WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à  2011.

( Télécharger le fichier original )
par Jean Pierre Loic NKULU ATANGANA
Université de Douala - Master II Recherche  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SECTION 2 : LE MONITORING DES ELECTIONS : UNE PRATIQUE STRUCTUREE PAR DES ENJEUX MULTIPLES

Le monitoring des élections présidentielles se structure autour de multiples enjeux. Une analyse des faits laisse transparaître un ensemble d'enjeux de la part des acteurs du monitoring des élections, notamment les Etats-Unis et la France, à l'occasion de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992. Pour comprendre ces enjeux, il convient d'analyser d'une part les enjeux politico-stratégiques, (Paragraphe 1) et d'autre part les enjeux économiques et culturels (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le monitoring des élections : une pratique structurée par les enjeux politiques et stratégiques économiques cas de l'élection présidentielle de 1992

L'élection présidentielle du 11 octobre 1992 au Cameroun nous servira de cadre d'analyse les enjeux politiques et stratégiques (A), d'une part et d'autre part des enjeux économiques et culturels (B), à la fois des Etats-Unis et de la France.

A. Les enjeux politiques du monitoring des élections : Cas de l'élection présidentielle de 1992

Le Cameroun représente un enjeu politique et avéré pour de nombreux acteurs du monitoring des élections, notamment les Etats-Unis et la France. Situé au plan géographique à la charnière respectivement de l'Afrique Centrale et Occidentale, de l'Afrique francophone et anglophone, « pièce centrale » de la zone CEMAC, ce pays s'identifie en un maillon important de la zone d'influence française en Afrique noire103.

Dans le cadre de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992, les enjeux politiques des Etats-Unis et de la France sont considérés comme vitaux dans la mesure où leur négligence compromettrait la sécurité de la nation, voire son existence en tant qu'entité souveraine104. Pendant que la France jouait la carte de l'incertitude, la stratégie américaine était la recherche de nouveaux partenaires sociaux. Dans une large mesure, cette recherche est consubstantielle au double visage hégémonique et pragmatique de la politique étrangère des Etats-Unis et de la France depuis la fin de la guerre froide. En effet, dans un texte de janvier 1995 qui définit la « stratégie de sécurité américaine, d'engagement et d'élargissement », le Président Clinton est formel :

« La ligne de partage entre les politiques intérieure et extérieure est en train de disparaître. Nous devons revitaliser notre économie si nous voulons préserver nos capacités militaires et notre influence à l'étranger. II nous faut nous engager activement sur la scène internationale, si nous voulons voir s'ouvrir des marches et se créer des emplois pour

les travailleurs américains»105.

Ainsi, en s'engageant en faveur de 1'instauration d'une « démocratie de marché » en Afrique en général et au Cameroun en particulier, la diplomatie américaine joue à fond le jeu de la préservation de l'intérêt national. Car, pourquoi ne

103 Sur la création et le maintien d'une zone d'influence française en Afrique, lire, entre autres, Djoba, (S), Les interventions militaires françaises en Afrique Centrale : Etude de cas (Gabon, Zaïre, Centrafrique et Tchad), Thèse de Doctorat 3ème Cycle en Relations Internationales, Université de Yaoundé, IRIC, 1987, p. 138.

104 Bonnefous (M), «Les enjeux nationaux : quelques repères», in Défense Nationale, janvier 1991, p. 141.

105 Faure, (M), « Le Monde selon Washington », in L'Express, n° 2329, du 22 au 28 février 1996, p. 23.

26

Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011

pas reconnaître que la libre entreprise, consubstantielle à la démocratie favorise la promotion des investissements d'un pays dont les entreprises sont en mesure de rivaliser avec n'importe quelle autre entreprise exerçant en Afrique ? Au Cameroun, l'on a pu relever à la fois une certaine sympathie américaine à l'endroit de l'opposition radicale et une tendance à traiter directement avec les acteurs sociaux non officiels. Ainsi, l'on a vu l'activisme de 1'ambassadeur américain d'alors, madame Frances Cook en faveur du SDF et la condamnation, sans réserve, de l'instauration de l'état d'urgence dans la province du Nord-ouest par la déclaration du Département d'Etat du 13 novembre 1992 susmentionnée. Par ailleurs, il y a lieu de signaler les multiples tournées de monsieur Ni John Fru Ndi aux Etats-Unis et surtout son invitation à assister à la cérémonie de la première investiture du Président Clinton le 20 janvier 1993106.

Cette main tenue en direction des acteurs non officiels participe de la multiplication des occasions de contact ou d'échange avec le « pays réel » en dehors du carcan officiel pas trop formaliste. Les activités de l'Agence américaine d'information et des relations culturelles (USIA) participent, à n'en pas douter, de l'opération de charme en direction de toutes les composantes de la société camerounaise. En effet, cet important organisme gouvernemental s'emploie à apporter aux ressortissants Grangers, une meilleure connaissance des Etats-Unis et des valeurs propres à la société américaine107. Ainsi qu'en est-il des différents programmes des visiteurs étrangers aux Etats-Unis, destinés non seulement à permettre une meilleure connaissance des aspects formels et informels du système politique américain, mais aussi à favoriser le maximum de relations avec la diversité d'acteurs officiels et privés au cours d'un périple de s'étalent généralement sur différents Etats de la fédération ?

Pour son soutien aux acteurs non officiels lors de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992, une délégation d'une ONG américaine le NDI, composée de 19 membres, a effectué une mission d'observation au Cameroun. A l'issue de la proclamation, par la Cour Suprême le 23 octobre de la même année, de la victoire du Président Biya, le NDI publia un rapport qui critiquait assez sévèrement, à 1'instar des prises de position de l'Ambassadeur américain de l'époque, les conditions d'organisation et le déroulement effectif de la consultation. Dans ce rapport, il apparaît que :

« le NDI a obtenu des preuves irréfutables et tangibles qu'avant le scrutin, les hauts responsables de l'administration ont été informés que leurs compétences devraient être appréciées en fonction du nombre des voix obtenues par le candidat président Biya dans les territoires relevant de leur compétence juridictionnelle respective. Consigne leur avait été donnée de tacher d'obtenir un score de 60% par tous les

moyens possibles »108.

106 Le cerveau de CAP - Liberté, Dominique Djeukam Tchameni fut accueilli aux Etats-Unis comme exilé politique après avoir été condamné à 20 (vingt) mois d'emprisonnement pour ses relations suspectes avec des ex-officiers rebelles de 1'Armée camerounaise installés au Burkina - Faso.

107 L'USIA constitue avec l'USAID, le Corps de la paix, l'Agence Centrale de Renseignement (CIA), l'Agence pour le Contrôle des Armements et le Désarmement (ACDA), l'Administration des Petites Entreprises, l'Action, la Banque Export-Import (EXIMBANK) et le Bureau du Personnel (OPM), 1'ossature des Agences gouvernementales chargées d'assurer, à côté des 14 Départements ou Ministres, Certains Aspects Particuliers du Fonctionnement de l'appareil Administratif Américain. Afrique - Etats-Unis, n° 10/89. 31 octobre 1989, pp. 6-7. 108Les Droits de l'Homme au Cameroun. Livre Blanc publié par le Gouvernement de la République du Cameroun, Yaoundé, les Editions de l'Imprimerie Nationale, 1994, Lors de l'élection présidentielle du 11octobre 1992, cette ONG, sur invitation du gouvernement du Cameroun a organisé une mission d'experts internationaux en matière d'élections qui s'est rendue au Cameroun, p. 243.

27

Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011

On peut, tout de même, se poser la question de savoir si telles étaient les instructions du pouvoir, pourquoi le candidat-Président n'a-t-il finalement obtenu qu'un score aussi modeste (40% environ des suffrages exprimées), largement en deçà du pourcentage donné par le NDI?109

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite