peuple togolais. Toutes les activités politiques y compris celles qui concourent à l'expression du suffrage s'exercent exclusivement au sein du Rassemblement du peuple togolais et librement dans le cadre des lois et règlement et dans le respect de la souveraineté nationale et de la démocratie. »103(*)

L'exercice d'activités politiques parallèles était donc synonyme d'un affront contre le pouvoir ; et était intolérable dans un tel système. Cette situation a conduit l'opposition à la clandestinité et la plupart de ses membres à s'expatrier104(*). Les complots étaient devenus son moyen d'expression privilégié105(*). Les libertés inscrites dans la constitution de la troisième République (art. 6) ne pouvaient donc s'exercer que dans les limites du parti unique. Reste à savoir si dans la réalité toutes les libertés pouvaient s'exprimer au sein du RPT106(*).

On assistait à une restriction des libertés fondamentales (libertés d'expression, d'opinion, syndicale etc.)

Le régime se caractérisa par l'absence de réels contre-pouvoirs. L'Assemblée nationale de 1963 avait été emportée par le coup d'Etat de 1967. Pendant plus de dix (10) ans, le pays resta sans parlement. Il sera renouvelé à l'issue du scrutin du 30 décembre 1979. Pour avoir une idée des pouvoirs des députés de la première législature de la troisième République, il faudra rappeler les conditions qui ont présidé à leur élection.

Les candidats avaient été choisis au sein du parti par le Bureau politique. Tout comme pour le poste de présidence de la République, on avait des candidats uniques. A chaque siège correspondait un candidat unique. On avait donc une Assemblée monocolore qui, au vu des critères qui ont prévalu lors de l'élection de ses membres, ressemblait à un Comité central bis. A première vue, le choix des candidats par le parti fait des députés, non pas, des représentants du peuple, comme cela aurait dû l'être, mais des représentants du parti. Mais quand on se rappelle que l'équation parti = peuple est admise au sein du RPT, le procédé trouve pleinement son sens et sa justification.

Pour la deuxième législature, les candidatures furent libéralisées. La nouvelle Assemblée élue comportait des candidats indépendants. Mais cette fois-ci également, elle ne pouvait jouer son rôle de contrôleur de l'action gouvernementale. Elle ne faisait qu'entériner les décisions et se résigner aux actes du gouvernement (Agboyibo 1999 : 26). A cela, il faut ajouter l'absence d'une justice indépendante.

* 103 Constitution de 1980 (Togo-Dialogue n° 43 décembre 1979/janvier 1980 pp. 7-11).

* 104 L'existence de partis politiques clandestins est signalée dans les années 1980 et il s'agit de : la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), le Parti communiste togolais (PCT), le Mouvement togolais pour la démocratie (MTD), le Front démocratique pour la libération du Togo (FDLT).

* 105 On a dénombré plusieurs complots mais le plus important reste celui du 23 septembre 1986.

* 106 La CNDH révèle avoir reçu une plainte d'un citoyen qui fut arrêté et mis en garde à vue pour une question posée au cours d'un séminaire organisé à Dapaong en septembre 1989 (Rapport annuel p. 16), c'est la preuve que même au sein du partie la liberté d'expression n'était pas évidente pour tous.

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