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La pensée morale de Kant comme alternative aux défis du monde contemporain.

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par Joseph BALIMA
Université de Ouagadougou - Maà®trise de Philosophie 2103
  

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I.3 La morale des temps Modernes

Jean Jacques Rousseau est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières et eut une influenceintellectuellereconnue sur la révolutionFrançaise. Arthur Schopenhauer le considère comme le «plus grand des moralistes modernes ». Schopenhauer disait : « Ma théorie a pour elle l'autorité du plus grand des moralistes modernes : car tel est assurément le rang qui revient à Jean Jacques Rousseau, à celui qui a connu si à fond le coeur humain, à celui qui puisa sa sagesse non dans les livres ,mais dans la vie ; qui produisit sa doctrine non pour la chaire, mais pour l'humanité ; à cet ennemi des préjugés, à ce nourrisson de la nature , qui tient de sa mère le don de moraliser sans ennuyerparce qu'ilpossède

la vérité et qu'il émeut les coeurs .»10 Il faut cependant souligner d'emblée que le
principe de la pitié définie par Rousseau dans différentes oeuvres peut bien apparaître comme un mystère difficile à expliquer. Les spécialistes de la question

comme Paul Audi reconnaissent ainsi qu'elle pose « des
problèmesdoctrinauxinextricables
. »11 Mais au-delà de ces problèmes notre propos sera de montrer en quoi la pitié peut être considérée comme la condition de

10 Arthur (Schopenhauer), trad A- Burdeau, Le fondement de la morale, Paris, Aubier-Montaigne, 1978,p 162. 11Pierre(Audi), Rousseau, Ethique et passion, Paris, puf 1997 p 137.

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reconnaissance de l'autre et donc comme un fondement de la morale. Ce faisant nous essaierons de voir en quoi la pitié est à l'origine de tout sentiment d'appartenance et de toute communauté.

Dès le discours sur l'inégalité Rousseau a défini ce «principe de l'âme» qu'est la pitié. En voulant renouveler la connaissance de l'homme, ilélabore une anthropologie dont le but est une réductiongénétique destinée à voir ce qu'il est, abstraction faite de l'évolution historique. Ainsi, deux principes pré rationnels sont mis en évidence par Rousseau ; l'amour de soi et la pitié lorsqu'il s'exprime : «Méditant sur les premiers et les plus simples opérations de l'âmehumaine, jÿcrois apercevoir deux principes antérieurs à la raison dont l'un nous intéresseardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-mêmes et l'autre nous inspire une répugnance à voir périr ou souffrir tout être sensible etprincipalement nos semblables. »12

Rousseau veut dire ici deux choses .Tout d'abord que l'homme est naturellement porté à se préférer lui-même à tout autre dans la vie. Il peut donc en certains cas s'opposer violemment à un autre si sa vie en dépend. Mais il n'est ni naturellement ni gratuitement méchant ou pervers, car sa brutalité ne va pas au-delà de ses intérêts. En cesens, la méchanceté n'est pas le propre de l'homme social et de sa raison raisonneuse. Ensuite, Rousseau montre chaque homme comme tout être vivant, éprouve une aversion innée pour la souffrance d'autrui. Aussi, la pitié n'est-elle pas le fruit d'un raisonnement qui viendrait tempérer la brutalité de ses affections. C'est un moment instinctif et naturel, en deçà de tout raisonnement. Si le triste spectacle du monde ne nous permet pas souvent de le voir à l'oeuvre, c'est que la facilité des passions sociales est parvenue à l'étouffer. Pour ne pas être en contradiction avec sa conscience, il suffit de « s'argumenter un peu » comme dit Rousseau. Mais, « l'homme sauvage n'a point cet admirable talent et faute de sagesse et de raison, on le voit toujours se livrer étourdiment au premier sentiment de l'humanité13. Pour Rousseau, la pitié vient donc modérer dans chaque individu l'activité de l'amour en

12 Rousseau(J.J), op, cit, préface, p125-126.

13 ibidem p. 156

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soi-même. En cela, elle concourt à la conservation de l'ensemble de l'espècequi, sinon, serait promise à une rapide extinction.

Dans l'Essai sur l'origine des langues, Rousseau note que la pitié nécessite le support de l'imagination et de lumières pour que chacun puisse êtretouché par la souffrance de l'autre. Pour lui, « la pitié bien que naturelle au coeur de l'homme resterait éternellement inactive sous l'imagination qui la met en jeu(..) Comment imaginerai-je des mots dontje n'ai aucune idée ? Comment souffrirai-je en voyant souffrir un autre sije ne sais même pas qu'il souffre, si j'ignore ce qu'ilya de commun entre lui et moi ? Celui qui n'a jamais réfléchi ne peut être ni clément ni pitoyable ; il ne peut pas non plus êtreméchant et indicatif. Celui qui n'imagine rien ne sent que lui-même ; il est seul au milieu du genre humain. »14

La pitié permet en effet la naissance et l'affirmation de toute conscience morale. Comme nous l'avons vu, la pitié tempère en l'homme l'instinct de l'amour de soi-même. Cette modification opérée à la fois par le sentiment et la raison «produit l'humanité et la vertu ».15La pitié est donc l'appui naturel et pré-rationnel de toute morale. L'important pour nous est alors de bien voir que dans la société, les hommes forment une communauté morale : « De cette seule qualité (la pitié), découlent toutes les vertus sociales. En effet, qu'est-ce que la générosité, la clémence, l'humanité, sinon la pitié appliquée aux faibles, aux coupables, ou à l'espèce humaine en général ? La bienveillance et l'amitié même sont à bien prendre, desproductions d'une pitié constante fixée sur un objet particulier : car désirer que quelqu'un ne souffre point, est-ce autre chose que désirer qu'il soit heureux ?16

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