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Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

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par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

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2.2.2- La gestion du pouvoir entre 1958 et 1967

De manière générale, les victoires électorales au lieu qu'elles soient considérées comme celles du peuple togolais dans son ensemble étaient accaparées par les partis politiques qui, dans l'exercice des responsabilités, n'associaient pas les autres. Ce fait que nous évoquons n'est l'apanage exclusif ni des progressistes ni des nationalistes. L'observation de la composition des différents gouvernements qui se sont succédé depuis l'autonomie en est une révélation. Le gouvernement Grunitzky ne comptait aucun membre nationaliste c'est de même que ceux de Sylvavus Olympio ne comprenaient pas de progressistes. Ces derniers dans un cas ne sont pas invités au gouvernement. Dans l'autre cas les présumés vainqueurs se sentant investi de tout pouvoir, se livraient volontiers à des ignominies qui amputaient aux supposés vaincus toute dignité humaine et tout désir de collaborer. A ce propos Claude Feuillet (1991 : 90) écrivait : « Entre 1956 et 1967, [...] Chaque fois qu'un parti remportait les élections, son appareil laminait les vaincus, accaparait toutes les places, éliminait parfois physiquement l'opposition ».

Cette situation est plus expressive au lendemain des indépendances où les différents gouvernements ainsi que la haute administration (ambassadeurs, directeurs etc.) s'illustrent par leur composition monocolore aussi bien politique que tribale. Ils révèlent une composition politiquement et tribalement homogène40(*).

Cette situation a contribué à créer chez les nordistes un complexe d'infériorité et chez leurs frères du sud un complexe de supériorité et à renforcer chez les premiers la conviction que les seconds cherchent à confisquer le pouvoir. Le problème du Togo post-indépendant fut donc non seulement de n'avoir pas associé des personnalités du nord mais aussi de n'avoir pas associé les soit disant vaincus (UCPN et PTP) à la gestion du nouvel Etat en se cachant derrière des pratiques de pseudo-démocrates qui consisteraient pour le gagnant de gérer tout seul afin d'éviter la paralysie de l'action gouvernementale. Dans le contexte de la naissance des nouveaux Etats africains, les gouvernements d'union nationale n'avaient-ils pas l'avantage de fédérer les compétences des divers horizons ? Sur la question, Danioue dans son analyse affirme que :

« L'absence de l'unité nationale ou conscience nationale nécessitait une diligence des gouvernants au partage du pouvoir politique avec toutes les sensibilités politiques représentatives de la diversité régionale hors de toutes considérations occidentalo-centriste d'exercice du pouvoir. » (Danioue 1994 : 179)

Au-delà du fait de n'avoir associé ni l'UCPN ni le PTP à l'exercice du pouvoir au lendemain de l'indépendance, la volonté de monopolisation du pouvoir par le CUT aboutit à la dislocation du front nationaliste et à la création du PUT parti unique en 1961 qui cache au-delà des raisons évoquées « l'autoritarisme des dirigeants togolais d'alors qui ne voulaient rien partager une fois le pouvoir politique entre leurs mains et refusaient toute forme de critique » (Bograh 2003 : 21).

Au lendemain de l'indépendance, le pouvoir politique semble devenir l'enjeu des affrontements au Togo. Dans le souci de le préserver, le régime en place évolua vers le système présidentialiste qui avait pour avantage dans ce contexte de préserver l'exécutif du contrôle parlementaire et de le mettre à l'abri de toute critique et de toute action subversive des députés. L'absence de contre pouvoir laissait libre cour au gouvernement qui n'avait de compte à rendre à personne.

L'esprit dogmatique des leaders du CUT constitua un frein à l'acceptation des besoins des autres formations politiques qui réclamaient plus de justice sociale, gage d'intégration nationale et de stabilité politique. Ainsi la mise en cause du pouvoir du Président Sylvanus Olympio s'explique-t-elle par son incapacité à traiter un problème politique né de la volonté des uns et des autres de participer plus activement à la gestion des affaires de l'Etat.

Cette volonté de préservation du pouvoir à amener les partisans du gouvernement à réprimer toutes contestations et restreindre l'exercice des libertés dont les libertés d'association et de formation de parti politiques, participant ainsi à la détérioration du climat social.

* 40 Voir annexe 1 : Répartition ethnique et régionale des différents ministères des Gouvernements Olympio.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus