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Collectes de fonds humanitaires (fundraising) : comment élaborer une stratégie de communication digitale adaptée aux nouveaux profils de donateurs particuliers.


par Guillaume Dubus
Université Jean Moulin Lyon 3 - IAE Lyon - Master 2 Management et Communication 2019
  

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PARTIE I - État de l'art de la communication humanitaire

§ Enfin dans les années 2000, les grandes agences généralistes ont créé des départements non-profit saisissant ainsi l'opportunité de construire une relation commerciale avec les organisations humanitaires, même si parfois elles garantissent des tarifs préférentiels. Lorsque c'est le cas, il faut rester vigilant pour que cet avantage financier ne se répercute pas sur la qualité des prestations ou qu'il réduise la marge de manoeuvre des associations qui pourraient ne pas bénéficier des mêmes exigences qu'un client payant le prix fort.

A cela s'ajoutent les agences ayant une spécialité graphique, audiovisuelle ou évènementielle qui peuvent être sollicitées au coup par coup.

3.2 Communication versus marketing

En plus des raisons liées aux innovations, la professionnalisation de la communication humanitaire s'est imposée avec l'arrivée du fundraising. Cette nouvelle discipline a été un tournant pour ces organisations qui ont adopté les mêmes techniques marketing que les entreprises commerciales. Antoine Vaccaro, président du Centre d'étude et de recherche sur la philanthropie, parle de « transposition des règles du marketing industriel et commercial à celui des causes humanitaires51 ». D'après son propos, la collecte de fonds est devenue un axe stratégique, indispensable au fonctionnement des organisations et le donateur, un consommateur dont l'ONG satisfait les attentes morales. Petit à petit, les objectifs de la communication humanitaire se sont donc recentrés sur la recherche de fonds « La communication s'est alors retrouvée dans l'ombre du marketing52 ». L'utilisation de nouvelles ressources engendrant des sommes considérables a nécessité une gestion financière adéquate et poussé à l'emploi de professionnels.

La professionnalisation s'est aussi accélérée au moment où les organisations humanitaires ont eu besoin de rendre visible leur marque dans un contexte compétitif. Rony Brauman fait le constat de cette recherche de notoriété : « les ONG doivent être visibles et audibles pour exister [...]. Il faut se montrer, séduire, émouvoir, attirer53. » Pascal Dauvin confirme « il est nécessaire de faire connaître sa

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marque (ses actions, son positionnement idéologique, son mode de fonctionnement) ».

Les organisations humanitaires ont dû s'adapter à ce nouveau paradigme qui a nécessité des changements stratégiques et une mutation du secteur. Certaines l'ont fait plus facilement et plus rapidement que d'autres, mettant une pression supplémentaire sur leurs concurrents, sommés pour rester dans le jeu, de recourir aux mêmes armes.

En pratique, certaines structures ont préféré séparer la communication (liée au plaidoyer ou à la noble fonction de témoignage) et la communication qui s'adresse aux donateurs (dont le but est la collecte de fonds). D'autres, à l'instar de MDM, ont, dans un souci organisationnel ou de diminution des coûts, rassemblé ces deux disciplines au sein d'un même service, évitant ainsi les conflits inter-service. Isabelle Finkelstein, ancienne directrice de la communication et du marketing de MDM le confirme et propose une définition de ces deux disciplines : « La communication dénonce la réalité du monde alors que le marketing propose des représentations arrangées pour susciter la générosité du public55. »

51 Antoine Vaccaro cité par Dauvin, La communication des ONG humanitaires, p.16

52 Dauvin, La communication des ONG humanitaires, p.13-14

53 Brauman, La communication des ONG humanitaires, p.149

54 Dauvin, La communication des ONG humanitaires, p.8

55 Isabelle Finkelstein, La communication des ONG humanitaires (Paris: Ed. Pepper: L'Harmattan, 2010), p.53

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PARTIE I - État de l'art de la communication humanitaire

Pour Rony Brauman, les ONG voient dans l'information publique « la seule raison légitime de la communication, alors que la médiatisation à des fins d'auto-publicité est mal considérée parmi les humanitaires qui la relèguent au rang dédaigné d'activité boutiquière56 ». N'étant ni au coeur de la raison d'être des ONG qui est de soigner, ni aussi « noble que le témoignage, les rhétoriques liées au don » sont, d'après Pascal Dauvin, considérées comme « putassières »57.

Les deux domaines utilisent des registres distincts : d'une part, l'indignation pour la communication qui cherche à dénoncer tout en préservant l'image de la marque. Créer de la notoriété et rendre visible l'association étant la finalité recherchée. De l'autre, l'émotion pour le marketing qui joue sur les sentiments pour stimuler le don. Les réfugiés, les catastrophes naturelles et les urgences étant les thèmes les plus porteurs.

Séparer la communication de la collecte de fonds peut servir de garde-fou. Il paraît important pour les structures humanitaires de trouver un équilibre entre les contraintes de rentabilité et le devoir d'informer. Quand cette dernière fonction est confiée au service communication, appelé aussi information publique, le service fundraising peut se focaliser plus librement sur ses objectifs de rentabilité et de retour sur investissement. L'emploi de techniques marketing, issues du monde marchand, pour décrypter le comportement des membres de la base de données et déterminer ce qui fonctionne le mieux, est plus facilement accepté par la communauté.

Les fundraisers peuvent choisir les sujets les plus porteurs tout en veillant à ne pas lasser leurs donateurs. Le risque d'attrition, à savoir la perte d'un donateur, oblige à une certaine diversité des contenus et évite les excès, tout comme l'éthique que nous développerons plus tard. Pour varier les sujets et éviter de solliciter constamment les donateurs avec des appels au don, les services de collecte s'attachent aussi à donner de l'information, notamment à travers une newsletter ou des mini-sites dédiés ou encore en créant un journal des donateurs. Comme nous l'avons vu, proposer une gradation de l'information à travers différents types de message est un facteur clé qui permet de mieux convertir.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon