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Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à  2011.

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par Jean Pierre Loic NKULU ATANGANA
Université de Douala - Master II Recherche  2012
  

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B. L'émergence d'un principe de légitimité démocratique

Si l'on peut, sans grandes difficultés, cerner ce qu'est l'autonomie constitutionnelle des États, il apparaît plus difficile de donner une définition précise de légitimité démocratique. Pour cause, l'état des relations internationales a mis entre parenthèses, a refoulé une contradiction inhérente au droit international contemporain qui éclate aujourd'hui au grand jour, à la faveur de la transformation de l'ordre politique international. Elle oppose le principe de souveraineté des Etats et son implication majeure, le principe de l'autonomie constitutionnelle des Etats, aux droits de l'homme et au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes283. Il est donc clair aujourd'hui que la forme de gouvernement des membres de la communauté internationale que sont les États-Nations est devenue, dans une mesure croissante, un élément majeur de l'agenda politique international284.

La légitimité démocratique est de nature politique, contenu d'une doctrine politique ou encore un principe de relations internationales ou de politique extérieure de certains Etats. Elle peut aussi être consacrée par le droit, auquel cas, elle est le contenu d'une norme qui élève la valeur au rang d'obligation juridique. Et si elle est consacrée par le droit international, elle peut être le contenu d'une norme régionale ou universelle. La consécration du principe de légitimité démocratique, même si elle n'est pas universelle, a suivi une évolution et se justifie assez largement. A titre illustratif, on peut citer un certain nombre de conventions internationales ou régionales qui mettent en exergue l'exigence démocratique comme condition sine qua non de l'application desdites conventions ou accords à l'image de la Convention ACP/UE signée le 23 juin 2000 à Cotonou (Bénin) avec à l'appui la « conditionnalité démocratique » de l'aide au développement si chère à l'UE, appliquée, de façon discutable, par le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale285.

Cette vision de la scène internationale emporte l'assentiment de Hubert Thierry lorsqu'il écrit en 1997 que le principe de l'égale légitimité des régimes politiques, envisagé comme un corollaire de la souveraineté tend à céder le pas à un principe de légitimité démocratique, soit que les États affaiblis dans le tiers Monde et à l'Est :

283 La notion de « domaine réservé » est une notion directement fondée sur le droit international et la souveraineté étatique et demeure un concept juridique et non politique. A l'origine, la thèse dominante sur la notion comprenait les matières se rattachant à la vie « intime », « domestique » selon la terminologie anglo-saxonne de l'Etat. En particulier, toutes les questions liées à son régime politique ou à la législation sur l'octroi de la nationalité. Cette thèse du « domaine réservé » par nature sera battue en brèche par une approche traditionnelle qui s'est révélée par le truchement du Traité francoanglais du 14 octobre 1903, la Convention I de La Haye. Cette approche sera confirmée par l'article 15 § 8 du Pacte de la Société des Nations (SDN) et par l'article 2 §7 de la Charte des Nations Unies. Il ne paraît cependant pas douteux que la protection des droits fondamentaux de l'individu échappe depuis longtemps au domaine réservé des États. Il suffit, pour s'en convaincre, de considérer le nombre et l'importance des instruments conventionnels consacrés à la question, le développement sur cette base de règles coutumières sinon même de normes de jus cogens. (Voir Combacau, (J) et Sur, (S), Droit international public, 5ème éd., Paris, Montchrestien, p. 254).

284 Jankowitsch, (P), « Suites nationales et internationales à donner au rapport des observateurs électoraux », in Colloque de la Laguna, Liberté des élections et observation internationale des élections, Bruylant, Bruxelles, 1994, p. 259; Gounelle, (M) « La démocratisation, politique publique internationale », in Mélanges, Thierry, (H), L'évolution du droit international, Paris, Pedone, 2001, aux pp. 203 et ss.

285 Feuer, (G), « Le nouveau paradigme pour les relations entre l'UE et les Etats ACP : l'accord de Cotonou du 23 juin 2000 », in R.G.D.I.P., 2002, p. 269.

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« aient pris conscience de l'échec des régimes non-démocratiques et du lien entre les exigences du développement et celle des droits de l'homme, soit qu'ils cèdent à la pression exercée par les puissances démocratiques. L'évolution en ce sens est naissante mais de façon plus radicale le libre choix des modèles (...) des politiques qui apparaissaient, particulièrement de la souveraineté, cède le pas à des choix économiques guidés ou imposés par les dispensateurs d'aides et de concours au Cameroun »286.

A priori difficilement conciliables, souveraineté de l'État et principe de légitimité démocratique peuvent toutefois se rencontrer, dès lors que les tenants de la première et les défenseurs du second ne s'arc-boutent pas sur des approches maximalistes. Toutefois, les faits démentent cette vision des rapports souveraineté étatique-principe de légitimité démocratique.

286 Thierry, (H), «L'État et l'organisation de la société internationale », in L'État souverain à l'aube du XXIème siècle. Actes du Colloque de Nancy : XXVIIe colloque de la Société française pour le droit international, Paris, Pedone, 1994 p. 146.

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CONCLUSION PARTIELLE

Ce troisième chapitre est capital puisqu'il permet d'élucider l'investissement politique et l'usage que les acteurs font du monitoring des élections tant au niveau interne (national) qu'au niveau externe (international). Les logiques stratégiques de participation de chacun permettent de comprendre la perception que les acteurs ont du champ politique et surtout électoral camerounais, et la rationalité attachée à ces champs en termes de motivations et d'enjeux. Il apparaît alors que le monitoring des élections présidentielles est largement fondée sur un dessein hégémonique de l'Etat dans la gestion des affaires intérieures d'une part et d'autre part sur la recherche par les autres acteurs de l'imposition d'un modèle venu d'ailleurs au nom d'une certaine conditionnalité démocratique au Cameroun.

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