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Conflits enAafrique centrale: le cas de la RCA de 1960 à  2013. Dynamique récurrente d'une trappe de conflictualité

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par Yannick Stéphane NGBWA ESSO
Université de Yaoundé II - Master-Recherce en Science Politique, option: Relations Internationales 2014
  

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PARAGRAPHE 2 : L'INSUCCES DES PROCESSUS DE RECONCILIATION NATIONALE

Les processus de réconciliation nationale entamés en RCA pour unir le peuple ont fait preuve de limites qui n'ont pas permis leur réussite. D'abord, ces processus ne sont pas à proprement parler inclusifs (A). Ensuite, la justice qui est l'un des mécanismes par lesquels ils se déploient, brille par sa partialité (B).

A. DES PROCESSUS EXCLUSIFS

L'International Institute for Democracy and International Assistance (IDEA) définit la réconciliation comme un processus global incluant des instruments clés tels que la justice, la vérité, la cicatrisation et la réparation afin d'assurer la transition d'un passé divisé à un avenir commun208(*).

En RCA, les différents conflits ont mis aux prises des communautés qui vivent dans la méfiance. Les différents affrontements entre les ethnies du Nord et celles du Sud sont assez révélateurs d'un climat de tensions sociales qui règnent dans le pays. Depuis plus de cinq décennies, le clientélisme, le favoritisme, les violations des droits de l'homme, les exactions, les exécutions sur les seules bases ethniques et religieuses ont été légion dans le pays. A la fin de chaque crise, des processus de réconciliation ont été entamés pour calmer les rancoeurs et les vengeances ; et permettre au peuple centrafricain de (re)vivre dans l'entente. Ces processus reposaient sur le pardon, la justice et le partage du pouvoir. A cet effet, du 8 au 15 décembre 1981 s'est tenu le tout premier forum national appelé : séminaire national. Le deuxième a lieu en août 1992 sous le nom de grand débat national. Le troisième s'est tenu en mars 1998 sous le nom de Conférence de Réconciliation Nationale (CRN). Le quatrième intervient en septembre 2003 sous l'appellation de dialogue national. Le cinquième intitulé dialogue politique inclusif a lieu du 8 au 20 décembre 2008209(*). Voilà autant de processus mis en oeuvre pour réconcilier les Centrafricains. Lesdits processus suscitent toujours de l'espoir. Leurs objectifs sont la recherche des voies de sortie de crise devant aboutir à la réconciliation nationale profonde, à la paix et à la stabilité durable.

Malheureusement, ils semblent davantage concerner les hommes politiques et les partis politiques. Ceux-ci ne défendent que leurs intérêts propres et ne cherchent qu'à avoir une part du gâteau au détriment des autres couches socioprofessionnelles. Ces processus ne font que ressasser des solutions déjà connues et non mises en oeuvre. Les engagements qui en découlent ne sont jamais appliqués.A titre d'exemple, Ange-Félix PATASSE non prédisposé au dialogue, fait peu de concessions envers l'opposition. Il met plutôt tous ses efforts à la consolidation de son pouvoir. Pour ce faire, il le repose sur sa base ethnique les Kaba, son parti politique le MLPC, ses affidés, etc. A partir de là, il n'était pas aisé que les différentes populations centrafricaines se fassent confiance mutuellement et aux institutions étatiques.

Au final, on constate une rébellion quasi permanente parce que ces conférences nationales, dialogues politiques inclusifs et autres dialogues nationaux n'ont jamais abouti à des résultats probants210(*).

B. UNE JUSTICE SELECTIVE ET A MINIMA

La justice en principe est sensée juger les auteurs de crimes des deux camps. En RCA, les vaincus sont plutôt dans son collimateur. On note une partialité des poursuites. Le cas du Général François BOZIZE est édifiant à ce sujet. Aucune poursuite n'est retenue contre les rebelles sous ses ordres lors du coup d'Etat de 2003. Par contre, il y'a eu des poursuites pénales sélectives s'appuyant sur des enquêtes légères pour juger certains crimes commis par les hommes d'Ange-Félix PATASSE211(*).Ces derniers estiment par ailleurs que ce serait tout de même paradoxal que de vouloir rassembler et réconcilier les Centrafricains pendant qu'on traine certains devant les tribunaux et que d'autres ne sont pas inquiétés. On parle de justice sélective ou justice des vainqueurs. Ce qui tend à créer d'autres frustrations et à raviver des tensions qui à la base, étaient censées disparaitre avec les processus de réconciliation. Par exemple, le Tribunal Militaire Permanent (TMP) censé juger les infractions commises par des militaires, n'a pas siégé depuis 1997. La faute aux nombreux troubles politiques et militaires qui n'ont eu de cesse de se succéder. Sa partialité est remise en doute car il est constitué de 4 juges issus des rangs de l'armée et d'un seul procureur issu du milieu judiciaire.

Or, pour qu'il y ait vraiment réconciliation, la justice doit faire la lumière sur tous les crimes commis et situer les responsabilités des uns et des autres sans bouc émissaire. Tous les individus impliqués dans les crimes, quelle que soit leur obédience religieuse ou leur appartenance ethnique et politique devraient être inculpés et jugés selon les normes internationales des droits de l'homme.

* 208 IDEA, La réconciliation après un conflit violent, idea.int/publications/reconciliation/upload/policy_summary_fr.pdf (site internet consulté le 22 juin 2016).

* 209 Cf. Rose NDO'O, « RCA, le dialogue politique inclusif, un de trop ? », Enjeux, numéro 38, mars 2008, p. 94-95.

* 210 Cf. Fabien BOUSSI-BOULAGA, Les Conférences nationales en Afrique Noire : une affaire à suivre, Paris, Editions Karthala, 1993, 240p.

* 211 Cf. « République Centrafricaine. Fin de la transition politique sur fond d'impunité. Quelle réponse apportera la Cour pénale internationale ?, Rapport Mission Internationale d'Enquête du FIDH, numéro 410, février 2005, p. 28.

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