WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso.

( Télécharger le fichier original )
par Moussa SIGUE
Université Ouaga 2 - DEA en économie appliquée 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b) Résultats de l'estimation du modèle

L'estimation du modèle de la demande de travail, sur le panel dynamique de cinq secteurs d'activités par la méthode des moments généralisés a donné le résultat inscrit dans le tableau suivant :

35

Tableau5: Résultat de l'estimation du modèle de demande de travail.

variables Coefficients P-values

Emploi retardé 0,061948*** 0,001

Salaire 0,6213777*** 0,000

Capital -2,480102** 0,010

Production 0,365497*** 0,000

Progrès technique -0,033517 0,257

constante 11,90234*** 0,000

tests Statistiques p-values

Arellano-Bond d'AR (1) Z = - 1,2 p> z= 0,231

Arellano-Bond d'AR (2) Z = -0,01 p> z=0,988

Sargan Chi2(1)=3,44 p> chi2=0,064

Hansen Chi2(1)=0,00 p> chi2=1

Source : Estimation de l'auteur sur stata11à partir de la base de données de l'étude. *** : Significatif au seuil de 1% ; ** : significatif au seuil de 5%.

Ainsi, le modèle estimé de demande de travail est :

empli,t = 11,9 + 0,365prodi,t + 0,621sali,t - 2,48capi,t + 0,06empli,t-1 - 0,034t

(16,28) (6,1) (3,57) (-2,58) (3,22) (-1,13)

Les valeurs entre parenthèses représentent les statistiques t de student. Hormis le coefficient du progrès technique, tous les autres coefficients sont significatifs au niveau de confiance de 95%.

2. Interprétations des résultats

2.1. Interprétations économétriques

Il ressort de l'estimation du modèle que la production, le salaire, et l'emploi retardé d'une période sont significatives au seuil de 1%. Le coût du capital est significatif à 5%. La constante est également significative. Elle permet de déterminer la demande de travail si on suppose le niveau de l'emploi retardé, de salaire, de capital égale à zéro. Elle répond à la

36

demande liée la perte ou à la retraite de certains travailleurs. C'est la valeur à l'ordonnée de l'équation de la demande de travail.

Parmi les variables susceptibles d'influencer la demande de travail que nous avons considéré, seul le progrès technique s'avère être non significatif à 5%.

2.2. Interprétations économiques

2.2.1. Effet de la production

L'élasticité de la demande de travail par rapport au niveau de production est de 0,365. Cela signifie qu'une augmentation de la production de 1% entraine une augmentation de la demande de travail de 0,365% toute chose égale par ailleurs. Il en est ainsi parce qu'une anticipation de l'augmentation de la production conduit les secteurs d'activités a manifesté un besoin en travailleurs supplémentaires pour répondre à cette augmentation de la production. Pour produire plus, il faut dépenser plus en facteurs de productions c'est à dire en travail ou en capital selon que l'économie soit intensive en capital ou en travail. L'économie Burkinabè est faiblement dotée en capital par rapport au travail. Il résulte qu'un besoin en facteur de production s'oriente plus vers le travail que le capital. Le problème majeur est que le besoin en facteur travail se manifeste faiblement par rapport à l'accroissement de l'offre de travail.

2.2.2. Effet de l'emploi retardé

L'emploi retardé d'une période agit positivement sur la demande de travail avec une élasticité de 0,062 mais cette valeur de l'élasticité est faible par rapport à celle de la production. Une augmentation de l'emploi retardé d'une période d'un point entraine une augmentation de l'emploi de la période courante de 0,062 point toute chose égale par ailleurs. Autrement, si la période correspond à l'année, une augmentation de l'emploi de cette année de 1% entraine une augmentation de l'emploi de l'année prochaine de 0,062%. L'explication que nous donnons est que l'emploi ne s'ajuste que partiellement aux fluctuations à court terme dans la production. Le niveau de l'emploi de la période antérieure est là pour capter cet effet d'ajustement partiel ; en fait, son incidence sur l'emploi au temps courant correspond au taux d'ajustement partiel. En effet, le fait de connaître la baisse de ses ventes ne conduit pas immédiatement à une compression du niveau d'emploi par l'entreprise. Cela s'explique par le fait qu'en effectuant les mises à pieds, l'entreprise court un risque de perdre ses employés quand la demande à laquelle elle fait face va se redresser à plus ou moins bref délais et que les travailleurs mis à pieds se soient trouvé de l'emploi ailleurs. Elle

37

va alors subir des coûts supplémentaires liés aux recrutements, à la sélection et les coûts de formation. Ainsi, pour éviter ces coûts, l'entreprise va simplement « thésauriser » ses employés en période de baisse de la production puis leur faire appel quand la production se redressera. Il faut noter qu'au début de la reprise de ses ventes l'entreprise ne procédera pas immédiatement à une vaste campagne d'embauchage. Elle utilisera la main d'oeuvre qu'elle avait réservée et ce n'est qu'une fois la demande pour ses biens stabilisée à un niveau plus élevé qu'elle réajustera pleinement son emploi.

En résume, l'annonce d'une chute du PIB ne se traduit pas immédiatement par une chute proportionnelle de l'emploi au Burkina. De même, l'annonce d'une expansion du PIB ne se traduit pas immédiatement par une hausse correspondante de l'emploi. Ainsi, les indicateurs de l'emploi marquent un certain retard par rapport à la production. Ce retard est lié à l'écart entre l'emploi désiré par les entreprises et celui observé par ces dernières. Pour évaluer ce retard, nous procédons comme suit :

Dans le modèle de demande de travail, f34 = (1 - ñ). Or f34 représente l'élasticité de la demande de travail par rapport à l'emploi retardé d'une période et ñ correspond au coefficient d'ajustement. Ainsi, 1 - ñ = 0,062 alors, ñ = 0,938.

La valeur du coefficient d'ajustement partiel étant de 0,938, cela signifie que pour les cinq secteurs d'activités étudiés, l'ajustement de l'emploi effectif à l'emploi désiré au cours de la période d'étude s'est fait à 93,8% par an. Cette situation s'explique par le niveau élevé du chômage. Etant donné que l'offre de travail est supérieure à la demande de travail, une unité supplémentaire de demande de travail trouve à 93,8% une offre de travail toute chose égale par ailleurs.

2.2.3. Effet du salaire moyen

L'élasticité de la demande de travail par rapport au salaire moyen est de 0,621.Cela signifie que lorsque le salaire moyen augmente de 1%, la demande de travail augmente de 0,621% toute chose égale par ailleurs.

Ce résultat laisse entrevoir une remise en question de la relation emploi-salaire dans l'approche classique du marché de travail dans le cadre des secteurs d'activités étudiés. Mais vue dans l'approche keynésienne, ce lien trouve une explication plausible.

38

En effet, le salaire est avant tout un revenu nécessaire au soutien de la demande de consommation. Au Burkina Faso, les salaires restent encore bas9. Les augmenter est synonyme d'amélioration du pouvoir d'achat des ménages puisque le taux d'inflation10 au Burkina est resté faible sur la période d'étude. Constatant leurs situations financière s'améliorer, les ménages vont consommer plus et cela conduit à une augmentation de la demande des biens et services. Dans ce contexte, les secteurs d'activités vont chercher à répondre à cette demande en produisant plus et donc en employant plus car au Burkina, le travail reste relativement moins cher par rapport au capital. En outre, l'économie Burkinabè est une économie de consommation avec une propension marginale à consommer moyenne de 72,67% (DGEP, 2012). Cette valeur élevée de la propension marginale à consommer traduit qu'une augmentation du revenu des ménages d'une unité se répercute sur la consommation globale en l'augmentant de 0,7267 unité. Comme la consommation va augmenter de 0,7267 unité, la production doit aussi augmenter au moins de 0,7267 unité pour satisfaire la demande de consommation. Et pour produire ces 0,7267 unités, les secteurs embauchent plus.

En revanche, une réduction des salaires peut à contrario alimenter une faible demande de travail dans la mesure où le pouvoir d'achat des ménages baisse relativement. Ces derniers vont consommer moins, ce qui entraîne un ralentissement de la demande et donc de l'activité économique. Les anticipations des entreprises vont être pessimistes et la demande effective va baisser. Ce qui va entraîner une baisse de leurs productions, et donc une baisse de l'emploi en partant une augmentation du chômage.

Ce résultat montre que le niveau de l'emploi sur la période d'étude est lié positivement au volume de production des secteurs d'activités et non au niveau de salaire11. Si on considère

9Pour la fonction publique, 45% des agents ont un salaire mensuel compris entre 100 000 et 150 000FCFA, tandis que 25,8% (soit 23 978 agents) ont un salaire de plus de 150 000 et seulement 1,1% ont un salaire inférieur à 50 000. La masse salariale que l'Etat verse aux agents de la fonction publique a été évaluée à 138,52 milliards en 2007. Cette masse salariale s'accroît dans le temps, et on a pu noter un accroissement moyen annuel de 15% du volume salarial entre 2004 et 2007.

10 Elle a été contenue dans l'ensemble dans la limite de la norme communautaire de l'UEMOA après la forte pression inflationniste enregistrée en 2008 consécutive aux crises alimentaire et énergétique. En effet, le taux d'inflation s'est situé en moyenne à 2,0% sur la période 2010-2012 (Perspective économique mondiale d'avril 2013).

11La demande effective est la demande anticipée par les chefs d'entreprise. Par ce concept, Keynes montre que la demande d'investissement des entreprises et le niveau de l'emploi sont déterminés par le volume de production

la relation entre le salaire et la production12, nous avons trouvé une corrélation positive entre les deux variables. Cet état de fait explique le lien positif entre l'emploi et le salaire.

2.2.4. Effet du capital

L'élasticité de la demande de travail par rapport au capital est de -2,48. Une augmentation de la valeur du capital de 1% entraine une baisse de la demande de travail de 2,48% toute chose égale par ailleurs. Comme nous l'avons vu plus haut, l'économie Burkinabè est faiblement intensive en capital (l'intensité capitalistique est de 0,16). A court terme, une augmentation du coût du capital accroit les coûts de production sans pour autant stimuler la consommation et la production d'autant plus que les entreprises ont une faible influence le facteur capital à court terme. De ce fait, elles vont répondre à cette augmentation du coût de production en baissant le niveau de production car il revient plus chère de produire le même niveau de production avec des coûts plus élevés. Comme le capital est fixe, pour baisser le niveau de production suite à la hausse du coût de production, les entreprises vont chercher à réduire la masse salariale qu'elles supportent en procédant à des licenciements. En somme, la hausse du coût du capital conduit à une baisse de la production ce qui conduit à une diminution des emplois.

39

anticipé par les chefs d'entreprise pour répondre à la demande de biens de consommation et de biens d'équipement.

12 Cette situation est représentée par le schéma en annexe 6.

40

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King