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Les terrasses du Pech de Foix: recherches « ethno-historiques » pour la mise en oeuvre d'un sentier d'interprétation et perspectives de dynamisation du site

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par Elise LABYE
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 professionnel Aménagement et développement transfrontalier de la montagne 2011
  

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3. Les terrasses de cultures en Ariège

Figure 2: La France des terrasses de culture à mur de soutènement en pierres sèches.

Source : (c) Christian Lassure9

9 http://www.pierreseche.com/regions_a_terrasses.htm, consulté le 12 Août 2011.

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L'Ariège constitue selon la carte ci-dessus la limite ouest de la zone méditerranéenne et pyrénéenne française où l'on trouve des terrasses. Les zones où elles sont le plus présentes sont la haute-Ariège et le Donezan, où elles peuvent couvrir des pans entiers de montagne. Ce sont les influences climatiques de la méditerranée et la pierrosité abondante qui ont contribués à leur apparition et permettent des cultures sèches spécifiques (la vigne par exemple). Dans les Pyrénées Orientales les versants en terrasses sont couverts de cultures de vigne, notamment dans la région de Banyuls. En Ariège, la grande majorité des terrasses ne sont de nos jours plus cultivées et pour en savoir plus sur leurs usages anciens, on peut notamment se référer à des ouvrages de géographie humaine classique.

L'ouvrage de Michel Chevalier « La vie humaine dans les Pyrénées ariègeoises » paru en 1956 est issue d'une thèse de géographie humaine réalisée à partir d'une enquête très minutieuse menée sur la partie montagneuse du département. Il comporte des éléments intéressants concernant les terrasses de cultures en Ariège, les usages anciens qui y sont liés et leurs évolutions.

« Les préférences des premiers agriculteurs, créateurs des actuels paysages agricoles, n'étaient nullement comparables à celles des cultivateurs modernes. L'on recherchait des terres légères et faciles à travailler plus que les terres fertiles. Essentiellement vivrière, l'agriculture ancienne s'accrochait aux terroirs ensoleillés, propices aux céréales, si incommode que fut leur assiette. Or, c'était surtout la montagne qui était riche, non seulement en estives, mais en grands versants ensoleillés et en sols légers. [...] La soulane est par excellence le terroir de montagne », une importance « liée aux phénomènes d'ensoleillement. [...] la construction d'innombrables murettes, à flanc de pente, n'empêche pas le glissement des terres ; leur remontée, le plus souvent à dos d'homme, constituait l'une des tâches les plus rudes de l'ancienne agriculture [...] le caractère très meuble des sols de montagne a longtemps suffi à compenser, aux yeux de paysans mal outillés, leurs multiples désavantages. Mais ces terres à seigle, à sarrasin et à pommes de terre, assez bien adaptées à l'économie ancienne, ne le sont plus du tout aux exigences de l'agriculture moderne ; ce sont parfois les terroirs qui avaient été le plus précocement mis en valeur qui sont de nos jours [c'est-à-dire dans les années cinquante] les plus proches de l'abandon. » (CHEVALIER, 1956)

Ces premières considérations permettent de confirmer l'idée selon laquelle l'occupation et l'aménagement de versants en terrasses de culture sont probablement très anciens dans le département. Et, contrairement à ce que l'on croit communément, leur

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occupation n'est pas seulement liée à phénomènes de surpopulation obligeant les montagnards à coloniser ces espaces difficiles bien que cela ait contribué à leur colonisation à certaines époques. Ces terroirs étaient très prisés avant la mécanisation de l'agriculture malgré de fortes contraintes comme l'entretien des murs et la remontée régulière des terres ravinées, à l'aide des gourbilles10.

En Cerdagne, aux alentours de 1800 mètres, la période de fonctionnement d'une terrasse agricole a été située autour de l'âge du Bronze. Des datations qui sont possibles grâce aux techniques de l'archéologie de l'environnement comme la pédoanthracologie11. Des données qui sont cohérentes avec « les évidences palynologiques d'une conquête pastorale générale de la montagne pyrénéenne à la fin de l'Age du Bronze. » (Marie-Claude BAL 2006).

Lorsque les montagnes pyrénéennes étaient très peuplées12 et que le système « traditionnel » était en plein essor, elles servaient aux cultures de céréales telles que le blé noir, l'orge, le seigle mais aussi pour la pomme de terre qui était un pilier de l'alimentation des populations des régions de montagnes. La culture de la vigne occupait aussi une place de choix sur les espaces terrassés d'Ariège. C'était le cas sur une bonne partie des terrasses du Pech de Foix. Toujours dans l'ouvrage de Michel Chevalier, au chapitre concernant la culture de la vigne, nous pouvons en trouver quelques indications :

« ...Les trois grandes zones viticoles des Pyrénées Ariègeoises : le bassin de Saint-Girons, le Mas d'Azil, et enfin le vignoble de Foix étalé sur les terrasses de l'Ariège et sur les flancs du Pech de Foix ». Il indique également à propos du paysage des vignobles en pentes : « Celles-ci sont coupées de petites murettes, qui non seulement retiennent les terres, mais procurent aux vignes des étroites terrasses les avantages de la réverbération. Presque au dessus de Montgailhard, le Pech de Foix étage encore les gradins innombrables de son ancien vignoble. »

De nos jours, ces terrasses servent le plus souvent de pâturages. Mais, après un abandon plus ou moins long, actuellement, des acteurs locaux utilisent certains espaces de terrasses et y développent des activités plus ou moins éloignées de ce à quoi elles étaient destinées à l'origine. Si certains les réhabilitent à des fins de cultures, d'autres sont l'objet d'une valorisation pour des usages de loisirs. Nous allons voir maintenant quels sont les

10 Sorte de panier en osier qui se porte sur le dos et sert à remonter la terre descendue des terrasses.

11 Il s'agit d'une discipline de l'archéobotanique qui repose sur l'étude des charbons de bois.

12 Le pic de population se situe au milieu du XIXème siècle.

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objectifs et les moyens du programme 1001 terrasses d'Ariège qui les accompagne dans leur démarche.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault