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Conflits enAafrique centrale: le cas de la RCA de 1960 à  2013. Dynamique récurrente d'une trappe de conflictualité

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par Yannick Stéphane NGBWA ESSO
Université de Yaoundé II - Master-Recherce en Science Politique, option: Relations Internationales 2014
  

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CONCLUSION DUCHAPITREI

Les facteurs endogènes des conflits en RCA sont au nombre de trois. Il s'agit d'abord des facteurs politiques. Ceux-ci sont liés aux conditions d'accession à l'indépendance et à l'exercice et au contrôle du pouvoir. Ensuite, viennent les facteurs socioéconomiques avec notamment la mauvaise gestion des biens publics et le manque de contrôle et de souveraineté sur les ressources du pays. Ils entrainent inéluctablement la paupérisation de la population.Enfin, les facteurs culturels à travers les rivalités ethniques et l'instrumentalisation des différences religieuses dans un pays à forte diversité culturelle.Ces facteurs endogènes sont en corrélation avec d'autres facteurs dits exogènes pour produire la guerreen RCA.

CHAPITRE II :

LES FACTEURS EXTERNES DE PRODUCTION DE L'INSTABILITE EN RCA

La RCA comme la plupart des pays de la sous-région a connu la colonisation française. Celle-ci s'étend sur la période 1903-1960. La quête de l'intérêt national et la recherche de l'équilibre des forces sont le moteur de l'introduction de la France dans le pays. Clairement, elle vise le contrôle et l'exploitation de ses richesses. Pour ce faire, elle instaure une politique d'assimilation, véritable « soupape de sureté »116(*). Elle consiste à diviser les ethnies pour mieux asseoir sa domination. Cette politique a laissé des traces indélébiles au sein de la société centrafricaine. Les legs de la colonisation constituent des sources de conflits en RCA (SECTION 1). Outre la colonisation, l'essor de la mondialisation alimente les influences extérieures. En effet, bon nombre d'acteurs étatiques ou non s'activent sur le sol centrafricain. Les raisons sont criminelles, hégémoniques, stratégiques, etc. Toujours est-il que leurs actions entrainent l'instabilité et l'insécurité dans le pays (SECTION 2).

SECTION 1 : LE POIDS DES HERITAGES

L'empreinte du contact entre la France et la RCA est profonde. L'une des principales causes de sa conflictualité repose sur son histoire. En étudiant la colonisation, on y décèle les prémisses d'une fracture entre les différents groupes qui la composent (PARAGRAPHE 1).C'est sans compter le modèle étatique inapproprié dont héritent les leaders centrafricains. Son caractère extraverti et son déficit d'autonomie maintiennent le pays dans « l'archaïsme politique »117(*) (PARAGRAPHE 2).

PARAGRAPHE 1 : LES SEQUELLES DE LA COLONISATION FRANCAISE

La colonisation françaiseest une cause lointaine des conflits centrafricains.Elle est à l'origine de disparités entre les ethnies. Ces inégalités sont liées au découpage arbitraire des frontières118(*) qu'elle a établi (A). Elles reposent aussi sur les rivalités et les frustrations qu'elle a exacerbées auprès de certaines ethnies (B). De là naissent une certaine culture de violence et de résistance et des rapports au pouvoir assez atypiques. Ils sont à l'origine des coups d'Etat et des rébellions.

A- LES FRONTIERES CENTRAFRICAINES, ENTRE DECOUPAGE ARBITRAIRE ET POROSITE : UN REMODELAGE RADICAL DE LA CARTE POLITIQUE

Un des legs majeurs de la colonisation en RCA est assurément son découpage. La rupture avec le passé a été plus ou moins brutale. Le pays est une construction artificiellement née de l'époque coloniale française à l'aube du XXe siècle : il s'agit «des constructions géopolitiques datées»119(*). Les frontièressont de fait à l'origine des conflits de l'avis d'ETEKIMBOUMOUA120(*). Elles ne furent pas tracées par la France pour délimiter les frontières d'un futur pays souverain. Elles étaient destinées au découpage administratif colonial. Ces frontières avaient pour objectif d'améliorer le contrôle du vaste territoire de l'AEF.Celui-ci englobait le Gabon, le Congo Brazzaville, le Tchad et la RCA d'aujourd'hui. Dans cette structure coloniale, le Tchad et la RCA actuels faisaient partie d'une même entité sous-administrative: la province de l'Oubangui Chari du nom des fleuves principaux, l'Oubangui en RCA et le Chari au Tchad. Lorsque la partie Oubangui de ce territoire obtint son indépendance en 1960, le nouvel Etat centrafricain adopte l'ancien découpage administratif colonial de l'Oubangui Chari pour définir ses nouvelles frontières souveraines. Malheureusement, les dirigeants politiques avaient miné l'avenir du processus de construction nationale du pays. La transformation des limites territoriales coloniales en frontières nationales plus petites a obligé les communautés ethniques à vivre ensemble bien que n'ayant pas d'identité commune. Le tracé de ces frontières a créé des configurations inattendues réunissant dans le territoire des peuples qui vivaient séparés, s'ignoraient ou se faisaient la guerre. C'est l'une des raisons des difficultés qu'éprouve le pays à vivre pacifiquement121(*).

En outre, le relief naturel a pendant longtemps délimité les diverses cultures ethniques, les modes de vie et les activités économiques liés à la propriété foncière. Par conséquent, la géographie a favorisé les conflits politiques et sociaux internes à base ethnique entre les populations du Sud et celles du Nord. Sans aucun doute, la géographie physique a empêché la RCA de devenir une nation unifiée.C'est une résultante de l'organisation territoriale héritée de la colonisation française. Une organisation qui a favorisé « des disparités en termes d'infrastructures, de développement et, surtout en termes de contrôle de l'Etat sur certaines régions ».C'est sur cette base que Pierre KALK constate que la RCA est le pays le plus délaissé. Il se demande si ce n'est pas dû au fait qu'elle ne vaut rien. Il continue en disant que la délimitation des frontières centrafricaines a vraiment été faite par « hasards de l'exploration »122(*).

B- LA MEMOIRE DE LA COLONISATION, UN FACTEUR DE CONFLITS

Pour comprendre les conséquences de la colonisation en RCA, il ne suffit pas seulement de s'intéresser aux ressources pillées.Il faut aussi s'attarder sur les moyens qu'elle a employés. En ce sens, la colonisation française est également à l'origine des conflits. Elle n'a pas mis l'accent sur l'éducation et la santé. Bien au contraire, l'accent est mis sur la violence. Les conséquences qui en découlent sont le mécontentement et la culture de la résistance contre la domination. La France attise et alimente les rivalités entre les différentes tribus. Pour ce faire, elle s'appuiesur la coopération avec certaines ethnies dociles du Sud chrétien et sur l'exploitation de d'autres ethnies réputées hostiles et musulmanes. C'est le casdes Gbaya et d'autres groupes ethniques de l'Ouest (Yanguéré, Karré, Pana, Mboum).Cette politique crée des traumatismes et des frustrations au sein de cesgroupes. Elle les remonte contre les autres ethnies.Le système reposait sur les travaux forcés et des échanges très inégaux.On parle d'une politique d'assimilation par l'application des lois, des croyances et des traditions qui d'ailleurs n'ont pas manqué de créer des bouleversements.La minorité musulmane qui ne partage pas la même idéologie et la même croyance se désolidarise de fait de la majorité chrétienne. L'expression « diviser pour mieux régner » trouve ici tout son sens.La population développe diverses formes de résistance. Il s'agit de la soustraction à l'impôt, aux cotisations auprès des sociétés de prévoyance (instituées en 1937), aux travaux forcés (notamment avec la fuite en brousse) et la révolte armée comme la « guerre des manches » entre 1928 et 1931.

C'est dans ce contexte d'animosité que le pays devient indépendant. L'élite dirigeante adopte les méthodes des anciens colons français. On assiste à l'importation du modèle étatique français. Ses mécanismes et principes éprouvent toutes les difficultés à s'arrimer au contexte centrafricain.

* 116Arthur GIRAULT cité par Jacques THOBIE et al, Histoire de la France militaire/1914-1990, Paris, Armand-Colin, 1990, p. 15.

* 117 Alain FOGUE, op. cit., p. 8.

* 118 Une frontière est une ligne imaginaire séparant deux Etats, délimitant deux champs distincts de souveraineté. Cf. à ce propos Pascal BONIFACE, (dir), Dictionnaire des relations internationales, Paris, HATIER, 1996, pp. 160-165.

* 119 Michel FOUCHER, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Fayard, Paris, 1991, p. 11.

* 120 ETEKI MBOUMOUA, « Eléments d'une culture de la paix en Afrique Centrale », La Prévention des conflits en Afrique Centrale, Paris, Karthala, 2001, pp. 189-199.

* 121 Cf. Roland POURTIER, Géopolitique de l'Afrique et du Moyen-Orient, Paris, Nathan, 2006, p. 79.

* 122 Pierre KALK cité par Augustin Jérémie DOUI WAWAYE, La sécurité, la fondation de l'Etat centrafricain : contribution à la recherche de l'Etat de droit, thèse de doctorat en droit public, Université de Bourgogne, 2012, p. 3.

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