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Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à  2011.

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par Jean Pierre Loic NKULU ATANGANA
Université de Douala - Master II Recherche  2012
  

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B. La préparation et la présentation du rapport final

En général, la préparation et la présentation du rapport final sont deux mouvements du monitoring des élections confiées à une ou plusieurs personnes faisant partie de la mission mandatée sur le terrain, et convient de les analyser respectivement.

Dans le cadre des missions des OIG comme l'OIF, l'UA ou encore le Commonwealth comme dans le cadre des missions nationales, la préparation du rapport final se fait autant en amont qu'en aval de l'organisation ou de l'institution. Ainsi la ou les personnes chargées à cet effet est ou sont-elles tenues de se référer au principe directeur n°5 en vertu duquel.

« Dans les 15 jours suivant son retour ou la fin du scrutin, la

mission fait le rapport au président du CPF par l'intermédiaire du Secrétaire Général de la Francophonie dans le cas de l'OIF, et dans les autres cas au responsable administratif de l'organisation. Ce rapport doit contenir notamment :

- Les objectifs de la mission ;

- La liste des observateurs ;

- Les termes de références ;

- Le contexte global et l'importance des élections ;

- L'itinéraire des observateurs dans le pays demandeur ;

- Les méthodes d'observation utilisées ;

- Les résultats des élections ;

- Les modalités de la coopération avec les autres missions internationales sur place ;

- Les conclusions de la mission et ses recommandations»185 .

185 Document portant principes devant guider l'envoi d'une mission d'observation d'élection. Désireuse de donner corps à la solidarité francophone et d'accompagner le processus électoral, par la valorisation et l'échange des expériences de ses pays membres, et à la lumière des constats rappelés ci-dessus, la mission de la Francophonie a émis un certain nombre de recommandations en vue d'améliorer, avec le concours des partenaires internationaux, la préparation et la tenue des prochaines consultations électorales. Dans ce sens, elle a souligné l'importance de :

- renforcer les pouvoirs de contrôle et de supervision de l'ONEL, afin d'en assurer l'indépendance sans en faire un organe concurrent du Conseil constitutionnel ;

- revoir le statut et les compétences du Conseil National de la Communication (CNC), pour en faire un organe indépendant de régulation des médias ;

- poursuivre le dialogue politique et mieux structurer l'opposition, en préparant une loi, si possible consensuelle (majorité / opposition) portant statut de l'opposition ;

Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011

L'enjeu de cette présentation est de «proposer les réformes appropriées, de contribuer au renforcement des capacités locales et de fonder, le cas échéant, les stratégies d'assistance institutionnelle et électorale ainsi que les programmes de coopération en matière de développement »186.

Une fois ce canevas de base établis et respecté, les rédacteurs du rapport le soumettent pour appréciation au responsable administratif de l'organisation au Secrétariat général dans le cadre de l'OIF, du Commonwealth et au président de la Commission de l'UA. Il faut dire ici que, le plus souvent, celui-ci émet quelques réserves sur certains d'entre eux pour des raisons diverses187. Il faut par exemple relever que la publication des rapports de fin de mission de monitoring des élections reste une question assez complexe au sein de l'organisation francophone parce qu'ici celle-ci requiert pour ce faire « une haute tenue » et une incontestable « fiabilité »188. Mais la question reste tout de même celle de définir les critères de haute tenue et de fiabilité pourtant pas aussi évidents à déterminer ici. Car en effet, si jusqu'alors il n'a pas encore été procédé à la publication des rapports des missions monitoring des élections de 2003 au Togo et celle de 2004 au Cameroun, cela pourrait sans doute signifier que la qualité de la tenue de ces derniers présentent quelques défauts de « fiabilité et de tenue ». Ceci expliquant cela on comprendrait presque les raisons de cette observation faite au rapport provisoire présenté par Son excellence Monsieur Norbert Ratsirahonana à l'issue de la mission monitoring de l'élection présidentielle camerounaise du 11 octobre 2004.

En vertu des dispositions du principe n°5 (2) des principes de Marrakech de 1996,

a) « Dès réception du rapport de la mission d'observation, le Président du CPF le fait diffuser notamment à l'Etat demandeur aux membres du CPF et au Président de l'AIPLF. Il le rend public.

- rationaliser le financement des partis politiques et règlementer le contrôle de leurs dépenses, de façon à assainir la vie politique, en particulier en période électorale, notamment en vue de décourager les candidatures de complaisance ou les désistements tardifs ;

- explorer la piste du bulletin de vote unique ;

- afficher au moins trente jours à l'avance les listes des bureaux de vote, avec indication de leur emplacement, et les communiquer aux partis politiques et aux candidats ;

- s'engager résolument dans la voie de la refonte de l'état civil (registre) et de l'informatisation d'un fichier électoral permanent, à travers la mise en oeuvre d'un projet du type « Liste Électorale Permanente Informatisée » (LEPI). Il conviendrait de se baser sur un recensement électoral approfondi (REA), le dernier recensement datant de 1987 et de s'appuyer sur des données géographiques issues de la cartographie censitaire convertie en cartographie électorale, à l'aide d'un Système Informatique Géographique (SIG) approprié. Le fichier géographique électoral devrait en effet faciliter les discussions sur le découpage électoral ou sur ses modifications. Il contribuerait également à rendre plus efficace l'organisation des scrutins, surtout pour la distribution du matériel et la répartition du personnel. Il permettrait en outre une visualisation rapide des résultats. Ces différents efforts, s'ils sont effectivement conduits, ne manqueront pas d'améliorer le processus électoral au Cameroun, dans le sens de sa démocratisation. Mais chacun sait que les recommandations ne suffisent pas. Encore faut-il en assurer le suivi et la mise en oeuvre concrète.

186 Symposium de Bamako, 3ème Réunion préparatoire, 2003, p. 11.

187 Il convient de noter que selon des sources présentes sur le terrain des élections, le projet de rapport consécutif à l'élection présidentielle camerounaise du 11 octobre 2004 a fait l'objet de quelques observations de la part du Secrétariat Général de l'organisation francophone au motif que celui-ci laissait planer quelques doutes sur la fiabilité des résultats obtenus à l'issue du scrutin. Il en est de même pour le rapport du chef de mission du Commonwealth à l'occasion de la présidentielle du 09 octobre 2011.

188 Cf. Note sur l'observation internationale des élections à l'attention de la commission politique du conseil permanent de La Francophonie, 1er mars 1994, p. 18.

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b) La commission politique examine ce rapport et, si possible, entend le responsable ou le rapporteur de la mission à son retour pour donner un avis au CPF, y compris sur les actions de coopération qui pourraient faire suite au scrutin.

c) Le CPF prend acte du rapport et se prononce sur la suite à lui donner »189.

Derrière les principes posés par le texte de 1996, se greffe une réalité pas nécessairement identique. En effet, les usages de la francophonie ne sont pas en tout point les mêmes. La diffusion du rapport n'est aussi systématique que semble le dire le texte. Celui-ci passe d'abord par le filtre de la commission politique qui, elle, statue sur la pertinence du texte rendu par le rapporteur peut, dans ce cas, le transmettre à l'AIF pour une éventuelle publication. Le caractère automatique de la publication n'est donc pas absolu comme semble l'indiquer le texte, même si les instances de la francophonie pense de plus en plus s'y orienter. C'est dire ici qu'au-delà du texte en vertu duquel « les missions francophones, à l'instar des autres observateurs internationaux publient toujours un ou plusieurs communiqués de presse, notamment à l'issue du processus électoral ; de même (qu') elles rédigent un rapport au Secrétaire général de l'organisation de la francophonie, lequel est systématiquement rendu public »190. Il n'y a pas, à l'AIF de publication systématique des rapports de fin de mission de monitoring des élections même si en revanche les communiqués sont par contre systématiquement publiés. Le principe n°5 l'indique clairement : le CPF prend acte du rapport et se prononce sur la suite à lui donner. Par cette seule formulation on comprend que la question de la publication du rapport de fin de mission prend une signification différente et assume par là même la flexibilité pragmatique des missions internationales ou nationales de monitoring des élections. Dans cette organisation aussi bien que dans d'autres, la question de la publication des rapports est une question pas toujours aisée pour des raisons pratiques comme le rappelle d'ailleurs la note du 13 octobre 2004 dans laquelle il est relevé qu' « il semble difficile de répondre positivement aux nombreuses dispositions nationales qui prévoient que les comptes rendus des missions soient déposés auprès de la structure nationale compétente avant leur départ »191. En plus, il y a la crainte de voir la francophonie « impliquée dans des contentieux électoraux»192. Il y a sans doute ici une grande lucidité de la part des autorités de l'organisation. C'est d'ailleurs le signe que le monitoring des élections n'est pas une catégorie entièrement à part du fonctionnement des rapports internationaux tant au plan juridique que politique. Elle leur est complètement liée. Cette imbrication des missions de monitoring des élections dans les relations internationales et au-delà de l'importance qu'elles peuvent avoir dans le débat juridique et notamment celui relatif à leur statut reste tout au moins tributaire des rapports de forces qui s'expriment dans les relations internationales et a priori bien au-delà de ce qu'on peut, bien que très improprement, qualifier de la « bonne pensance » politique et juridique internationale.

189 Cf. Note sur l'observation internationale des élections à l'attention de la commission politique du conseil permanent de La Francophonie, 1er mars 1994, p. 18.

190 Etat et pratiques de la démocratie des droits et des libertés dans l'espace francophone : éléments pour un premier rapport au Secrétaire général de l'organisation internationale de la Francophonie, Doc francophone, p. 47.

191 Lire à ce sujet le rapport de la mission exploratoire du 24 au 31 juillet 2004, en prélude à l'élection présidentielle d'octobre 2004.

192 Note sur l'observation des élections à l'attention de la commission politique..., 13 octobre 2004, p. 18.

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CONCLUSION PARTIELLE

Il s'agit ici, de répondre à la question des ressources et des logiques des acteurs du monitoring des élections présidentielles. Nous avons analysé d'une part les ressources des acteurs du monitoring des élections et d'autre part les logiques. A ce sujet, nous avons identifié à la fois les ressources financières, matérielles et humaines nécessaires pour les acteurs dans leurs activités de monitoring des élections. Toutes ces ressources réunis donnent aux acteurs des logiques de déploiement sur le champ électoral camerounais à l'occasion d'une élection présidentielle.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

L'intérêt de cette partie réside dans le fait qu'elle nous a permis en premier lieu assurément et ambitieusement de comprendre que les phénomènes sociaux sont en effet d'une particulière complexité, notamment par rapport à ceux de l'ordre physique ; ils doivent souvent une part de leur existence à des micro-logiques individuelles qui demeurent insaisissable dans leur totalité et leur instantanéité par les acteurs eux-mêmes.

Nous avons analysé sur le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011 étant donné que celui-ci se conçoit comme un phénomène politique socialement construit par des règles juridiques et pragmatiques d'une part et socialement structuré par des enjeux d'autre part, nous a permis ainsi de mieux comprendre comment s'explique un fait politique.

En deuxième lieu, celui des ressources de leur répartition dans une situation socialement construite, pour comprendre les logiques de déploiement des acteurs sur le terrain des élections présidentielles au Cameroun.

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DEUXIEME PARTIE

:

USAGES ET EFFETS DE REALITE DU MONITORING
DES ELECTIONS PRESIDENTIELLES AU CAMEROUN

« La présence d'observateurs internationaux à des élections, à l'invitation d'Etats souverains, peut faire toute la différence en ce sens qu'elle permet d'assurer que les élections fassent réellement avancer le processus démocratique. Leur seule présence peut dissuader de mauvaises conduites, assurer la transparence et inspirer la confiance dans ce processus »193

L'un des éléments majeurs de convergence autour de l'envoi et du déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles peut être entendu comme un consensus autour des finalités, celles-ci plus proches de l'efficacité entendue comme la combinaison entre la théorie et la pratique. Cette double considération se justifie par la difficulté à séparer le monitoring des élections de ces deux exigences : l'exigence éthique en ce qu'elle permet de limiter la fraude électorale par exemple, et l'exigence politique parce que toute élection s'inscrit nécessairement dans une perspective d'acquisition du pouvoir. L'objectif d'efficacité se trouverait alors atteint s'il s'orientait vers la satisfaction d'un résultat autour duquel serait déterminée toute l'activité de monitoring des élections présidentielles.

Analyser les usages et les effets des réalités du monitoring des élections présidentielles reviendrait à s'intéresser aux usages plurivoques du monitoring des élections présidentielles (Chapitre 3), aussi bien qu'à ses effets de réalité (Chapitre 4).

193Kofi Annan, huitième secrétaire général des Nations-Unies de 1997 à 2006.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand