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Analyse des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso.

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par Moussa SIGUE
Université Ouaga 2 - DEA en économie appliquée 2014
  

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b) Approche hétérodoxe

Le courant hétérodoxe est marqué par des apports divers mais un des points communs de ces travaux est que dans cette approche, le postulat de rationalité individuelle n'admet plus un rôle central. Les travaux appartenant à ce courant de pensée insistent sur le contexte institutionnel dans lequel les relations de travail sont inscrites. De ce fait, les auteurs hétérodoxes se refusent à isoler, au sein de la relation de travail, son « moment » spécifiquement économique. Pour ces derniers, l'entreprise n'est pas une « boite noire » dans laquelle les inputs entrent et les outputs sortent. Dès lors, l'analyse du marché du travail doit faire appel à une démarche méthodologique qui emprunte à la fois à la sociologie, à la science politique et parfois à la psychologie5.Les hétérodoxes réfutent la conception orthodoxe du travail comme facteur de production et en partant de l'idée de marché du travail, ces derniers considèrent le travail comme facteur spécifique puisqu'il fait l'objet de deux opérations distinctes. En ex ante, il y'a la signature du contrat entre l'employeur et l'employé et en ex post la mise en oeuvre effective du travail. Compte tenu de la disparité dans la distribution de l'information (asymétrie d'information), il se produit un problème de comportement d'aléa moral et de sélection adverse. Les seules forces du marché ne permettent donc pas d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande de travail parce que la flexibilité mécanique prônée par les néoclassiques n'est pas vérifiée et cela tient pour diverses raisons :

5Adam et Reynaud (1978), Michon (1984), Boyer (1986), Gazier (1991) tous cité par PERROT.

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? L'hétérogénéité du travail est expliquée par la théorie du capital humain. Selon cette théorie, le salaire réel des individus est une fonction positive de la qualité du travail. Ainsi, les travailleurs qui ont plus de qualification reçoivent plus de salaire. Cette qualification est acquise par l'accumulation des connaissances, de l'expérience, et de la formation. Comme les individus investissent différemment en capital humain, il se produit une distribution hétérogène de qualification et donc de rémunération. Le travail dans ce cas ne saurait être homogène pour tous les individus.

? Le travail est quasi fixe

Dans l'approche classique et néoclassique, le travail était considéré comme étant un facteur variable et son coût se réduisait au salaire. Dans le courant de pensée hétérodoxe, le travail est plutôt quasi fixe et son coût se décompose en trois:

? Le coût de l'embauche : C'est le coût supporté par l'entreprise pendant la période de recrutement et de la formation initiale ;

? Le coût d'emploi : C'est le coût lié à la rémunération du travail y compris la cotisation sociale, plus les taxes ;

? Le coût de séparation (le coût lié au licenciement) : C'est celui que l'entreprise supporte pendant la mises à terme du contrat de travail.

Selon OI, (1962) « les coûts de travail sont plus que proportionnels à la quantité de travail utilisée à cause des frais d'embauches, de formations, de licenciements... Le taux de salaire doit être fixé de manière à permettre au producteur d'amortir ces frais sur plusieurs périodes et le producteur est amené à conserver ses salariés une fois qu'ils sont formés même en période de récession parce que les licenciements peuvent coûter davantage que les salaires versés. Puisque la somme de ces coûts est plus élevée que le salaire, l'entreprise mettra tout en oeuvre pour minimiser ces coûts en adoptant la stratégie de la segmentation de son marché de travail ce qui entraine une conservation du noyau dur de ces travailleurs. Cela conduit à une flexibilité limitée du travail. Par conséquent, une optimisation et une flexibilité instantanée du travail sont impossibles ».

La différence idéologique sur le travail se répercute sur la notion de chômage.

Selon l'approche classique, les entreprises cherchent à produire à un niveau qui leur permet de maximiser leurs profits. Dans ce cas, l'offre de travail et la demande de travail se croisent et cela conduit à la détermination d'un niveau optimal d'emplois et de salaire. Le niveau de l'emploi croit à court terme avec le capital, décroit avec le salaire réel. Le salaire n'étant pas

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rigide, son niveau d'équilibre permet d'avoir un niveau optimal d'emplois. Les classiques considèrent les rigidités sur le marché du travail comme totalement exogènes au marché. Pour eux, l'imposition de salaire minimum, les indemnités de chômage, les pressions syndicales, la législation sur les protections de l'emploi est source de disfonctionnement du marché de travail. Etant donné que le marché fonctionne de façon optimale et les imperfections sont exogènes, toute personne qui refuse de travailler à un niveau de salaire fixé par la rencontre entre l'offre et la demande de travail sera au chômage et on parle de chômage volontaire.

L'approche keynésienne du chômage montre que les entreprises sont contraintes par le niveau des débouchés. La production des entreprises est de ce fait déterminée par la demande. Cela veut dire que les entreprises ne peuvent pas écouler toute production qui est supérieure à la demande à laquelle elles font face. Dans cette approche, le niveau d'emploi croit avec les ventes dans les entreprises. L'emploi diminue d'une part avec le capital de court terme6et d'autre part avec le prix relatif du travail et des autres facteurs surtout avec le prix du capital à long terme.

Pour Keynes, la cause du chômage n'est pas à chercher dans le coût du travail7 mais dans une insuffisance de la demande globale. Ainsi, les entreprises n'embauchent pas des travailleurs en fonction du salaire réel mais plutôt en fonction de leurs prévisions sur leurs ventes futures. Elles font donc des anticipations que Keynes appel « demande effective ». Le niveau d'embauche va permettre de distribuer des salaires qui serviront à la consommation et donc à écouler la production réalisée. Le chômage est involontaire et il est causé par un fonctionnement non optimal du marché de travail. On peut donc avoir un équilibre sur le marché du travail et sur celui des biens et des services comme chez les néo-classiques mais rien ne dit que cet équilibre assure le plein-emploi. En effet, les employeurs peuvent se tromper en sous-estimant la demande future. Cela entraine un faible recrutement ce qui crée donc des chômeurs involontaires. Pour Keynes, cette situation est qualifiée « d'équilibre de sous-emploi ».

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus