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L'auteur-interprète à  l'ère du numérique: application et évolution


par Charles PAGE
Université Jean Moulin Lyon III - Master 2 Droit de la Propriété Intellectuelle 2014
  

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Paragraphe I : La surpuissance économique des « Big three »

92. Le système économique dominé par quelques grands producteurs apparaît profondément déséquilibré. Peu d'artistes sont rémunérés et tous sont soumis à des conditions leur étant peu favorables, qu'il s'agisse du partage des marges sur les ventes de CD, la soumission à des contrats d'exclusivité... La musique est devenue indéniablement une industrie, entraînant une concentration abusive de ses revenus. Par exemple, une étude a pu montrer que 1.8% des auteurs-interprètes recevaient à eux seuls 71.9% des droits reversés par la SACEM tandis que 66.8% des sociétaires ne touchaient aucuns droits99. Par ailleurs, cette puissance économique des Majors leur permet d'imposer leurs choix musicaux, et ainsi, d'imposer une certaine culture musicale. La même étude a pu montrer par exemple qu'en 2011, 1.8% des titres du catalogue SACEM représentaient 73.9% des diffusions totales de titres via radiodiffusion100. Cette concentration culturelle semble néfaste et est parfois même

96 Idem.

97 J. Smiers, 2001« L'abolition des droits d'auteur au profit des créateurs » » in Réseaux Volume 19 n°110/2001 - Editions La Découverte p.61

98 M. Dulong de Rosnay et H. Le Crosnier, op. cit. p. 55

99 Voir annexe 2

100 Voir annexe 3

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considérée comme contraire à « un modèle de société démocratique et républicain »101. Par ailleurs, alors que l'auteur reçoit 9% du prix d'un disque physique et 10% du prix d'un téléchargement, les maisons de disque perçoivent respectivement 50.4% et 61.6% du prix total. Cette surpuissance économique se traduit donc par une faible rémunération des auteurs102.

93. Comme dans tout rapport de force déséquilibré, c'est aussi dans les contrats que la surpuissance s'exprime. Outre les contrats d'exclusivité souvent conclus entre un artiste et un producteur, une enquête103 a dévoilé la pratique contractuelle des minimums garantis, seuils versés par la plateforme de musique en ligne pour exploiter le catalogue des maisons de disque. La plateforme Jiwa par exemple a admis avoir versé en 2010 plus de neuf-cent mille euros aux grandes Majors, dont quatre-cent mille uniquement à Sony Music. Ces seuils, indexés sur les parts de marché attendues de l'exploitation, peuvent donc rapidement s'avérer astronomique. Au regard de la proportion d'artistes détenus par de telles entreprises, un éditeur ne semble donc pas avoir de prime abord d'alternative pour diffuser des titres d'artistes sous contrat en toute légalité. Perspective décourageante, supporter l'intégralité du risque d'exploitation des catalogues par les éditeurs pour des risques de pertes tout aussi importants n'encourage pas nécessairement ceux-ci à respecter les droits d'auteur, tant la chape financière apparaît écrasante, a en entraîner parfois la faillite des éditeurs104

94. Pourtant, des alternatives existent pour financer les auteurs. Dailymotion en est un bon exemple. Site de streaming permettant à tout un chacun de mettre ses films à disposition du public, le site a mis en place une veille permettant de s'assurer que les vidéos postées ne contreviennent pas aux droits de leurs titulaires. La rémunération des auteurs se fait par la publicité. Plus la page est visitée, plus l'artiste est rémunéré. En 2012, 90% du chiffre d'affaire du site était lié aux bannières, 10% aux publicités insérées dans les vidéos. Le modèle de Dailymotion n'est pas d'acheter les droits des auteurs, mais de « partager le revenu publicitaire, ce qui, sans doute, explique [qu'ils n'aient] qu'un acteur partenaire au sein de l'industrie musical (Universal) »105, les perspectives de rentabilité de ce nouveau modèle étant sans doute moins certaines que dans le cadre des pratiques de minimum garanti.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo