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L'auteur-interprète à  l'ère du numérique: application et évolution


par Charles PAGE
Université Jean Moulin Lyon III - Master 2 Droit de la Propriété Intellectuelle 2014
  

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Section 2 : Un déclin annoncé de la figure classique du producteur

99. Avec la fusion de Sony Music Entertainment et BMG Entertainment ainsi que le rachat d'EMI Group par Universal Music Group, deux majors sur cinq ont disparu en cinq ans. Si les principaux intéressés avancent comme principale raison la crise de l'industrie du disque, c'est peut-être avant tout une réelle crise interne d'un modèle inadapté au numérique qui est remis en cause. Cette perte de puissance trouve des justifications aussi bien économiques, par des politiques archaïques (I) que culturelles, par la remise en cause sociétale de l'industrie musical (II).

Paragraphe I : Des politiques de protection archaïques

100. Qu'il s'agisse du rapport Levy-Jouyer, Cedra, Attali ou Cohen-Verdier, la conclusion est unanime : « Les industries culturelles se préoccupent d'avantage de la préservation des acquis que de la recherche de profits tirés des nouvelles possibilités ouvertes par l'ère numérique »110. Reposant sur un système de rente, ce modèle économique s'effrite progressivement. D'une part parce que de tels industries perdent leur place privilégiées dans l'ère numérique, où les réseaux centralisés de distribution de la musique sont délaissés au profit de réseaux décentralisés, ou tout du moins concurrencés. Par ailleurs, l'industrie est frappée en son centre par une crise interne majeure. Alors qu' à la baisse des ventes de CD physique est opposé le téléchargement illégal, l'on peut interpréter cette diminution du chiffre d'affaire par la perte d'attrait d'un tel support, vieillissant, encombrant et onéreux au profit du format numérisé111. D'une bibliothèque matérielle rapidement encombrante et poussiéreuse, l'on peut passer à une bibliothèque sans réelle limite tenant sur des milliers de Giga octets et une poignée de centimètres concentrés sur une clé USB. « En restant focalisée sur la crise du CD, l'industrie du divertissement n'a [ainsi] pas cherché à innover afin d'utiliser toutes les potentialités d'internet. De plus, les grands disquaires (Fnac, Virgin, etc.) ont fait un choix délibéré de réduire considérablement leur diversité de CD, diminuant ainsi d'autant plus l'intérêt d'acheter un disque »112

101. Position archaïque donc. Archaïque car rébarbative. Après un véritable âge d'or de l'industrie du disque dans les années 1970 et 1980, où le disque vinyle était vendu à plus

110 V. de Beaufort, op. cit. p.105

111 Comme nous avons pu le mentionner précédemment, même si le format privilégié (mp3) est vieux de plus de 20 ans, il reste encore bien plus avancé que le format classique CD-ROM

112 « Assurer une juste rémunération aux artistes », op. cit.

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de 60 millions d'unités chaque année. Puis en l'espace de dix ans, la vente chute à à peine plus de deux millions d'exemplaires113. Alors que l'invention des cassettes, walkman et CD-Rom apparaît la raison la plus plausible d'un tel déclin, l'industrie préfère avancer la contrefaçon encouragée par ces nouveaux procédés. Et pourtant l'industrie a su par la suite s'adapter et tirer profit de ces nouvelles avancées technologiques. Dans le même temps, la K7 permet de réaliser des copies privées, et l'industrie soutient alors l'impact d'une telle pratique sur le secteur musical, qui n'a pourtant pas tant pâti de cette situation. Ces schémas semblent se renouveler de façon identique avec l'avènement du numérique, avec encore une fois des arguments tirés du comportement malsain des utilisateurs. La chute peut donc avant tout s'expliquer par la nécessité pour l'industrie musicale de se réorganiser et s'adapter, et une fois cette évolution effectuée, si la situation est identique pourrait-elle de nouveau retrouver sa croissance antérieure.

102. Le constat apparaît donc frappant : L'industrie musicale ne sait pas anticiper les effets des mutations technologiques et restent cramponner à ses acquis et à un business model vieillissant avant de s'adapter. Le protectionnisme agressif de l'industrie musical marque toutefois les esprits. Et malgré une volonté tardive mais non inutile de s'adapter au numérique, il n'est pas certain que le public soit en mesure d'accepter encore la position de force d'un acteur pourtant encore particulièrement puissant.

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