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L'auteur-interprète à  l'ère du numérique: application et évolution


par Charles PAGE
Université Jean Moulin Lyon III - Master 2 Droit de la Propriété Intellectuelle 2014
  

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Paragraphe II : La remise en cause culturelle de l'apport du producteur

103. Avec une législation catégorisant les utilisateurs et les taxant de criminelles avec légèreté, il n'apparaît pas étonnant que les « webers » et autres « bloggeurs » s'élèvent et contre-attaques. Pour Olivier Tissot114, le terme même de pirate est contestable. Il ne faut en effet pas oublier ce qu'est en réalité la piraterie. Le téléchargement, « est exempt de toute violence contre les personnes, à la différence des actions normalement définies par ces termes. Les pirates de la mer ou les pirates de la route sont généralement lourdement armés et ne craignent pas de blesser ou de tuer leurs victimes dans le seul but de s'enrichir injustement, alors que les pirates du téléchargement en menacent [...] personne et ne cherchent généralement pas à s'enrichir. C'est donc par un véritable abus de langage qui n'est évidemment pas innocent car il assimile à des dangereux criminels les pratiquants de ces téléchargement »Les Majors elles-mêmes n'hésitent pas à reconnaître leurs erreur et par la même perdre un peu plus d'une légitimité déjà mise à mal : Guy Hand, directeur de la Major EMI, a par exemple déclaré publiquement que la perte de chiffre d'affaire sur les CD musicaux n'était non pas due à la piraterie mais essentiellement à « la frilosité des politiques économiques menées par les majors depuis l'émergence d'Internet comme grand média »115. Ainsi parviendrait-on à éradiquer toute forme de contrefaçon numérique qu'il ne serait pas évident que le marché des CD physiques repartirait à la hausse116.

113 « Parts de marché du Vinyle depuis 1980 : De l'apogée au déclin » [en ligne] http://www.vinyle-actu.fr/parts-de-marche-du-vinyle-depuis-1980-de-lapogee-au-declin (consulté le 07/06/2014)

114 O. de Tissot « Confrontation de business models : piraterie informatique et rémunération des auteurs, artistes interprètes et producteurs » op. cit. p129

115 Cédric. L., 2008 « Guy Hand prévoit de licencier 2.000 employés chez EMI » Numérama

116 V. de Beaufort, op. cit. p. 133

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De plus, si les majors sont titulaires d'un nombre impressionnant de droits et que leurs catalogues sont remplis d'artistes et auteurs, certains pensent qu'ils ne participent pas - contrairement à leur leitmotiv- à la création musical mais qu'il s'agit au contraire des producteurs indépendants qui découvrent et financent les jeunes artistes et nouveaux talents, avant que ceux-ci décident de rejoindre les sphères des grands producteurs aux contrats plus attrayants117. En effet, les majors produisent 75% des CD mis en vente mais ne produisent que 25% des nouveaux artistes mis pour la première fois sur le marché. Les petits producteurs sont réellement ceux qui prennent les risques financiers de produire les jeunes auteurs inconnus avant de les voir rejoindre les majors ou se faire eux-mêmes racheter par celles-ci118.

105. D'autre part, une partie du public remet en cause le « star system » mis en place par l'industrie musicale. Ce modèle économique vise en fait à surproduire un artiste, voire de le formater pour le public le plus large, et par la suite bénéficier d'une situation de rente à long terme. Cette « économie de l'art » semble éloignée des fondements mêmes de la création artistique et certains considèrent qu'elle entraîne une diminution particulièrement grave de la qualité des oeuvres diffusés et consultables, et par la même une diminution du niveau de sensibilité artistique du public français, comme le montrent les meilleurs ventes françaises. « Souvenez-vous bien que le titre « Quand il pète il troue son slip » est passé en tête des ventes devant Daft Punk aujourd'hui récompensé de six Grammy Awards devant le monde entier » 119. Pour Rachid Ferrache, « la France est remplie de [bons artistes] faisant mieux en home studio que tout ce qu'on nous sert à longueur d'année. Mais les labels continuent de les ignorer, proposant des compilations hommages ». Son constat est sans appel : « La puanteur musical [...] a vendu plus de singles, non pas parce que les gens aiment, mais parce que des connards en on fait la promo, [...] ciblant les gamins de neuf ans déjà abrutis par les [émissions] de la télé réalité ». Des mots durs, peut-être trop forts, mais qui a obtenu de nombreuses critiques en son sens. Les discours inverses, remettant en cause la crédibilité d'une telle position, mettent néanmoins en exergue la réalité de la production actuelle certains lui opposant, en s'adressant directement à lui que les labels et producteurs sont soumis « (...) aux dictats du marché, de la monnaie qui doit remplir les caisses, et [si vous étiez producteur] vous ne changeriez rien, ou vous feriez faillite en tentant de promouvoir des artistes talentueux, certes, mais pas vendeurs »120. L'on peut donc considérer que les producteurs n'ont pas pour objectif de réduire la qualité artistique, ou de profiter de leur position de force pour obtenir des conditions contractuelles désavantageuses pour leurs partenaires, mais que la loi du marché, la loi du plus fort, les oblige à mettre en place des standards de qualité et de rentabilité nécessaire pour pouvoir perdurer dans la production musical.

117 Idem. p136

118 Idem.

119 Ferrache, R. 2014, « La France ce n'est pas Daft punk... », [En ligne] http://www.zealjournal.com/la-france-ce-nest-pas-daft-punk-lindustrie-musicale-francaise-se-prend-une-belle-soufflante-par-rachid-ferrache/ (consulté le 04/06/2014)

120 De la Biche A. , 2014, Lettre ouverte en réponse à Rachid Ferrache. [En ligne]

http://www.musicalementnotre.fr/2014/02/lettre-ouverte-en-reponse-rachid.html (consulté le 04/06/2014)

106.

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Face à des professionnels vus comme des exploitants de la création, une partie du public n'hésite alors pas à se revendiquer du « syndrome de robin des bois »121, en revanche contre les producteurs et leurs bénéfices substantiels. Pendant longtemps, il a été avancé que les intérêts des grands producteurs étaient les mêmes que ceux des artistes. Postulat inexact puisque « l'artiste crée pour l'amour de l'art [...] alors que les industries créent uniquement pour l'argent qu'elles ont à y gagner »122. Le droit d'auteur devient un droit pour l'industrie culturelle, détaché des intérêts du public et des auteurs. Et de ce constat naissent les contestations de ces laissés pour compte qui revendiquent une plus grande écoute, mais « encore faut-il pour cela que le droit d'auteur s'adapte à l'ère numérique. S'il ne le fait pas de bon gré, il le fera de force I »123.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore