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Le consensus en droit électoral camerounais


par Rodrigue Stéphane Agathon Ondoa
Université de Douala - Master 2 2017
  

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B- L'obligation juridique de conformité

Relativement à l'obligation juridique de conformité aux valeurs contenues dans la constitution, il faudrait remonter à HANS KELSEN dans sa Théorie pure du droit. Ce dernier avait établi que l'architecture des textes juridiques dans un État se présente de façon hiérarchique. Au sommet de celle-ci se trouve une norme fondamentale, norme qu'on connaît désormais sous le nom de constitution depuis les évènements de la fin du XIXème siècle105. Cette position recueille l'assentiment de la doctrine publiciste en ce que la constitution, d'après ZOLLER E.

101 Le terme ordre juridique qui s'entend autrement de « système juridique » ou d' « ordonnancement juridique », désigne l'ensemble des règles qui, pour un Etat et à un moment donné, définissent le statut des personnes publiques et privées et les rapports juridiques qui existent entre elles. Il symbolise l'ordre social, un tout cohérent, rationnel dans lequel chaque norme à une place bien déterminée.

102 Article 45 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.

103 Selon BARBE (Vanessa) et MILLET (François-Xavier), « La constitutionnalisation transfigure juridiquement les valeurs propres à une société donnée en instant « t » en leur conférant l'imprimatur suprême », op.cit., p.469

104 ATANGANA (Etienne Joël Louis), Thèse, op.cit., p.296.

105 En référence au mouvement constitutionnaliste qui revendiquait la supériorité normative de la constitution dans l'ordre interne, mettant fin au « légicentrisme ».

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dans son ouvrage maître Droit Constitutionnel est perçue comme un acte qui « définit les principes et les règles selon lesquels seront résolues les questions communes et générales »106. Malgré le fait qu'elle soit «asservie par les faits »107, l'hégémonie constitutionnelle se trouve toujours restaurée comme l'affirme à juste titre PATERNE MAMBO 108 . Ainsi placée, la suprématie constitutionnelle109 « induit la conformité des règles inférieures et corrélativement en cas de contrariété leur invalidité, avec comme conséquence que, dans le meilleur des mondes juridiques, elles ne devraient jamais entrer en vigueur ou toutes être supprimées de l'ordre juridique »110. Pour cette raison, THÉODORE HOLO conscient du jeu des acteurs politiques n'a pas cru si bien dire en réitérant l'utilité d'un contrôle de constitutionnalité de la loi 111 et notamment électorale. En considérant que « les règles électorales énoncées dans les constitutions ne sont pas de voeux pieux, mais constituent plutôt des normes juridiques que les régimes constitutionnels et démocratiques sont tenus de respecter »112, le contrôle de conformité induit par la suprématie constitutionnelle tend aussi à renforcer l'idée que « la volonté du peuple souverain, directement et solennellement exprimée par lui à travers la constitution, est supérieur à celle de ses représentants ordinairement exprimée par la loi »113.

Du coup les valeurs sociales ratifiées et contenues dans le texte constitutionnel s'imposent comme de véritables « obligatoires » au législateur. Ce dernier doit-il tenir compte des engagements internationaux de l'État contenus dans le texte constitutionnel. Au Cameroun, ces valeurs sont pour la plupart énoncées dans le préambule. Faut-il encore rappeler que le préambule fait partie intégrante de la constitution.

La loi électorale dans ce sillage se doit de se conformer en tout état de cause au texte constitutionnel dont elle tire inexorablement ses racines du point de vue de la procédure comme du contenu, afin d'assurer la cohérence juridique du système normatif des élections. Aussi la

106 Cité par NDJIMBA (Kevin Ferdinand), L'internationalisation des constitutions des Etats en crise : Réflexions sur les rapports entre Droit international et Droit constitutionnel, Th. Doctorat en Droit, février 2011, p.201.

107 Expression empruntée au Professeur KARIM DOSSO, « Les pratiques constitutionnelles dans les Etats d'Afrique noire francophone (...) », op.cit., p.72.

108 MAMBO (Paterne), Les rapport entre la constitution et les accords politiques dans les Etats africains : Réflexion sur la légalité constitutionnelle en période de crise, Revue de droit de McGill, Vol.57, n°4, 2012, p.941.

109 Lire BETUKUMESU MANGU (André Mbata), « Suprématie de la constitution, indépendance du pouvoir judiciaire et gouvernance en République démocratique du Congo ».

110 KARIM (Dosso), « Les pratiques constitutionnelles dans les Etats d'Afrique noire francophone (...) », op.cit., p.73.

111 HOLO (Théodore), « Emergence de la justice constitutionnelle », Pouvoirs, R.F.E.C.P, n°129, 2009, p.103.

112 RESEAU DU SAVOIR ELECTORAL ACE, Cadre juridique, op.cit., p.29.

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cohérence normative devra permettre, en dernière analyse de réaliser l'État de droit pour une meilleure sécurité juridique. L'érection du consensus au niveau constitutionnel permet de le hisser au rang des fondements du droit électoral.

PARAGRAPHE 2 : LA RECONNAISSANCE DU CONSENSUS COMME FONDEMENT DU DROIT ÉLECTORAL

Dans son cours introductif de contentieux électoral, ATANGANA ETIENNE JOËL LOUIS souligne le nécessaire arrimage du droit électoral à la logique internationale. À la réalité, les règles électorales au Cameroun sont loin de recueillir l'assentiment des acteurs politiques, ceux-ci y voient, pour la plupart, un instrument de perpétuation de la domination du parti au pouvoir. Désormais élément de discorde, ces règles vont entrer dans une crise sans précèdent. Le travail des autorités étatiques dans cette situation est donc principalement axé dans le sens de restituer à la norme électorale un certain dynamisme teinté des valeurs démocratiques. En inscrivant donc le consensus au rang des valeurs constitutionnelles, le droit électoral camerounais qui tire son fondement de la constitution sera-t-il alors en fin revalorisé (A). Toutefois, même s'il est vrai que l'entrée des valeurs internationales dans le système électoral national n'est pas forcément de mauvais aloi pour l'avenir du droit constitutionnel en général et du droit électoral en particulier114, l'on ne peut non plus faire fi d'ignorer que cette introduction en plus de mettre la constitution au pas, réduit considérablement le champ du « domaine réservé » des États (B).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway