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Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à  2011.

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par Jean Pierre Loic NKULU ATANGANA
Université de Douala - Master II Recherche  2012
  

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CHAPITRE 4 : LES EFFETS DE REALITE DU MONITORING DES ELECTIONS PRESIDENTIELLES

« L'un des fondements de l'observation électorale repose sur l'engagement de la communauté nationale et internationale à oeuvrer pour la promotion et la sauvegarde de la démocratie, des droits de l'homme et de la justice de par le monde. »287

La dynamique des missions de monitoring des élections présidentielles a peu transformé le mode de fonctionnement des régimes politiques dans les Etats ou elles se sont déployées. Elle a nécessairement donné matière à de nombreuses interventions ainsi qu'à d'innombrables réflexions autant au Cameroun qu'ailleurs et parfois au sein même de ces missions288.

L'analyse des effets de réalité du monitoring de ces missions, dans le cadre des élections présidentielles reviendrait un tant soit peu à s'interroger sur les mérites et les limites de ces nouveaux acteurs sur le processus de démocratisation en Afrique en général et au Cameroun en particulier, depuis le retour du multipartisme dans notre pays depuis les années 90289.

S'il est vrai que l'exercice n'est pas aisé au regard de la force des déterminismes culturels, et parfois des fluctuations existantes d'un scrutin à un autre, et pour des besoins de logique méthodologique, nous avons choisi d'analyser successivement les mérites (Section 1) et les limites (Section 2) des missions de monitoring des élections présidentielles.

SECTION 1 : LES MERITES DES MISSIONS DE MONITORING DES ELECTIONS : ENTRE AMELIORATION DU PROCESSUS ELECTORAL ET STABILITE SOCIOPOLITIQUE

Il y a incontestablement des mérites au déploiement des missions de monitoring des élections en général et, qui plus est, des élections présidentielles parce que portées par un ensemble de principes et valeurs propres et parce que conduites quelquefois avec une certaine lucidité dans un contexte où la différence de vue est désormais de plus en plus souvent perçue comme une faiblesse devant la tendance à l'uniformisation universelle de ce que certain ont par moment traduit idéalement par la formule de « communauté mondiale »290. Les mérites du déploiement de ces missions se fondent dès lors autant sur cette capacité de singularisation que sur cette adaptation constante à un monde devenu plus complexe et surtout face aux Etats et à des peuples eux-mêmes en quête de repères idéologiques, politiques et culturels et en pleine reconstruction de leur histoire et de leurs positionnements dans une mondialisation dans laquelle ils sont, à quelques exceptions près, moins mondialisateurs que mondialisés291. Ces mérites peuvent dès lors être classés en deux catégories, à savoir : les mérites de fond (Paragraphe 1) et les mérites de forme (Paragraphe 2).

287 Crochetet, (M), Op.cit., p.48.

288 Monney Mouandjo, (S), Op. cit., p. 197.

289 Idem.

290Kissinger, (H), La nouvelle puissance américaine, Paris, Fayard, 2003, p. 223.

291 Hugon, (P), Géopolitique de l'Afrique, Paris Armand Colin, 2006, p.30 ; voir aussi Bourgi, (A) et Colin, (P.J), L'organisation internationale de La Francophonie : un instrument pour l'expansion de la démocratie, Questions internationales n° 22.

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Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011

Paragraphe 1 : Les mérites de fond des missions de monitoring des élections présidentielles

Au fond, le déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles s'appuie sur deux axes majeurs dont la consécration et les constants rappels constituent les éléments déterminants. Il s'agit notamment de la consécration de l'indissociabilité prescrite par les instruments internationaux et nationaux en matière de démocratie et d'élections (A), matérialisée par une lente mais déterminante conversion de la majeure partie des Etats aux valeurs démocratiques (B).

A. La consécration du principe de l'indissociabilité de la démocratie par les instruments internationaux et nationaux et l'évaluation des organes de gestion de l'organisation et de la conduite des élections

Il faut dire que dans le cadre des missions de monitoring des élections de l'OIF et ce, depuis les sommets de Chaillot et de Maurice, il s'est opéré au sein de l'organisation francophone de réelles mutations institutionnelles ainsi qu'une incontestable mutation dans la philosophie même des Etats francophones en général et du Cameroun en particulier. On peut d'ailleurs et à juste titre convenir avec Albert Bourgi, en soutenant notamment que parmi les nombreuses institutions qui, depuis 1989, se sont attachées à permettre la généralisation de la démocratie à travers le monde, la Francophonie occupe une place de choix en élevant au plus haut niveau le débat « interdisant tout retour en arrière »292.

Bien plus, poursuit Albert Bourgi, « par leur Déclaration de Bamako, en date du 3 novembre 2000 les gouvernements des pays ayant le français en partage ont affirmé que « Francophonie et démocratie sont indissociables» et qu'il ne saurait y avoir approfondissement du projet francophone sans une progression constante vers la démocratie et son incarnation dans les faits »293. Ces seules affirmations témoignent de la volonté du Cameroun à s'inscrire dans une dynamique nouvelle fondée à la fois sur l'affirmation des principes textuels sur la base de la Déclaration sus-citée et sur la volonté de traduire ces principes dans les faits294.

En effet, c'est cette Déclaration qui donne un sens nouveau et une portée novatrice au projet démocratique francophone, en ce qu'elle ne nie pas la complexité de la tâche, pas plus qu'elle n'en minimise les difficultés des enjeux. Mais bien au contraire, elle assume cette complexité tout en affirmant les valeurs de l'OIF. Et ce sont ces principes et exigences que reprend la loi n° 2011/02 du 6 mai 2011 fixant les conditions d'élections et de suppléance à la Présidence de la République, qui organisait ainsi l'élection présidentielle du 09 octobre 2011.

Le principe de l'indissociabilité entre les textes internationaux et nationaux en matière de démocratie et d'élections, au regard du déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles, reste néanmoins limitée dans la mesure où ce principe reste autant qu'un principe. Tout dépend donc de ce qu'on met derrière

292 Bourgi, (A), L'OIF et les processus électoraux dans l'espace francophone, 2005, (inédit).

293 Idem.

294 La loi électorale camerounaise a connu à chaque scrutin des améliorations, bien que cela soit perçu par l'ensemble des acteurs politiques comme une manoeuvre du pouvoir en place de conserver le pouvoir en façonnant la loi électorale en sa faveur. Depuis 1992, la loi organisant l'élection du président de la république a subi plusieurs modifications, en notamment trois au total.

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chaque notion295. Car si on peut se féliciter de cette affirmation, il faut néanmoins relever que la théorie même du déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles vient atténuer en quelque sorte l'optimisme qu'aurait pu susciter la notion d'indissociabilité formulée par la Déclaration. S'il est en effet vrai que les élections permettent dans bien de cas de sortir des situations de belligérance comme ce fut encore le cas récemment au Congo démocratique, force est de reconnaître que ces éléments de sortie de crise ne se font pas seulement sur la base de ce principe dit démocratique296.

D'autres paramètres entrent nécessairement en ligne de compte et parmi eux de longues négociations comme lors des élections sénatoriales du 14 avril 2013, avec l'appel du parti au pouvoir, recalé dans l'Adamaoua à ses grands électeurs de voter pour le SDF ou encore le cas en juillet 2007 en Côte d'Ivoire où l'ex rébellion menée par Guillaume Soro a réussi à sceller un accord de paix avec son ex-rival Laurent Gbagbo297.

Plus encore cette reconnaissance ouvre les mérites du déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles au plan formel et notamment à travers une lente mais déterminante émergence des valeurs démocratiques dans les pays de l'organisation francophone. Il faut d'emblée relever que le respect des règles de conduite d'une élection constitue un impératif. L'évaluation des règles en vigueur permet de porter un jugement sur la qualité du scrutin en général et notamment sur la qualité des institutions, des règles ainsi que de leur degré de neutralité et de leur objectivité298. L'évaluation des institutions chargées de l'organisation et de la conduite des élections fait donc partie des priorités des missions de monitoring des élections. Cette évaluation des organes de gestion des élections peuvent à elles seules suffire à juger de la liberté et la transparence d'une élection présidentielle. En 1992 par exemple, lors de l'élection présidentielle anticipée du 11 octobre, le NDI ainsi que l'ensemble des acteurs et des parties prenantes à cette élection estimaient que le MINAT roulait pour le candidat du parti au pouvoir, et jugeait qu'il fallait que cette administration soit exclue de l'organisation et de la gestion des élections299. Comme l'a aussi relevé l'ONG 1MA, une organisation des élections autour du MINATD est de nature à entraver le fonctionnement régulier de la démocratie parce que peu propice à une consultation électorale fiable300.

Pareille observation démontre en effet la rigueur du monitoring qu'aucun élément ne doit être pris à la légère. Tous contribuent à l'observation et sont objet d'observation et d'évaluation. Car, une institution trop puissante peut effectivement donner lieu à des élections biaisées, de même qu'une loi léonine peut difficilement

295 Monney Mouandjo, (S), Op.cit.,p. 357.

296 Idem.

297 Konadje, (J-J), L'intervention de l'ONU dans la résolution du conflit intraétatique ivoirien, Thèse de Doctorat en Science Politique, Université de Toulouse, 2010, pp. 94-96. L'on peut aussi voir les cas de la République Centrafricaine en 2005 et la Mauritanie où le scrutin de 2007 a été présenté par nombre d'observateurs comme l'un des plus brillants succès démocratiques de ces dernières années, comme en témoigne la note de l'organisation non gouvernementale, Article XIX qui, dans un communiqué de presse en date du 12 mars 2007, indique que : « Article 19 se félicite de la tenue de ce scrutin et invite les nouvelles autorités qui seront issues des urnes à tout mettre en oeuvre pour consolider les acquis démocratiques en Mauritanie ».

298 Transparency International Cameroon, Rapport final de la mission d'observation électorale, élection présidentielle du 09 octobre 2011, p. 4.

299 Rapport provisoire de la mission d'observateurs internationaux du NDI, « Election présidentielle anticipée du 11 octobre 1992 », in Les Droits de l'Homme au Cameroun. Livre Blanc publié par le gouvernement de la République du Cameroun, Yaoundé, Editions de l'Imprimerie Nationale, 1994, p. 249.

300 Un Monde Avenir, Mission d'observation électorale de la présidentielle du 9 octobre 2011, rapport national d'analyse.

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être considérée comme démocratique, d'où la nécessité de la mise en place des institutions fiables pour la construction d'une culture des principes démocratiques et l'observation des instruments juridiques électoraux.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius