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Le consensus en droit électoral camerounais


par Rodrigue Stéphane Agathon Ondoa
Université de Douala - Master 2 2017
  

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B- Le problème du « domaine réservé » de l'État

L'investissement du système électoral national par les valeurs de l'international n'est plus un phénomène étranger. Avec «la mondialisation du droit », il faut désormais considérer la

116 Ibidem.

117 KARIM (Dosso), « Les pratiques constitutionnelles dans les Etats d'Afrique noire francophone : cohérences et incohérences », Revue française de droit constitutionnel, 2012/2, n°90, p.82.

118 Cité par KARIM (Dosso), Ibidem.

Le consensus en droit électoral camerounais

perméabilité des systèmes juridiques. Touchant la sphère nationale, l'internationalisation qui résulte de ce mouvement devenu irréversible investit dès lors sans surprise les domaines « hautement internes ». Le système électoral qui captive de plus en plus l'attention de la communauté internationale, va devenir par la même occasion le terrain de prédilection des règles internationales.

C'est que la production législative originellement relève de la compétence souveraine des États, en vertu du traditionnel principe de l'autonomie constitutionnelle119. L'on a donc toujours considéré jusqu'à une époque récente que la régulation des élections par conséquent relevait de « l'autorité exclusive de l'État». Toutefois avec « la mondialisation du droit », on « s'aperçoit aujourd'hui que l'internationalisation touche de plus en plus à la matière électorale » 120 . L'affirmation du professeur DIDIER MAUS selon laquelle « les élections ne dépendent plus uniquement du cadre constitutionnel national (et qu'il) existe une véritable dimension internationale des élections » 121 , vient raviver le débat sur les implications de l'internationalisation du droit électoral en rapport avec la souveraineté. C'est en effet par la prolifération des valeurs de l'international dans l'ordre interne que l'État se trouve quelque peu dépouillé de « la compétence des compétences »122. Le domaine réservé123 devient-il du fait de l'internationalisation le domaine partagé ?

Il faut reconnaître que dans la mesure où ce phénomène opère une sorte d'intervention des instances internationales dans les domaines relevant de la compétence des États, il se produit un dessaisissement même temporaire des autorités nationales124. Les développements actuels de l'internationalisation vont plus loin. Pour PIERRÉ-CAPS « l'intervention de la communauté internationale dans la résolution des crises ne se limite plus à l'envoi de force d'interposition.

119 L'article 2 du paragraphe 7 de la Charte des Nations Unies pose avec réserve le principe de l'autonomie constitutionnelle lorsqu'il dispose d'une part « que aucune disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat (...), et d'autre part que ce principe toutefois ne porte en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues au chapitre VII ».

120 SABI (Kassere Afo), Thèse, op.cit., p.117.

121 Cité par SABI (Kassere Afo), op.cit., p.118.

122 Expression consacrée pour marquer l'exclusivité de la compétence de l'Etat dans un domaine ; employée par SADRY (Benoit), Thèse, op.cit., p.105.

123 Le domaine réservé s'entend du « domaine d'activités dans lequel l'Etat, n'étant pas lié par le droit international, jouit d'une compétence totalement discrétionnaire et, en conséquence, ne doit subir aucune immixtion de la part des autres Etats ou des organisations internationales », SALMON (Jean), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, bruylant, 2001, p.356.

124 SABI (Kassere Afo), Thèse, op.cit., p.115.

Le consensus en droit électoral camerounais

Elle prend (...) plus que jamais aujourd'hui une dimension juridique à tout au moins constitutionnelle » 125 . On comprend dès lors toute l'inquiétude qui découle de l'internationalisation du droit électoral126.

L'inquiétude à lieu à deux niveaux :

Au premier niveau, elle résulte de l'instabilité du système international qui à tout égard pourrait s'étendre sur la matière électorale. Dans un second moment, l'inquiétude est axée sur l'altération supposée de la compétence étatique. Comme le fait remarquer AFO SABI ce dernier cas, objet de notre analyse, a pris sous l'effet de l'internationalisation une ampleur qui est telle que le domaine hautement interne des États se trouve inéluctablement touché127. De toutes les façons, même si la production du droit électoral relève toujours en premier ressort de la compétence étatique, elle n'empêche pas pour autant le recadrage des acteurs internationaux face à certains législateurs véreux. De plus les législateurs font de plus en plus référence aux valeurs de l'internationale comme on le verra plus bas. D'ailleurs AFO SABI n'a-t-il pas lui-même reconnu que « la plupart des normes électorales sont aujourd'hui d'essence ou d'inspiration de cet ordre international »128. L'implication internationale dans les processus électoraux des États fragiles à l'instar de ceux d'Afrique noire est devenue presque incontournable, voir nécessaire. En tout cas, en considération des actions menées par les acteurs internationaux dans la matière électorale, le Doyen MELEDJE voit en l'élection une véritable affaire internationale129. Elle n'est donc plus la seule affaire de l'État130. C'est donc dire en dernière analyse que la sécrétion du droit électoral par les législateurs nationaux ne saurait évoluer en marge de cette nouvelle donne. Le domaine dit réserver devra tout simplement coexister avec la normalité internationale.

Quoi qu'il en soit, la juridicisation du consensus a permis d'impulser une nouvelle dynamique dans le processus démocratique au Cameroun.

125 Cité par KARIM (Dosso), « Les pratiques constitutionnelles dans les Etats d'Afrique noire francophone (...) », op.cit., p.82.

126 SABI (Kassere Afo), Thèse, op.cit., p.120.

127 Ibidem.

128 SABI (Kassere Afo), Thèse, op.cit., p.121.

129 MELEDJE (Djedjro Francisco), « Le contentieux électoral en Afrique », op.cit., p.151.

130 Ibidem.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams